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 Bloody Fists, Gloomy Hits [V. Alix Sweetman]

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Bloody Fists, Gloomy Hits
My inner peace is made of war, pain and blood. I'm a little storm of chaos. And no light can survive me. -


Une chanson. Dans sa tête. Depuis l’éternité. Et au-delà. Des ailes de fée. De la poudre de fée. Des berceuses de ses origines. Nue, divisée par le bourgogne et le pourpre, vêtue de peinture sur l’entièreté de son corps, ses mains balayaient des notes acerbes sur une guitare classique en bois rustique. Au début incompétent, les portées fusèrent au fil de sa mémoire extraordinaire qui parvint à identifier chaque variable de son équation. Dans la minute, ses boucles bleues et séchées de rose bonbon effleuraient les cordes avec ses mains timides qui n’osaient plus la quitter. La salle recouverte de papier de toile, du plancher au plafond, accueillait une soirée orgiaque d’artistes nudistes et libres. Leur communauté secrète se rassemblait tous les vendredis soirs.

Deux militaires irlandais avaient invité Dr Kean à les rejoindre lors de cette dernière. Ayant délaissé leur compagnie après cinq minutes de son arrivée, Kyara avait enlevé l’amour charnel des triplées : deux blondes identiques, et un homme à la stature délicate. Pour commencer, une série d’opiacés intraveineux injectés via une seringue suivi de cortisone – une dose des plus puissantes- et de marijuana en poudre. La chirurgienne contempla la scène sauvage et satirique une heure avant de les rejoindre. En tirant une jumelle de son frère par le pied, l’autre attrapa Kyara pour l’asservir, la dominer. Or, personne n’avait le droit de poser la main sur elle. Personne. La gifle du docteur fut d’une violence rare. Cet acte gratuit traumatisa le lot qui se contenta de subir, de jouir de sa puissance.

En totale liberté d’être, de raison et d’esprit. Vierge de leur contact tactile, la nudité de Kyara était perturbante sous l’instrument disparate en de tels lieux. Parmi les cris féminins des jumelles soumises, les notes espagnoles avaient recommencé leur malédiction. Sentir une autre époque, respirer les parfums d’agrumes et de boulangerie, observer des paumes se ruiner sur des cordes puis de l’argile. Au milieu d’une tentative ultime de se séparer de ses premiers souvenirs, Kyara commença à réaliser la musique qui la hantait sans répit depuis la vision des ailes d’une autre fée. Un soupir lascif la libéra de son cercle vicieux avant de rencontrer Ike et Bryan, ses compagnons d’armes. Le premier lui offrit de l’ecstasy dans un verre de whiskey, le second une caresse sur la joue qui lui valut de se faire fracasser l’instrument sur la tête. La rousse utilisa les cordes pour l’étrangler avant de se faire restreindre par un Ike étouffé de rire. Tout devenait marrant sur la cocaïne. La capitaine accepta de laisser tomber son projet d’assassinat et les rejoignit à leur chambre d’hôtel en récupérant une ou deux fringues entre deux couples en pleine action. Les blondes identiques prirent Kyara de chaque côté afin de l’accompagner.

L’état de conscience de Kyara lui revint le lendemain soir aux alentours de vingt heures. Menottée et attachée dans tous les sens par des cordes de marin, Ike la scrutait sous tous ses angles afin d’en faire une peinture ou un gribouillis, qu’importait. La damoiselle commença à se défaire de ses liens lentement. Quelques ecchymoses sur ses tempes montraient une journée mouvementée. De même que le bandage à son genou gauche d’un gris foncé. Toujours barbouillée de couleurs excentriques, la fée remarqua le carrelage bleutée du bain qui était l’entourait. Le fantassin irlandais se leva, retourna sa toile pour dévoiler une Kyara décédée dans sa nudité, chauve et entourée de vomissements. Il lui souffla une fumée âcre au visage avant de partir l’eau froide de la pomme de la douche. Quittant sa compagnie, Ike lança une invitation à le rejoindre au Smooth Criminal. Son retour à l’infanterie était prévu le lendemain matin. Les péchés mortels s’achevaient pour cette semaine.

La seconde suivante, la chirurgienne trouva l’épingle fichue dans sa gencive supérieure. La récupérant avec sa langue, elle réussit à s’extirper de sa situation risquée en moins d’un quart d’heure. Le suivant fut utile pour décrasser la peinture de sa silhouette blessée à moult endroits. Et le dernier fut de constater que son téléphone intelligent était noyé dans un verre de vin blanc. Trouvant une robe satinée noire qui devait appartenir à une des jumelles d’hier soir, et la chemise rouge de sa sœur dont la crinière était éparpillée au sol, Kyara revêtit leurs habits. Chevauchant une jambe nue et mutilée au niveau de la cuisse, la rousse vola des bottes à talons et pêcha sa veste de cuir noire en claquant la porte de la chambre désormais avalée par les flammes –la drogue, quel outil fantastique pour fuir la réalité au cœur de ses rêveries. Un paquet d’argent traînait dans sa poche, et un taxi errant près de l’hôtel l’emmena à la poursuite du militaire irlandais.

Les joues bleues, les mains livides et le regard assassin, Kyara franchit la porte d’un coup de pied d’acier. La femme parcourut la salle animée d’un œil vif, et trouva enfin ses camarades de la milice. En train d’entourlouper un duo de brunes dans leurs histoires, Dr Kean empoigna la gorge de Bryan et le salua d’un coup de tête. Ce dernier hésita à lui rendre ses coups, et se contenta de la prendre sous un bras. Son comparse offrit une main d’applaudissement à son entrée surprise. Leurs efforts de conquérir la gente féminine venait de se résumer à un échec lamentable.


« Ravi de voir ma Capitaine en forme. »

Des iris violets le sonnèrent au silence aussitôt. Une gifle massacrante renseigna Ike sur les bons sentiments qu’avait sa camarade de débauche.

« Tu peux fermer ta gueule. Je te réserve une nuit épouvantable. »

En effet, la rouquine s’écarta du lot pour aller chercher trois verres de whiskey auxquels elle ajouta un petit charme doucereux; celui de l’ecstasy. Kyara en avala un, et jeta les deux autres à leurs lèvres en leur versant la moitié dessus. C’est alors que la bagarre éclata au sein de leur groupe. La rousse éclata le verre sur la tête d’un Irlandais, tandis que l’autre la renversa par la taille au sol. Toutefois, dans son geste, il accrocha d’autres jeunes adultes et bouscula un roux d’un coup d’épaule forcené. Bientôt, ils étaient dix à se taper dessus. Certes les soldats donnaient des crochets du diable. Bryan frappa le thorax de Kyara – toujours au sol- d’un coup de talon, mais se retrouva sur elle lorsque ses jambes prirent en ciseaux ses tibias.

« C’est ce que t’aime…La douleur. Hein, Kyara? »

La rouquine mordit la bouche du soldat jusqu’au sang et lui cracha ensuite au visage malgré ses débattements. Se relevant sur ses deux pieds, il obtint un regard révélateur sur l’identité de la femme qui tourmentait ses pires cauchemars de guerre. Elle l’assomma avec une chaise, mettant des poignets lacérés par des menottes en lumière. Soudain, la psycopathe trouva refuge à frapper son voisin d’un coup de tête et d’un coup de genou dans les bijoux. Sa vision commença à devenir embrouillée, mais elle continua à frapper n’importe qui et n’importe quoi afin de se sentir brûlante de vie derrière ses mains meurtrières glacées de mort.





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De tous les endroits que j’avais pu visiter l’année passée, il n’y en avait aucun qui valait Bray. Les pub irlandais et leur ambiance était unique. Je mentirai si je disais que ça ne m’avait pas manqué. Aller se boire une bière pour fêter la fin de la semaine, il y a que ça de vrai. Et je n’étais clairement jamais raisonnable. Mes collègues avaient beau déjà avoir quitté les lieux pour retrouver leurs familles respectives, j’enchaînais les verres et tenais à la discussion à n’importe qui dans le périmètre. Ce n’est pas que je n’avais pas envie de rentrer chez moi. J’aimais juste être ici.

J’allais finir dans un sale état, je le savais dès que j’avais mis les pieds ici. Personne n’est parfait, que voulez-vous. Si je voulais vraiment passer une soirée tranquille, je ne serais pas venu au Smooth Criminal. J’avais aucune idée de l’heure qu’il était, ni depuis combien de temps j’étais, ni combien j’avais dépenser depuis mon arrivée. Mon esprit était dans un autre monde à cette heure. Enfin, il s’agissait de ce monde ci, mais un peu déconnecté de la réalité. Difficile à expliquer, mais je pense que tout ceux qui ont déjà bu jusqu’à cet état, savent de quoi je parle.

Ainsi, je n’avais aucune idée de ce qu’il s’était passé pour que tout le monde commence à se mettre sur la gueule dans le pub, mais mon sang ne fit qu’un tour. C’était toujours pareil. J’allais me faire défoncer, je le savais. J’étais censé être un type pacifiste et souvent mon intention quand je me levais pour rejoindre une mêlé, c’était de mettre un terme aux hostilités. Mais on sait très bien comment ça se finissait. Je me prenais des coups, je répliquais, puis au final, je ne valais pas mieux que les autres à ne plus me soucier des raisons, tant que j’avais de quoi me défouler.

Ce soir ne fit pas exception, d’abord bousculé alors que je tentais de calmer le conflit, je voulu répondre, ne pas me laisser faire et sans que je n’aie le temps de réaliser la transition, j’étais en train d’aplatir mon poing dans la gueule d’un type qui avait la mâchoire sacrément solide. J’avais aucune idée d’où sortaient ces gars, mais on jouait décidément pas dans la même cours. Tout du moins, il me semblait qu’il y avait une poignée de gars qui fichaient une belle rouste aux autres. Il y avait même une rouquine dans le lot.

J’avais voulu défendre cette dernière, mais elle s’en sortait très bien toute seule. Et à vrai dire, je m’étais à peine approché qu’elle m’en colla une belle. C’est pas très gentleman de frapper une demoiselle. Mais croyez-moi, ce n’était pas une simple demoiselle, elle savait clairement se défendre et merde, je m’en foutais sur qui je tapais, tant que je pouvais passer mes nerfs et sûrement une certaine frustration… Laisser l’adrénaline m’envahir, ignorer la souffrance reçue et s’en servir comme tremplin pour répliquer encore et toujours.

Etonnamment, la mêlée avait beau se propager à tout le pub, j’en revenais souvent à me prendre et donner des coups à la même rouquine. Je fini même par l’attraper par les cheveux et la tirer en arrière pour lui cracher :

- Tu cherches vraiment les emmerdes Miss, hein ?

Je sais, ce n’était pas crédible de ma part, mais donnez-moi une situation dans laquelle j’étais crédible. Je suis roux les gars, rien qu’avec ça, on partait mal. A croire que quand j’avais bu, je finissais par me croire invincible. Ou plus exactement, ce devait être le cocktail alcool, adrénaline. Si j’avais été en pleine possession de mes capacités intellectuelles, je me serais sûrement demandé s’il y avait certains de mes clients présents ce soir. Parce qu’ils voudraient mieux pour moi qu’ils ne voient pas ça. Malheureusement, si c’était le cas et bien c’était trop tard. Et ne dit-on pas que ce qui se passe au Smooth Criminal reste au Smooth Criminal ? C’est un peu comme notre soirée Fight Club, allez. Personne ne pourrait nosu en vouloir.
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Bloody Fists, Gloomy Hits
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Mary Sue. Connaissez-vous une Mary Sue? C’est le type de personnage qui récolte toutes les misères du monde : orphelin, battu, violé, abandonné, vendu, rejeté et humilié. En temps normal, c’est à éviter ce genre d’histoire pour votre personnage. Toutefois, vous pourriez vous offrir une petite friandise si permettre à la folie de briller revenait de votre talent le plus cru. C’était la blague qui collait à la peau des fesses de Kyara depuis son entrée dans l’armée du haut de ses quinze poires. Peu importait ses efforts pour être oubliée, tout lui revenait sur le dos quand son lit du matin était saccagé ou bien que son sac à dos était déchiré de toute parts. Entourée d’hommes du matin au soir, elle avait appris à appréhender chaque représentant de ce sexe inquisiteur avec une haine viscérale et un dégoût sans précédent. Depuis ces longues nuits à sentir des mains baladeuses et des regards pervers, tout ce qu’elle souhaitait fut de les démembrer pièce par pièce.

Le vice de la misandre la mena sur une quête initiatique des plus tortueuses, la rapprochant de plus en plus de la blague de ses collègues soldats. Lorsque son apprentissage l’avança à connaître l’entièreté de l’enveloppe charnière de la race humaine, la fée avait pris un malin plaisir à blesser ses compères avec une malice des plus douces : tordre des couilles, écraser des os fragiles, causer plusieurs fractures irréversibles à un pied, toucher une rotule au point le plus critique, fendre les artères maîtresses du réseau sanguin, trancher les petites veines fragiles, cisailler l’épiderme, écarter les muscles…Sur les sept stades d’auto-défense du Capitaine Kean, le premier impliquait les coups de choc. Tout ce qui impliquait de tabasser des retardés n’était qu’une figure de parade. La deuxième ne ressemblait qu’à une légère prémisse de la troisième : la sensibilité. Donc, l’âme hypersensible, la jeune docteure jeta des pupilles assoiffées de sang à son interlocuteur lorsqu’il agrippa sa crinière de lion flamboyante.

Un détail, lors de leur échange rapide, des étincelles violacées sous ses yeux persistaient. Quelque chose de bestial, digne d’une prédatrice. De plus, l’ombre qui planait sur ses traits ne témoignait que d’une rage épouvantable, éternelle. Amochée, l’intuition de la chirurgienne possédait autant de panache que sa spontanéité. Elle cracha du sang sur ses yeux puis pinça son poignet au niveau qui devenait la main. La pression sur l’artère en bloqua le pouls à la main avant de craquer légèrement. Non, rien n’avait cassé. Même aucun dommage superficiel. Il suffisait simplement de provoquer l’épouvante, et une douleur cuisante. Ce fut deux coups de talons aiguilles au tibia droit qui suivit avant d’empoigner à deux mains le même bras pour le tordre à la limite de la luxation de son épaule – à la fois pénible et inoffensif. Malgré le débattement, la rousse sentait les os la supplier d’augmenter l’échelle de sa douleur lorsqu’une lueur perlée de son esprit l’obligea à tout lâcher, à s’esquiver derrière le profil titanesque d’un soldat irlandais, celui de son collègue Ike.

Tout à coup, la rouquine quitta le sol en étant balancée contre le mur près d’eux. Elle roula deux fois au sol avant de ne plus remuer l’ombre d’une boucle.
Le combat se perpétuait, laissant les hommes se frapper la gueule avec allégresse. Certes les deux soldats à l’origine de cette petite émeute se retirèrent pour se pencher sur leur consœur. Leurs faciès durs semblaient presque porter de l’inquiétude, de l’embarras. L’un tourna le visage de la fée vers lui, tapota sa joue en l’appelant par son prénom. Le second flanqua une droite à un régulier du bar dont la barbe lui égratigna les jointures. Ce dernier occupa le pauvre soldat assez longtemps. Il le dépassait au minimum de deux têtes. Cette seconde d’inattention lui coûta cher, car Kyara surgit des limbes telle une tigresse.

Les tibias de l’Irlandais flanchèrent lorsque des aiguilles se plantèrent dans ses genoux. Une fois à sa merci après quelques coups de poing lancés dans le vide, bien vite à califourchon sur ce dernier, Kyara assomma son adversaire à coups de poings sanglants : au compte de dix, brutaux et déchaînés. Capitaine Kean cracha sur son collègue d’armes en guise de salutations. De plus en plus bestiale, elle regarda le visage œdématié de lke qui ne bougeait plus d’un poil. Son poing gauche lui fracassa le nez, pendant que le barbu arrêta s’éloignait de ce monstre électrisant.

Crachant du sang au visage de sa victime, la militaire lui donna un coup aux côtes. Rencontrant des yeux las, dégoûtés, un sourire seyait son visage sévère. Kyara se remit debout avec difficulté en s’adossant au mur. Ce fut son regard venimeux, perçant qui sembla flamboyer de nouveau. Des prunelles aux paupières envahies de paillettes violacées, presque palpitantes. La fée reprit un visage de guerre, traversé par le vide et la violence. L’affrontement entre les usuels du bar cessa aussi rapidement qu’il avait commencé. Les compagnons d’armes du Capitaine Kean la saluèrent froidement en quittant prestement les lieux, tous les deux tenant l’autre afin de bien s’orienter vers la porte d’entrée. La promenade de ses paumes sur la brique continua, montrant une femme titubante – soit par l’intoxication, soit par la douleur croissante en son for intérieur.

En dépassant un visage familier sans le bousculer, les lèvres pincées, sa veste quitta son épaule afin d’en dévoiler une série d’ecchymoses pourpres. C’était presque impossible à énumérer tant sa chair en était recouverte. Un poignet lacéré la cacha avec pudeur avant de s’asseoir au bar près d’un homme de sept pieds qui n’avait pas remué d’un poil depuis le début de la débandade. Ce dernier enligna des pintes de bière avec un léger sourire en dévisageant la docteure avec curiosité. Kyara essuya ses mains vêtues de sang avec son mouchoir et s’empara de quatre pintes avec ses mains rosacées aux jointures pétées d’hémoglobine. Le boulot allait être fantastique le lendemain soir. Elle offrit des verres à deux inconnus avec un visage lessivé de glace qui les laissèrent - nom de dieu-  perplexes. Le dernier fut tendu au roux qui lui avait tiré les cheveux plus tôt. S’il le refusait, sa main laisserait le verre se fracasser sur les planches miteuses. Tout simplement.

«Sköll ta Hati!»

Kyara hurla d’un ton chaleureux cette phrase inhabituelle pour trinquer avec les étrangers qui collaborèrent à son esprit de combattante en levant leur bière au ciel. Une gorgée devint vite le tiers de sa boisson, aidant la souffrance qui l’habitait à s’échapper avec cette vibration de vie qui ne l’avait qu’effleurer en cette soirée brûlante de testostérone.  





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Si j’étais capable de me battre avec autant de véhémence sobre qu’après quelques verres, l’OBCM serait sans doute fier de moi. Pas que j’étais inutile en tant que conseiller, mais c’était toujours bien se savoir se défendre un peu quand on est si proche de la guerre. Quoique, techniquement, il s’agissait déjà d’une guerre depuis bien longtemps. Mais jusqu’à présent, le conflit était masqué aux yeux de tous. On se battait dans l’ombre, se mettant des bâtons dans les roues dès que possible. Ce n’était qu’une question de temps pour que tout n’explose. Comme toutes guerres, nous n’attendions qu’un prétexte, un événement pour s’attaquer ouvertement.

En attendant, une bonne bagarre dans un pub n’avait jamais retourné le monde. C’était même monnaie courante dans des trous comme le Smooth Criminal. A tel point que même les gérants des lieux n’essayaient plus d’intervenir. Ils savaient que s’ils foutaient le monde dehors aussi tôt, ce ne serait pas bon pour leur affaire non plus. Le jeu finissait toujours pas se calmer. Il y avait toujours un moment où tout le monde était bien trop crevé pour continuer, ou trop assoiffée et donc sonnait l’heure de la fin ou tout du moins d’une brève pause, sans que personne ne se soit vraiment consulté.

J’abandonnais la mêlée pour aller me réfugier du côté du bar. Je ne sais pas pourquoi je faisais ça. Peut-être que j’avais besoin de cet espèce de fight club pour relâcher toute la pression de la semaine. Pourtant, j’adorais mon job. Mais on ne sait jamais vraiment ce dont l’inconscient à besoin. Peut-être que j’avais un problème là dedans qui me poussait à passer des soirées autant en contradiction avec ma philosophie pacifiste, qui sait. Dans tous les cas, je mentirai en disant que je n’aimais pas cette ambiance. Nous venions tous de nous coller des pains et de nous insulter de tous les noms, mais ça ne nous empêchait pas de boire tous ensemble, comme si de rien n’était. A croire que se taper resserre les liens.

Ainsi, j’adressais un grand sourire à la rouquine qui me tendait un verre avant de l’attraper et de trinquer avec elle avec entrain. Alors que quelques minutes plus tôt je lui avais tiré les cheveux et j’avais tenté de la coller au sol.

- Cheers !

J’avais aucune idée en quelle langue, elle avait sorti ça. J’étais bien trop saoule à ce stade de la soirée pour analyser de telles choses. Mais bon, quelqu’un qui gueule, en levant son verre, n’importe quel bon buveur comprendrait le message sans avoir besoin d’être bilingue. Je pris ça comme une invitation pour m’installer près de la combattante qui était d’ailleurs la seule demoiselle que je pouvais voir aux alentours. Cependant, elle semblait compter bien plus de cicatrice que tous les gars réunis.

- Bordel, je crois que j’ai jamais vu un baston aussi violente dans ce bar. C’est un miracle si on arrive à en rentrer chez nous ce soir sans au moins une dent en moins.

Je me mis à rire bêtement. C’était loin d’être la meilleure phrase d’accroche qu’on puisse sortir. Mais qui pourrait en vouloir à mon esprit embrumé par l’alcool hein ? De toute façon, à cette heure là, c’était le cas de tout le monde dans cette salle. Les conversations ne devaient pas voler bien haut. Ou alors justement, elles volaient bien trop haut pour paraître crédibles.
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C’était facile de sourire bêtement sous le voile de l’eau-de-vie. C’était simple de rire sous l’emprise des narcotiques. C’était naturel de suivre le courant machiste qui les entourait, et pour Kyara de s’oublier. Ne plus être un réfrigérateur à mets avariés, ne plus se conduire selon les attentes de sa fratrie, ne plus calculer chaque souffle, chaque phrase pour parvenir à ses fins. Un regard perçant et embrumé accueillit la camaraderie sans le moindre problème. Même, au lieu de cracher dans son verre ou d’enchaîner un coup de tête, elle lui répondit timidement – une ombre passa sur ses lèvres pincées qui redevinrent mornes la seconde suivante.

L’hypocrisie était son outil le plus employé avec les hommes, mais la prudence luisait davantage dans son comportement à leur égard. Peut-être était-ce cette génération qui utilisait des écrans pour communiquer? Peut-être étaient-ils tous des prédateurs, des violeurs et des menteurs? Peut-être était-ce le fait qu’ils oubliaient qu’un humain envoyait un message à un autre? La communication, outil bien mal géré par la majorité des âmes autant chez un sexe que chez l’autre. La courtoisie disparaissait, et ne laissait qu’un grand vide opiniâtre. Même le plus posé des orgueilleux trouvait le temps de poser des salutations, des excuses et des remerciements. Seul l’assoiffé de pouvoir, magnanime, répondait brusquement : des mots secs, des phrases expéditives, un certain laxisme dans la résolution du problème.

D’une âme à une autre, sympathique comme psycopathe, le respect était une valeur qui se méritait dans ces années houleuses. Se foutre de tout, se penser roi car son expérience domine, c’est bâtard. Tout le monde n’est qu’un chérubin dans les bras de la Mort. Tout le monde peut tirer profit de l’apprentissage du moment présent et des nouvelles têtes qui se profilent à l’horizon. Une vie si fragile, un cœur miraculeux qui pousse l’organisme jusqu’au dernier souffle, une audition qui s’avère le premier et le dernier sens à nous quitter. Sur ces motifs hors sujets, Kyara secoua son minois de gauche à droite avant de prendre une gorgée modeste du liquide amer dont son dédain grandissait d’un instant à l’autre. L’introduction du rouquin la tira de son analyse du comportement humain, de son casse-tête individuel, laissant une mine détruite par la folie des psychostimulants darder sa concentration sur sa personne.


« C’était bien, mais pas autant que la guerre. »

Oups. Des mots acides, tranchants, purement méchants. La phrase avait glissé de ses lèvres qui partageaient autant le rouge à lèvres que le sang à ses commissures. Docteur Kean adossa sa tempe à son poing, essayant un sourire qui ne naissait toujours pas sur son visage. Le gloussement qui s’ensuivit ne ressemblait aucunement à un rire, mais davantage à celui du prédateur qui cerne sa proie pour l’abattre. La douceur n’avait jamais bordé son être; seule la douleur savait apprivoiser ses désirs sauvages les plus abjectes. Des paumes marbrées de bourgogne touchèrent les bordures de son verre, pendant que son âme assoiffée de sang cherchait à calmer ses rêves de folie et de grandeur.

En effet, un champignon gigantesque et bleu nuit se tenait derrière le comptoir. C’était une hallucination visuelle dû à la prise excessive de drogues depuis les dernières quarante-huit heures. La fée regarda son confrère dont elle ignorait la nature commune et pointa à leur droite un chiffon qui traînait sur le comptoir. Elle semblait vraiment s’éclater dans des histoires secrètes de son propre monde imaginaire quand le champignon immense se divisa en petites armées de stroumphs qui commencèrent à attaquer les mortels. Avide de connaître la fin de cette histoire, Kyara se rendit compte qu’elle voyait des choses que le roux ne voyait pas. De plus, sa main droite pointait des miettes sur le plancher du bar. Une toux sèche la ramena parmi le monde des sains d’esprit quand elle s’émerveilla de curiosité… Le jeune homme à ses côtés possédait maintenant le visage d’un serpent très agressif et menaçant! Kyara pensa à son propre petit trésor qui mangeait une quantité épouvantable de rongeurs tous les jours, mais balança un sourire des plus chaleureux en posant ses mains ensanglantées sur ses tempes qui…rougissaient!


« Vous avez une tête adorable! C’est vraiment… » Soudain, Docteur Kean se reprit en s’apercevant de son comportement anormal et inquiétant. Même l’une de ses mains avait osé s’approcher du reptile imaginaire, mais une réserve de prudence l’avait déjà interrompu. Une dureté sévère noya ses traits, alors que la possibilité de présenter des excuses n’avait jamais fait partie de son caractère. « Mais, qui êtes-vous? Vous avez une tête de serpent! Je dois halluciner. » Hello Einstein! L’ampoule venait d’être inventée pour Kyara qui baissa ses yeux sur ses cuisses bleutées avant de les redresser sur son interlocuteur qui avait retrouvé des traits normaux. Un soulagement satisfaisait s’échappa de ses poumons quand elle vida sa pinte avant de se faire servir une deuxième. Un nuage blanc voilait ses pupilles violacées, semblaient les dissiper sous un marasme de soucis et de déboires impossibles : tout pointait une soif de vengeance traître et virulente.






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Cette jeune femme était étrange. Si j’avais été sobre, je me serais sans doute posé des question, sur sa présence ici, sur sa réaction, sur ce penchant un peu trop prononcé pour la violence. Mais même sobre, j’étais mal placé pour parler vu que j’avais été un des premiers à me jeter dans la mêlée. Quoique, j’avais le sentiment que nous avions des motivations différentes. Mais qui avait envie de s’en soucier à une telle heure, dans un tel état, hein ? Mon cerveau ne voulait pas penser, il agissait, riait bêtement à tout et n’importe quoi et faisait de son mieux pour maintenir tout ce corps debout.

J’aurais sans doute dû frissonner à la réponse de mon interlocutrice. Elle n’était pas une victime, loin de là. Elle avait un total contrôle sur tout ce qui se passait. Ou tout du moins elle donnait l’impression d’en avoir. J’aurais pu tenter de faire un lien entre la guerre, la bagarre de ce soir, cette envie de se foutre en l’air, de prendre des risques. Mais en plus de ne pas être en état de réfléchir, je n’étais pas en train de travailler non plus, alors pourquoi je me lancerai dans des analyse de situation ? Je n’étais psy non plus. Puis elle souriait, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter n’est-ce pas ?

Quoique, même mon esprit embrumé ne comprit pas ce qu’il se passa ensuite. La rouquine pointait du doigts des objets et semblait fascinée par ces derniers. Elle en vint à m’adresser un sourire radieux, en rougissant et me faisant un compliment. J’étais à la fois flatté et perplexe. Quelque chose n’allait pas. Et je n’eus pas le temps de réagir qu’elle ajouta que j’avais une tête de serpent. Je vous avoue que, dans le doute, j’avais posé mes mains sur mon visage pour vérifier. Mais nez, joue, menton, dent… Rien d’anormal, ou de serpent.

La théorie de l’hallucination semblait la plus logique. Cette expérience n’en était pas moins perturbant. Je fronçais les sourcils pour réagir :

- Je suis pas un serpent ! Je suis irlandais, c’est pas du tout pareil !

Oui, dans ma tête, ça sonnait mieux et surtout plus drôle. Il n’empêche, il faut croire que même saoul je n’était pas capable de ne pas m’inquiéter pour les autres. Je me penchais vers la rousse, en essayant de ne pas venir me cogner contre elle non plus. Mais mon intention, bien que maladroite, était de faire un examen de ses pupilles.

- T’es sûre que ça va, love ? Je sais pas ce que t’as pris, mais tu m’as l’air déjà bien loin. T’as quelqu’un pour te ramener, hein ?

Pourquoi, qu’est-ce que tu va faire dans ton état Alix ? La raccompagner chez elle ? Lui appeler un taxi ? Dans tous les cas, il y avait de fortes chances pour que je passe pour un pervers qui voudrait profiter d’elle. Si ce n’était pas déjà fait d’ailleurs, vu l’état dans lequel elle était, on pourrait même croire que je l’avais frappé pour parvenir à mes fins. D’un sens, c’était vrai, je l’avais cognée aussi. Mais voyons, je n’étais pas ce genre d’homme, pour qui me prenez vous. Quoique, à la limite, je pourrais tenter de soigner quelques unes de ses blessures, si ma magie n’était pas trop capricieuse.
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My inner peace is made of war, pain and blood. I'm a little storm of chaos. And no light can survive me. -


Cette ville semblait regorger d’Irlandais, songea Kyara en écoutant la répartie du roux. Différencier cette nationalité de l’animal, évidemment. La vue de la chirurgienne continuait de tanguer d’un côté comme de l’autre – semblable à l’effet de la mer. Si elle avait su s’esclaffer, un rire aurait naquit sur ses lèvres couleur sang. Toutefois, seul une ombre narquoise et moqueuse passa sur ses traits des plus sévères. Rien chez elle n’évoquait une damoiselle en détresse; tout pourvoyait l’impression d’une matrone intransigeante, prône à exterminer tous ses ennemis au lance-flammes. C’était l’allure des combattants des premiers rangs, ceux affamés de mésaventures et de sang. Lorsque l’inconnu s’approcha, la jeune docteure demeura de marbre.

Sans s’échapper, elle déposa même un coude sur le comptoir en affirmant un sentiment de supériorité. Tous ses gestes semblaient calculés avec précision malgré son état de faiblesse. Il chercha à s’enquérir de son état psychologique – ce qui lui provoqua une nausée immédiate. Là, un rire fut étouffé dans sa gorge. Ce n’était pas un son de candide, mais plutôt des notes sordides. Méchantes. Cruelles. Sa paume s’abattit doucement de son plein sur le bar, cherchant à calmer le ridicule de cette situation. La perspicacité de l’homme lui donna un élément de surprise. L’excitation dora ses tempes émaciées : il savait qu’elle consommait des substances illicites. Encore fallait-il oublier le fusil sous son oreiller ou son journal rempli d’organes humains et de croquis d’outils chirurgicaux. D’ailleurs, ses poignets étaient désormais visibles : lacérés par les cordes qui l’avaient retenue prisonnière quelques heures plus tôt. Soudain, son faciès devint l’opposé : perdu, complexé, voire dévasté.


« Ma réalité s’écrase. »

Ses yeux violacés aux pupilles complètement dilatées affichèrent autant une marque de nostalgie que de défaite. La damoiselle plantait férocement son regard torrentiel dans ceux de son interlocuteur comme si elle allait les arracher. « J’ai rencontré Dr.Egerton. C’était étrange…J’ai vu des choses étranges. Ma réalité est détruite. Et je ne sais plus quoi faire.» Sans réaliser le sérieux monstrueux de leurs dernières paroles, Kyara ignorait évidemment qu’elle s’adressait à son cousin. Trop agressive malgré sa consommation excessive de drogues, la fée plongea son visage dans ses mains. L’incompréhension, le mystère et l’absence de solutions lui crevaient l’âme. Décortiquer ce problème revenait à jauger la valeur d’une tumeur dans le corps d’un trentenaire. Devions-nous retirer la masse en entier? Et ruiner la qualité de la vie du patient. Ou séparer l’excroissance cancéreuse en deux, faire plusieurs cycles de chimiothérapie, nourrir l’espoir maigre d’une rémission complète. Le feu du savoir qui la nourrissait baignait dans le néant, lui laissant un goût amer en arrière-pensée.  Tout semblait noir, impossible de la sauver dans ce marasme épais, glauque, maléfique. Puis sa voix s’éleva – sereine et taquine :

« Oui, Choupinet, je vais super trop bien. Ma vie est un conte de fées. J’avais l’intention de dormir coupée en morceaux dans une poubelle. »

Décidément, son humour noir et son sarcasme demeuraient inefficaces. Kyara avait relevé avec misère ce surnom lancé avec aisance pour lui donner la réplique. Cassante, désagréable tout comme sa personne. Certes, elle renchérit d’une attitude un peu plus sereine comme si la drogue battait de son plein. La damoiselle semblait presque euphorique en cet instant : « J’ai pensé me faire raccompagner par plusieurs personnes. Lui! Lui ou lui! » De son index fin, elle pointa un obèse dont le jean dévoilait la moitié de son derrière, un joli damoiseau en train de se gratter les bijoux ou bien un dépressif cerné en train de lire un bouquin sur les pirates. Personne n’arrivait vraiment à identifier le sexe de son dernier choix. Ainsi, Kyara se retourna vers son interlocuteur et enchaîna sur un sujet des plus déplacés : « Trouvons quelqu’un pour te raccompagner! Ah, et comment ça va, Choupinet? » Cette supercherie pouvait durer des lunes le temps que la jeune docteure puisse trouver une raison juste de recommencer la bagarre avec son interlocuteur. Ou bien de jouer une pièce de théâtre afin de savoir qui tolérerait le plus longtemps possible une conversation sans queue ni tête. Oui, c’était sa seule et unique intention sincère : faire le Mal.  



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Cette femme était étrange. Et je ne parlais pas de sa propension à la violence, de sa présence ici, ou même de ces hallucinations. Elle disait des choses étranges. Mais peut-être que tout était lié à la drogue qu’elle avait prise. Ou peut-être que c’était mon esprit embrumé par l’alcool qui ne comprenait rien sur rien à ce qu’il se passait. Pourtant, je faisais de mon mieux pour ne pas être trop à côté de la plaque. Je devrais sûrement laisser la jeune femme à ses divagations. Cependant, maintenant que la conversation était entamé, je savait que s’il lui arrivait quelque chose ce soir, je m’en sentirai responsable. Même si elle avait bien prouvé, jusque là, qu’elle était parfaitement capable de se débrouiller toute seule.

J’avais du mal à comprendre comment la réalité pouvait être écrasée. A moins qu’on ne soit dans Matrix. Je ne cachais pas mon air perplexe. La rouquine semblait clairement perdue dans ses pensées. Je n’étais même pas sûr qu’elle s’adressait à moi. Cependant, j’étais là, à écouter, à essayer de comprendre. Puis j’avais peut-être eu raison. Dr. Egerton. Je connaissais pas mal d’Egerton, mais le seul à avoir ce titre et ce nom en ville, pas de doute possible, c’était Basil. Et même, elle aurait pu juste me dire ce nom que j’aurais tout de suite pensé à mon cousin.

Je sais pas trop pourquoi, mais soudainement, je me sentais plus proche d’elle. Si elle connaissait Basil, si elle était amie avec lui - même si “ami” était un bien grand mot quand il s’agissait de décrire les relations de mon cousin - alors oui, j’avais de quoi me sentir responsable. Je posais un main amicale sur son dos. Rien de violent, c’était juste sensé être un geste rassurant.

- Basil fait souvent cet effet, on finit par s’y faire, crois-moi.

Je vous avoue que j’avais sorti ça sans trop réfléchir. De toute façon, j’avais rien compris à son histoire. Tout ce que je sais, c’est qu’elle avait l’air paumé et que son état s’inquiétait. D’ailleurs à entendre sa réponse à ma question, ça ne m’étonnais même plus qu’elle soit une des connaissances de mon cousin. Ils avaient apparemment cette passion pour le morbide en commun.

- Hmm… T’es sûre de tes choix ?


De toutes les personnes que m’avait pointé la rouquine pour la ramener, aucune ne m’inspirait une grande confiance. Après, je me trompais peut-être mais… C’était presque comme si elle avait volontairement pointé du doigt les personnes les moins recommandables de la pièce. Quoique, qu’est-ce que j’en savais ? Je pensais que j’étais un type plus respectable que toutes les autres personnes ici peut-être ?

- Ca va bien….

Je ne voyais pas trop ce que je pourrais répondre d’autre. Et en comparaison avec la jeune femme, oui, j’allais bien. Puis étant donné que j’arrivais à être encore assez conscient de ce qu’il se passait. Il faut dire, j’avais eu le temps de redescendre un peu, même si j’avais été bien secouer.

- C’est gentil mais… Et si j’appelais mon cousin hein ? Il pourra nous ramener tout les deux, c’est pas un problème. Enfin, je crois.

Je ne voyais pas de raison que Basil refuse. Et j’étais presque sûr que si je l’appelais maintenant il répondrait. Il était tard, et même tôt en faire, certes, mais je savais que mon cousin dormait très peu. J’avais aucune idée de ce qu’il faisait de tout ce temps où il ne dormait pas, mais pour une fois il pouvait bien me dépanner non ?
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Plusieurs choses : alors il fallait commencer en ordre : classifier chaque information avec minutie. Cet inconnu affirmait être le cousin du Dr. Egerton. Il l’appelait même par son prénom. Kyara tomba littéralement du tabouret pour se retrouver les fesses parterre. Le visage de la manipulatrice froide devint glacé d’horreur en même temps que de surprise. Certes la jeune femme se reprit avec réserve en se relevant tant bien que mal dans son état pitoyable. Du sang coula de sa cuisse droite à sa botte lorsqu’elle reprit siège aux côtés de l’homme – l’ourlet de ses habits révélant une plaie béante et suintante à ce même niveau. La rouquine tenta d’accuser la stupéfaction des gestes précédents sur le compte de l’alcool et de la drogue. Toutefois, ses allures maléfiques avaient pris des teintes plus douces, plus précaires. Un tressautement toucha ses paupières lourdes, pendant que ses tempes émaciés et pleines d’hématomes en devinrent timides.


Le deuxième événement qui manqua la jeter en bas de son siège de nouveau fut la main dans son dos. Innocente, certainement. Inhabituelle, essentiellement. L’orpheline en trembla de dégoût, jetant un regard des plus haineux à son interlocuteur. Ceci joint à un mutisme traître qui dévoilait les véritables couleurs de la docteure : une âme vile, méchante, un cœur vide de vie et avide de souffrance. Plus les paroles de l’inconnu s’avançaient, plus les mains de la petite terreur qui sommeillait en elle en furent éprises de crispations. Un avant-bras repoussa délicatement l’approche, accompagné d’un visage blafard lui indiquant que toute possibilité d’employer l’art du toucher thérapeutique ne fonctionnerait pas avec elle. Kyara soupçonna un emploi dans les services sociaux ou bien en psychologie ou en psychiatrie. Quoique le jeune homme à ses côtés ne semblait pas doté des capacités d’analyse requises pour un si long parcours universitaire. Éreintée, elle plaqua sa main sur le comptoir pour retenir sa tête de piquer vers le sol et parla d’une voix glaciale, meurtrière :



« Non. » Des lèvres de sang pur qui s’ouvrirent de nouveau avec une voix plus ferme, plus maîtrisée malgré la silhouette de plus en plus chevrotante de la jeune femme : « Fais-moi une faveur. » Les mains de Dr.Kean empoignèrent légèrement le col de son interlocuteur dans l’espoir de l’intimider – malgré les doigts tremblants de la jeune femme. Debout, ses pieds semblaient ne tenir que sur la pointe de ses talons ou de ses orteils. Seul son regard de rage, assoiffé de sang et de violence rassurait sur l’état d’âme vorace de la droguée : « Disparais de ma vue, et ne me parle plus de la famille Egerton. »


C’était sec. Vraiment sec, même pour une rescapée de la rue sans la moindre conscience civile. Mais, la crainte d’avoir une autre créature de son espèce à ses côtés la terrifia autant d’horreur que de surprise. Sa seule réaction possible demeurait l’esquive. Kyara le libéra en roulant des yeux, chancela vers l’arrière et s’agrippa au comptoir pour ne pas se renverser au sol. La fée voulut faire un pas sur le côté, mais dut se restreindre à enquiquiner Alix en s’accrochant à lui de nouveau.


« Attends. Je ne voulais pas te dire ça. »


Le ton de la jeune femme avait changé du tout au tout. Apeurée, ne pouvant se laisser par elle-même sur ses propres pieds, Kyara commençait à écouter le tintement des verres sur le comptoir autour d’eux. Les dures à cuire buvaient en cœur, pendant que les prudents quittaient déjà les lieux. Ce son singulier devint semblable aux éclats des explosifs qui avaient terrorisé la jeune femme dans son passé de militaire. Lorsque les hordes du clan ennemi avaient trouvé un défaut dans leur barricade, il n’avait pas fallu quarante-huit heures avant que les bombes ne deviennent leurs Némésis. D’ailleurs, la fée n’avait jamais compris comment elle avait pu sortir de la base militaire sans exploser en mille morceaux. Chacun de ses pas lui provoquait des frémissements macabres, mais ses yeux d’un feu violet et violent, admiratifs n’avaient jamais quitté ses confrères démembrés lors de son passage serein. Les éclats de sang demeuraient l’art dont l’observation la rendait languissante, amoureuse.


Elle lâcha l’inconnu, ne l’ayant encombré que l’espace d’une minute avant de clore ses paupières. Puis la fée en vint à être profondément touchée, émue. Une main sur le cœur, l’autre sur le front. Des images défilèrent dans ses yeux : des frères d’armes démembrés et suppliants, des orphelins amputés, des étagères de poudre à feu qui explosaient en harmonie avec les grenades. Kyara sursauta encore, ayant soudainement l’impression que la réalité autour d’elle se fracassait sous l’harmonie divine des explosifs. Amoureuse du coq comme de l’âne, ses yeux violets se rouvrirent sur la réalité morne du Smooth Criminal. C’est alors qu’elle aperçut son interlocuteur, et se rappela de leurs derniers échanges. Elle se raisonna sur le fait que ses derniers dérapages mentaux n’étaient guère une excuse pour fuir toute situation sociale, toute rencontre fortuite que sa destinée lui promettait. La méchanceté de son faciès fit place à une aura surnaturelle, mystique, incompréhensible. Des traits sévères devinrent candides, figés d’une détresse révélée par les opiacés nombreux qui circulaient dans son sang.



« Je suis jalouse de ton cousin : je suis jalouse de sa famille, de votre famille. Vous semblez avoir une belle histoire puisqu'au moins, vous vous avez les uns et les autres. »


Littéralement, une Kyara qui menait son corps comme un vaisseau en tempête embrassa de nouveau le plancher de bois qui sentait l’eau-de-vie.


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Bloody Fists, Gloomy Hits [V. Alix Sweetman]
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