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 Tell me I'm right and let the sun rain down on me + BASTIEL

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Tell me I'm right and let the sun rain down on me

Il était plutôt clair que le second degré et Basil étaient deux entités totalement différentes, surtout que le sujet semblait lui tenir à coeur. Il n’en fallait pas plus pour que tu apprécies brièvement le moment. Les petits plaisirs de la vie, comme on le disait, pouvaient faire paraître les moments les plus sombres comme un grand divertissement. Tu aurais bien fait comme si tu ne le comprenais pas encore quelques temps, histoire de tester jusqu’où son visage qui semblait la plupart du temps impassible pouvait se déformer dès qu’on mentionnait le fils “prodige” dont il n’avait pas voulu. Mais tu comprenais où il voulait en venir et très franchement, il y avait sans aucun doute bien trop de pères qui n’en méritent pas le nom déjà pour en rajouter un nouveau, à commencer par le tien. Même si, encore, c’était une histoire bien plus subtile qu’une sauterie avec des conséquences qui duraient trop longtemps, Gidéon était sans doute un excellent meneur, tu devais bien le reconnaître et un homme d’affaires et de pouvoir à faire trembler les plus téméraires, mais il n’avait rien d’un père. Rien que l’éducation reçue pourrait bien prouver la chose, et sans doute est-ce là le traumatisme que ton procès ne manquera pas de mettre en avant pour avoir de ton côté la sympathie du jury, même si ce ne sera pas suffisant. Alors tu ne lui en veux pas à Basil de ne pas vouloir reconnaître sa propre chair, rajouter ce genre de nom à ton entourage ne te vaudrait que des soucis supplémentaires, et même lui n’irait probablement pas jusque là pour te faire vivre un enfer, du moins tu l’espères grandement. Il y a toujours le fait qu’il souffrirait sans doute plus que toi à devoir élever un môme avec un début d’éducation raté, alors que tu étais loin de voir ta soeur et ton neveu assez souvent pour t’en soucier réellement. Encore plus maintenant que la vérité avait éclaté au grand jour, te laissant la moitié de ta famille écoeurée par la simple vue de ton visage. Mais ce genre de contretemps, tu l’avais prévu. C’est ce qu’on appelle un sacrifice en bonne et due forme, même si c’est loin de faire de toi un héros. “ Beaucoup de choses tournent autour de cette notion, tu sais, dans ma vie comme apparemment dans la tienne. Quelle drôle d’idée de donner au père un rôle aussi important alors que la moitié sont ne serait-ce qu’incapables de comprendre ce qu’on leur demande de faire.” Plus pour toi que pour lui, tu ne te vois pas vraiment renchérir sur Ambrose, l’enfant n’a rien d’à ce point intéressant que tu pourrais bien confier à celui qui l’a enfanté. Il nage, comme tous ceux de sa famille, comme un poisson dans l’eau, comme dirait l’autre, mais mis à part ça, il est comme tous les autres. Encore que tu as encore l’esprit assez clair pour ne pas le confondre avec un autre, tu te demandes bien si Basil pourrait le reconnaître entouré d’autres gamins. L’idée du Egerton paumé devant la crèche te donnerait presque le sourire, mais tu n’as pas le temps de divaguer plus longtemps. “ Je ne l’aime pas comme je n’aime pas la plupart des enfants de mes proches. ça prête à rire vu la situation actuelle mais je n’ai jamais vraiment eu la fibre paternelle. Si tu t’étais déclaré comme géniteur avant, j’aurais peut-être eu l’occasion plus souvent de le détester, cela dit. Maintenant, tu dois bien te douter que je ne l’approcherais sûrement pas avant qu’il passe sa majorité.” C’est surtout sa mère, qui te pose problème avant lui, pour être totalement honnête, mais ça non plus, tu n’y peux pas grand-chose maintenant.

C’était bien amusant, quelque part, que la torture subie par Charlotte ait été faite alors que tu te trouvais encore sous l’emprise de ton père, et que c’était sans doute elle qui finirait par le mener à sa perte. Tu aimerais espérer que Catherine déclare foncièrement la guerre à votre famille une bonne fois pour toute, car la diviser plus risquerait d’être impossible tellement les morceaux sont impossibles à recoller. Mais détruire le seul debout semblait une alternative sympathique. Cependant, tu ne te fais pas trop d’illusions, la vie ne t’a jamais vraiment fait ce genre de cadeaux, et le peu de bonheur qu’elle t’a apporté t’a été repris aussi rapidement, le meilleur exemple en étant Margot. “ Peu importe ce qu’elle prévoit, ça finira par causer sa perte. La sienne et celle de ceux qui gravitent autour, en réalité, j’imagine que personne n’a vraiment le droit d’être épargné. Je ne serais peut-être pas présent pour voir ça, mais quelque part je n’en ai aucunement l’envie et je suis plutôt soulagé de laisser ce combat à ceux que ça concerne. Je n’ai plus le temps de parler au nom de ma famille, et je pense que même Catherine peut voir que je paie pour mes erreurs plus qu’elle n’aurait pu le rêver. J’admets volontiers que me voir mort serait bien moindre que dans l’état dans lequel je me trouve.” Tu ne te fais pas d’illusions, tu sais très bien ce que ton arrestation a mené. Un danger à l’intérieur de ses murs et une affaire qui te suivra si jamais tu arrives par on ne savait quel exploit à rester vivant. C’était l’ultime torture, moins brutale que celle qu’avait vécu Charlotte pour ces derniers instants, mais presque aussi jouissive pour ceux qui voulaient te voir sombrer. “ En ce qui concerne mon père, je ne me ferais pas d’illusion à sa place. Si elle agit par colère il la surpassera, si elle le croit affaiblit ce sera le même résultat. Très franchement, je ne saurais pas vraiment sur qui parier quant à l’issue de cet affrontement, peu importe jusqu’où il peut aller.” Tu es bien conscient qu’il n’avait pas besoin de t’en parler et pourtant il l’a fait. Mais tu ne sais pas vraiment quoi faire de l’information pour le moment. Comme tu l’as dit tu le penses, tu es bien trop loin des affaires de ta famille maintenant, et s’il s’agit de regarder deux fois derrière ton épaule, tu en fais déjà le double.

Mais finalement, ta famille t’importait moins que celle que tu tentais de construire, tant bien que mal, avec ce que l’on t’avait donné. Il n’est pas chose aisée d’inventer le bonheur là où il n’y avait que malheur et emprisonnement, et pourtant, pendant un moment, tu l’avais cru. Bref, trop bref alors que tous tes actes t’ont ramené à la piètre personne que tu pourrais offrir à ton enfant. Tu souris, presque amusé en réalité. “ J’ose espérer que ma femme a plus de respect pour elle-même que ma soeur pour ce qui est de la première alternative, mais non. Même si je jugerais sans doute son choix si elle se laissait prendre à ce jeu-là avec toi, je suis loin d’être le genre de mari à l’enfermer dans une cage en or. Séduis-la si bon te semble, ça ne tient qu’à elle de te répondre favorablement ou non.” Il y avait toujours eu ce genre d’accords entre elle et toi, même si pour ta part, il y a bien longtemps que tu n’en as pas profité … Avec son cousin, si tes souvenirs sont exacts, et encore, tu n’avais jamais eu l’occasion de revoir Alix pour confirmer la chose. Mais Anthéa … Tu ne lui avais jamais interdit de chercher réconfort hors de votre mariage, vous ne fonctionnez tout simplement pas ainsi. A défaut d’amour, tu t’es toujours dit que tu pouvais lui donner la liberté. Même si tu commences à entrevoir le premier, t’es pas encore totalement prêt à l’assumer. Pas assez. “ Pour être totalement honnête, ça en a fait partie. Ce que je détesterais plus que de passer ma vie derrière des barreaux, c’est m’entendre dire que je fais les mêmes erreurs que mon père. Alors je corrige la donne.” Toi tu ne veux pas rester impuni pour Nathan, et un jour, tu le sais que tu le forcera à faire de même pour Hayley. Parce que finalement, ta vie s’est résumé à ça, il t’a entraîné pour ça. Venger Hayley.


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Basil Egerton
Basil Egerton
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Tell me I'm right and let the sun rain down on me

La paternité était une notion chargée de sens pour les Ò Murchù, une paternité toxique mais une paternité tout de même. On ne pouvait pas en dire autant pour toi. Tu n’avais pas eu d’un Gideon dans ta vie, tu n’avais pas eu cette présence colossale, cette figure d’autorité masculine à donner des sueurs froides par le seul fait d’exister, pas de cette poigne ferme pour te guider docilement sur le chemin de la virilité, ou t’inculquer les valeurs du sang et de la famille. Quoi qu’en dise Castiel, tu n’as pas d’importance à accorder au mot père, ce pourquoi tu n’as pas de scrupule à rejeter la chair de ta chair sur le prétexte que tu n’en voulais finalement pas. D’aussi loin que tu te souviennes, le tien de père a été d’une exemplaire transparence – en cela qu’il n’a jamais été plus qu’un présentoir de devanture, l’exhibition superficielle d’un nom de famille. Il s’était fait dompter par sa femme, voilà d’où venait la différence : sous la devanture, c’était Catherine qui vous dictait comment vivre. Toi qui n’avait jamais été entouré que de femmes, toi qui ne savais pas quel rôle associer à cette paternité inexistante – devant Ambrose, c’était le vide, un creux inexorable : tu ne savais pas quoi en faire, c’était assez insupportable pour souhaiter qu’il n’existât pas. A ce jour, tout ce que tu t’étais senti de materner, c’était encore une bête de compagnie et un fœtus dans un bocal - materner dis-je encore. Pour le reste, c’était hors de ton cadre de pensée. Tu aurais eu mieux fait d’avoir une fille peut-être, tu aurais eu davantage de repères, non que le risque n’eut été aussi grand sinon plus.
Il dit ne pas aimer ta progéniture. Tu aurais pu sourire, si tu n’étais pas encore trop amer. Le but n’avait pas été de l’en faire aimer, c’était même tout le contraire ; peut-être même que tu aurais rêvé quelque part qu’un Ò Murchù se salisse les mains à ta place pour t’en débarrasser. A défaut d’en mourir, Ambrose allait vraisemblablement subir l’injustice jusqu’à la fin de sa vie, un réceptacle de frustration et de haine. Bien sûr, ça ne t’atteignait pas. Qu’ils en fassent ce qu’ils veulent, qu’ils le battent même : tu ne lui accordais pas plus qu’un statut d’objet. En atteignant l’âge de raison, peut-être le considérerais-tu comme un être vivant – sûrement, d’ailleurs. Mais encore fallait-il qu’il survive jusque-là. Si tu regrettais de n’avoir pas tenu ta langue ? Si tu avais pour Phoebe ne serait-ce qu’un peu de compassion, pour l’avoir jetée dans cette galère pour une pulsion mal contenue ? Non, tu étais seulement en colère de n’avoir pas tout prévu : comme le fait qu’en donnant la vie, il te faudrait un jour admettre dans ta conscience le rôle de père. Tu ne trouves rien à répondre toujours. Le sujet te brûle l’intérieur des joues, et habille ton visage d’une mauvaise crispation.

Remercions pour tes nerfs que le sujet passe, et à la place c’est de ta mère que tu parles. Un autre sujet pour te mettre en colère – les liens du sang chez toi ont quelque chose pour te remuer les tripes, d’assez surprenant pour une personnalité comme la tienne. Tu n’as pas de tendresse pour ta mère, seulement une langue couverte d’une épaisse couche de sel qui te ferait presque mal : elle prend de la place, elle était finalement à l’origine de tout le désordre dont tu étais responsable à Bray. Tu voulais prendre le large, reprendre ton indépendance, tu t’y efforçais plus intensément chaque jour qui passe. Ce n’était même pas de la trahison que d’en parler sans détour à Castiel – tu maugréais à ta mère des menaces de mort depuis que tu savais parler, elle aurait eu du mal à s’étonner d'un coup de poignard. Mais quelle femme tout de même ! A te rendre faible le creux des genoux, et la nuque et les reins. Lui semble vouloir la mettre en garde à travers toi, mais tu te contentes d’une négation de la tête, et d’un fin sourire où l’amertume crève encore. « Oh non, j’en suis conscient. Elle ne fait pas le poids, d’ailleurs elle ne le fera jamais. Ce n’est pas une compétition égale, ni même loyale : quand il s’agit de Catherine, c’est une opération kamikaze. » Tu prends une inspiration, prêt à développer ta pensée. Tu te doutais que les Ò Murchù ne prendraient pas la peine de s’y pencher plus que nécessaire, simplement parce qu’ils avaient gagné d’avance. C’est pourquoi tu prends la peine de leur en toucher un mot toi-même. Peu importe que cela serve – pour t’adresser à celui d’entre eux qui allait se retrouver quelques années derrière les barreaux, c’est après tout que cela ne devait pas être très urgent.
Tu t’accoudes sur tes genoux, et poursuit davantage. « Elle a une folie des grandeurs qui n’est pas à sa taille, et sa raison est dominée par son ego. Une fois qu’elle s’est mise une idée en tête, c’est terminé – ça prend le devant de sa liste de priorités et il en faut beaucoup pour la faire lâcher prise. D’ailleurs ce n’est même pas à toi qu’elle en veut. Même si je lui disais que tu es celui qui lui a pris Charlotte, ça n’y changerait rien, après tout tu lui as rendu service : tu lui as donné un prétexte. C’est Gideon qu’elle hait, elle le tiendra pour responsable quoi qu’il arrive. Mais c’est purement égoïste. Elle veut lui faire mal, elle veut surtout montrer qu’elle existe. C’est bien pour ça que vous devriez vous en méfier : non pas parce qu’elle a ses chances, mais parce qu’elle n’a rien à perdre, et tout à gagner. » Tu marques un temps de pause, passant la main sur l’arrière de ton crâne, las soudain. « Tu as raison, ceci dit. Ce n’est sans doute pas à toi que je devrais en parler. Mais Phoebe est trop conne et ton père ne me laisserait sans doute même pas respirer le même air que lui, tu es le seul qui soit à ma taille et que je connaisse assez. J'ai pensé qu'il me faudrait en parler à l’un de vous au moins. Parce que je ne compte pas empêcher Catherine de venir foutre le bordel et s’autodétruire – même si je le voulais je ne pourrais pas, et pour être franc… je ne voudrais surtout pas manquer ça. » Il y avait une forme de légèreté dans cette dernière phrase, un amusement, mais non pas un amusement cruel. Tu aimerais cela, qu’elle en crève, même s’il te faut avouer que tu en viendrais à jalouser Gideon à ce sujet. Ta mère n’avait pas le droit de lui consacrer une telle obsession, de lui tendre un cou si facile à tordre. Du moins, que l’on aurait cru facile à tordre, c’était pourtant sa poigne qui te prenait par la nuque, et toi qui laissait faire avec un goût certain. Toujours est-il que pour s’en défaire, il allait falloir faire un peu mieux que chanter - faute d'être bien armée, elle était au moins coriace.

L’instant d’après, vous parliez de sa femme et de son enfant à venir. Tu es presque déçu qu’il ne fasse pas davantage preuve de possessivité, que ce soit cet instinct paternel étranger qui le motive plutôt qu’une interdiction d’empiéter sur ses plates-bandes. Il semble motivé par quelque chose de remarquable : une idée du bien et de la moralité, ou quelque chose dans cette teinte. Un moyen de se distancer du père ; en tout cas c’est une subtilité qui t’échappe. Tu l’entends, à défaut de véritablement le comprendre, mais cela a tendance à te laisser indifférent – presque même à t’ennuyer, à te rendre impatient. Corriger des erreurs, blablabla… Pour la rédemption, pour ne pas faire comme papa. Presque malgré toi, tu détaches ton attention de ce feuilleton pour plonger ton regard dans le vide, distrait par trois fois rien. « Parfait, dans ce cas je vais partir du principe que tu ne me défends pas de l’approcher », finis-tu par dire, sans te soucier de savoir si tu le coupes ou si le silence s'était déjà imposé depuis quelques embarrassantes secondes. Tu ne retenais vraiment que ce que tu voulais entendre. « Bon, nous avons fait le tour je pense. N’abusons pas des bonnes choses ! » t’exclames-tu en te redressant, vraisemblablement tu avais eu ton lot d’ennui et d’agacement – et puis alors que tu te lèves, il te vient d’autres questionnements, qui émergent d’un peu tout ce que tu viens d’entendre.
« Si, tout de même, il y a des choses qui m’échappent. » Tu appuies sur lui un regard qui s’efforce de le lire, mais tu as toujours été assez mauvais lorsqu’il s’agissait d'interpréter un visage. « Je ne comprends pas pourquoi tu as gardé Charlotte si longtemps. Elle était une nuisance, le plus vite tu en étais débarrassé, le mieux tu t’en serais porté. J’ai étudié son corps, je sais que tu ne m’as pas tout dit, et je ne crois pas que tu me le diras ici, mais je tiens à savoir – je tiens à ce que tu m’en racontes davantage dans les détails. » Tu n’avais pas cillé, c’était pourtant si cru. C’était absurde de voir avec quelle franchise tu témoignais ton intérêt, alludant les heures que tu avais dû passer à explorer sa dépouille exposée. « Et il y a autre chose. Je ne comprends pas non plus pourquoi tu t’es livré aux autorités, tu t’es jeté dans cette situation tout seul et c’est quelque chose qui m’intrigue. » Forcément, comment aurais-tu pu comprendre ? La culpabilité était un sentiment qui t’était encore inconnu à ce jour, mais tout de même tu trouvais cela inattendu de la part de Castiel – de la part d’un Ò Murchù. Mais s’il repartait sur ses histoires de rédemption et de ne pas reproduire les erreurs du père, tu allais vraisemblablement quitter la pièce avant de le laisser finir.


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Tell me I'm right and let the sun rain down on me

La paternité comme sujet sensible et pourtant premier chez les Ò Murchù. Il était drôle, quelque part, de voir l’opposition entre les Egerton et ta propre famille, a bien des nouveaux. Tous, tu te serais surpris à t’en vanter, mais pas tant, en réalité. Seulement les fondements, creusés à l’inverse comme un parfait contraire dans la nature même des êtres qui les composent ou dans ceux qui en détiennent les pouvoirs. Mais chez vous, ce sera toujours l’ombre menaçante du père qui vous forcera la main. Même si les jours de Gidéon ne devaient plus se compter qu’à une poignée, tu doutes que le mal se termine avec lui tellement il est ancré dans l’histoire. Peut-être faudrait-il que tous les fils et les filles du monstre finissent par mourir pour qu’on dise adieu à l’hydre et que la seule disparition du père comme salvation n’est qu’un doux rêve que tu te répétais enfant pour te forcer à y croire. Tu l’as recherché longtemps, le bonheur au sein de ta famille, celui qui te donnerait une véritable envie d’être toi. Puis tu as finis par comprendre que ça n’avait jamais été ce qu’on te demandait, si le bonheur était un idéal dans beaucoup d’esprits, il était absent de celui qui t’as élevé tant bien que mal, jusqu’à te faire renoncer à tous tes souhaits pour épouser les siens. Presque littéralement. La haine comme motivation à défaut d’avoir le talent du calcul et l’intelligence du paternel. Mais ce n’était pas une honte si l’on considérait ses aptitudes au-delà de la norme. Tu es bien heureux, quelque part, que le sujet dévie, n’ayant plus aucun intérêt à converser à ce propos. Pas tout de suite, en tout cas. Et Ambrose … Ambrose n’était pas assez pour que vous continuiez à en converser, vous aviez sans doute fait le tour de ce qui pouvait choquer à son sujet mais qui, pour toi, tout en étant une révélation, était loin d’être étonnant. Tu en avais vu, des filles de moindre éducation avec qui tu partageais une classe en primaire, tomber enceinte du premier homme qui voulait bien les baiser, et si tu voulais croire que ta soeur valait mieux, sans doute qu’il avait fallu qu’elle passe par cette phase trop dérangeante de la libération sexuelle. Non pas que tu veuilles forcément penser à ta soeur ainsi, mais avec sa mise en cloque, il avait forcément fallu que vous alliez à l’évidence et que ta soeur était loin d’être vierge. Et maintenant que l’enfant était là … Tu n’étais pas Basil. Tu sais bien que l’avortement avait été énoncé, mais ton père, fort quand il s’agissait de ses autres enfants, se restreignait beaucoup plus quand il s’agissait de Phoebe. Sans doute que le fait qu’elle soit en vie et pas enterrée aux côtés d’Hayley en était une bonne preuve, puisque c’était vraisemblablement ainsi qu’on s’occupait des problèmes, chez vous.

Mais il n’était plus question d’elle. Des Ò Murchù s’en venait la question des Egerton. A celle-ci, tu avais un regard assez lointain. Une vie d’éducation et des problèmes plus pressants te faisaient presque oublier la haine que Catherine pouvait porter à ta famille, et aujourd’hui, presque qu’elle t’amusait. Tu n’avais jamais donné trop d’importance à la femme en elle-même, te méfiant du fils. Et c’était sans doute pour cela que tu n’avais pas vu venir la vengeance. Tu n’avais pas vu l’ensemble même si finalement, tu étais braqué sur le bon pion. Et maintenant … Disons que la coupure avec le monde extérieure n’avait pas fait que du mal, si ça pouvait t’éviter une énième confrontation avec les Egerton. Même si ça ne semblait en aucun cas gêner Basil de perdre une après-midi à converser dans un décor plus froid que la chambre de son cimetière. “ Tu ne sembles pas spécialement horrifié qu’elle finisse par se brûler à force de se rapprocher de ma famille.” D’un autre côté, de toute votre entrevue, la seule émotion que tu as pu voir passer était la rage, au point que tu te demandes s’il est capable d’en ressentir d’autres. Sans doute que non. Ce devrait être intéressant, ce qu’il se passe dans le cerveau d’un homme qui est moins intéressé par la mort de sa soeur que par l’histoire qu’elle peut raconter. Quelque part c’est presque triste pour Charlotte qui a dû se battre pour l’amour dans une famille incapable de lui en donner. Comme quoi, il y a des similitudes autant que des différences entre vos deux familles. Mais dans ce contexte, tu ne saurais pas bien dire qui est Charlotte chez les tiens. Nathan, sans doute, pour une fin aussi peu enviable, l’un comme l’autre. “ J’ai trop de fois fait l’erreur de sous-estimer ceux qui se sont dressé face à notre famille, crois-moi que je ne le prends pas à la légère. Et même si je ne doute pas que ça occupera mon père sans lui faire battre le coeur trop vite, ce sera mauvais pour tous les autres et il y encore de ceux qui ne méritent pas d’en subir les conséquences à Bray. Mais égoïstement, je suis soulagé de ne pas en être. Tant que je serais là, il y aura des choses qui devront forcément attendre, et si je ferais en sorte que Gidéon obtiennent les informations que tu me donnes, crois-moi que c’est seulement parce que je n’apprécie pas que l’extérieur vienne se mêler de mes histoires de famille. Catherine et sa vengeance n’ont juste pas leur place dans notre système. Mais elle finira par s’en apercevoir tôt ou tard. Tu souris, d’un sourire un peu lointain, il faut l’admettre. Prendre justice dans tes propres mains, ce n’était pas la meilleure des idées, mais de loin celle qui correspondait le mieux aux Ò Murchù. S’il te reste quelques enseignements venus de ton père, c’est bien que vous êtes les seuls à pouvoir vous juger et ce pour n’importe quoi. La famille au delà de tout, la vôtre comme un clan à part entière. Il y a ce qu’il se passe autour, et puis il y a vous et les méandres intérieurs. Une trop complexe histoire, une hiérarchie retorse avec une toute puissance en tête de file. “ Assez étrangement, ce sera sans doute le spectacle de ma décennie derrière les barreaux. Je suis assez curieux de voir comment les choses pourront tourner.” Encore plus curieux de savoir ce que Catherine pourra bien préparer. Tu ne le dément pas sur ta soeur, il n’est pas à blâmer pour penser une telle chose alors que le seul rapprochement qu’ils aient eu a été de la faire écarter les jambes presque en un temps record.

Tu lèves presque les yeux au ciel lorsqu’il énonce Anthéa, et son refus de comprendre où tu veux en venir. Mais tu n’es pas, actuellement, en mesure de le menacer, encore moins de lui interdire quoique ce soit. Alors tu restes silencieux, considérant que cette partie de la conversation est bel et bien terminée. Tu auras sans doute deux mots à toucher à ta femme, mais à lui, tu n’as plus rien à dire. Peut-être que si tu t’étais montré enthousiaste il aurait fait chemin arrière, comme l’esprit de contradiction qui voudrait qu’il fasse ce que tu ne voulais pas. Pas soulagé mais pas mécontent qu’il décide de prendre congé, tu hoches la tête alors qu’il se lève. Tu sais que tu dois attendre là, alors tu restes assis, et sans doute que c’était un mal pour un bien puisqu’il fait machine arrière presque directement. Un sourire vient éclairer ton visage, brièvement. Ils vont et ils viennent aujourd’hui, il semblerait. “ Il me semble sage de garder cette histoire pour un autre moment. Sans menottes et combinaison orange par exemple. Mais crois-moi quand je te dis que j’avais mes raisons. Et si je regrette qu’elle ait mal vécu nos entrevues, je reste encore persuadé que la fin justifie les moyens. “ Tu as manqué de temps, malheureusement. Ou de cobayes, à t’obstiner avec une seule, tu en as pris un retard presque phénoménal. Et tu n’es pas vraiment sûr pouvoir reprendre de si tôt. Mais ce n’est pas tout, Basil n’a pas terminé. Pas encore du moins. D’un sujet il passe à un autre sans aucun lien apparent si ce n’est toi. Une question qui te fait hausser les sourcils. “ ça me blesse sincèrement que tu ne crois pas que j’ai pu faire ça juste pour honorer mon frère … “ Sarcasme dans la voix et presque une pointe d’amusement, ça changeait. “ C’est pourtant simple. Une raison aussi vieille que l’homme lui-même et qui n’en perd jamais son charme. La vengeance.”


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Basil Egerton
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Vous aviez parlé de ta mère, avant que tu ne t'évades. Une sorte de mise en garde, une petite piqûre de rappel qui ne valait pas grand-chose, une question qui n'intéressait profondément sans doute aucun de vous deux, mais que vous auriez regretté de ne pas aborder après coup. Qu'elle se fracasse contre les Ò Murchù. N'était-ce pourtant pas dans ton intérêt de les laisser dans l'ignorance, plutôt que de presque les conseiller sur la démarche à suivre pour traiter avec ta plaie maternelle ? Ce serait l'intérêt du nom Egerton, mais pas le tien, jamais. Le sang qui te coule dans les veines est doux-amer, il t'attire autant que tu le négliges, et il n’y a jamais eu de visage que tu as souhaité voir se tordre de souffrance et de haine autant que celui si particulier de ta mère. Tu n'aurais même pas su l'expliquer. Tu n'avais pas d'arguments comme ceux que Castiel aurait pu avancer contre son père. Tu n'avais pas de reproches à lui faire à cette femme, sinon celui d'exister un peu trop fort, trop bruyamment, à empiéter trop sur ta liberté, tes émotions, tes ersatz de sentiments. C'était plutôt une pulsion qu'une ambition réfléchie, l'envie de l'empoigner, d'écraser sa poitrine sous tes genoux, de pénétrer son corps d'une lame de rasoir, couteau, scalpel, peu importe : réduire en pièces cette superficialité immonde, et voir son visage se peindre de violence, passionnément, tendrement presque. Tu ne sembles pas spécialement horrifié qu'elle finisse par se brûler à force de se rapprocher de ma famille, te lance-t-il finalement, et on en rirait. Tu n'étais pourtant pas un sadique du quotidien, mais elle... elle te rendait fou et passionné, presque cruel. « Vous me feriez plaisir, mais laissez-m'en un peu ou je vais être jaloux » lui réponds-tu avec une légèreté tout sourire, et l'on en viendrait presque à se demander si tu le penses, ou si au contraire tu te moques de lui et des siens. Pourquoi souhaitais-tu tant la voir souffrir ? Oh, seulement parce qu'elle est superbe quand elle souffre, rien de plus remarquable que ses traits déchirés de colère. Fascinante et détestable. Dieu, que tu la hais. Si tu avais été à la place de ton père, tu ne l'aurais certainement pas traitée de cette manière, tu ne l'aurais pas négligée autant, tu ne l’aurais pas laissée faire ce qu’elle voulait - tu lui aurais donné ce qu'elle méritait. Tu lui aurais rappelé à qui appartient ce nom de famille, à qui elle s'est donnée presque contractuellement. Si ce n'est pas malheureux, un gâchis pareil.
Tu le laisses s'exprimer sur la question, attentif sans pour autant te sentir particulièrement concerné. Cela les regardait, tu étais curieux mais s'ils décidaient de ne pas y prêter plus que cela attention, qui étais-tu pour leur dire quoi faire ? Tout ce qui t'importait, c'était d'avancer le sujet sur la table, connaître leur position et leur faire part de la tienne. C'était surtout cela dont il était question : leur faire comprendre que tu te dédouanais des actions de ta mère, et qu'il n'y avait aucun participant dans cette joute que tu ne souhaitais pas voir perdre. Cependant il te rassure -non pas que tu sois particulièrement inquiet- et t'apprend qu'ils ne la prendront pas à la légère. Aussi médiocre qu'elle soit, et quand bien même tu as beau dire qu'elle en sortira vainqueur aussi longtemps qu'elle aura su les gêner et se donner de l'importance. Mais il prend toutes les informations que tu lui donnes et tu n'espérais rien de plus. Tu acquiesces, ravi d'apprendre que l'inaccessible Gideon devra écouter ce dont tu lui faisais part - un très grand bonhomme que celui-là, tout intéressant et atypique, mais que tu ne peux malheureusement pas approcher d'un centimètre. Catherine et sa vengeance n'ont juste pas leur place dans notre système, de cela tu en es déjà moins sûr. Sa fierté de triton pourra bien raconter ce qu'elle veut, on est toujours concerné par les ennemis que l'on se fait, que cela nous plaise ou non - s'ils n'apprennent pas à composer avec elle, ils ne devront pas s'étonner de se confronter à des complications. Mais cela n'est plus de ton ressort, et malgré tout Castiel semble être conscient de l'enjeu qui se joue, sans compter - comme il se charge de conclure - qu'il ne sera jamais que le spectateur relégué derrière les barreaux. S'il le faut, tu te chargeras en personne de lui rapporter ta version des faits pour l'occuper le temps que cela durera. Pour son bon plaisir, ou peut-être déplaisir plutôt.

Après cela, il fut question d'Anthéa, pour toi une frustration brève de ne pas le voir plus investi - mais c’était peut-être aussi dans son intérêt de jouer l’indifférent pour ne pas t’inspirer l’envie d’aller en ce sens. Et ce serait assez bien joué de sa part, puisque tu avais moins de goût à faire les choses quand on t’en donnait le droit. Puis, le départ, sur une dernière curiosité de ta part.
Tu voulais savoir pourquoi il avait gardé Charlotte aussi longtemps. Tout comme tu voulais savoir ce qui l'avait poussé à se rendre aux autorités. Non pas que tu étais opposé à l'un ou à l'autre, tu avais réclamé ton dû et il avait fini par te le rendre, le reste était dérisoire. Mais tu n'arrivais pas à en comprendre la logique, et la curiosité sortait pour toi les questions de derrière tes dents. Pourtant tu ne seras pas satisfait tout de suite, négligé par un plus tard, toujours repousser l’échéance. Tu es plutôt un homme patient dans ton genre, mais aussi insatiable, avide d’obtenir davantage, et le regard d’insistance que tu poses sur son sourire témoigne autant de ta résignation que de ta détermination. Bien sûr, ce n’est ni le lieu ni le moment, tu comprends cela mais tu le prends au mot, tu ne lâcheras pas prise : tu as bien l’intention de savoir ce dont il retourne. Même si tu dois attendre la fin de cinq ans de peine, même si tu dois lui sauver la vie pour cela, éviter que le secret ne s’enterre avec lui dans la tombe. C’est pénible. Pénible, mais nécessaire. « Que la fin justifie les moyens je peux l’admettre, mais Charlotte n’a jamais servi à rien. » Conclusion de cette affaire - Castiel avait sans doute trovué la seule et unique manière de rendre ta soeur utile, et elle en était morte, si cela permet de prouver sa valeur. Tu sauras, éventuellement, un jour lointain. Mais Castiel a décidé de te faire languir.
Quant à cette autre question que tu te poses, il y répond au moins : pourquoi, pourquoi se dénoncer aux autorités quand on a échappé tout ce temps à leur vigilance, pourquoi risquer de tout perdre et renoncer à sa liberté ? Pour honorer son frère ? Non, c’est absurde. Quel intérêt y aurait-il à s’empêcher de vivre pour un homme déjà mort, et quitte à l’honorer autant mourir, c’était moins cruel à ton sens que de vivre enfermé. Non c’est autre chose, mais cette autre réponse est une énigme encore. La vengeance. Tu n’en sais pas assez sans doute pour comprendre comment l’un et l’autre sont liés, comment Castiel pouvait servir une vengeance en renonçant à sa liberté, mais tu n’en sauras pas davantage. Tu la notes pourtant cette réponse dans un coin de ton crâne, avec la certitude au moins que ce n’était pas là un point final. Seulement une accalmie, le calme d’avant la tempête, quelques années en suspens pour préparer la suite. Mais cela ne te regardait déjà plus, non pas que tu résisterais à l’envie de venir y fourrer ton nez. Pour l’heure toujours, il est temps que tu déposes les armes. Tu n’as rien à lui répondre, rien à commenter, juste ce regard d’insistance par dessus une bouche close, avant de l’abandonner aux fers qu’il s’est lui-même imposé.

clôture.
j'ai grave pris mon temps pardon
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