If you can fake sincerity, you can fake pretty much anything.

Les scientifiques et autres intéressés se plaisaient à raconter que la nature, de ses animaux les plus misérables aux mastodontes les plus impressionnants, avait plus changée dans les cent dernières années qu’en plus de dix mille ans. Les grands changements n’avaient donc pas forcément besoin d’être enracinés dans de longues périodes de temps pour jouer des coudes. Maxwell ne pouvait pas démentir cette affirmation., lui-même ayant plus changé depuis son arrivée à Bray quelque mois plus tôt que dans les dernières années. D’un autre côté, si la vie avait été relativement clémente avec lui ces 29 dernières années, voilà qu’elle décidait de lui déverser tous ses problèmes d’un coup d’un seul lui faisant tourner la tête comme une toupie. Résultat, il se retrouvait dans une situation totalement inédite, le voilà en retard dans son travail. Les rapports de ses consultations s’accumulaient, la masse d’articles scientifiques qu’il devait lire ne faisait que grandir sur son bureau et il redoutait que la gorgone nommée bureaucratie ne vienne rajouter à sa damnation personnelle. Résultat, alors qu’il traversait le couloir, son sac lourd de son ordinateur et de nombreux papiers, il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui avait bien pu arriver à Meursault. Et quand le médecin parvenait enfin à chasser cette idée intempestive, c’était la pensée de sa mère qui venait bouleverser son échiquier.

Le couloir qu’il traversait sans réussir à se concentrer était celui d’une entreprise pharmaceutique implantée en Irlande sans doute plus pour la politique fiscale que pour le paysage. Quoiqu’il en soit, il avait besoin d’entrer en contact avec un des larbins de Big Pharma comme diraient les complotistes. Le développement d’un de leur médicament l’intéressait particulièrement et il songeait à l’intégrer dans sa thèse, enfin quand il parvenait à se concentrer. Malheureusement, le monde où les informations circuleraient sans invasion intempestives de l’administration n’était pas encore pour demain et, comme chaque malheureux humain appartenant à cette société, il allait devoir passer par le secrétariat. Ses années d’université ne lui avaient pas laissé un bon souvenir de ce genre d’endroits, c’était même plutôt le contraire. Quoiqu’il en soit, il allait avoir besoin de son plus beau sourire et d’une bonne dose de patience pour mener à bien sa mission. Manque de bol, il n’avait ni l’un ni l’autre en réserve.

Une fois arrivé dans le service administratif, il prit une profonde inspiration avant de franchir d’un pas l’entrée du secrétariat. Une fois son nom donné à l’étudiante en mal d’argent à l’entrée, il eut le droit de s’asseoir sur une chaise et d’attendre. Super, son activité préférée. Il avait rendez-vous avec une des secrétaires qui allait pouvoir examiner son dossier et décider, ou non, de le faire passer vers des instances supérieures. Tout à fait conscient que celle qui allait le recevoir avait dans ses mains le pouvoir de bien l’emmerder, il ne cessait de se répéter mentalement de rester calme. Manque de bol, ce n’était pas son fort. Histoire de s’occuper l’esprit, il décida d’ouvrir son smartphone et de consulter ses mails, manque de bol l’écran afficha directement un message de sa mère et il se passa une main sur le visage, pourquoi l’univers avait-il décidé de l’emmerder ?
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