they say she's as wild as the sea • Lisbeth

nom | Pritchard
prenom | Lisbeth - B. c'est pour Bethel, une idée folle de ses parents, de la nommer après un ange. Ça sonne mal, c'est étrange, elle s'en fiche mais n'aime pas qu'on l'appelle autre chose que Lisbeth ou Lizzy, selon les jours  
âge | 28 ans
race | Humaine / Chasseuse
lieu et date de naissance | 20 décembre 1989, Cincinnati, Ohio, au beau milieu d'une nuit glacée.
orientation sexuelle | Bisexuelle
statut marital | Célibataire
metier/etudes | Ni études ni métiers : Lisbeth en a des tas, selon les besoin. Tantôt avocate, tantôt infirmière, parfois secrétaire ou vétérinaire. Lisbeth est faussaire, con-woman, informatrice au service de Dux Tenebris et de sa grand-mère.
situation financiere | Lisbeth donne parfois l'impression de vivoter, de dormir à droite à gauche, de grappiller la monnaie là où elle se trouve. En réalité, elle commence à accumuler une coquette somme dans son bas de lain, qu'elle ne touche qu'en cas d'extrême urgence.   
organisation | Dux Tenebris
ft | Jennifer Lawrence  (c)foolish blondie

Lisbeth est solitaire sans le vouloir. C'est d'abord la manière de vivre des Pritchard qui a développé ce trait, chez elle, puis son implication dans l'organisation et auprès d'Antigone. Ne restant que peu de temps au même endroit et sous le même nom, elle recommence sa vie à parfois plusieurs fois par an. Elle ne l'admettra pas de vive voix, mais cette vie lui pèse. + Lizzy est une bonne chasseuse - elle vous dirait elle-même qu'elle est tombée dans la marmite quand elle était gamine. Elle aime chasser et, si parfois elle peut-être brutale, elle trouve une satisfaction particulière à prendre son temps, aussi bien durant la traque que pour la mise à mort. + Certains trouvent cela étonnant quand ils le découvrent, mais Lisbeth aime faire la fête. Elle aime sortir, s'entourer de gens, même d'inconnus dans un bar, discuter, boire une bière. Il trouve un plaisir certain dans le fait de déconnecter, de temps en temps, de sa réalité et de profiter quelques instants, comme les gens de son âge.  + Lisbeth ne se pose pas de questions concernant le surnaturel : elle a été élevée, éduquée pour chasser et tuer les cibles que l'on désigne. En plus d'aimer ça, elle a fini par voir les choses comme sa grand-mère. Leur seul point de dissension est la religion : Lizzy a du mal à imaginer un Dieu, là-haut, en train de les juger. Pour elle, s'il y a bien quelqu'un en train de les regarder, c'est un sadique ou un tortionnaire de première.+ Elle peut-être particulièrement violente, notamment quand cela concerne Sayanel. Elle n'a pas peur d'en venir aux mains - ni aux lames - et a du mal à endiguer la colère qui la submerge dans ces moments-là. Elle s'en veut, parfois, et rejoue ces ouragans dans sa tête sans être vraiment capable de prévenir le suivant. Peut-être ne cherche-t-elle pas vraiment à le faire - quand il s'agit de Sayanel, la retenue n'a jamais été son fort. + Lisbeth aime les armes à feu, leur puissance et leur efficacité, mais elle a développé au fil des années une affinités avec les armes blanches. Petites, discrètes, ou dévastatrices, elle en possédait, aux US, toute une collection plus ou moins légale, plus ou moins ancienne. Elle a dû les confier à quelque membre de l'organisation en partant - elle a d'ailleurs l'impression d'avoir laissé quelque chose de très intime derrière elle. + Nous avons déjà souligné la violence - et parfois la cruauté - de Lizzy, mais elle peut-être une toute autre personne. Son sourire n'est pas toujours lié à un personnage et, parfois, on se surprend à la regarder parce qu'elle rayonne. Quand elle se montre sincèrement enthousiaste, elle perd quelque chose de sa dureté et ressemble à nouveau à l'adolescente qu'elle était quelques années plus tôt.  + Elle voue une admiration sans borne à Antigone. Si elle était plutôt partagée concernant sa grand-mère, après son départ de la cellule familiale, Lisbeth en est venue à voir cette femme pour ce qu'elle est : une force de la nature. Elle admire sa détermination, sa force, ses connaissances, cette main de fer et cette intelligence avec laquelle elle dirige l'organisation. Elle n'ose pourtant pas le dire - c'est trop intime, d'admettre une chose pareille - mais elle espère un jour arriver à la cheville de sa grand-mère et écorcherait quiconque oserait s'en prendre en à elle ou dire un mot de travers à son sujet. + Elle n'a jamais pu passer à autre chose, après le départ de Sayanel. On aurait pu lui dire de l'oublier, s'il s'agissait d'une histoire comme les autres, de trouver un autre homme, de laisser le temps faire son oeuvre. Mais Sayanel, c'est autre chose et elle lui en veut de ne pas avoir lutter pour ce qu'ils avaient. Elle ne sait pas pour autant à quoi s'attendre, en le retrouvant - elle ne sait ni quoi faire, ni quoi dire, et si elle est heureuse d'enfin le revoir, elle a un peu peur, quelque part. + Quand elle a quitté sa famille, Lisbeth a coupé les ponts avec Gadreel. Elle refusait déjà de lui parler depuis un moment, sans que leurs parents ne comprennent vraiment pourquoi. Elle lui en veut toujours, même si son frère lui manque - sa rancoeur, toutefois, semble toujours plus forte que l'amour fraternel. + Lisbeth est une femme intelligente : sa mémoire particulièrement développée lui permet de retenir une certaine quantité d'informations en peu de temps, sans jamais vraiment les oublier. Elle connaît les lois qu'il est possible de contourner, celles qui vous font passer directement dans l'illégalité. Elle a également un bon oeil pour les détails, ce qui en fait une excellente faussaire. + On la prend toutefois souvent pour une écervelée. Elle en joue, d'ailleurs, utilisant son corps et son visage aux mêmes fins que son intelligence. Il lui arrive de jouer la potiche pour mieux observer, pour mettre en confiance, pour traquer. Il est général trop tard quand on se rend compte de son erreur. + Lisbeth aime les belles choses : elle met depuis quelques années de l'argent de côté, au cas où, extirpant de ses arnaques et de ses missions l'argent qui n'est pas nécessaire à l'organisation - ou troquant quelques informations contre de jolies sommes. Dans ses rêves, elle se serait acheté un grand appartement, très lumineux, très clair, où elle aurait pu entasser ses armes de collections et de belles robes. Elle en a quelques unes, avec lesquelles elle voyage parfois, mais on la verra plus souvent en jean qu'extrêmement apprêtée. Elle ne veut pas risquer sa couverture. + Malgré son départ et tout ce qui a pu se passer, Lisbeth reste très attachée à sa famille. Elle est toujours restée en contact avec ses parents, les aidant quand elle le pouvait, chassant parfois avec eux. Elle sait qu'ils ont eu du mal à accepter son départ et, parfois, elle en éprouve des remords, sans pour autant regretter son choix. Elle ne serait certainement jamais devenue ce qu'elle est sans l'aide et la main de fer d'Antigone. + Lizzy a parfois du mal à faire le tri dans ses émotions. Elle est devenue familière avec la douleur au départ de Sayanel. Si elle a fait le deuil de leur relation, après toutes ces années, il reste quelque chose en elle de brisé par cette histoire et par la solitude de son éducation. Elle laisse volontiers sourire sa réputation de "démon" - au moins, on ne lui pose pas trop de questions et elle ne prend pas la peine de s'attarder sur ce qui s'agite en elle.

« Who do you want to be, Lisbeth ? »

La question tourne souvent dans sa tête comme si elle n’y avait jamais répondu. Les premiers mots que lui a adressé sa grand-mère n’ont pas été ceux qu’elle espérait - de la consolation, un peu d’espoir, de chaleur, peut-être, quelque chose de ce genre. Elle se sait stupide d’avoir jamais attendu quelque chose de ce genre : Lisbeth connaissait les histoires à propos d’Antigone, cette femme au-dessus de tous les hommes, aussi froids que le canon de son arme avant la chasse. Mais elle était jeune, Lizzy, jeune et un peu perdue, jeune et empli d’une douleur dont elle était incapable de parler - elle n’en avait pas le droit, et le simple fait d’être ainsi bâillonnée la rendait folle de rage.
En partant, elle avait pensé se débrouiller seule, trouver un boulot, chasser de son côté. Mais en partant justement, elle avait abandonné le cocon familial - étrange, dépouillé du plus important, mais connu et disposant de ressources que, seule, elle n’était pas encore capable d’acquérir. Quel âge avait-il alors ? Elle a parfois du mal à se souvenir, exactement. Seize, dix-sept ans peut-être. Déchirée, elle avait pourtant tenté de pardonner, d’oublier la trahison de Gadreel - parce que c’était ça, pour elle, ce geste, ce moment, une trahison pure et simple - d’oublier celle de Sayanel, quittant le motel sans mot dire, l’abandonnant-là, coupée en deux.
Elle a tenu, Lizzy, pour ses parents, qui n’y étaient pour rien dans cette histoire, elle a tenu aussi longtemps que possible sans voir son visage à chaque fois qu’elle ouvrait la porte, sans l’avoir contre elle, chaud, connu, intime, sans avoir le droit à tout ça.
Elle a tenu, Lizzy, mais la colère a pris le dessus, a éclaté, comme ça, sans prévenir, et elle a maudit Gadreel. L’a maudit et injurié avant de faire son sac et de partir, laissant derrière elle le van familial, les motels, les chasses. N’emportant avec elle que quelques armes, quelques vêtements, et des souvenirs.


« I don’t know, grandma. »
« So pick up your gun and find out. »

Lisbeth était heureuse sur les routes. Née après deux frères qu’elle aima dès qu’elle fut en âge de comprendre le sentiment, elle se sentait bien dans cet univers - à sa place, avec une arme à la main, à sa place même en planque, même quand une cible était sur le point de tomber. Elle ne questionnait jamais rien, Lisbeth, ni leur vocation, ni leurs relations. Quand elle toucha pour la première fois son frère, elle qu’on ne touchait jamais, elle ne se posa pas plus de questions. La peau de Sayanel était à elle et la sienne lui appartenait en retour. Elle y pense encore parfois, à ce moment précis, quand la porte s’est ouverte sur Gadreel, quand le visage de Say s’est couvert de quelque chose entre l’horreur et le dégoût. Elle ne comprend pas Lisbeth : elle sait, quelque part, que frères et soeurs ne sont pas censés se comporter comme ça - que la morale, la toute puissante morale - leur interdit de faire ça. Mais elle s’en fout. Elle s’en fout comme de sa première mort, de sa première arme, du premier cri qu’elle a fait sortir d’un corps écorché.

Quand Lisbeth la trouva enfin, Antigone ne lui laissa pas le temps de se perdre ni de se lamenter. Elle ne lui rendit pas la vie facile : la trouver, entrer en contact, lui prit des jours, même en portant le nom de Pritchard. Son père l’avait prévenu, certainement, de son projet : trouver l’organisation, trouver sa grand-mère, et travailler. Faire le deuil, oublier peut-être, et travailler aussi dur que sa grand-mère.
Antigone ne posa pas de questions - ce n’était certainement pas le genre de la maison. Elle donna des ordres sans donner d’autres directions : c’était à Lisbeth de faire le travail, de trouver sa place dans ce monde, ou de la faire. Et Lizzy comprit que son éducation unique, faite de savoir précis et particuliers, serait un fardeau comme un avantage.
Alors le monde, elle lui dit adieu, à sa manière.

Commençait au plus bas, se réinventer, faire ses preuves. Lizzy se plongea dans l’univers de Dux Tenebris et effaça son identité, la gardant sous le coude, si nécessaire. Elle devint Diana, Lori, Jade, Catherine et Sarah. Elle devint brune, rousse, noir de geais, blonde platine. Elle apprit à identifier les vrais des faux billets, à dénicher les failles du système, à faire de l’argent là où avant il n’y en avait pas. Elle se spécialisa dans la contre-bande, se lassa et s’intéressa aux oeuvres d’art - qui laissèrent place, après une ou deux années, aux bijoux, aux armes de collection, aux faux-papiers. Elle forgea ses propres diplômes, devint un jour avocate, le lendemain escort, puis agent immobilier. Ses identités ne tenaient qu’un instant, une courte vie, le temps d’obtenir ce dont elle avait besoin - ce dont Antigone avait besoin - avait de disparaître à nouveau.
Faussaire. Escroc. Con-woman. Son CV se résuma bientôt à l’illégalité et la criminalité, à tout ce qu’elle avait un jour essayait d’éviter - elle avait rêvé, pour elle-même, une autre façade, une couverture, un métier stable, peut-être, quelque chose de simple comme un bar un vieillot où sa famille pourrait venir dîner après une longue chasse.


« Are you ready to work for me, Lisbeth ? To be feared, one day ? »

Lisbeth ne connut alors rien de plus gratifiant que le sentiment d’avoir disparue. D’avoir tué une identité, effacé toute trace de son existence une fois l’objectif rempli. Elle ne bénéficia d’aucun passe-droit - Antigone ne l’aurait pas permis - et, à vingt-huit ans, elle travaille encore à se faire une place au sein de l’organisation. On connaît son nom mais, surtout, on connaît son visage dont elle se joue pour obtenir des informations, de l’argent - pour tuer ses proies. On dit parfois que c’est un démon, un étrange mélange de beauté et de cruauté, mais les rumeurs sont encore rares, un brin de phrase comme ça, en passant, qui ne prennent pas en compte son intelligence, le temps qu’elle passe à remonter une piste, à traquer sa proie, à la rendre sans défenses. Lizzy ne fut pas une chasseuse prolifique, au contraire : elle apprit à prendre son temps, à privilégier la qualité sur la quantité. Elle découvrit les points faibles : ceux qui libèrent l’information et ceux qui offrent, un bref instant, un répit illusoire. Elle partagea son monde en deux, l’un changeant, discret, fait d’ombres et de détails et l’autre brutal, toujours sanglant.

Sayanel s’est éloigné. Son image, son visage, restent précis, parfaitement gravés dans son esprit, mais elle a parfois oublié sa chaleur. Elle lui en a voulu, en a voulu au monde entier et a trouvé, chez Antigone, la froideur nécessaire pour avancer. Sans sa grand-mère, Lisbeth se serait certainement effondrée - mais comment flancher devant une femme si froide, si forte, si terrifiante dans sa droiture, sa détermination ?
Quand son téléphone a sonné, quand Antigone lui a demandé de les rejoindre à son tour en Irlande, elle a hésité. Non pas à répondre à la demande sa grand-mère, elle n’oserait certainement pas, mais à tous les retrouver après tant d’années passer dans la douleur, dans la rancune, dans l’attente. Elle a hésité, sans savoir si elle allait étrangler Gadreel à la première occasion et le dépecer, sans savoir si ses parents lui en voudraient. Sans savoir si Sayanel, son Sayanel, certainement changé, certainement autre, peut-être étranger, lui appartenait encore - si le deuil allait tenir, bien noué, bien serré autour d’elle, si elle allait être capable de taire sa violence, de ne pas se venger, de ne pas égorger chaque femme qui l’approcherait. L’idée lui traverse l’esprit quand l’avion atterrit enfin sur le sol irlandais.