Tu buvais tranquillement ta bière. Soirée étudiante. Il y avait du monde tout autour de vous, tout le monde parlait, criait, buvait. Certains étaient déjà bourrés. Tu n'en étais pas encore à ce stade-là, bien que tu ne supportes pas l'alcool aussi longtemps que d'autres. Tu n'étais pas dans la moyenne, de ceux qui flanchaient après plusieurs verres. Pas qu'il t'en fallait peu, mais tu ne résistais jamais bien longtemps. À côté de toi, il y avait Kaleb. Ton fuckfriend, si tu pouvais dire. C'était comme des sexfriends... en mieux, selon toi. Aucune obligation, bien que tu n'aimes pas trop partager tes distractions, et il restait, disons ton meilleur ami à la fac.
Tu finissais ta bière et la posais. Tes yeux noisettes se posaient sur Kaleb. Tu faisais courir tes doigts le long de son épaule, puis allais lui piquer sa boisson. Tu buvais sans sa permission, sans lui jeter un coup d’œil, puis lui redonnais son dû en te léchant les lèvres. Tu ne tiendrais plus longtemps, à ce rythme-là. Tu t'affalais volontairement sur le brun et glissais une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. Pour l'embêter. De toute façon, s'il t'en voulait, tu saurais comment te faire pardonner... tu savais toujours comment faire.
« Si j'te dis que j'ai froid, tu fais quoiii ? », tu demandais avec une petite voix.
Tu faisais glisser le long de tes doigts sur les siens, tout en faisant mine de vouloir reprendre sa boisson adorée. Toi, joueur ? À peine. Un petit grognement passa tes lèvres : s'il n'y avait pas tout ce monde... tu tuerais pour une autre bière. Actuellement, tu avais la flemme de te lever. Tu étais bien, affalé sur Kaleb. Kaleb, que tu allais appeler Kebab, si ça continuait.
Tu fixais ses yeux clairs, sa peau bronzée, ses cheveux noirs, son sourire en coin. Kaleb était beau. Dire le contraire, ce serait mentir. Pas étonnant qu'il soit devenu ta petite distraction. Bien sûr, il était aussi ton meilleur ami, ce qui le rendait un peu plus important que les autres... mais tu n'étais pas ami avec les gens parce qu'ils allaient bien avec ta chemise. Encore heureux. Tu glissais ta main dans ses cheveux pour les ébouriffer et souriais. Ils étaient doux, sombres, biens. Tu continuais de jouer avec ses cheveux, essayant désespérément de les enrouler autour de tes doigts, et lui posais une question stupide. Tu prenais ta petite voix et lui demandais ce qu'il ferait si tu avais froid.
Tu laissais ses cheveux pour faire glisser tes doigts le long des siens. Tu faisais mine de vouloir lui reprendre son verre, grognant un petit instant, et te replaçais correctement. La bouche entrouverte, formant un petit « o », tu t'amusais à passer tes doigts sur ses phalanges. Pourtant, sa question stoppa tout mouvement chez toi. Tu relevais les yeux vers lui et posais ta main sur son épaule pour te redresser plus facilement. Tu t'asseyais sur ses genoux et fronçais les sourcils, tout en penchant la tête sur le côté. Si tu connaissais Phoebe Ó Murchú ? Bien sûr que oui, c'était ta jumelle ! Ton miroir, la partie qui te complétait, si tu pouvais dire. Tu attrapais le verre de Kaleb et le finissais.
« Pourquoi elle t'intéresse ? Tu veux te faire ma jumelle ? Je suis plus assez bien pour toi ? », tu demandais en faisant la moue.
Tu avais peut-être cette peur, celle de ne plus recevoir d'attention, de ne plus être aimé de quiconque. Tu étais un peu parano, au fond, et savoir que Kaleb risquait de t'abandonner pour quelqu'un d'autre, même ta jumelle, te faisait peur. Tu gonflais tes joues et soupirais, puis regardais ta bière. Vide. Puis le verre de Kaleb.
« J'ai soif, tu faisais remarquer. Tu vas me chercher à boire ? Tu serais un ange. »
Tu t'asseyais sur le côté et lui lançais un regard. Tu ne te lèverais pas. Tu en avais décidé ainsi.
Tu le fixais, avec ta petite moue, la tête penchée sur le côté. Assis sur ses genoux, une main sur son épaule. Tu passais distraitement ton pouce contre le tissu de son haut. Lorsque Kaleb commença à s'expliquer, tes sourcils se froncèrent. Ta bouche s'entrouvrit et tu quittas ses yeux clairs pour fixer le canapé. Ouais, pas facile de marcher avec deux jambes dans le plâtre. Sur ce coup, Phoebe était à plaindre. Tu gonflais les joues et soupirais. Tu n'avais pas à avoir peur. Kaleb ne voulait pas de Phoebe. Enfin, c'était ce que tu avais compris avec tout l'alcool que ton sang contenait.
Tu t'asseyais à côté du brun après lui avoir demandé de te chercher à boire. Oui, tu le prenais un peu pour ton petit chien. Mais pas complètement. Il restait ton meilleur ami. Tu le regardais se lever sans dire un mot, et t'étirais en l'attendant. Tu ne pensais déjà plus à ta sœur. Tu voulais juste t'amuser, profiter, rien d'autre. Arrêter de penser à la famille, aux problèmes, à tout ça. Lorsque Kaleb revint, tu attrapais ton verre en lui rendant son sourire. Aller chercher le prochain ?
« Peut-être. », tu te contentais de dire.
Tu buvais dans ton verre et posais une de tes longues jambes sur les siennes, rien que pour l'embêter. C'était ton passe-temps, ce soir. Une fois le verre à moitié vidé, tu le posais. Tu te léchais les lèvres et rapprochais ton visage de celui de Kaleb. Ton nez se posa contre sa joue. Il y avait du monde ? Et alors ! Tu frottais ton nez contre sa peau pour attirer son attention et allais coller ta bouche contre son oreille, pour souffler doucement dedans. Puis, comme si rien ne s'était passé, tu lui piquais son verre pour verser de l'alcool dans le tien. Au moins, il ne serait pas bourré. Tu étais à ça de vider tous ses verres.
« Et si j'veux pas aller chercher mon verre ? Tu vas faire quoi ? Me donner la fessée ? », tu demandais avec un grand sourire.
Pas que ça te plaisait de recevoir une fessée. En fait, tu n'avais jamais vraiment testé. C'était le taquiner qui te faisait plaisir. À votre âge, recevoir une fessée... c'était plus sexuel qu'autre chose. Tu finissais ton verre cul-sec et allait déposer un bisou claquant sur la joue de ton meilleur ami. Tu t'étirais une nouvelle fois et poussais un gémissement de plaisir. Ça faisait du bien. Tu retenais un hoquet et disais :
« Je... veux... une distraction. »
Tu soupirais en passant ton doigt sur les contours de ton verre. Ton regard finit par se poser sur Kaleb. Un sourire taquin prit place sur ton visage. Tu posais ton verre et enlevais ta jambe pour retourner sur les genoux du brun. Ou, plus exactement, tu entourais ses jambes des tiennes, et t'asseyais sur lui.
« Distrais-moi. », tu disais en glissant tes bras autour de sa nuque.
Te passer de lui pour une nuit ? Tu savais très bien qu'il parlait d'alcool, et pas de votre relation en particulier, mais tu ne pouvais empêcher un grognement de sortir. Tu voulais un esclave, un petit chien, et tu ne le trouverais pas en Kaleb. Jamais. Concernant votre relation, tu saurais très bien trouver quelqu'un d'autre si ton meilleur ami ne voulait pas de toi. Ce n'était pas un problème : il te suffirait de battre des paupières ou de fredonner. Mais tu devais avouer que tu ferais surtout ça pour rendre ton ami jaloux.
« Mais... je veux pas me passer de toi ! », tu ronchonnais en le menaçant avec ton pied.
Tu devais avoir l'air stupide, à agiter ton pied comme ça. Il ne devait même pas prendre tes menaces au sérieux. À le menacer avec un vulgaire pied, encore chaussé. Mais ce que tu disais était un peu vrai, au fond. Bien au fond. Tu pouvais te passer de Kaleb, mais tu ne le voulais pas. Tu voulais rester avec lui, discuter, faire des câlins. Peu importe les autres gens, tu voulais te caler entre les jambes du brun et lui parler de ton ancien cours. Tu n'irais pas jusqu'à dire que tu voulais l'embrasser, mais il fallait avouer que ce n'était pas désagréable.
Tu te mettais sur ses genoux en lui demandant de te distraire. Tu l'avouais, tu pensais aller dans un coin sombre ou une autre pièce, et... disons faire des bêtises avec lui. Les paroles de Kaleb te firent sourire. Tu caressais sa nuque et t'apprêtais à te lever quand quelqu'un arriva. Tu regardais la personne, son sac puis Kaleb. En le voyant prendre des champignons, tu fronçais les sourcils. Tu ouvrais la bouche pour dire quelque chose quand il t'en donna un. Ou plutôt, te força à en prendre un. Tu fermais la bouche et croquais dedans. Si tu avais pu protester, tu aurais dit à Kaleb que tu ne t'étais jamais drogué et que ça ne te disait rien. Et si tu n'étais pas un minimum bien éduqué, tu aurais recraché. Te distraire d'une autre façon ? Tu grognais en détournant le regard : les champignons magiques, hallucinogènes ou autre ne te disaient trop rien.
Tu posais ta joue contre l'épaule de Kaleb et attendais. Qu'est-ce que tu attendais ? Que ces foutus effets apparaissent. En attendant, tu jouais avec les cheveux du brun. Quelques minutes plus tard, tu sentis une sensation de relaxation s'infiltrer dans tout ton corps. Tu souriais doucement, tout en te traitant intérieurement de con. Tu savais ce que tu faisais, mais tout te semblait... plus étrange. Tu n'en étais pas encore aux hallucinations, mais tu te sentais déjà ailleurs. Tes membres étaient engourdis, tu commençais doucement à rire, et tu avais l'impression d'être dans ta propre bulle, avec Kaleb. Ton nez se frottait doucement contre sa peau. Tu étais bien.
À la question de Kaleb, tu levais la tête. Tu le regardais, un sourire stupide sur les lèvres, et secouais la tête. Puis tu lui piquais un autre champignon. Tu glissais tes mains dans ses cheveux, puis murmurais :
« Je me sens bizarre... et bien ! »
Tu pouffais en déposant tes lèvres sur les siennes. À cet instant, tu te foutais de tout.
Les bras de Kaleb autour de ton corps fin, c'était une sensation agréable. Tu aimais le brun. Bien sûr, tu l'aimais plus comme un frère qu'autre chose. Comme un meilleur ami, tout simplement. Il l'était, et ça n'avait rien d'étonnant. Kaleb était un type bien. Parfois, trop souvent même, tu te disais que tu ne le méritais pas. Tu avais peut-être raison. Kaleb n'avait pas besoin d'un ami jaloux et possessif, un ami qui le traite comme un petit chien. Il y avait des moments où tu faisais des efforts. Pour lui, pour qu'il reste ton ami. Le perdre serait horrible, bien que tu nies souvent. Ça ne ferait qu'un énorme vide dans ta vie.
Tu ne l'avais pas seulement embrassé à cause de ces foutus champignons. Il y avait aussi le petit plus de votre relation, mais en même temps… c'était idiot à penser, mais tu l'avais embrassé parce que tu en avais envie. Parce que tu ne savais pas comment dire que tu étais désolé pour tout ce que tu lui faisais subir. C'était idiot. La façon dont il t'embrassait, c'était différent des autres fois. En général, vos baisers étaient brusques, pressés. Vous étiez en manque, et vous le faisiez savoir à l'autre. Là, c'était doux, tendre. Vous n'étiez pas tellement pressés.
En entendant sa phrase, tu souriais en hochant la tête. Le bout de vos nez se touchaient. Tu déposais une nouvelle fois tes lèvres sur les siennes, et jouais avec ses cheveux, comme tu avais l'habitude de le faire.
« Et tu sais où aller ? », tu lui demandais.
Tu te levais et attrapais sa main, la caressant à l'aide de ton pouce. Il fallait croire que, même drogué aux champignons, tu restais câlin. Tu tirais Kaleb vers toi et passais tes bras autour de sa taille. Ton menton se posais sur son torse, et tu levais la tête pour le regarder.
« Je t'aurais bien proposé une salle de classe, mais doués comme on est, on se fera choper. »