Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

 

 Crazy on emotion | Saynet

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


Sortir de la fac et trouver des petits morceaux bizarres à l’emplacement de sa moto ? Check. Dégainer son portable et trouver deux appels manqués et un message sur sa boîte vocale ? Check. Y’avait des jours comme ça où il valait mieux pas quitter le lit au réveil. T’aurais dû le sentir venir, il pelait, le trottoir commençait à verglacer, t’avais rendu un travail bâclé et le jus d’orange avait un drôle d’arrière goût au petit dej. Oh, journée de merde, comme on t’aime. Tu écoutes le message de Renaud, le gars du garage à Gadreel - ça te réconforte au moins dans l’idée qu’on te l’a pas volée, ta moto ; mais qu’elle a pris tarif pendant que tu regardais ailleurs. T’espères qu’elle sera pas trop en compote, parce que les assurances c’était bien joli mais tu t’attendais quand même à devoir banquer tes petites économies d’adolescente. Direction le hangar à tut-tut plutôt que le comico. Et en bus, pour rajouter du plaisir à ta fin de journée. Tu laisses un message à ta mère pour la prévenir, et tu te laisses porter jusqu’à Dragon Alley, serrée comme une sardine - le plaisir de la sortie des cours.

Éventuellement, en chemin tu t’es mis à réfléchir. Contrairement à tous les petits jobs que tu faisais pour le plaisir et arrondir les fins de mois, le garage était vraiment le seul endroit où tu t’étais carrément dégotée un taf à temps partiel. Mais depuis… Disons, depuis que tu faisais un monde pour ne plus croiser de Pritchard dans ta vie, forcément tu avais fini par t’y laisser disparaître à regret. Tu avais fait le tour de quelques autres garages en quête d’un remplacement - celui de Kyle, notamment - et tu avais fini par te trouver un petit job de livraison pour une pâtisserie ++ où travaillait la petite sœur Lynch. Mais c’était pas pareil. Ce serait jamais pareil, parce que tu t’y étais attachée à ce garage, et à ceux qui y bossaient - même ceux que tu pouvais plus voir. Y’avait une part de nostalgie qui te restait, et la frustration de renoncer à l’une des seules choses pour laquelle tu ne changeais pas constamment d’envie.

Croiser Gadreel allait te mettre légèrement mal à l’aise après le coup que tu lui avais fait, mais tu avais eu tout le trajet pour te préparer psychologiquement, et inventer une excuse à ta disparition, et à ta démission par SMS que tu avais envoyée tout à fait lâchement. Tu lui dirais que ton semestre était chargé, que Kabu t’avait donné plus de travail, que ta mère avait besoin de toi - c’était stupide en fait, parce qu’il devait l’avoir appris, d’une manière ou d’une autre, la raison de ta désertion soudaine. Est-ce qu’il était un chasseur, lui aussi, d’ailleurs ? Tu n’en savais rien, mais l’idée même de te retrouver face à l’un d’eux dans une situation de la vie quotidienne te plongeait par avance dans un profond malaise.

Sauf que ce fut pire. Bien pire. Pas de Gadreel en arrivant, pas de Renaud non plus. Sayanel. Ton sang n’a fait qu’un tour, l’adrénaline t’est montée tout le long de la colonne, et ton cœur s’est mis à tambouriner d’appréhension. Tu ferais mieux de faire demi-tour. Revenir un jour où il ne serait pas là, faire semblant de n’avoir pas entendu le message et… Trop tard, il avait croisé ton regard. Tu n’as pas envie de lui parler, plus tu cherches quoi lui dire, plus tu as l’envie de dégobiller - sur ses chaussures tiens, il le mériterait. Plutôt, tu t’efforces de ne pas y penser. D’oublier ce face-à-face désastreux : ce qui est au Pérou reste au Pérou. Si seulement c’était si facile. « Je viens pour ma moto » lui lances-tu durement sans un bonjour, avec une modulation dans ta voix qui trahit tes émotions. Tu espères que ce sera terminé vite parce que tu veux fuir, et tout à la fois il te vient en tête un autre flot d’insultes que tu n’es pas certaine de contenir assez. Tu espérerais presque qu’il te menace tiens, juste pour avoir une excuse, juste pour lui faire payer.



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


J’aime pas spécialement travailler au garage de Gadreel. Tout ce qui est mécanique, c’est pas franchement un souci, ça me permet de pas voir les gueules de cons autour, mais dès que je dois parler avec des gens, tout de suite ça me soule légèrement plus rapidement. Pourtant, y a des jours comme celui-là où j’ai pas vraiment le choix. Parce que mon frère a la bonne idée de partir en mission en-dehors de ses putains de jours de repos et qu’on peut pas toujours demander à l’autre mécano de faire des heures supplémentaires à n’en plus finir, spécialement depuis qu’il vient d’avoir son gamin. Enfin, si ça tenait qu’à moi je le ferais, mais il paraît que les gens normaux, et les patrons pas dégueulasses prennent en compte ce genre de détails. Je peux pas le savoir, je suis pas spécialement foutu de garder un job légal, et j’en ai encore moins l’envie. Mais bon, une fois n’est pas coutume, je me retrouve à relayer l’heureux papa d’une petite gamine alors qu’il doit aller la récupérer chez sa baby-sitter. J’ai à peine le temps d’arriver qu’il me fait le topo de tout ce qu’il y a à faire. Il est bien au courant que quand je suis là, c’est surtout pour éviter que le lieu soit vide si quelqu’un se pointe, mais si je peux aider par-ci par là quand je poireaute, on peut dire que c’est tout benef.

Forcément, quand il parle, j’écoute à moitié, prenant soin de finir ma clope juste devant la porte. Y a une nana qui doit venir récupérer sa moto mais à part ça, l’après-midi risque d’être plutôt tranquille. C’est pas forcément pour me déplaire, il faut dire. J’acquiesce définitivement puis finit par rentrer. Depuis le voyage au Pérou, l’odeur d’essence a de fortes tendances à me foutre la gerbe, et le lieu à me donner envie de me barrer vite fait, puisque je sais pertinemment bien que Janet y a travaillé. C’est comme par un écho à cette pensée que mes yeux se tournent vers la moto dont m’a parlé Renaud. C’est fou l’instinct. Ce besoin de vérifier, même si la probabilité était folle, que ce ne soit pas la sienne. Et cette impression que le karma s’acharne quand je me rends compte que je la connais, cette bécane, et que je suis pas encore bien préparé à croiser sa propriétaire.

Je pourrais appeler Gadreel. Lui dire de ramener son cul vite fait bien fait pour m’éviter le face à face, mais il faudrait que je lui explique. Et je me suis encore refusé de le faire. Pas par attachement pour Janet, ou du moins c’est ce dont j’ai réussi à me persuader depuis le retour du Pérou, mais parce que je n’ai pas encore pris de décision, et que le moment où je mets le reste des Pritchard au courant, je signe son arrêt de mort, purement et simplement. Même si mon frère est sans doute le moins bourrin d’entre nous, on ne peut pas dire que ce soit une patte quand ça concerne les Surnaturels, on a pas vraiment été élevés comme ça. Alors je reste plantée devant la moto pendant une bonne dizaine de minutes avant de me forcer à bouger. Si il faut elle viendra pas la chercher aujourd’hui, elle la récupérera demain et je laisserais le soin à Gadreel de voir ça avec elle. Je finis par me diriger vers les vestiaires pour enfiler un bleu de travail, histoire de pas dégueulasser définitivement toutes mes fringues.

La journée recommence à passer, assez lentement, étant donné que j’ai pas grand-chose à foutre. J’ai fini par reléguer cette histoire au fond de mon esprit, et pourtant, lorsque j’entends des pas à l’entrée, je sais pertinemment que j’aurais pas dû. J’ai beau me persuader que je suis implacable et qu’une fois qu’on m’a trahi on est bon pour crever la gueule ouverte que j’en aurais rien à foutre. Mais finalement, croiser le regard de Janet, même avec la distance, ça me fait plus de mal que de bien. Se dire que tout ce qui s’est passé depuis le Perou n’a rien à voir avec elle, c’est facile quand je la croise pas. Se dire que j’ai envoyé chier les Dux c’était surtout pour qu’on arrête de me prendre pour un con, que j’ai envoyé chier Lizzy pour la même raison. Puis finalement se rendre compte que c’est des conneries et que c’est pas franchement mon ego qui a été blessé. En partie, ouais. Mais pas que.

Pendant une seconde, j’espère qu’elle va faire demi-tour. Mais apparemment, je suis pas le seul qui pense avoir quelque chose à prouver. Pourtant je veux pas qu’elle avance, je veux qu’elle parte, qu’elle se casse, que je prenne une putain de décision avant de la confronter. “ Reviens demain.” Ouais, c’est sans doute la meilleure chose à faire même si je sais qu’elle le fera pas. Parce que selon comment ça tourne t’es plus ou moins persuadé que je vais me sentir dans le besoin de taper sur quelqu’un, et si c’est pas Janet ce sera probablement Gadreel. Y a un moment de silence qui s’éternise et je finis par me lever de la chaise où j’étais assis. Pas en m’avançant, je suis pas si con et je sais pas jusqu’où son pouvoir peut aller, mais pour me sentir un minimum en contrôle de la situation. “ Je sais bien que tu dois être assez accro à l’odeur du lieu, mais tu dois FORCEMENT être moins conne que ça. Explique-moi ce que tu fous là parce que même pour récupérer ta bécane y a certainement pas endroit plus dangereux pour toi maintenant.” Pas dans l’immédiat, on est bien d’accord que je suis au courant que si elle a envie de me crâmer la gueule, à part sortir mon gun de derrière le comptoir et la buter, je pourrais pas faire grand-chose, mais dans l’absolu, si c’est pas moi maintenant ce serait n’importe quel Pritchard plus tard si jamais je finis à la morgue. .
(coucou Basou Crazy on emotion | Saynet 508348443)



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


Il n’y avait pas moyen que ça puisse bien se passer – s’il y avait encore un message que vos regards soient capables de se transmettre sans barrière, c’était bien celui-là. Tu sais que tu ne devrais probablement pas te retrouver seule devant lui, que tu ferais mieux de tout faire pour échapper à ce face à face. Tu en es consciente, et pas seulement parce que les hommes comme lui persécutent et chassent les choses comme toi. Même dans le cas de figure où il ne pourrait pas lever la main sur toi, où tu serais a priori hors de danger : au fond de toi, tu savais à quel point ses regards et ses mots pouvaient te heurter, à quel point il pouvait t’ébranler et te faire du mal, ce pour quoi tu devrais le fuir. La même raison pourtant qui te pousse à vouloir le confronter, peut-être pour justifier la haine que tu as pour lui davantage à chaque seconde qui passe, peut-être pour le mettre en tort et te rassurer. C’était lui le traître, pas toi ; tu estimais n’avoir rien à te reprocher, en tout cas tu veux t’en convaincre. Tu n’as pas choisi d’être née, pas avec ces pouvoirs – l’OBCM non plus, tu ne l’as pas choisie, c’est elle qui t’a élevée. Mais chasser des êtres vivants et t’adresser comme un déchet, ça c’était un choix, et c’est bien pour ça que tu lui en voulais.

Et lui alors ? Sans doute ressentait-il quelque chose, mais tu t’en moques, d’ailleurs tu ne penses pas qu’il souffre, et même si c’était le cas, tu penses qu’il le mériterait. Finalement tu veux qu’il ait mal, qu’il ait plus mal que toi, c’est la colère qui te motive – et l’appréhension qui te remplit avec elle. Tu as peur de ce qu’il va dire, plutôt que de ce qu’il pourrait faire. Tu n’as pas peur de lui, enfin c’est ce que tu t’obliges à penser : ça lui ferait trop plaisir, sans doute, de te voir repartir la queue entre les jambes. Sa réponse en tout cas ne tarde pas, reviens demain dit-il. Tu ne t’étais pas sentie prête à le confronter, mais à l’idée que lui-même s’y refuse, tu te sens curieusement pleine d’un nouveau courage. Il est hors de question que tu t’éloignes d’un seul pas et lui donnes satisfaction, que tu obéisses à un ordre aussi vulgaire, alors que tu te trouves ici de ton plein droit. Tu as beau savoir que tu ferais mieux de l’écouter et partir, tu n’avais jamais été très douée pour écouter ta raison et c’est plutôt la colère qui parle pour toi, teintant ta voix d’une agressivité que tu ne maîtrises pas. « J’crois pas, non. » Provoquer n’étant sans doute pas la meilleure chose à faire, mais tu ne te sentais pas capable de quoi que ce soit d’autre, et il n’était pas question que tu le laisses te voir pleurer.

Le silence s’alourdit après ça, il est difficile à tenir mais têtue comme tu es, tu ne cilles pas. Tu attends, poings serrés, tu finis par croiser les bras pour lui signifier que tu ne lâcheras pas l’affaire. Qu’il devra te traîner dehors à la force de ses bras s’il espère que tu t’en iras sans ce pour quoi tu es venue. A l’évidence, tu n’étais pas la seule idiote à jouer sur la provocation. Il ne vous restait que ça, pour essayer de tenir des propos intelligibles, pour gérer cette horrible situation. Il se moque de toi, pire encore : la menace est évidente. Y’a pas d’endroit plus dangereux pour toi, c’était très clairement te mettre le couteau sous la gorge et te dire que tu respireras pas longtemps si tu continues à te balader au milieu des Pritchard. Tes sourcils se froncent, et tu avances dans sa direction de quelques pas à peine, presque une invitation que tu lui donnes pour te descendre. « Ah ça y est, tu commences les menaces ? T’auras tenu à peu près 20 secondes, bravo champion. Y'a de sacrés cons en ce monde mais t'es vraiment le roi. Le roi des cons, j'espère que t'es fier de ça. » Quelque part tu te sens outrée, et toujours en colère. Même si tu ferais mieux de considérer la menace, tu te refusais à arrêter de vivre pour l’éviter – il en serait trop content, et ça te donnerait un amer goût de défaite.

Pourtant, le bon sens finit par revenir cogner. A travers la colère qui te fait pencher vers lui, l’appréhension se tourne subtilement en peur – parce que t’es pas vraiment sûre qu’il serait pas vraiment capable de te descendre là tout de suite. Et si de rage tu te sens l’envie de te provoquer et de le jeter hors de ses gonds, ta raison te chuchote à l’oreille que tu finirais sûrement par le regretter. « Y’a que toi ? », finis-tu par lui demander d’une voix un peu différente, où le doute et la crainte remplaçaient l’agressivité pour la faire trembler ; mais tu te reprends, avec un nouveau crachat de haine : « T’inquiète pas, j’ai pas non plus le moindre plaisir à te voir. » Et puis, à nouveau -trahissant nettement l’oscillation de tes émotions- l’appréhension reprend ta voix, et le mélange d’amertumes n’est pas fameux. « Il sait, Gadreel ? Lui aussi il… ? » Il en est ? Déjà devant Sayanel, t’es farouche qu’à moitié parce que tu lui en veux trop pour t’inquiéter du reste. Mais la conscience, la conscience continue à te chuchoter à l’oreille qu’il a pas tout à fait tort. Qu’est-ce que t’allais faire toi, gamine encore, si tu te retrouvais seule en face de deux chasseurs expérimentés ? Y’avait pas d’endroit plus dangereux que ce garage en fin de compte, et ça te serre les tripes, ça te remonte l’estomac dans la gorge de seulement y penser. Tu veux balayer ça, tu veux pas faiblir : t’as trop de colère à sortir, trop d’insultes à lui balancer, pour te laisser ralentir par la peur de crever. Seulement voilà, t’es pas non plus complètement débile.



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


J’ai pas envie d’affronter ça, pas maintenant, pas aujourd’hui. C’est beaucoup trop complexe, beaucoup trop dur pour moi. Et la complexité, je la fuis. Quand il s’agit de la chasse, de l’armée, du combat, de heurter la mort et d’en ressortir vivant et battant, j’ai un putain de courage, mais dès que ça touche à mes sentiments, j’ai qu’une envie c’est de me barrer. Hell, je l’ai fait et plus d’une fois, et si c’était à refaire, je le referais puissance mille, parce que je suis pas de ceux qui peuvent réellement affronter ce qui me traverse, je préfère encore mille fois me prendre une balle, un coup de couteau, une morsure ou quoique ce soit que d’affronter la situation telle qu’elle est, brute. Je l’ai fait avec Lisbeth, je l’ai laissée pas seulement parce que je n’avais pas le choix, on a toujours le choix et je le sais, j’aurais pu me battre pour elle, pour pas que l’on soit séparés mais je l’ai laissée comme un rien tout ça parce que ça devenait trop dur à gérer. Et avec Janet, c’est exactement la même chose, sauf que j’ai pas le luxe de pouvoir partir, pas cette fois. Oh, j’ai trouvé ma solution, j’ai claqué la porte des Dux comme si c’était rien, parce que c’est rien, finalement, rien par rapport à ce que j’ai ressenti quand je l’ai vue arriver avec une poignée des connards d’en face. Mais comme c’est une chieuse de première, elle me laissera pas ça, l’opportunité de fuir, de planter ma tête dans le sable jusqu’à ce qu’on m’en sorte de force au prochain affrontement.

Pourtant je pensais pouvoir y échapper, j’ai pris mes putains de précautions. Je me suis éloigné au possible de toutes les missions qui pouvaient concerner les Dux ou l’OBCM, je me suis remis à faire mes chasses de mon côté, et bordel Dieu sait qu’y a du boulot parce que les meurtriers et les profiteurs ça manque pas les rues. Je clos mes contrats et tout le monde est content, moi le premier, de pas entendre parler de tous les bâtards que je peux pas me blairer, toutes organisations confondues. Il a juste fallu qu’il arrive un truc à sa putain de bécane pour que tous mes efforts tombent en miettes. Est-ce que c’est réellement une coincidence ou c’est le plan de Gadreel pour nous faire parler? ça m’étonnerait même pas mais le fait est qu’il se planterait quelque peu de cible. Faut dire que depuis que Lizzy est revenu, tout ce qu’il veut c’est aller me faire voir ailleurs, j’ose pourtant espérer qu’il tente pas de le faire comme ça, parce que son garage il tardera pas à brûler s’il y fait pas gaffe. Et pas par miss Pétrole là-bas, mais bien par moi, il est le premier à savoir qu’il faut pas franchement me faire chier si tu veux pas te prendre un retour aussi vite. Je soupire. Je sais pas trop d’où il lui vient le courage - ou la stupidité - de se pointer là ou de rester quand j’ai clairement pas envie de voir sa gueule, mais elle est là, alive and kicking.

Et y a mon rire qui finit par résonner, le rire de celui qui n’en peut plus, qui arrive juste pas à gérer peu importe ce qu’on peut appeler qui se passe en ce moment. J’en peux plus, je craque, je pourrais vouloir lui briser la nuque, qu’importe le combat et si j’y passe aussi, de toute manière le jour où je me déciderais à la buter, je compte pas en ressortir vivant, si elle me tue pas dans le pire des cas, je le ferais moi en sortant, mais pas là, pas maintenant, alors qu’elle continue à avancer et que je reste statique. Parce que non, j’ai aucune envie de la blesser, malgré tout. Ou plutôt si, j’en ai envie comme jamais mais j’ai toujours cette représentation de Janet, la pure, l’enfant, la soeur, dans le sens où j’en ai jamais eu, Janet. Mon rôle c’était d’y faire gaffe, ça a toujours été d’y faire gaffe, qu’elle se blesse pas, que personne la touche, et maintenant elle est passée de l’autre côté, de ceux qu’on a le droit de défoncer et qu’il faut mettre hors d’état, mais moi je peux pas. Alors à la place je pète un plomb, je laisse sortir ma colère dans un rire qui prend l’allure d’un spasme tellement il me fait mal aux côtes. “ Tu piges toujours pas hein? Va te faire foutre, Janet. Toi, ta colère, tes pouvoirs, juste va crever dans un coin et fous-moi la paix. Ici, t’es rien. Dehors, t’as tes potes, que j’emmerde profond soit dit en passant, mais là, tout de suite, t’es chez moi, alors je te conseille vivement d’arrêter de me casser les couilles, de prendre ta putain de moto et de dégager vite, parce que t’es vraiment en train d’user ma patience et tu veux pas voir ce qui va en sortir. Et c’est pas des menaces, CE SONT DES PUTAINS DE CONSEILS !” Je suis passé du rire nerveux à la haine sourde, et il manque plus qu’un rien pour qu’elle m’aveugle. Mais sans doute qu’elle se méfie pas, qu’elle se doute pas de mes rendez-vous chez le psy, de ma violence que j’arrive pas à contenir, de ce que je peux faire quand je m’énerve, non, elle en sait rien parce que j’ai jamais pu ne serait-ce qu’élever la voix devant elle. Comme quoi, y a une première à tout.

Je me retourne, juste pour me calmer, pour plus voir sa gueule l’espace de trois secondes et redescendre. Je règle ma respiration, comme si c’était aussi facile, et pourtant elle revient. J’hésite pas à lui tourner le dos. Signe de défiance ou de connerie, j’en sais trop rien, en vérité, mais pourtant je le fais. C’est encore dur de la considérer comme une ennemie compte tenu de tout le reste. “ Non t’as dix pékins cachés derrière les voitures et qui attendent que tu foutes le feu pour sortir. Forcément que je suis tout seul, parce que Gadreel est un putain de connard.” C’est déjà pas bien fou de surveiller SON garage pendant qu’il est en mission, mais le faire le jour où Janet se fait bousiller sa moto … Quelle bonne idée ! Mais le voilà le sujet dont je veux pas parler, ma famille. Celui qui est toujours là parce que tu peux pas t’en défaire, de ceux-là. Parce que tous, y compris tes parents, la connaissent. Sauf Lisbeth, Lizzy elle comprendrait pas cette relation et surtout elle aurait l’oeil pour savoir comment elle s’est finie, et je veux pas. Pas tout de suite. C’est surtout ça le problème, pas vrai? Je veux juste pas qu’ils me mettent le couteau sous la gorge pour prendre une décision, en sachant bien quelle décision il faudrait que je prenne. “ Et t’es qui pour demander des réponses exactement? Mêle toi de ton cul, ma famille te concerne pas.” C’est con, parce que peut-être qu’il suffirait presque qu’elle sache qui les Pritchard sont vraiment et quel secret je leur cache pour que la situation soit en voie d’amélioration. Mais c’est ma fierté, ma blessure qui est pas encore prête à guérir et c’est le pardon que je donne pas encore qui m’empêche de lui dire quoique ce soit. Parce que c’est pas moi qui ait besoin de me justifier, c’est elle.




CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


Tu réalises un peu ta situation, Janet, le danger dans lequel tu mets les pieds, la vraie menace qui vient peser sur tes épaules, qui te suit à la trace depuis que tu es revenue du Pérou ? Non tu ne réalises pas, mais comment pourrais-tu. Tu ne savais pas, toi, ce que signifiait vivre dans la peur – vivre réellement dans la peur. C’était à peine si tu avais conscience du concept de la mort tant tu te protégeais dans une bulle d’ignorance et de petits mensonges douillets. Tu n’étais pas de ces créatures chassées depuis le berceau à qui on avait égorgé père et mère, et tu n’étais pourtant pas si différente d’eux, tu avais seulement eu la chance de tomber dans le bon cocon. Le cocon d’une mère humaine qui connaissait suffisamment les enjeux de ta condition pour vouloir te préserver de tout le mal qu’on aurait pu vouloir te faire. Pourtant tu savais tout cela, on t’avait enseigné à te méfier, à faire attention : les chasseurs, une hantise mais à qui tu ne donnais pas plus de réalité qu’au grand méchant loup, une menace pour que tu finisses de manger ton assiette, rien d’assez concret pour que tu ne t’en inquiètes jour après jour. Tu ne savais pas ce que c’était de voir tout son entourage tomber : un visage qui disparaît pour toi, c’est une résignation avant d’être un décès, il y a des choses dont tu préfères ne pas avoir conscience. Mais au Pérou, tu en as eu conscience. C’était comme une déréalisation, comme vivre dans un mensonge. Comme découvrir des monstres de conte derrière les amis, les visages souriants. Voir ce que c’était réellement que mourir, et tuer, et ne pas comprendre dans quel monde ce genre de saloperies pouvait appartenir à la réalité. Tu n’avais pas envie d’avoir peur, de te terrer dans la peur, de te sentir chassée : tu préférais la colère, comme une couverture réconfortante, un besoin de te rassurer, d’accuser le reste du monde plutôt que de te soucier de ce qu’il pourrait te faire. Enrager, contre ce genre de pratiques qui n’avaient pas lieu d’exister, contre cette personne affreuse et absurde que Sayanel était devenu – tu n’arrivais pas à admettre qu’il l’ait toujours été.

Seulement tu devrais avoir peur. Tu devrais, parce que ça te concerne maintenant et c’en est fini des enrobages sucrés pour fuir ce qu’il en est vraiment. Y’a personne qui est là pour te protéger, là maintenant, et c’est pas juste un game over qui t’attend avec une balle entre les deux yeux. T’allais pas simplement revenir et recommencer, réfléchir à ce qu’il s’était passé, et te préparer et faire mieux : y’aurait rien derrière, plus de futur, plus de quand je serai plus grande si tu te retrouvais encadré par quatre chasseurs un jour prochain – ou même rien qu’un seul. Et ce type en face à qui t’aurais confié ta vie sans y penser quelques petits mois plus tôt était pas vraiment de ceux en qui tu pouvais avoir confiance maintenant. Qui se met à rire, un rire méchant que tu ne sais de quel côté prendre, qui te blesse, qui t’agace. Et ses menaces, le ton de sa voix, si dur, petit à petit si violent. Va crever dans un coin, le message est clair : ferme ta gueule et tire-toi si tu veux pas que ça tourne mal. Tu veux pas penser que ça puisse tourner mal, c’est un garage où t’as perdu des heures de ta vie, c’est un de ces endroits où tu te sens le plus chez toi, dans cette ville qui te parait si calme, si sûre. Tu réalises pas, tu veux pas croire que ça pourrait vraiment se passer comme ça, ici, maintenant, ça serait absurde. Alors qu’il y a des bâtiments à côté, sûrement des caméras, des gens qui passent librement : c’est pas la guerre, c’est pas une dictature, on menace pas les gens comme ça. Mais quand il se met à hurler, Janet, quand tu entends cette haine, cette violence, tu te sens trembler. Tu pensais pas qu’un jour Sayanel te ferait aussi peur. C’est pas facile à admettre ; ça te fait mal, ça te met en colère, mais plus que tout à ce moment : il te fait peur. Et ça se voit, dans la crispation de tes membres, dans l’expression de ton visage qui se confond dans une sorte d’incertitude, tu doutes de ton propre comportement. Sans doute que tu devrais les suivre, ses conseils, et partir. Et te laisser hanter par ce face à face pendant des jours, des semaines. Tu ne dis rien toujours parce qu’il t’a fait taire, il a réussi à te faire taire : la peur a coincé toute la hargne dans ta gorge.

Il est seul, c’est déjà ça. Non pas que ça soit vraiment rassurant : y’a aussi personne pour le retenir s’il s’emporte. Mais il te tourne le dos, et rien que ça, ce ridicule petit phénomène te rassure au moins un petit peu, même si ça console pas grand-chose. Ça retire rien à sa colère, à ses menaces, qui restent des menaces peu importe comment il les appelle. Est-ce qu’il essaie de faire de l’humour ? Très franchement, tu te sens pas de penser à ça. T’es qui pour me demander des réponses exactement ? Mêle-toi de ton cul, ma famille te concerne pas. Tu retrouves un peu de ton courage, quand il te dit ça, tu protestes – c’est plus fort que toi, il faut que tu protestes, parce que le silence te bouffe, il faut que ça sorte, d’une manière ou d’une autre. « J’estime que j’ai le droit de savoir en combien de meurtriers j’ai cru en une vie pourtant pas longue. Mais très bien, parfait, dis rien ! Pourquoi je m’étonne ? Je sais même pas pourquoi je t’écoute encore, c’est pas comme si ce qui sortait de ta bouche avait encore de la valeur. » Tu avais calmé un peu le ton, sans doute le peu d’instinct de survie qui te subsistait dans l’âme après qu’il te l’ait si brusquement secouée – mais le reproche y crevait comme un couteau tiède dans une motte de beurre. Alors tu t’es détournée, éloignée, mais tu prenais soin toi de ne pas lui tourner le dos. Prenant la direction de ta moto pour en jauger l’état et la faire vrombir un coup, estimer si tu étais en mesure de repartir avec immédiatement ou si elle méritait encore réparation puisque le connard à côté n’avait pas l’air de vouloir te briefer et faire ce simple job. Mais le quitter du regard ? Tu ne pouvais pas cesser de le surveiller du coin de l’œil après une mise en garde aussi vivace.



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


J’ai le ton dur de celui qui veut la voir partir, le ton qui monte et comme l’impression que si ça continue comme ça, je pourrais pas me contrôler longtemps. Je ne suis pas quelqu’un de calme, c’est le moins que l’on puisse dire. Je suis sanguin et il est loin d’être rare que les conflits avec ma famille finissent en coups de poings, Gadreel comme Lisbeth. Mais ils me le rendent bien. On est fait de la même façon, tous autant que l’on est, et c’est pour ça qu’après tout, on arrive encore à se supporter et ce genre d’épisodes ne reste jamais bien longtemps dans les mémoires. Mais Janet, c’est différent. Je ne me suis jamais autant senti trahi que maintenant et c’est pour cette raison que je ne sais pas où cette colère-là pourrait me mener. Alors je me retiens, autant que je peux, et si ça me demande un effort considérable, j’ai au moins la satisfaction de voir que ça a servi à quelque chose. Comme si j’avais gagné, à la voir reculer un peu, alors qu’au final, la peur que je peux voir sur son visage, elle me fait mal plus qu’autre chose. Jamais je n’aurais cru provoquer chez elle ce sentiment-là et ça me dégoûte autant que ce qu’elle aura pu faire. Je le sais, au fond, que je ne pourrais pas vraiment lui faire de mal et pourtant, des deux côtés, y a comme cette hésitation à se demander si j’allais pas finir par péter complètement un plomb et franchir le pas. Je suis plus certain de rien en ce qui me concerne, encore moins en ce qui la concerne elle.

Ce qui est le plus dur à avaler, c’est que ça aurait pu être n’importe qui d’autre, il aurait fini une balle entre les deux yeux, ou quelque chose s’en rapprochant. Peut-être pas par moi, mais j’aurais pas été celui à l’en empêcher. J’aurais pas cru avoir la faiblesse d’agir différemment pour Janet. Pour quelqu’un de ma famille, sans aucun doute, c’est presque naturel chez moi. Et c’est sans doute ça le pire, le fait qu’elle fasse partie de ma famille, quelque part, ancré, l’avoir vue comme la petite soeur qu’a jamais été Lizzy. C’était pas la même relation, loin de là, plus pure, intacte, plus simple aussi. Et d’un coup ça en a perdu de son éclat. Je lui en veux comme j’en ai jamais voulu à personne précisément pour avoir eu le cran de briser la seule chose qui semblait encore tenir la route chez moi. Sans ça, je vais pas tarder à dériver, et même si fondamentalement elle n’y est pas pour grand-chose, je vais être le premier à l’accuser de tous mes maux rien que pour pouvoir cultiver la colère qui gronde au fond de mon être. Valait mieux ça que la sensation d’abandon, après tout.

J’ai presque réussi à lui faire fermer sa gueule, et même si la victoire semble avoir un goût plus amer qu’agréable, c’est un exploit qu’on aura pas vu souvent. Malheureusement, ça ne semble pas l’arrêter pour autant puisqu’elle finit par renchérir, malgré mes réactions, malgré le fait que je n’ai tout simplement pas arrêté de l’envoyer chier depuis que je l’ai vu à l’entrée du garage, à se demander ce qu’elle veut vraiment à la fin si ce n’était pas tout simplement me faire sortir de mes gonds totalement pour se donner raison. “ Parce que dans ton groupe de connards y en a pas un seul c’est ça? J’ai une info sympa pour toi: absolument tous ceux que tu côtoies, peut-être à trois exceptions près, sont des meurtriers. Tu est une meurtrière. Je t’ai vue asphyxier un mec sans lui donner une chance de se battre en retour, alors viens pas me la jouer innocente non plus. On a que ce qu’on mérite et ma grande, tu mérites encore moins qu’un psychopathe du type de Lynch.” Je la laisse s’éloigner vers sa moto, c’est pas comme si j’avais vraiment envie de la retenir non plus. Je dis pas que j’ai fait le deuil de ce que c’était, j’en suis loin, mais c’est beaucoup plus simple d’être énervé et de vouloir qu’elle se casse plutôt que d’essayer de comprendre. J’ai rien à comprendre, c’est elle le problème et ça le restera, n’en déplaise à Gadreel qui veut se la jouer entremetteur. Mais je sais pas ce qui est le plus dérangeant… Le fait qu’elle semble penser qu’elle a tous les droits de se sentir comme moi ou l’hypocrisie qui la pousse à me considérer comme un monstre. Aux dernières nouvelles, c’est pas moi qui brûle des mecs. “ Donc ton jugement, j’en ai vraiment rien à branler. Je me rends compte que je gueule plus, c’est déjà ça. Peut-être parce que je me rends compte que ça sert à rien ou alors que je pense chaque mot que je prononce, plus que des menaces vides de sens que je ne pourrais de toute façon pas éxecuter.



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
crazy on emotion

Tell me now crazy on emotion rockin' to the wave, dancin' baby now you got me really crazy, got crazy for you, me and you the bambi girlie the wild dude, shockin' who seem to be livin' on cat food, gotta let it go and move on with the flow the music magic wizard of our soul


Des vérités douloureuses, t’en avais encore un sacré paquet à encaisser. C’était peut-être ça le pire avec ce voyage au Pérou ; c’est qu’au lieu d’y aller doucement pour te faire entrer dans cette réalité qui avait toujours été la tienne sans que tu le réalises vraiment – au lieu d’y aller petit à petit pour te laisser le temps de l’accepter, tout t’était tombé dessus comme un seul bloc. Les chasseurs. Les armes à feu. Les créatures menaçantes. Les meurtres. Toutes ces choses qu’on avait tenu loin de toi, tout avait surgi en même temps. C’était une chose d’en entendre parler, de les étudier, de se préparer à s’en défendre – c’en était une autre de se retrouver en face. Mine de rien, tu n’avais jamais entendu de coup de feu toi, t’avais même jamais encaissé de vraie menace. T’avais jamais était confrontée à une paire de crocs de bête, et t’avais encore moins vu la paire de crocs essayer de déchiqueter les bras d’un de tes amis sous tes yeux. T’avais jamais vu de cadavre ; non, pas même un grand-parent sur son lit de mort, peut-être même pas de chien ou de chat, c’était loin de toi tout ça. Tout avait été si violent. Tu pouvais pas faire autrement, t’avais perdu pied déjà sur place, à errer à demi-consciente sans réaliser ce qu’il se passait autour. Et après ça, parce que t’avais jamais plus vraiment été la même depuis lors. Y’a comme un pan de ta vie et de ton innocence qui était resté là-bas – qui était mort là-bas, et qui te manquait pendant que t’essayais de recoller les morceaux.
Pour te protéger, t’avais tout rejeté en bloc ; t’avais enfoui et refoulé le plus difficile à admettre. La joie sur le visage de Chester quand il avait décimé tous ces êtres, pas si différents de lui et toi. L’humanité de ces jaguars que vous aviez abandonné jonchant le sol, baignant dans leur sang comme s’ils méritaient leur sort et même pas de sépulture décente. Et ton propre meurtre. Ces longues minutes de suffocation juste sous tes yeux, te laissant impuissante. T’avais dû attendre de voir la bête se changer en homme pour comprendre qu’il était mort. Toutes ces choses-là, tu avais voulu les oublier parce qu’elles t’auraient rongée trop vite. Tu te servais de la trahison de Sayanel parce qu’elle avait cet avantage de te mettre en colère, de t’éviter de sombrer dans une apathie autodestructrice. Tu te concentrais sur lui, tu ressassais, mais voilà au bout du compte y’avait pas que lui. Alors de l’entendre… de l’entendre en parler, ça te soulève immédiatement les tripes. Si déjà tu ne pouvais pas supporter ça de ta propre conscience, c’était pire encore quand la voix de Sayanel s’y imposait, cette voix que tu estimais tant y’a pas si longtemps encore. La voix du grand frère qui sait de quoi il parle, qui a tout vu, tout affronté, et qui te rappelle gentiment : oui mais toi aussi Janet tu tues des gens, tu fais partie de cette clique maintenant, et tous tes potes avec, désolé ma grande va bien falloir que tu l’acceptes.

T’aimerais avoir le cran de nier et lui répondre, un brin de courage et de mensonge mais ça serait juste hypocrite. Ton cœur te tombe dans le ventre et ton visage se fige, tu veux pas l’entendre, tu veux pas penser à ce qu’il vient de te dire. Les larmes te montent aux yeux finalement, tu te sens prise de nausée, accrochée à ton guidon de moto. Ouais Janet, tous ceux autour de toi tuent des gens, d’ailleurs peut-être même ta mère aussi, elle qui te sert de modèle. Elle est à l’OBCM pas vrai, qu’est-ce qui l’empêcherait de le faire ? Mais toi tu vis dans le mensonge, tu mets des jolies couleurs sur les murs, tu customises pour planquer les évidences. « J’ai pas voulu… J’ai pas voulu… » T’arriveras franchement à rien dire d’autre, et déjà tu le dis qu’à peine parce que la voix veut pas quitter ta bouche. Elle est trop lourde, trop pesante, mais voilà ça change rien aux faits. T’irais dire quoi aux proches de ce métamorphe que t’as regardé suffoquer, en état de choc ? J’ai pas voulu, j’ai rien pu faire ? Et tu crois vraiment que ça va tout effacer ? Tu mérites pas de considération, non tu mérites rien – même si t’irais pas jusqu’à penser que Chester vaut mieux que toi, lui qui prenait carrément son pied dans ce bain de sang. Pourtant tu l’as pas rejeté lui. Tu l’as évité un peu mais quand tu t’es retrouvée en face, tu l’as salué, tu l’as repris dans tes bras comme si de rien n’était. Alors pourquoi Sayanel ? Peut-être parce qu’il était celui qui te menaçait et qui te mettait la vérité sous le nez.
Bouge, Janet, reste pas là, fais un truc. Et surtout reste pas là à chouiner ou il va t’arriver des emmerdes. Le chasseur à côté, c’est pas une crème de patience et tu le sais – alors reste pas là merde. Ça y est t’arrives à te mouvoir, c’est presque fascinant de voir comme soudain cette moto a l’air de faire trois fois ta taille, comme tu te sens écrasée par son poids. Ou peut-être juste la culpabilité d’une gosse de 22 ans à qui il reste à admettre qu’elle a vraiment pris la vie de quelqu’un. Pourtant malgré ça, malgré ce poids que t’as dans la poitrine et tes joues qui ont fini par se tremper de larmes, tu peux pas te ranger dans la même case que cet homme en face. Celui qui prend des vies sur le fondement d’une espèce et qui trouve ça normal, celui que tu considères comme un traître quoi qu’il arrive, quoi que t’aies pu faire. Alors à travers la peur de ce qu’il pourrait te faire et l’horreur de ton meurtre, c’est encore le reproche qui finit par rhabiller tes yeux quand tu le regardes – même si tu le regardes à peine parce que c’est trop dur à soutenir. Tu n’es plus aussi innocente qu’avant, mais tu l’es toujours plus que lui, et tu sais que toi au moins tu voudras plus jamais tuer personne. Pas comme lui dont tu te convaincs qu’il planifie déjà ta mort. Tu pousses ta moto comme si elle te poussait dans l’autre sens, mais tu en sors finalement, de ce garage, parce que l’air y est rendu toxique, irrespirable, que tu ne te vois pas répondre et lui faire face. Tu fuis, tu prends la route, les émotions dans le réservoir.



CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
 
Crazy on emotion | Saynet
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits-