Elle n’a rien d’insignifiante, cette déclaration aussi soudaine que volage.
Au fond, Adam le sait ; Il y a quelque chose qui s’est réveillé en lui. Quelque chose qu’il avait pris soin d’enterrer à Paris. Quelque chose à laquelle il ne croyait plus. C’est peut-être ceci, la raison de ses doutes. De cette instabilité qui le pousse à se remettre en question soudainement. Non ! Il ne doit pas y penser ! L’espace d’un instant, un éclat d’humanité avait germé dans les yeux automnales du Belladone, mais il avait coupé court à cette naissance. Ou du moins, renaissance. Il ne veut pas être capable de pitié. Sa plume se raffermit, et elle manque de déchirer le papier à plusieurs reprises. Il faut se concentrer sur autre chose. Euh sans doute un peu des deux. Le djinn n’en demande pas plus, cette réponse lui convient très bien. Car plus il remue le coûteau dans la plaie, plus se sont les siennes qui se rouvrent. Il doit donc cesser, pour son propre bien.
Quoi que.
A-t-il bien fait ?
Cela pouvait être comparer à de l’idiotie, mais il en était tout autre. Quittant son fauteuil de bureau, l’être magique s’approche, rapace, de son blondinet. Une manoeuvre pour corriger le tir, et elle fonctionne à merveille. Il voit la haine dans ses yeux, la rage, la frustration. Cependant ; Elle n’est pas dirigée vers lui. Quoi ? C’est ce que son regard semble dire tandis que ses mots continuent d’affluer. Amanda est certe la femme la plus détestable d’Angleterre qui soit, mais ce n’est pas elle qui a mentit à Vali. Ce n’est pas elle non plus qui l’a déçu. Aussi étonnant est-ce, le voilà à réfléchir à une façon de la couvrir. Pas par amour, oh non loin de là. Par intérêt. Ce n’est pas elle qu’Adam veut que Vali tue : c’est lui-même. La méthode la plus efficace, et la plus simple, pour effacer ce contrat sans avoir de répercutions notable sur tout ce qu’il avait construit et obtenu jusqu’ici, c’est cela. Une rupture brutale, peu conventionnelle ni glorieuse. Une sortie de secours que l’on use qu’en dernier recours.
Vali ? - Non. La prudence monte d’un cran tandis qu’Adam fixe ce magicien s’énerver comme une bête en cage. Jamais il n’aurait la finesse de remettre ses décisions en question. Au contraire, il se délectait du spectacle. Maintenant, il fallait tenter de dompter ce lion prêt à bondir. Ses pas avaient choisi la précaution, et il s’était reculé au plus près du mur pour montrer patte-blanche. Une façon de l’amadouer, et de tenter le dialogue sans risque. Ne rien faire ? Je passe ma vie à ne rien faire. C'est peut être des fous mais je n'ai pas peur !
Ce n’est ni une mise en garde, ni un conseil cette fois-ci : c’est un ordre. Le ton du djinn était ferme, et malgré son stoïcisme, Adam restait le chef de famille de la maison Belladone. De ce fait, il devait protéger les siens. Ceux qui sont plus discrets, ceux qui n’ont rien demandés, comme ses deux sœurs, et ses demi-frères/sœurs éparpillés par James. Vali peut comprendre cela, non ? Si, bien sûr que si, il peut comprendre ! Cette même volonté qui l’avait poussé à le ruer de coup, jusqu’à le pousser dans l’escalier et le faire sortir de ses gongs. Cette responsabilité envers autrui qui nourrit son titre d’héritier, même si celui-ci n’est pas officialisé : elles sont identiques. À une différence près, c’est que le djinn n’est pas un sanguin. Il est bien plus sournois et plus vicieux dans ses manœuvres. Sa protection est un poison, son affection une prison.
Les mains de son blondinet viennent froissées le col de sa chemise, et le voilà plaquer au mur comme un vulgaire roturier. Un grognement de surprise s’extirpe de la bouche d’Adam qui écoute cette fois-ci. Parce que tu crois que t'es le seul dans ce cas ? Parce que tu crois que je compte faire ça juste pour une histoire de pulsion ?! Jvais mettre fin à ce putain de pacte. Je suis pas aussi faible que tu le crois et si t'es pas capable de te libérer tout seul alors je vais le faire. T'as voulu me faire entrer dans ta vie Adam. Maintenant c'est trop tard.
Le Belladone continuera de lui dire autant de fois que nécessaire de se stopper, de ne pas aller plus loin. Ce n’est pas eux qu’il doit cibler. Pas avant qu’il ait obtenu cette fichue signature en tout cas. Catherine et Brittany n’ont rien à voir là-dedans, et perdre leur mère ne ferait que les détruire. Avec un peu de malchance, elles découvriraient également le poteau rose à propos de la mort de leur Père, et elles trouveraient un moyen de prendre la relève d’Amanda, transformant ainsi cette sorcière en espèce d’Hydre de l’Erne. L’étreinte au niveau de son col se resserre, et malgré tout, Adam y trouve du confort ; Nous y voilà. Inconsciemment, Vali avait dévoilé son secret. Il n’en fallait pas plus pour un Djinn de comprendre ce qui s’était passé, et son intuition était toujours bonne.
Deux meurtriers réunis dans la même pièce pour le meilleur, et surtout le pire.
Les yeux du Djinn se glissent tant bien que mal pour dévisager son blondinet, osant même une légère esquisse arrogante.