« Aieuh ! » C’était la troisième branche qu’Aloysius se prenait en pleine tête. S’il ne devait pas prévenir cette tête de mule du danger qui la guettait dans cette forêt, il ne serait même pas venu se perdre dans cette forêt touffue. En plus il allait sans doute encore galérer pour sortir de ce fichu amas d’arbre et d’arbuste, sans oublier la boue, les trous, les feuilles…bref, non, la forêt n’était vraiment, mais alors vraiment pas faîte pour les aveugles. Il porta sa main à son front et senti un liquide à la fois chaud et un peu collant. Merveilleux, il venait de s’ouvrir l’arcade. Il soupira et pris un mouchoir qu’il appliqua sur la blessure. Une fois qu’il sentit le mouchoir coller un peu, il porta à nouveau sa main dessus, histoire de déterminer la profondeur de la blessure. Bon, ça ne semblait pas réellement profond, pas épais non plus. Ok, ce n’était finalement qu’une égratignure. Il rangea le mouchoir dans sa poche et repris son chemin. Heureusement pour lui, sa vision lui indiquait précisément la direction à prendre et où il pourra la trouver. Il avança, redoublant de prudence, sachant qu’il risquait de se blesser à chacun de ses pas. Un jour, il faudra vraiment qu’il se demande pourquoi il continue à vouloir autant sauver les miches de cette jeune personne qui finalement n’avait cure de ce qu’il pouvait lui annoncer.
Tout en avançant, il se mit à rire, s’imaginant lui annoncer la pire prophétie au monde. Finalement, ça pourrait être marrant, quitte à ce qu’elle l’envoie balader, autant que ce soit amusant pour lui. Il prit donc un grand plaisir, tout en marchant et évitant autant que possible les obstacles, à imaginer la prophétie qu’il allait lui raconter, avant de lui dire réellement ce qu’elle allait risquer. Ce fut au bout de trente minutes de marches, de six glissades, de cinquante « aieuh » et de vingt-cinq « aaaaaaaahhh merdeuh ! » qu’il parvient à l’endroit que lui indiquait sa vision. Il s’arrêta de marcher et tendit l’oreille. Pour l’instant, à part lui et deux ou trois oiseaux, il n’y avait personne. Il en profita pour reprendre son souffle. Une autre chose était sûre, s’il devait continuer à la suivre partout pour l’avertir d’un danger dont elle se moquera de toute façon, il va falloir qu’il se mette au sport.
Il devait attendre depuis cinq minutes quand il entendit des pas arriver. Bon, il n’était pas encore assez doué pour savoir si c’était elle ou quelqu’un d’autre, mais vu que la vision qu’il avait eu ne portait que sur elle, il en déduisit qu’elle était seule et que c’était bien elle. Bon, au pire il se tapera l’air con mais bon. « Tu as mis du temps à arriver, je me demandais si je m’étais pas trompé dans le jour et l’heure…ah mais non suis-je bête, je ne peux pas me tromper ! » Il se tourna vers l’endroit d’où le bruit lui venait et sourit. Il savait très bien qu’elle allait lui hurler dessus, ou simplement l’ignorer, ou même le frapper…en fait, il ne savait pas ce qu’elle ferait exactement mais se doutait qu’elle ferait quelque chose. Il attendit donc un peu, voir si elle réagissait à ce qu’il avait dit ou pas. Il espérait juste que si elle voulait le frapper, elle taperait pas si fort que ça.
Invité
Sam 20 Aoû - 23:21
ALOYSIUS & NYM
On pourrait croire qu’avec les nombreux chasseurs présents à Bray, les différentes chasses qui avaient lieu dans une si petite ville mettrait bientôt la puce à l’oreille des autorités. Mais non. Elle ne pensait pas, Nymeria, que les policiers étaient des incompétents mais il fallait se rendre à l’évidence : les disparitions et les meurtres faisaient tellement partie du quotidien qu’on ne s’étonnait même plus quand son voisin en était victime. Ce qui arrangeait bien ses affaires, à Nymeria, elle était d’un naturel discret et ses traces étaient toujours parfaitement couvertes, mais elle n’aimait jamais quand on venait fourrer son nez dans ses petites affaires.
Pour le moment, elle observait une proie, Nymeria. Cela faisait des jours qu’elle étudiait ses faits et gestes. Un métamorphe, encore un. Décidément, ces créatures pullulaient sur Terre, il fallait vraiment trouver un moyen d’arrêter cette prolifération de vermines. Mâchoires serrées au souvenir de son premier métamorphe tué, Nymeria elle régla le zoom des lunettes pour s’intéresser d’un peu plus près à sa cible. Elle attendait que le métamorphe se rende au travail pour retourner aux abords de Bray, là où elle savait qu’il se rendait régulièrement. Le lieu était difficile d’accès et elle tenait à faire des repérages, Nymeria, avant de filer le métamorphe jusque là. L’heure arriva bientôt et elle dirigea son véhicule dans cette direction. Arrivée au bout du sentier, elle coupa le contact, ouvrit le coffre pour en tirer un fusil, un pistolet et plusieurs couteaux qu’elle glissa un peu partout dans les recoins de sa tenue.
Puis elle se mit en marche, Nymeria, appréciant l’air frais qui jouait avec ses cheveux et le silence. Enfin, silence pour ceux qui ne savaient pas écouter parce qu’elle entendait parfaitement les chants des oiseaux, le bruit des feuilles et des branches, et tout ce qui composait la nature. Mais un bruit vint troubler cette accoustique familière. Des bruits de voix humaine. Elle était presque arrivée à l’endroit qu’elle visait, Nymeria, alors elle arma son fusil et s’approcha à pas de loup jusqu’à entrevoir une silhouette sombre dont elle distingua bientôt de plus en plus de détails. « Bordel. » Abaissant à demi son arme, Nymeria elle sortit des fourrés sans chercher à plus se cacher. À quoi bon, le type était aveugle. Ce qui ne l’empêchait clairement pas de lui coller aux basques et de lui donner envie de le frapper jusqu’à ce qu’il lui foute la paix. « Oh ça va l’auto-appréciation. Qu’est-ce que tu fous là, je croyais t’avoir dis de me foutre la paix la dernière fois. » Son timbre était clairement agacé, pas besoin d’être voyant pour comprendre que sa présence la gênait, Nymeria.
Aloysius jubilait intérieurement. Depuis la première fois qu’il avait voulu aider Nyméria, elle l’avait envoyé baladé mais au final il avait eu raison et, même s’il ne la voyait pas, même s’il n’était plus là, il était persuadé qu’elle avait pesté contre lui. Du coup, il avait décidé que dès qu’il aurait une vision d’elle, il irait lui en parler directement, même si cela la mettait en rage. Oh il savait qu’il risquait gros, après tout c’était une chasseuse avec le sang chaud, mais, à quoi bon vivre si c’est pour vivre dans la peur et l’ennuie ? Puis bon, il avait survécu à un accident de voiture, n’y avait perdu que la vue, alors finalement, il s’était dit qu’il devait être béni de Dieu…des Dieux ? D’une entité supérieure quelconque qui devait gérer les vies des gens qui croyait ou non à elle.
Il se tourna dans la direction d’où venait la voix et sourit à pleine dent. Peut-être qu’au fond d’elle, elle l’appréciait quand même ce gringalet ! « Oh ça va l’auto-appréciation. Qu’est-ce que tu fous là, je croyais t’avoir dit de me foutre la paix la dernière fois. ». Il croisa les bras, sans se rendre compte qu’elle avait de nouveau bougé et qu’elle ne lui faisait plus face. Il pointa ensuite un doigt devant lui et répondit enfin « Sachez, jeune demoiselle qui doit être sensiblement du même âge que moi, que même si on me rejette, je reviens toujours. Je suis comme Nanny McPhee, si on a besoin de moi mais qu’on ne veut pas de moi, je suis là ; si on veut de moi mais qu’on a plus besoin de moi, je m’en vais…ou alors je suis comme le chiendent, c’est à toi de décider. » Il se rendit soudain compte que le bruit de ses pas ne venait plus de devant lui mais d’un autre endroit. Bien qu’il ne puisse pas le voir, il regarda vers son doigt et après un « Euhhhhh… » croisa de nouveau ses bras. Il avait sans doute eu l’air débile mais sa phrase n’en était pas forcément moins marrante.
Après un léger silence histoire de reprendre contenance, il reprit la parole. « Bon…je n’ai pas vu ce que tu chassais, ni qui tu chassais mais, je t’invite à te mettre à ramper dès maintenant si tu veux conserver ta tête sur les épaules. Enfin…moi je dis ça…je dis rien hein ? Ah et…sinon tu peux aller plutôt dans cette direction… » Il se tourna légèrement vers sa gauche et montra une direction. « …si tu veux avoir une espérance de vie plus agréable dirons-nous. » Il attendit, calme et détendu, il voulait voir comment elle allait réagir, enfin voir….entendre plutôt. Il tourna la tête un peu dans tous les sens. Pas de doute, elle connaissait son travail et savoir se mouvoir discrètement. Il avait un peu de mal à discerner les pas de Nyméria des autres bruits de la forêt. Il fronça légèrement les yeux, comme pour se concentrer sur les sons mais aussi pour se préparer au cas où un coup lui parviendrai en pleine tête.
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