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 crissement de pneus (dagda&emily)

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Yes jariv bouj pa

SMS envoyé, j'avais déjà la main sur la clé pour fermer la boutique avec deux minutes d'avance sur l'heure prévue. Deux minutes, c'était rien, de toute façon, c'était pas comme si quelqu'un allait venir juste dans ce créneau là, et s'il venait, c'était un casse couille et d'avance, je n'avais pas envie. Puis comme ça ça m'évitait les bouchons de tous les gens qui sortaient à l'heure du boulot, j'mettais déjà presque trente minutes à rentrer chez moi alors que de Pilgrim à Golden, y'avait pas dix kilomètres. Alors, ouais, autant m'y mettre maintenant pour aller jusqu'à West End, j'avais prévu d'arriver avant l'heure de bouffer, m'voyez.

Criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

On m'avait souvent fait remarquer que je faisais crisser un peu trop souvent les pneus de ma voiture. D'une, allez vous faire foutre, hein. De deux, ce n'était pas de ma faute si mes darons m'avaient refilé une voiture presque faite pour aller vite. Et de trois, si je disais à Emily que j'arrivais très vite, je mettais au mot ce sms. C'était peut-être parce qu'elle ne trouvait pas le calendrier de l'avent qu'elle n'avait pas fini à Noël - s'il avait survécu jusque là, ce n'était sûrement que parce qu'elle était aveugle, si ça avait été moi, jamais de la vie il aurait passé sa première nuit.

Donc, j'avais freiné quasiment au frein à main, positionné juste devant le loft d'Emily, plus ou moins bien garé, et j'avais sauté comme un lapin de la caisse pour monter les escaliers et frapper à la porte de là où Em' vivait. Et à peine la porte fut ouverte que je me mis à l'affût du chocolat. "J'espère que y'en aura pour moi, de chocolat... Allez, il est où lui." J'me mis direct à chercher, un peu comme un chien à l'affût de sa pâtée.

Et je trouvai la boite, elle était au trois quart sous le canapé, forcément qu'elle l'trouvait pas. Je me penchai pour le récupérer, et j'revins vers Em', puis lui mettre entre les mains. "Et v'là ma p'tite dame, il était sous l'canap', forcément que t'allais pas mettre la main d'ssus." Et c'était une nouvelle mission terminée et réussite par Dagda Sionnach, merci d'applaudir ! Il fallait dire que celle là était mille fois plus simples que celles que j'avais enchaînées dernièrement, et j'avais un cul de ouf qu'Em' soit aveugle, parce que pas dit qu'elle apprécierait mon poignet foulé et ma lèvre coupée par un coup de poing mal reçu. Et j'avais parlé de mon bleu sur mon arcade sourcilière ? Bon, celui là était en train de s'en aller, donc ça passait encore...

Enfin, j'étais pas chien jusqu'au bout, j'la pris à moitié dans mon bras pour la saluer, bisou sur le front, ça passait toujours bien."Sinon ouais, salut Em', ça baigne ?"
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Crissements de pneus

Emily avait inventé une excuse franchement bidon pour attirer Dagda jusque chez elle. Bon, certes, elle avait vraiment perdu son calendrier de l’Avent. Aucune idée d’où elle avait bien pu le mettre. Elle avait soupçonné Woody d’avoir réussi à le chiper, mais il aurait fait une réaction allergique s’il avait mangé du chocolat. Donc c’était sa faute à elle. Brillante idée d’acheter un calendrier de l’Avent…elle faisait la même connerie chaque année, et chaque année elle devait demander à quelqu’un de lui donner la case du jour. Parce qu’on n’ouvrait pas un calendrier de l’Avent dans le désordre. Bref. Toujours est-il qu’elle n’avait pas demandé à Dagda de venir chez elle simplement pour lui retrouver son calendrier. Mais c’était la première excuse qui lui était venue à l’esprit. Et elle savait que Dagda ne résisterait pas à l’envie de venir jouer les preux chevaliers. Surtout s’il avait le droit de chiper un thé et un des fameux chocolats en récompense.

D’ailleurs il ne tarda pas à répondre à son SMS. Emily aurait pu l’appeler, mais elle avait peur qu’il décèle son mensonge dans sa voix. Le SMS était parfait pour masquer ses réelles intentions. Son ami arriva d’ailleurs encore plus vite qu’elle ne l’aurait cru. Elle sursauta presque lorsqu’il frappa. Puis il entra en trombe, déjà en plein dans sa quête du précieux. Emily referma doucement la porte puis attendit silencieusement qu’il ait terminé. Il ne mit pas bien longtemps à trouver le calendrier. Une affaire rondement menée, et il semblait plutôt fier d’avoir mené à bien sa mission si rapidement. Elle sourit, amusée de l’attitude de Dagda, et le remercia. C’est à ce moment qu’il daigna enfin lui dire bonjour. Elle lui rendit son étreinte.
« Ca baigne, et toi ? Tu veux rester un peu ? Tant que t’es là, il serait temps que je finisse ce foutu calendrier, mais j’aurais bien besoin d’un peu d’aide. »
Voilà le genre de proposition qu’il ne pouvait pas refuser. Et Emily le savait pertinemment. Le plus court chemin vers le cœur d’un homme passe par son estomac, avait toujours dit sa mère dans les rares moments de complicité avec sa fille. Elle doutait que ce soit vrai pour tous les hommes, mais avec Dag’, ça se vérifiait plutôt bien.

Elle s’installa donc dans le canapé et attendit que Dag s’y installe aussi. Heureux coup du destin, deux verres étaient déjà sur la table basse et les jus de fruits étaient sortis. On aurait dit un goûter de gamins, jus de fruits et chocolats, mais il était trop tôt pour de l’alcool.
« Alors, quoi de neuf ? Des trucs intéressants dernièrement ? »
Et on en venait à pourquoi Emily avait fait venir Dagda. Les choses intéressantes qui étaient arrivées dernièrement. Emily avait rarement des visions qui donnaient la date. Souvent, c’était plus un pressentiment, qui lui indiquait si la vision était dans un futur proche ou plus éloigné. Mais en l’occurrence, elle en avait eu une la semaine dernière qui indiquait un futur très proche. A priori, elle avait vu Dagda se faire amocher quasiment en direct. Ca lui arrivait, parfois. Comme si sa vision était là « juste pour prévenir, c’est en train de se passer ». Elle avait attendu, patiemment, que Dagda lui en parle. Mais rien. Pourtant, de ce qu’elle avait compris, il n’était clairement pas à Bray, et il ne faisait pas une livraison pour le Fairy Sounds. Emily avait vite compris qu’il y avait un truc qui clochait. Et que Dag’ lui cachait quelque chose de pas très cool.

En temps normal, elle respectait la vie de Dag’, après tout, il ne lui devait rien, ils avaient tous leurs secrets. Mais son ami était encore sous le coup d’une conditionnelle et le moindre délit pouvait le renvoyer à la case prison. Déjà l’histoire avec Maxwell avait failli lui coûter cher. Et Dag’ avait une tendance à aller chercher la merde, comme un talent naturel. Alors oui, elle s’inquiétait. Elle avait perdu assez de personnes comme ça. Zach et Kyle avaient pris leurs clics et leurs clacs et s’étaient barrés Dieu sait où après que Zach et elle aient rompu. Sa mère se souvenait de moins en moins et bientôt, elle oublierait qu’elle avait une fille. Utah était parti peu après qu’elle l’ait retrouvé. Joshua s’était envolé aussi, après que ses retrouvailles avec Zach n’aient pas été à la hauteur de ses attentes. Comme si son retour à Bray avait fait fuir ses amis. Elle n’était pas prête à perdre Dagda. Il était l’ami le plus proche qui lui restait.


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Ouais j'étais un chic type, j'allais l'aider à bouffer son calendrier, façon, l'chocolat, c'était pas dégueu, encore moins en chouette compagnie. "Ca va impec, vas-y, on s'installe. J'vais faire du cafiot, t'veux du thé ou j'sais pas ?" Pour ensuite m'diriger vers la cuisine, après tout, vu l'temps que j'passais là, j'pouvais faire comme si c'était chez moi, à force. Et j'connaissais l'chemin, accessoirement.

Puis j'avais besoin d'un café après la journée que j'avais eue hein. Déjà qu'je voyais pas correct sans lunettes, fallait que je gère avec un seul oeil en fonction, l'autre qui restait un peu fermé à cause de mon arcade. La merde hein.

Et j'reviens avec les boissons, paré à boire le combo jus de fruit café chocolat, rien d'tel pour rendre un homme comme moi heureux. P'is aussi, j'avais un devoir de présence pour Em', qui avait déjà perdu pas mal de petits cons qui s'étaient dit que c'était une bonne idée de se tirer tous en même temps, fallait dire qu'elle était pas tellement au top de sa forme. Bon, pas comme si c'était une corvée, dans un sens. C'était Em'. C'était elle qui devait m'voir comme une corvée, au pire.

Une fois assis, la question avait fusée, sur les trucs intéressants ces derniers temps. J'avais l'impression que la question était pas gratos, mais sur le coup, j'avais rien trouvé d'mieux à dire que les mêmes mensonges habituels, genre : "Rien de spé, pas mal de boulot en c'moment au Fairy Sound. P'is des soirées avec bro, aussi. La routine quoi." Mais ça m'sortait pas d'la tête, j'avais la sensation qu'il y avait plus. J'voulais pas dire que je connaissais Em' par coeur, mais disons que j'y étais un peu presque. Puis le fait de savoir qu'elle est oracle, ça donnait un peu du grain à moudre.

Du coup, tout en buvant du jus, j'pris ma tête la plus innocente possible pour demander : "Pourquoi, t'as vu des trucs dernièrement ?" C'était le risque, en ayant quelqu'un de proche qui peut avoir des visions. On pouvait s'faire griller à n'importe quel moment, pour n'importe quoi. Elle pouvait tout aussi bien voir l'OBCM que voir une soirée avec bro' où j'avais trop bu. Et tant que je ne savais pas de quoi ça retournait, j'allais certainement pas me vendre tout seul.

Mais bon, j'étais quasi certain que si elle m'grillait pour l'OBCM, j'allais lui dire pas mal de trucs. J'aimais déjà pas cacher des choses à ma famille et à mes amis, là, j'allais pas pouvoir garder l'secret très longtemps. Puis, Em', c'était pas n'importe qui, c'était Em' et j'savais qu'elle était digne de confiance.


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Crissements de pneus

Dagda faisait comme chez lui ici. Après tout, il en avait le droit. Emily avait insisté suffisamment de fois pour qu’il finisse par comprenne. Chez elle, c’était chez lui. Pas de chichis. Ils n’en étaient plus là depuis un moment. Elle voulait que les choses soient simples avec Dagda. Il était l’un des seuls à ne pas traiter sa cécité comme un handicap qui nécessitait qu’on l’aide pour tout. Il était l’un des seuls à lui faire sentir qu’il s’en fichait, dans le bon sens du terme. Il était l’un des seuls à connaitre son don d’Oracle, puisqu’elle avait vu l’accident qui l’avait envoyé en prison. En fait, Dagda était l’une de ces personnes avec qui elle se sentait à l’aise, et c’était plus rare qu’on ne le voudrait au final. Alors il avait fini par faire comme chez lui. En l’occurrence, il se leva pour préparer un café.
« Rien pour moi, merci », répondit la brune. Pas d’humeur à prendre un thé aujourd’hui. S’il pensait pouvoir l’amadouer avec une infusion d’herbes et un sucre dedans, il se mettait le doigt dans l’œil.

Et a priori, il avait décidé de se taire et de faire comme si de rien n’était. Il lui sortit un « rien de spé » avec une nonchalance presque insultante. Elle s’en fichait bien qu’il y ait du boulot au Fairy Sound. Enfin, non, elle ne s’en fichait pas. Elle était ravie que Dagda ait trouvé un emploi qui paraissait stable. Et puis, le Fairy Sound, c’était un chouette magasin de musique. Ca lui donnait l’occasion de passer régulièrement et voir son ami. Donc elle ne s’en fichait pas, parce que Dag’ avait besoin de ce boulot et qu’elle était contente et rassurée de voir qu’il le gardait. Il semblait même y prendre un certain plaisir. Ou alors c’est elle qui idéalisait les choses.

"Pourquoi, t'as vu des trucs dernièrement ?"
Il osait, en plus. Il osait lui demander si elle avait eu une vision. Une vision de ses conneries, par exemple. Il savait pertinemment qu’il avait fait une connerie. Et maintenant tout ce qui lui importait, c’est qu’elle l’ait grillé ? Plutôt que de lui parler, comme les amis font ? Emily prit un air pincé.
« Nope, toujours aveugle, mais t’as raison, on garde espoir. »
Ce n’était pas très sympa. Mais il l’avait un peu cherché. Puis, n’y tenant plus, elle leva les yeux au ciel. Réflexe typique de quelqu’un qui voit, qu’elle avait gardé sans que ça n’ait plus aucune sens aujourd’hui.
« Evidemment, que j’ai eu une vision, qu’est-ce que tu crois ? »
Elle soupira.
« La dernière fois, t’es venu à mon bureau pour une histoire de poisson pourri, et t’es déjà passé pas loin de la case retour en prison. T’as dit qu’il fallait que t’arrêtes les conneries. Mais t’as rien arrêté, pas vrai ? »
Elle avait espéré, un peu. Qu’il se soit vraiment rangé, qu’il se soit rendu compte que son comportement avait une tendance auto-destructrice. Qu’il ait arrêté les conneries. Mais non. Il avait juste repris de plus belle. Parce qu'il était un peu comme ça, toujours le talent de se fourrer dans les situations à la con. Comme s'il ne valait pas la peine de vivre une vie tranquille et heureuse.
« Dans quoi tu t’es foutu, Dag ? J’aime pas avoir des visions des gens blessés. Mais là, c’était toi, et t’étais salement amoché. Tu dois de l’argent à quelqu’un ? C’est quoi le truc ? Tu te rend compte que tu pourrais finir en prison. Ou être vraiment blessé. Ou pire. C’est pas acceptable. Je ne l’accepte pas. Je peux pas…pas toi. »
Emily baissa la tête, inspira un bon coup, expira longuement. Ca ne servait à rien de s’énerver comme ça. Dag était un adulte, il devait bien être conscient qu’il faisait n’importe quoi.
« Tu aurais pu au moins m’en parler. Je peux t’aider. Tu le sais. Je préfère apprendre les choses par toi que par….ça », dit-elle en désignant vaguement ses yeux.

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Putain. J'le sentais. Elle se fout de ma gueule. Genre bah ouais, j'parlais des visions et elle me parle de ses yeux... Quand elle devient cynique comme ça, c'était simplement qu'il fallait la laisser se défouler un bon coup, sinon, toute aveugle qu'elle était, elle saurait parfaitement me trouver pour me coller une gifle à rendre ma mère jalouse.

Et quand elle me confirme qu'elle a eu une vision, j'eus comme un bref moment de recul, me disant, que ça allait être ma fête. J'eus probablement même un petit bruit plaintif, me préparer à ce qui allait être nettement moins sympa qu'une entrevue entre potes.

Mais j'allais rester sur ce que j'avais dit dès le départ. Laisser Emily finir et seulement après tenter de sauver mes fesses. J'étais un peu mort de trouille car, comme elle avait dit, j'avais promis d'arrêter les conneries. Et j'avais été sincère sur le moment, me promettant d'arrêter. Cependant, dans un sens... Tout ce que je faisais pour l'OBCM n'était pas réellement ce qu'on pouvait appeler des conneries.

Pour autant j'aimais pas l'idée qu'elle me voie dans les états qui étaient les miens après certaines missions... Je ne savais pas après quelle mission elle m'avait vue, si c'était après celle avec les dealers de poudre de fée, si c'était après le Pérou... Je grimaçais. Ce n'était vraiment pas ce que je voudrais qu'elle aie vu. J'aurais préféré qu'elle voie le retour de ma petite soeur... Bien qu'elle ait très vite été au courant par SMS, appel, racontage en direct live, alors que j'étais allongé sur ce même canapé et qu'elle poussait ces cris de joie pile dans mes oreilles.

Donc ouais, j'la laissais finir, puis je promis avant tout certaines choses : "J'dois de l'argent à personne. Même l'aut', j'ai fini de rembourser. Et je me ferai pas attraper, je le promets. Sans compter que... Tu sais, je vais pas en crever. Je le jure." J'en savais rien en fait. Parce qu'entre Arsène et elle... J'allais p'tèt y passer, qu'est-ce que j'en savais ? Mais c'était un but digne, historique, que je défendais. Bien plus grand que moi, que tout le reste. "Et j'te promets que je n'ai de problème avec personne. Enfin, personne de dangereux. Genre, ce connard de vendeur qui m'pique toujours des centimes quand j'fais pas gaffe, j'le sais, il a une sale gueule de roublard. P'is chaque fois il te regarde de travers, j'l'aime pas." J'avais tenté de faire de l'humour mais en fait, mauvaise idée.

J'savais même pas comment j'allais aborder le truc. En vrai, j'tentai même une queue de poisson, on savait jamais si ça marchait : "Si j'te disais d'me faire confiance, tu l'ferais ?" J'y croyais pas un instant, et quelque part, j'aimerais bien que ça marche. Parce qu'expliquer à Em' ce qu'était l'OBCM, ça impliquait peut-être qu'elle en fasse partie. Et j'voulais pas qu'elle soit en danger. J'disais pas ça car c'était une meuf, parce qu'en vrai, il y avait des meufs avec des couilles plus grosses que les miennes là bas. J'disais ça car elle était d'une gentillesse telle que celle de ma soeur. Qu'elle avait encore un peu de cette pureté vraiment géniale, et l'OBCM, ça cassait. Je l'avais vu sur Janet, elle qui était dans l'OBCM depuis encore plus jeune que moi. Moi, c'était fichu putain, y'avait plus rien à faire, autant y aller franco. Mais Em' ? J'avais pas envie de casser ce qui était déjà fragile.
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Dagda savait qu’il était dans la mouise. Il connaissait assez bien Emily pour qu’elle n’ait pas à l’exprimer à voix haute. Et elle avait toutes les raisons du monde d’être en colère, après tout. Il avait caché ses activités, il se mettait en danger, il avait dit qu’il se rangerait et il avait fait l’inverse. Alors oui, elle était en colère. Mais elle était surtout inquiète. Une inquiétude qui la prenait aux tripes, et qui lui donnait de façon un peu paradoxale l’envie de foutre une bonne baffe à Dagda. Peut-être que ça lui remettrait le cerveau en place. Le pire, c’est que Dagda était loin d’être con. Emily le savait, et elle avait défendu ça un bon nombre de fois devant des gens qui s’arrêtaient à son attitude nonchalante et sa grande gueule. Mais Dagda était loin d’être con. Pourtant, il se foutait toujours dans des situations pas possibles. L’histoire du poisson pourri sur le balcon du voisin, ca n’était pas intelligent, par exemple. Il valait mieux que ça. Il était capable de beaucoup mieux que ça. Et chaque fois, il se foutait dans la merde. Comme s’il était persuadé que non, il n’était pas capable de mieux. Et c’était dommage, c’était frustrant, parce qu’Emily s’évertuait à lui rentrer dans le crâne, mais non. Elle aurait aimé qu’il se voie comme elle le voyait. Qu’il se rende compte qu’il était quelqu’un de bien, et qu’il n’était pas obligé de faire les mauvais choix.

Son ami essaya de la rassurer. Mais ça ne fonctionna pas exactement. Comment ça, il ne se fera pas attraper ? Attraper pour quoi ? Il était tombé dans le crime ? Et s’il devait préciser qu’il n’en mourrait pas, c’est que c’était effectivement dangereux. Emily inspira un grand coup. Ca la reprenait aux tripes. Ca la rendait malade. L’idée qu’il se mette en danger ainsi, qu’il risque le retour à la case prison ou sa propre vie, ça la rendait malade. Mais Dagda s’entêtait à vouloir la rassurer. Elle savait qu’il faisait ça avec toutes les bonnes intentions du monde. Il semblait même sincèrement désolé de la faire s’inquiéter. Mais en réalité, la solution, l’unique solution, ce serait qu’il arrête ses conneries. Qu’il arrête vraiment. Elle ne releva même pas la tentative d’humour. Elle n’était pas d’humeur. Ce n’était pas une conversation drôle, là. C’était une conversation sérieuse entre deux amis qui s’aiment assez pour se devoir ce genre de discussions.

"Si j'te disais d'me faire confiance, tu l'ferais ?"
La jeune femme croisa les bras devant elle. C’était une vraie question, ça ? Alors que Emily accordait à Dag une confiance qui n’avait probablement pas de limites ? Comme s’il ne le savait pas. Comme si elle ne lui avait pas prouvé, encore et encore.
« Bien sûr que oui, tu me prends pour qui ? », rétorqua-t-elle avec un haussement d’épaules. Même dans ce genre de situation. Même alors qu’elle l’engueulait, grosso modo. Elle était prête à lui faire confiance. Elle lui ferait toujours confiance.
« La dernière fois, je t’ai dit que j’étais là pour toi quoi qu’il arrive, c’était vrai, c’est toujours vrai. Mais j’aimerais bien ne pas avoir à découvrir ce que tu fais avec une vision. C’est pas…ça peut pas fonctionner comme ça. »
C’était déjà assez pénible comme ça, de voir le futur. De connaitre les choses qui allaient arriver aux gens. Parfois sans contexte, parfois sans explication, parfois sans savoir ce qui se passait après la vision. Les vies de dizaines d’inconnus entraient en flashs dans la tête d’Emily, et repartaient aussi vite. C’était pénible. Mais c’était encore pire quand ça concernait des gens proches d’elles. Elle se rappelait quand elle avait vu Kyle passé à tabac et laissé quasiment pour mort, il y a des années de ça. Elle se rappelait l’horreur que ça représentait. Elle ne voulait pas de ça avec Dag. Elle l’avait déjà vécu, quand elle avait eu la vision de lui tuant accidentellement James. Elle se rappelle le sentiment en ayant la vision. Elle se rappelle l’adrénaline quand elle avait couru pour essayer d’empêcher la scène. Elle se rappelle la détresse quand elle était arrivée trop tard.

Elle ne voulait plus de ça. Elle ne voulait plus arriver trop tard sans savoir. Elle voulait savoir. Elle voulait sortir du flou, et avoir ses visions en connaissance de cause. Ca rendait les visions toujours pénibles, mais peut-être moins horribles. Elle n’en savait rien, en vrai. Le fait de savoir ce que trafiquait Dag’ rendrait-il ses visions de lui en danger moins douloureuses à vivre ? Peut-être. Ca valait le coup de tenter.
« Alors », enchaina-t-elle, « si tu ne peux pas me dire ce qui se passe, ok, je te fais confiance. Mais fais-moi confiance aussi, Dag. Ca marche dans les deux sens, ce truc. »
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La question de la confiance, c’était peut-être pas le meilleur mouvement que j’aie fait de ma vie. En fait, j’étais pas doué quand il s’agissait de rassurer ceux que j’aimais sur mes conneries, surtout que je les faisais consciemment, sachant que j’allais devoir rendre des comptes. C’était probablement ça le retour de bâton à accepter de s’attacher à des personnes qui sont hors de l’organisation, on avait une espèce de double-vie qui donnait envie de tout balancer, de dire la vérité, mais sans pouvoir le faire.

Sans compter que Em’ me fit un peu mal au cœur. Je n’avais pas pensé quel mal ça pourrait lui faire d’apprendre par une vision ce que je faisais, ce qui pouvait arriver. Elle avait été témoin de ce meurtre que j’avais commis, elle avait échoué à venir me prévenir avant, que je m’arrête, que je sois conscient du risque. Elle s’en voulait, depuis tout ce temps, je le savais, alors que je n’avais même pas à lui pardonner, que pour moi, elle n’y pouvait rien. Je pris une expression contrite à ce moment là, putain j’étais con quand j’m’y mettais hein : « Désolé, Em’, j’avais pas pensé à… » Et je me sentais réellement con.

Le pire, ce n’était pas que je ne pouvais pas lui dire ce qui se passait. Elle était elle aussi une créature à protéger, bien malgré elle. Et si je ne lui disais rien de ce que je faisais, c’était parce que j’avais peur qu’elle souhaite elle aussi en faire partie. Parler de confiance là, qu’elle me rappelle que je devais lui faire confiance aussi, ça me foutait les boules, parce que bah, j’lui faisais finalement pas si confiance que ça, au final.

Je me pris la tête entre les mains, posées sur mes genoux. Je devais lui dire. Lui expliquer, ce que je faisais réellement. Je ne pouvais plus me permettre de jouer à la roulette russe, risquer qu’elle voie des choses pas glop et qu’elle panique. Voire même qu’elle voie ma fin, comme l’a certainement fait Arsène à son tour, avec son Gaspacho de merde.

Je me redressai, décidé pour de bon. « Bon. Accroche-toi, j’vais t’expliquer. Et ça va être un peu long. » Je pris une grosse respiration, essuyant mes mains moites sur mon jean, et commençai enfin à parler : « Depuis qu’je suis ado, j’fais partie d’une association, l’OBCM. C’est pas genre Greenpeace ou quoi, c’est assez secret d’ailleurs, et on protège les gens, comme toi et moi. Les oracles, les métamorphes, les fées… tout ça. On s’assure qu’ils sont à l’abri, qu’ils soient pas listés comme des bêtes dangereuses par le Dux. » J’hésitai. Je ne savais pas comment expliquer ça. « Le Dux Tenebris, ce sont des gens qui veulent lister les créatures, dans un registre, les surveiller voire leur faire du mal. On se bat contre eux, on s’assure que tous aient droit à leur anonymat et à leur sécurité. » Je voulais pas lui faire peur, donc j’essayais de m’assurer de dire les choses sans les amplifier. J’savais pas si ça marchait mais au moins j’essayais plus ou moins hein ? « Moi, j’suis un soldat, j’vais sur le terrain et j’vérifie que tout le monde marche droit, j’fais des missions aussi, parfois. … Rien de méchant. » Pieu mensonge, il y avait pas si longtemps encore j’étais allé au Pérou après tout. Et ça avait pas été une promenade de santé, non. « Y’a quelques jours, j’étais en train d’arrêter des mecs qui vendaient de la poudre de fée. C’est une drogue, si on veut. »

Et là je m’arrêtai. J’avais plus ou moins tout expliqué, il me semblait, et j’avais un peu peur de ce qu’allait me répondre Emily. Je me triturais les mains, à me demander si c’était clair. Après tout, si j’étais soldat et pas autre chose, c’était bien parce que j’étais pas doué pour la parlotte. J’avais pas pour talent de négocier, d’expliquer, non, moi, je savais taper, maîtriser, pister. Rien de plus. Rien de moins aussi.
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Emily sentait bien le malaise de Dagda. Elle le comprenait, aussi. Il devait se sentir mal par rapport à elle. Ce n’était jamais agréable de se faire prendre la main dans le sac. Ce qu’elle comprenait moins, c’est pourquoi son ami avait autant de mal à lui parler, à lui expliquer. Les choses devaient être plus graves qu’il ne le laissait paraître. Et la jeune femme n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas ça du tout. Mais elle se tut, laissant Dag’ réfléchir. Le laisser prendre sa décision. Après tout, il ne lui devait rien, pas même la vérité.

« Bon. Accroche-toi, j’vais t’expliquer. Et ça va être un peu long. »
Emily hocha la tête en signe d’acquiescement. Et elle s’attendit à tout. Mais ce que Dagda lui raconta lui coupa l’herbe sous le pied. Une organisation de protection des êtres surnaturels ? Une autre organisation qui veut les ficher et les contrôler ? C’était du délire. C’était digne d’un bouquin. Et connaissant Dagda, il aurait pu lui raconter ses conneries. Mais Emily savait que non. Elle sentait, dans sa voix, qu’il lui disait la vérité. Il faisait partie de cette organisation secrète, et partait en mission pour eux. Arrêter des….trafiquants…de poudre de fée. N’y avait-il donc rien de simple à Bray ? Des fois, elle regrettait les Etats-Unis et sa vie là-bas. C’était nettement moins compliqué alors.

« Donc tu…fais partie de cette organisation…depuis ton adolescence. Depuis avant la prison. »
Ca faisait beaucoup d’informations. Beaucoup à digérer. Emily se pinça les lèvres, restant silencieuse quelques secondes.
« Ca fait quoi, plus de dix ans que tu me caches ça ? »
La question avait été lâchée amèrement. Emily le regretta instantanément. Elle n’avait pas le droit de reprocher ce genre de choses à Dag’. Elle lui avait caché des choses aussi. Les secrets étaient partout. Ca ne devrait pas affecter la jeune femme de cette façon. Sauf que voilà, ça l’affectait. Elle ne savait pas bien pourquoi, mais ça l’atteignait que Dagda lui ait caché son appartenance à cet OBCM tout ce temps. Qu’il se mette en danger et qu’elle n’en sache rien. En fait, elle ne savait pas si elle lui en voulait, ou si elle s’en voulait à elle, de n’avoir rien vu. Ou si cette presque colère n’était pas en fait de la tristesse. Tristesse de se rendre compte qu’en fait, ils n’étaient peut-être pas si proches que ça. Elle avait toujours considéré Dagda comme son meilleur ami, la personne la plus proche d’elle après Kyle et Zach, qui étaient hors catégorie. Aujourd’hui, elle se rendait compte qu’ils n’étaient peut-être pas aussi proches qu’elle le pensait. Et ça lui brisait le cœur.
« Pardon, je voulais pas… »
La jeune femme soupira, passa une main dans ses cheveux. Puis se leva brusquement, s’éloigna du canapé, se dirigea vers la cuisine. Fit volte-face avant d’y entrer.
« Quand j’ai eu ma vision, de toi, de James. J’ai jamais couru aussi vite. Et je suis arrivée trop tard quand même. J’ai eu l’impression que…que mon monde s’écroulait. T’étais mon meilleur ami, j’avais pas réussi à te sauver. T’étais en prison, et j’avais rien pu faire. Ca m’a rendue malade, littéralement malade, pendant des jours. »
Elle ferma les yeux, une seconde, baissa la tête.
« Et l’autre jour, j’ai eu cette même impression d’impuissance. Assister à ton futur, et rien pouvoir faire. Là, tu t’en es sorti, Dieu merci, mais si un jour tu t’en sors pas ? Si un jour j’ai une vision de toi et tu t’en sors pas ? Je fais quoi, Dag’ ? La dernière fois j’ai couru plus vite que jamais et je suis arrivée trop tard. J’arrive toujours trop tard. J’ai jamais sauvé personne que j’avais vu. »
Elle croisa les bras, secoua la tête.
« Je peux pas te voir retourner en prison, ou te voir mourir. Sans toi, c’est juste…je peux pas faire sans toi. Je veux pas te perdre. Donc ton association, là, tu fais ce que tu veux, Dagda. Mais tu ne peux pas mourir. Tu ne peux pas me laisser. Je tiens trop à toi. Tu sais que je tiens trop à toi. »
La jeune femme, la gorge sèche, releva les yeux. Elle parlait rarement aussi longtemps.
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Sortir tout ça, ça faisait flipper. Si je n’avais rien expliqué, à personne – du moins à peu de gens – c’était bien parce que je n’avais pas envie de mettre en danger certaines personnes, mais surtout parce que j’avais peur des réactions. Qu’on s’éloigne de moi car le danger était présent, ou au contraire que les comportements changent, deviennent inquiets, je ne pourrais pas le supporter. Et Em’, elle faisait partie des personnes que j’avais pas envie de perdre. Elle avait été bien trop essentielle durant cette année de retour à la vie libre, et aussi elle était cette amie restée malgré… ça.

Mais sa première phrase sonnait comme un reproche. Soulignant depuis combien de temps j’avais gardé le secret. Ouais. Ca faisait presque quinze, seize ans au final, si on comptait mon début d’adolescence, avec James et son père. Je n’osai même pas préciser, façon j’avais même pas envie de compter réellement depuis combien de temps j’y étais. Du coup je restai silencieux, jusqu’à ce qu’elle se lève d’un coup, m’faisant sursauter. Elle en avait gros sur la patate, bien plus que ce que je pouvais imaginer.

Elle parla de James, réveillant ma blessure. Sans vraiment m’en rendre compte, je me raidis, croisant mes bras sur le torse. J’avais beau essayer de me dire que je n’avais pas eu le choix, que le temps était passé, qu’il serait temps de passer à autre chose, que j’avais payé ma dette… Il n’en restait pas moins que cette culpabilité là restera présente toute ma vie. Pour autant, parfois, ma propre souffrance occultait celle des autres, dont d’Em’. Qui avait tout vu. J’oubliais parfois que dans ses visions, elle avait dû me voir, la rage au visage, buter un être qui m’était proche.

Et elle était toujours là. Elle me fréquentait toujours, sachant de quoi j’étais capable.

Je le savais bien que j’avais pas le droit de mourir, et j’aurais voulu la rassurer sur ça, lui dire que ça arrivera jamais, mais j’avais malgré tout un problème : j’étais incapable de faire ça. Je ne savais pas mentir sur des trucs aussi gros, pour rassurer. J’étais un gros nul, je le savais, mais elle le savait aussi, Em’, j’avais jamais rien caché – à part l’OBCM, mais c’était pas pareil. C’était plus grand que moi. « J’voudrais te promettre qu’je vais pas mourir. Mais de toute façon, on crève tous un jour. » Je me levai histoire de me rapprocher et de la serrer dans mes bras. « Ca pourrait être tout à l’heure, quand je rentrerai chez moi, j’foncerai dans un bus car j’conduis comme un pied, et pouf, mort. Ou ça pourrait être dans quarante ans car j’aurai vécu trop vieux. » Je la serrai un peu plus fort, des fois qu’elle voudrait s’barrer. J’étais pas d’accord qu’elle le fasse. « De toute façon on crève tous un jour, et faut pas flipper de ça, c’est souffrir deux fois. » En tout cas, je m’empêchais d’y penser.

J’avais pas peur de la mort, au final. J’avais juste peur de laisser des gens que j’aime derrière.

Et j’avais un peu peur qu’on me laisse aussi. « J’compte pas laisser tomber l’OBCM, tu sais, c’est comme ces types qui partent sur les océans pour sauver les baleines ou je n’sais pas quoi, ils ont un but dans leur vie, bah moi c’est pareil. Et je sais que j’y risque ma peau. Mais j’compte bien me faire quelques vieux os ici. » Petite touche d’humour ou pas ? Je ne savais pas trop. « L’arthrite, ça m’a toujours attiré, tu vois. » Allez. Tant qu’à faire… « Mais pour autant, j’ai pas envie que tu flippes, et j’veux pas qu’on se laisse, tu vois. Moi aussi j’tiens à toi. » Pas pleurer non plus. C’était pas génial, genre, j’étais celui qui consolait, j’allais pas en plus inverser les rôles. « T’as pas besoin de sauver tout le monde, tu sais, Em’. T’es parfaite juste comme ça, et t’es complètement dingue de continuer à m’fréquenter malgré tout ça. Mais j’veux quand même que tu sois là. » J’insistais un peu trop sur ça, alors même que c’était pas le sujet.

Mais j’flippais quand même comme un gros bâtard. Où est-ce que j’en trouverais une autre comme ça hein ?

Et j’parlais beaucoup aussi. J’étais foutrement bavard quand j’flippais. « Bref, t’inquiète pas pour moi, quant à ces visions… Fait leur un fuck. La vie, c’est pas une bande annonce, ok ? Et au moins, comme ça, tu sauras toujours où je serai, même si j’ai pas trop le droit de te le dire. » Je me reculai pour lui choper les épaules. Elle pouvait pas me voir la regarder dans les yeux, mais au moins, juste pour le geste, je voulais le faire, qu’elle comprenne que j’étais sérieux. « Si je te dis tout ça aujourd’hui, c’est parce que tu mérites bien un peu de vérité. Et genre, j’espère que… Merde, j’espère juste que tu vas pas courir dans l’autre sens, quoi. J’le vivrais mal. Tu vois. » Je me grattai derrière la tête, pas certain que ce soit vraiment tourné de la meilleure façon.

Je savais pas comment lui montrer combien j’étais attaché à elle, et si d’un côté, j’comprendrais qu’elle me dise de m’en aller, d’un autre, j’voulais pas partir.

Et comme j’étais pas doué avec les mots, je pris simplement le parti des actes.

La question étant si on embrassait réellement – sur les lèvres j’entends – quelqu’un qu’on considère comme sa meilleure amie.
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« J’voudrais te promettre qu’je vais pas mourir. Mais de toute façon, on crève tous un jour. »
Sérieusement ? C’était ça son argument de choc ? Que tout le monde meurt un jour ? Oui, OK, et l’eau ça mouille. Mais le fait que Dagda finirait bien par mourir un jour ne lui donnait pas le droit de jouer avec sa vie dès maintenant. La mort, ça arrivait, et parfois par surprise, il le soulignait bien. Mais est-ce que c’était une raison valable pour aller se mettre en danger et provoquer l’autre grande avec sa faux ? Il ne pouvait pas lui dire de ne pas flipper. Parce qu’elle flippait, évidemment qu’elle flippait. Parce que comme dirait Stiles dans Teen Wolf, la mort ne t’arrives pas à toi ; elle arrive à tous les gens autour de toi. Si Dagda mourait, il serait juste mort, tranquille, enterré par Basil quelque part dans le cimetière de Bray. Mais les vivants, ils devraient faire sans lui. Ils devraient faire le deuil, supporter la douleur de son absence. Et Emily n’était pas prête à subir tout ça. Elle avait connu le deuil. Elle avait enterré son propre père, et même si elle n’était pas très proche de lui, l’absence lui pesait quand même. Même alors qu’elle l’avait vu mourir, il y a des années de ça ; elle savait à quoi s’attendre. Ca avait fait mal quand même. Alors Dagda…elle ne voulait pas l’imaginer.

Et pourtant, elle comprenait les motivations de son ami. Il avait trouvé un but. Et il avait terriblement besoin d’un but. Même avec l’OBCM, il allait foutre des poissons sur le balcon de son voisin. Alors sans….ce n’était pas la peine. Il avait trouvé quelque chose qui faisait sens, et elle n’était pas en droit de lui retirer ça, de lui demander d’abandonner. Parce qu’elle était pareil, au fond. Quand elle se trouvait une mission, elle la suivait. Quoique. Si la mission impliquait un danger de mort, elle rebrousserait chemin sans trop demander son reste. Dagda avait toujours été plus casse-cou qu’elle. Courageux, diraient d’autres.

Elle ne releva pas les nombreuses tentatives d’humour lancées désespérément par le brun. Elle était bon public d’habitude, et elle faisait au moins l’effort de sourire même aux blagues les plus nulles de Dagda. Mais là, elles lui passèrent au-dessus sans la faire réagir. Elle était trop rongée par ses pensées.
« Mais pour autant, j’ai pas envie que tu flippes, et j’veux pas qu’on se laisse, tu vois. Moi aussi j’tiens à toi. »
Elle réagit à ça, par contre. Relevant doucement la tête, elle sourit faiblement. C’était gentil comme mots, c’était doux et chaud dans son cœur. Ca lui sortait un peu la tête des révélations.
« T’as pas besoin de sauver tout le monde, tu sais, Em’. T’es parfaite juste comme ça, et t’es complètement dingue de continuer à m’fréquenter malgré tout ça. Mais j’veux quand même que tu sois là. »
Elle haussa les épaules. Elle ne voulait pas sauver tout le monde. Juste….ceux qu’elle pouvait. Ceux qui étaient importants. Dagda, elle devait le sauver. Elle avait failli une fois. Elle l’avait regardé aller en prison sans pouvoir rien faire. Elle ne faillirait pas deux fois. Et peut-être que c’était difficile à comprendre pour lui. Mais ça paraissait évident pour elle. Et ce n’était pas une question d’être parfaite, elle ne l’était pas, malgré ce qu’il affirmait. C’était une question de…elle ne savait pas trop. De protéger le peu d’amour qu’elle avait dans sa vie ? De faire les choses bien ? De prendre sa revanche sur une vie qui l’avait malmenée trop souvent ? Ou juste de ne pas voir quelqu’un qu’elle aimait partir.

Dagda continuait à parler. Il parlait toujours beaucoup. Trop, parfois, quand il était nerveux. Là, il semblait très nerveux. Répétant encore et encore de ne pas s’inquiéter. Emily avait bien envie de lui demander comment il réagirait si la situation était inversée. Si elle était celle qui se mettait en danger, et que lui devait rester là et surtout « ne pas s’inquiéter ». Plus facile à dire qu’à faire. Et puis, envoyer bouler ses visions….on voyait bien qu’il était voyant et pas Oracle, lui. Les visions s’imposaient, elles ne permettaient pas de les envoyer chier. Elles étaient là de toute façon. Et si, la vie parfois ressemblait à une bande annonce pour Emily. Une bande annonce d’un film qu’elle n’avait même pas envie de voir.

Le contact de ses mains sur les épaules de la jeune femme la fit sursauter.
« Si je te dis tout ça aujourd’hui, c’est parce que tu mérites bien un peu de vérité. Et genre, j’espère que… Merde, j’espère juste que tu vas pas courir dans l’autre sens, quoi. J’le vivrais mal. Tu vois. »
Emily sourit en coin. Elle allait lui répondre qu’elle ne courait plus depuis longtemps, de peur de se prendre un mur ou le bord d’un trottoir. Elle n’en eut pas le temps.

Le baiser la prit par surprise, comme une vague sortie de nulle part. Le temps s’arrêta de tourner, ou c’est l’impression qu’elle en eut. Son cerveau s’arrêta, et puis se remit à tourner très vite comme pour rattraper le temps de veille. Dagda, celui qu’elle considérait comme son meilleur ami, venait de l’embrasser. Il la considérait comme plus qu’une amie, donc. Mais elle, elle était où dans tout ça ? Elle avait toujours vu Dag’ comme son ami le plus proche, son confident, celui qu’elle appelait quand ça n’allait pas. Et pourtant, ce baiser avait fait naître en elle une flamme ardente qui avait comme tout dévoré. Son cœur battait la chamade et elle n’avait qu’une envie, c’était de recommencer. C’était pas vraiment ce qu’on était censé ressentir envers un ami, pas vrai ? Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Emily était juste perdue. Elle ne voulait pas repousser Dagda. Mais elle ne voulait pas non plus lui donner de faux espoirs alors même qu’elle n’avait jamais imaginé se retrouver dans ce genre de situation avec lui. Le silence tomba. Elle était là, plantée, incapable de réagir.
« Tu… Dag’… »
Jolie tentative de se donner une contenance. Emily passa une main dans ses cheveux, se racla la gorge. Y’avait-il un moyen d’arrêter le temps, la laisser reprendre ses esprits et ses sentiments emmêlés ? Ou de fuir en courant, parce que c’était plus ou moins ce qu’elle avait envie de faire là.
« Tu embrasses toutes les personnes qui s’inquiètent trop pour toi pour qu’elles arrêtent ? », lança-t-elle timidement dans une tentative pitoyable d’humour. Puis elle baissa la tête, la releva. Elle ne savait même plus quoi faire de son corps.
« Je ne savais pas que…enfin…on…depuis quand ? Non, mauvaise question. Je… »
Elle s’arrêta, rit doucement.
« J’aurais aimé avoir une vision de ça, pour me préparer. Avoir l’air moins idiote. Désolée. »
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crissement de pneus (dagda&emily)
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