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 Raviver la lumière

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Raviver la lumièreWilliam & AnnaAnna, elle avait toujours aimé jouer avec la lumière. La faire varier, la modeler comme une véritable pâte qui glissait comme de la soie entre ses doigts. Ça l'avait toujours apaisé, fasciné. Elle se sentait bien en contact avec l'électricité, qu'elle soit dans l'air ou artificielle. Elle la sentait partout, elle courait dans ses veines. Ça lui donnait l'impression qu'elle était vivante.

C'est ce qu'elle fit un soir, attablée au fond du Drunk Mermaid. C'était imprudent, inconscient, inutile, peut-être même idiot d'utiliser son pouvoir rien que pour avoir cette sensation au beau milieu d'une foule d'étudiants. Mais les étudiants étaient de moins en moins nombreux et tous bourrés. Elle s'était dit qu'elle ne craignait rien. C'était faux évidemment. C'était faux et c'était effectivement idiot. Mais Anna en avait besoin, en plus de n'avoir plus grand chose à faire de ce qu'il pouvait lui arriver. Elle était anesthésiée, soignée par les quatre verres de whisky qu'elle avait descendu un à un. Elle avait passé son temps à se lamenter. À ressasser de vieux souvenirs, même si elle savait que ça ne servait à rien. Elle avait ignoré les tentatives que les autres ont pu faire pour la sortir de sa transe. Elle était en deuil. Un deuil indéfinissable, que personne ne pouvait comprendre ni même percevoir. Elle était pourtant restée polie, déclinant les invitations avec un sourire et un mot gentil. Elle avait su rester polie, mais elle suffoquait à force de l'être. Elle en avait marre, de jouer un rôle, d'être trop gentille.

Elle se noyait.

Elle se noyait dans sa peine, dans ses pensées incessantes, dans cette prison qu'elle érigeait elle-même et qu'elle ne pouvait plus quitter. Elle n'arrivait pas à être comme Chester. Elle n'arrivait pas à envoyer les gens balader. À leur dire merde une bonne fois pour toutes. Ça l'aurait sûrement libéré oui, mais elle n'arrivait pas.

Elle brûlait aussi.

D'une colère sourde et dirigée contre elle-même. Elle s'en voulait d'être aussi compliquée. Elle en voulait à la vie pour lui avoir fait tant de mal et elle en voulait à tous ces gens pour ne pas respecter sa peine. Elle leur en voulait de rire alors qu'il n'y avait rien de drôle. Elle leur en voulait de s'enivrer inutilement, juste pour le plaisir d'être ivre, alors qu'il y avait tant de bonnes raisons pour boire. Oublier en était une. Noyer ses pensées dans l'alcool en était une autre.

Face à tous ces sentiments elle n'avait plus qu'un échappatoire. L'électricité. Laisser le courant électrique filer entre ses doigts, parcourir ses veines, atteindre son cerveau, son cœur, y allumer la lumière. Elle en avait besoin d'une certaine manière, peu importe les conséquences que ça pourrait avoir. Alors elle avait posé le bout de ses ongles vernis en noir sur le verre de sa lampe de table, puis avait posé les doigts. Elle avait senti le courant circuler, elle l'avait attirée à elle, avait intensifiée la lumière de la lampe. Il ne fallait pas qu'elle aille trop loin, sinon les autres s'en apercevraient. Elle continua jusqu'à ce qu'elle réussisse à voir la lumière à travers ses paupières fermées.

Puis elle relâcha.

Et elle se sentait vide. Elle se sentait seule sans la lumière. Elle était seule. Alors elle se leva, presque rageusement, et déposa quelques billets sur la table avec douceur. Toute en contradiction, elle quitta le bar un peu chancelante et affronta les ténèbres une nouvelle fois. C'était encore pire, bien pire. Quand elle était petite, elle avait une peur panique du noir. Ça n'avait pas vraiment changé, même si elle se retenait aujourd'hui de pousser de grands cris hystériques en pleurant. Elle avait froid, elle était gelée jusqu'aux os. Le temps n'y était pour rien, c'était plutôt cette noirceur qui la faisait souffrir. Qui dévorait son âme peu à peu et la rendait craintive, plus petite. Anna resserra les pans de son manteau en frissonnant, au moins le froid lui faisait oublier ses questionnements intérieurs et complètement inutiles. Tel un papillon attiré par la lumière, Anna se rapprocha d'un lampadaire extérieur aussi vite qu'elle le put. Ça lui faisait faire un détour mais c'était peu cher payé pour se sentir un peu plus en sécurité. Une fois son but atteint, elle plaqua ses mains sur la surface métallique du lampadaire et attendit de ressentir cette chaleur. Cette chaleur bienvenue qui la réchauffa instantanément. Elle allait bien mieux ainsi, même si elle savait que ce n'était que provisoire et qu'il faudrait bientôt reprendre la route. Peu importe.

Plus le temps passait, plus elle s'habituait aux ténèbres.
© Crimson Day
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Raviver la lumière

Anna & William
William se plaisait depuis longtemps à se considérer comme un funambule. Et pas seulement pour le sens de l'équilibre accru qu'il avait en commun avec leur profession. L'équilibriste se devait d'avancer sur son fil, sans accordé un regard au sol, risquant sa vie, défiant la mort. Le brésilien, chaque jour, faisait de même. En équilibre entre les deux vies qu'il devait mener, entre l'ombre et la lumière. La moindre erreur, un seul faux pas pouvait, à défaut de le faire tomber, trahir son secret et provoquer sa mort. L'équilibre était le maître mot, ce qui lui permettait d'avancer sur le fil que constituait sa vie.

Mais cet équilibre, il ne l'avait pas toujours eu. Quelques années après le début de son entraînement, il avait perdu pied. Majeur depuis peu, William avait remit ses choix de vie en question. L'apprentissage devenait plus sérieux et donc plus difficile. L'exigence de son professeur lui laissait peu de répit et lui rêvait d'autre chose, d'une vie normale. Il s'était laissé happé par le choix de la facilité. Rapidement, le jeune homme avait commencé à fréquenter des bars ainsi que des personnes peu recommandables, négligeant le reste. Désireux de se laisser aller et de faire comme les autres, il avait cédé à l'alcool sans broncher. Au dépit de son équilibre. C'était avec impatience qu'il attendait le moment de sortir avec ses pseudo amis, faisant le plein pour faire le vide, un verre d'illusions à la main. Au fond de lui, bien enfoui, il le savait, il cherchait l’apaisement. La mort de sa mère avait laissé en lui une plaie qui, faute de temps pour faire son deuil, ne s'était jamais refermée. Et à cette époque, c'était une blessure qu'il croyait pouvoir soigner à l'alcool. Il ressentait le besoin de s'abrutir, non pas la tête mais le cœur. De noyer sentiments et émotions. C'était devenu son unique moyen de rendre tout cela supportable, acceptable.

Aujourd'hui encore, sans son maître, il serait certainement toujours au fond de ce trou, s'anesthésiant à grand coup de whisky. Mais heureusement, il n'avait pas eu à faire sans son maître. Ce dernier avait fini par le retrouver. Par le recadrer, violemment au besoin. Lui faisant comprendre. Et si à ce jour, il arpentait de nouveau son fil de funambule, il le lui devait entièrement. Depuis cette époque, William avait une tradition. Chaque 4 de chaque mois (sa mère étant morte le 4 septembre), il se rendait dans un bar quelconque et commandait un verre. Longtemps, il restait face à ce verre, se remémorant à quel point chuter pouvait être facile. Renforçant ses convictions. Au bout d'un moment, il finissait par le boire, se prouvant à lui-même qu'il n'était plus dépendant. Qu'il était libre.

Et ce soir, nous étions un de ces soirs là. Accoudé à une table reculée du Drunk Mermaid, William affrontait déjà son ancien ennemi. Le verre de whisky trônait face à lui, bien inconscient des souvenirs qu'il faisait renaître chez celui l'ayant commandé. La tristesse, la nostalgie et la gratitude se disputaient dans l'esprit du jeune homme, sans parvenir à prendre l'ascendant les unes sur les autres. Totalement fermé au monde extérieur, c'est à peine s'il avait conscience de ce qui se passait autour de lui. Du moins était-ce vrai jusqu'à ce qu'il ressente quelque chose au plus profond de lui. Comme un Jedi aurait pu ressentir une perturbation dans la force, William ressenti une fluctuation dans la lumière. Cela avait été très léger mais, la lumière étant son élément, il l'avait senti. Instinctivement, il releva les yeux vers une jeune femme attablée non loin de lui. A travers le spectre de son pouvoir, il pouvait sentir la lumière se troubler autour d'elle. Cependant, il ne ressentait aucune pression sur la lumière en elle-même. Rien de semblable à ce qu'il provoquait lorsqu'il décidait de jouer avec elle. Intrigué, il continua d'observer l'inconnue. Un mystère venait de s'offrir à lui et il comptait bien en découvrir plus, cela le touchant presque personnellement. Après, la lumière était son domaine de prédilection. Comment quelqu'un d'autre pouvait l'utiliser en échappant à sa compréhension ?

A peine quelques secondes après s'être mit en tête de comprendre, William vit la demoiselle se lever et quitter l'enceinte du bar. Un dilemme s'offrait à lui. Depuis toutes ces années, il n'avait jamais quitté le bar sans boire son verre. Chose qu'il ne s'autorisait à faire qu'une fois qu'il se sentait apaisé. Rester et honorer sa "tradition" ou partir et en découvrir plus sur l'intriguant pouvoir de la jeune femme ? Sachant que s'il traînait trop à se décider il perdrait la trace de sa cible, il fini par choisir. Le verre se retrouvait maintenant seul à table. Plein.

Heureusement, la fille, qui semblait tituber quelque peu, ne s'était pas rendu bien loin. Familier des ténèbres dont les nuits sans lune avaient le secret, il n'eut aucun mal à la suivre. Depuis longtemps, il avait compris que son pouvoir de tempestaire en lien avec la lumière lui permettait de voir mieux que quiconque dans l'obscurité, talent bien utile à ses yeux. Au début, William ne comprit pas où se rendait la jeune femme. Quel était son objectif. ce n'est que lorsqu'elle s'arrêta au pied du lampadaire qu'il comprit. Elle cherchait la lumière, là où lui se complaisait dans les ténèbres. Il fut tenter, une brève seconde, de chasser la lumière. Juste pour voir si elle parviendrait à la faire revenir, en manipulant la lumière comme elle l'avait fait au bar. Mais très vite il se reprit. Cela aurait été cruel de la priver de ce qu'elle semblait tant chérir. Puis il était William, ce soir. Celui se servant de la lumière. Pas Marchombre, qui lui créait les ténèbres.

A pas de loup, il se rapprocha de la scène, semblant glisser sur le sol plus qu'il ne semblait marcher. Il hésita. Utiliser ses pouvoirs n'était pas sérieux. Cependant, il savait qu'elle faisait partie, elle aussi, de son monde. Qu'elle aussi était très certainement une tempestaire. Mais sa raison insistait, lui rappelant que n'importe qui pourrait le voir. Malgré cela, il céda. Concentrant son pouvoir, il obligea la lumière à lentement quitter l'orbe de verre la contenant, la laissant doucement venir, tel un feu follet, jusqu'au creux de ses mains. Tendant vers celle qui lui tournait toujours le dos ses mains dont la lumière émanait à présent, il demanda.

- Est-ce là ce que tu cherches ?

Peut être était-ce là une erreur. Peut-être venait-il de faire un faux pas sur son fil de funambule. Mais c'était un risque qu'il était prêt à prendre. Comme sensible à son incertitude, la lumière fluctuait en intensité.
©️️ YOU_COMPLETE_MESS
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Raviver la lumièreWilliam & AnnaQuel merveilleux pouvoir que de tenir la lumière dans ses mains.

C'est la réflexion qu'Anna se fit lorsqu'elle la vit quitter le lampadaire pour atterrir dans les mains d'un jeune homme qui semblait débarquer de nulle part. Elle ne le connaissait pas, il n'avait pas l'air menaçant même si Anna sentait une certaine noirceur en lui. Ce n'était pas une tare, elle en avait aussi. Il n'avait pas non plus l'air de venir d'Ireland ou même de Grande-Bretagne. Elle avait envie de lui faire confiance mais avait appris dans les larmes qu'il valait mieux ne pas se fier à ses premières impressions. La brunette décolla ses mains du métal froid et en tira quelques éclairs blancs qui vinrent valser autour de ses doigts. Elle s'avança, risqua un coup d'œil vers William et son visage éclairé par sa lumière, osa un sourire. Elle laissa ses éclairs électrifier sa peau un moment avant de les laisser rejoindre leurs semblables dessous, dans ses veines. Elle s'en nourrissait, appréciait chaque contact qui lui donnait l'impression d'être encore vivante.

Elle n'avait presque pas songé au danger que leur échange représentait. D'ailleurs, elle n'avait même pas eu peur en voyant l'inconnu approcher. Étonnant. Elle craignait toujours qu'on découvre son secret, d'être prise comme un poisson dans les filets d'un pécheur. Mais elle savait au fond, elle avait su dès le début qu'il était comme elle. Même lorsqu'elle l'avait entendu approcher si doucement quelques instants auparavant.

- Oui.  

Une réponse simple, à une question simple. Elle fit de nouveau un pas vers lui, comme un papillon attiré par la lumière. Elle passa rapidement sa main à travers la sphère lumineuse, mordillant sa lèvre, déçue de ne pas pouvoir sentir sa chaleur.

- Ça fait quoi ? De pouvoir... la toucher ?  

Elle releva les yeux vers lui, avant de les baisser de nouveau, un peu honteuse. Elle n'aurait jamais osé poser la question si elle n'était pas aussi alcoolisée, mais elle l'était. Toute retenue s'était donc évadée de son corps.

- Pardon, je suis...

Bon d'accord, pas exactement toute la retenue. Ses excuses ne menaient pourtant nulle part et Anna passa une main dans ses cheveux, toujours aussi gênée et toujours aussi indécise. Ses pensées étaient brumeuses et elle fronça plusieurs fois les sourcils en essayant de formuler quelque chose de cohérent.

Sans succès.

- Je m'appelle Anna.  

Voilà déjà un bon début.
© Crimson Day
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