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 I pray for the wicked on the weekend + Kayanel

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I pray for the wicked on the weekend
Mama, can I get another amen?
Kabu ✧ Say
J’ai une gueule de bois du fond des Enfers. Je dis pas que c’est pas habituel chez moi, mais celle-ci est clairement pire que les autres. Je sais pas trop ce qu’il s’est passé, j’ai pas de grands souvenirs de la nuit dernière faut dire, je me rappelle surtout d’être allé au Drunk Mermaid, bar où je fous rarement les pieds en plus de ça, d’avoir bu quelques coups, puis c’est le putain de trou noir. Pas vraiment en fait, puisque j’ai fait ce rêve à la con pendant ce temps-là, mais presque. Je me souviens juste m’être traîné chez moi à la fin de la soirée, même si je me souviens pas bien comment j’ai attéri dans mon lit, et puis c’est tout. Je m’extirpe doucement du coma tandis que je me dirige non sans mal vers ma salle de bains. C’est pas comme si j’avais des médocs partout dans mes placards pour contrer les effets de l’alcool, en général je subis et j’attends que ça passe. Ce que je vais sûrement faire maintenant d’ailleurs. Je prends une douche, comme si l’eau froide allait m’anesthésier le crâne puis je m’habille. Je serais bien resté chez moi mais j’ai tendance à vite tourner en rond, faut le dire. J’ai pas spécialement de boulot aujourd’hui, et j’ai pas tellement envie de bosser non plus alors en enfourchant ma moto, je prends bien soin de choisir un itinéraire qui me ferait pas passer devant le garage de Gadreel. Si on l’écoute, il est incapable de gérer tout seul et je devrais l’aider tous les jours. Est-ce que j’ai franchement une gueule d’employé à temps plein, sérieusement?

Alors je me dirige non sans mal vers le seul lieu où je sais pertinemment qu’on me foutra la paix, et où je pourrais quémander un café sans avoir à le payer: le Kihashi Hotel. Je fais quelques rondes là-bas quand Kabu estime qu’il en a besoin, et ça me suffit à payer le loyer, en plus de mes autres missions. Puis je l’aime bien Kabu. On est pas loin d’être opposés sur toutes les facettes de nos personnalités, mais c’est la seule personne en ville que je ne déteste pas totalement, si on excepte Janet et Sasha. Et cette dernière, c’est avant tout parce que je suis pas loin d’y être obligé par les Dux, je n’ai pas encore réussi à fonder mon propre avis sur la demoiselle.

Je gare ma Harley sur le côté de l’hôtel, un peu cachée, pour éviter les mauvaises surprises, puis me dirige vers la porte, que je pousse avec entrain. Il doit pas être loin de midi, je pense. C’est dur de garder l’oeil sur le temps qui s’écoule, surtout après avoir passé la soirée du siècle sans pouvoir s’en souvenir un brin. Je passe devant l’accueil sans un regard. Je sais que je devrais, mais je suis pas des plus agréables, surtout quand je suis préoccupé avant tout par le mal qui me défonce le cerveau. Je me rends directement devant la porte du bureau de Kabu, fermée. Je dois avoir des restes de savoir-vivre puisque je décide de frapper, au lieu de rentrer brusquement comme s’il s’agissait de mon hôtel. Sans doute pour éviter de le retrouver à poil sur le bureau et de subir ce genre de vues. Rigolez pas, on s’est tous au moins une fois retrouvés l’engin à l’air dans un lieu public après une soirée arrosée. Mais la porte finit par s’ouvrir sur un Kihashi complètement habillé, ce qui a pour effet de me rassurer un peu.

“ Mec, j’ai passé une soirée folle, j’ai besoin d’un café. “ Autrement dit, s’il te plaît, dis moi que tu as du café avant que je décide d’assassiner ton hôtesse juste parce qu’elle m’a dit bonjour. Faut dire que j’aurais pu boire la caféine tant voulue chez moi si j’avais la bonne idée de faire des courses. Mais non, je préfère généralement acheter de la bière, c’est à croire que je ne connais pas le concept de nourriture ou de boissons non alcoolisées. “ Tu devineras jamais de quoi j’ai rêvé. “ Je suis, généralement, pas franchement du genre à raconter mes rêves, notamment parce qu’ils sont généralement emplis des traumatismes de guerre. Parce que personne n’a vraiment envie d’avoir la parole d’un vétéran sur la conscience, de voir ce que la guerre a fait de lui. Si c’était le cas, plus personne ne voudrait s’engager. “ J’étais dans une bagnole, et t’étais là aussi. Je crois qu’à un moment t’as ouvert le ventre d’une nana, c’était sauvage. T’as pas des biscuits aussi? “ Mon indifférence fait presque rire, mais pour ma défense, je parle d’un rêve. Même si j’aurais sûrement eu la même réaction sur un meurtre réel.
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I pray for the wicked on the weekend
Mama, can I get another amen?
Kabu ✧ Say
Je m’étais réveillé avec une sale envie de dégueuler. J’avais même été jusqu’à la chambre de ma gosse, mais elle était déjà retournée chez sa mère… Alors, j’avais été comme un con dans mon appartement. Je m’étais assis dans ma cuisine un temps. Regardant juste dehors. Je me grattais le cuir chevelu, en me demandant bien ce que j’allais faire aujourd’hui. J’avais pas envie de bosser, de toute façon, c’étaient Erlina et les cousines qui géraient pour la journée. Je ne bosserai qu’au soir. Heureusement. Parce que j’étais persuadé d’avoir été en soirée hier, d’avoir croisé des gens, d’avoir bu comme un trou, puis d’être tombé dans un trou, pour ensuite avoir un trou de mémoire. Du genre. Comment j’étais rentré chez moi, déjà ?

En regardant par la fenêtre, je vis ma camionnette. Garée comme un cul, mais elle était là. Donc… Est-ce que j’étais parti avec ? Ou j’étais rentré malgré l’alcool au volant ? Aucune fichue idée. Trou noir total. Par contre, si y’avait bien un truc dont je me souvenais, c’était mon rêve. Ou plutôt mon cauchemar. Dans lequel j’avais fini dans un sac poubelle.

J’étais blasé. Même dans mes rêves, je me voyais comme une ordure. Bien pour l’estime de soi-même hein ?

Pff, j’avais pas envie de rester chez moi. Encore moins quand Natasha n’était pas là. J’allais aller exactement au même endroit que d’habitude, l’endroit où j’étais pratiquement tout le temps en ce moment, mon hôtel. Mais pas à l’accueil, et encore moins au soleil. Nope. Lunettes noires sur le nez, casquette, vêtements confortables – peut-être un peu trop, vu que j’avais carrément les épaules de mon pull fin qui se barraient sur mes bras, faisant une espèce de haut de danseuse de flamenco, mais je m’en fichais un peu. Je voulais juste me cacher dans mon bureau, seul endroit où j’avais une machine à café qui fonctionnait.

Ah, oui, parce que si j’étais assis à rien foutre dans ma cuisine ce matin, c’était parce que je m’étais retrouvé devant ma machine à café cassée. Pourquoi ? Comment ? Aucune idée. Est-ce que je vous ai déjà touché un mot rapport à mon black-out ? Vous savez, l’histoire des trous ? Ouais ? Bah voilà.

Bref, donc, j’avais donc repris ma camionnette, qui eut du mal à démarrer. Elle était proche de la réserve. Tant pis, ça attendra. Je voulais du café.

Et une fois dans mon bureau, j’avais eu le plaisir de pouvoir faire couler au moins un litre de café, que je versai dans ma thermos en premier histoire d’en garder pour un moment, puis dans une tasse, noir sans sucre, pour boire ça ensuite, avec délice. J’étais dans mon bureau sombre, avec mes lunettes de soleil, c’était le désordre le plus complet, mais au moins, j’étais dans mon fauteuil. Bon, j’avais fini par retirer les lunettes de soleil, parce que la buée sur les verres, c’était pas génial.

Et j’avais savouré. Un bon moment. Jusqu’à ce que ça toque à ma porte. J’avais sursauté, comme un ermite à qui on coupait la retraite de façon totalement inopinée. C’était un inspecteur de l’hygiène ? J’espérais pas car si les chambres non occupées étaient nickel, mon bureau avait certainement une colonie quelque part de quelque chose, et je ne tenais pas à avoir un avertissement ou un ordre de fermeture. Puis, je devais avoir des yeux à faire peur. Je remis alors mes lunettes de soleil pour ouvrir.

Bah tient, Say. Je l’avais vu hier non ? Probablement, vu qu’il avait besoin d’un café. « Pas trop fort. C’est là. » Je pointai du doigt la thermos, qu’il se serve, déjà que c’était gratuit, j’allais pas y mettre le service et le sourire. Surtout qu’en plus j’avais à peine posé mon postérieur sur mon fauteuil qu’il voulait me parler de son rêve. Merde alors, j’étais devenu psy spécialisé dans les rêves maintenant ! Je roulai un peu des yeux, ça lui ressemblait pas. Ca devait être un sacré rêve pour qu’il vienne au lieu de m’envoyer un sms, ou de m’appeler à la limite.

J’étais en train de boire donc, en retirant mes lunettes de soleil – dévoilant ainsi mes yeux de panda défoncé au crack – quand je l’entendis décrire les grosses lignes.

Et en fait ça me disait quelque chose. J’y réfléchissais, tandis que je lui balançai un paquet de crackers qui trainaient par là. C’était chelou qu’il me raconte mon rêve en fait. J’étais certain de ne l’avoir raconté à personne, ce rêve. Est-ce que… Est-ce que ça voulait dire que ce n’était pas un rêve ? Noooon… J’avais pas buté une gamine quand même ? « Mec, juste pour être sûr. Tu avais des moufles, dans ton rêve ? Et des menottes ? » Quelque part, j’avais peur d’avoir raison. Parce que la seule explication au rêve commun, c’était que ce n’était pas un rêve. Et d’autre part j’avais peur d’avoir tort, parce que dans ce cas là, Say allait croire que je fantasmais sur lui avec des moufles et des menottes.

On a connu mieux comme fantasme.
©️ nightgaunt

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Kabu ✧ Say
Je suis quelqu’un qui rêve. Trop peut-être. Mais d’ordinaire, mes songes ont une allure bien différente. Des cauchemars, oui, comme celui-ci, à la différence près qu’ils concernent tous le même passage de ma vie, sans exception. Je n’ai pas fait un seul cauchemar depuis mon retour de l’armée qui ne me place pas au milieu d’une guerre. Celui-là était étrange, en dehors de mes habitudes, et c’est ça qui m’a alarmé. Alors on ne sait pourquoi j’ai eu besoin d’en parler. Kabu semblait la personne idéale pour cela. Mise à part Janet, il semblait être la seule personne qui se rapproche un tant soit peu de la définition toute particulière que je me fais de l’amitié. Puis en plus il faisait partie intégrante de mon délire, ce qui en faisait la personne toute désignée pour en subir le récit.Ce n’est pas comme si je pouvais vraiment tout raconter à Gadreel, qui se poserait sans doute des questions sur ma santé mentale, et j’ai ma psy à la con pour ça. Non pas que ça me fasse plaisir, mais c’est une des raisons pour lesquelles les Dux me laissent aller en mission. Je me dirige vers le thermos sans porter plus d’attention à l’homme qui me propose gentiment de me servir. Faut dire que quand je suis dans cet état, j’en oublie légèrement le savoir-vivre dont je suis plutôt dépourvu en règle générale. Mais là encore plus.

Je finis toutefois par me tourner vers Kabu, juste au moment où il retire ses lunettes. Moi qui pensait que j’avais une sale gueule, c’est dix fois pire de l’autre côté du bureau. Je hausse les sourcils, presque surpris. “ Je suis pas le seul à avoir profité hier soir hein.” Même si techniquement, j’ai tellement peu de souvenirs de ce qu’il s’est passé la veille que j’aurais tout aussi bien pu me prendre une caisse chez moi que ça aurait été pareil. Mais au moins suis-je assez lucide pour me souvenir du Drunk Mermaid. Je sais pas pourquoi j’ai changé mes habitudes de source à bières, mais je crois que j’y remettrais jamais les pieds. Trop de monde et une vibe beaucoup trop sympa pour moi.

Je finis par lui raconter mon rêve, enfin, du moins les bribes dont je me souviens. Faut dire que comme tout, ça commence à s’estomper au fur et à mesure que la journée avance, bientôt je l’oublierais sans doute. Un bonheur de l’esprit humain qui ne me permets pas d’avoir peur de fermer les yeux toutes les nuits pour me retourner une gifle dans la gueule si tôt que c’est fait. J’attrape les crackers pour en sortir un et l’enfourner dans ma bouche. Faut vraiment que je commence à me comporter comme un adulte et à remplir mon frigo, je suis déjà pas bien gros, ça risque de s’empirer si je fais pas gaffe. Sans compter que j’ai l’estomac d’un lion. Je m’arrête cependant alors que la réponse de mon interlocuteur a de quoi m’intriguer. Je fronce les sourcils, tentant de me rappeler les détails. Je pourrais sans doute même me souvenir du gout de la laine dans la bouche quand j’ai dû retirer les moufles avec les dents. “ C’est possible … Mais comment tu le sais?” Suspicieux et presque inquiet, si c’est une coincidence, on peut dire qu’elle part de loin. Toujours les sourcils froncés, je tente de me rappeler les souvenirs de la soirée jusqu’au moment où je serais allé dormir, sans succès. ” Une voiture sur le point d’exploser, un siège éjectable et un blond avec des cheveux de publicité, ça te dit aussi un truc?” J’ai côtoyé le surnaturel toute ma vie, et pourtant j’en suis encore au stade à me demander si on a juste pas pris des cachets sans se souvenir hier. Après tout c’est possible, je peux pas dire quel nombre de merdes j’ai testé au cours de ma vie, je peux pas me rappeler de tout. Et peut être que dans certains cas on peut se partager les trip, va savoir. Faut dire que j’ai pas l’intellect assez développé pour penser à une autre idée.

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Kabu ✧ Say
Ce qu’il me soufflait de son rêve, ça faisait dangereusement écho à ce que j’avais moi-même rêvé. En fait, pour être honnête, il y avait des détails qui étaient bien trop gros pour être honnête. Beaucoup trop gros. C’était bien pour cela que j’avais pris le risque de passer pour un pervers qui rêvait de son pote avec des menottes et des mouffles. Allez savoir qui aurait vraiment des idées pareilles, et justement, c’était le point. C’était la meilleure façon de mettre ces choses-là au clair. Mais malheureusement, pas d’accusation louche. Non. Juste, comment tu sais ? Il rajouta des détails, la bombe dans la caisse, le type qui a volé par le toit, et un blond digne des boys band. J’acquiesçai d’un air catastrophé.

J’avais l’air un peu idiot comme ça, le temps que les connexions se fassent. J’étais là avec ma tasse de café en suspens, le regard fixé sur le visage de mon pote en face. Noooon… Il n’était pas en train de mentir. Non, de toute façon, il ne pouvait pas inventer ce que j’avais moi-même rêvé. Et il était impossible qu’on rêve exactement de la même chose, en même temps, genre, ça n’avait jamais été déclaré comme scientifiquement possible, quand bien même je voudrais croire que Dieu était capable de miracles, ça, ce n’était pas un miracle, non. Donc… Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose.

Je crus bien lâcher ma tasse de café. Je la posai sur mon bureau, le visage totalement livide, déjà que je n’étais pas beaucoup bronzé, même avec l’été qui s’était écoulé. « Putain, Say, merde, j’ai étripé une gosse. » Le dire à voix haute, c’était encore plus horrible. J’en devenais encore plus vulgaire que d’habitude. J’avais tué quelqu’un, et pris ça pour un rêve. « Non, mec, mec, mec, attend, attend, yoso, watashi wa josei o koroshita, eu matei uma mulher, j’ai tué une femme, OH MON DIEU QU’EST-CE QUE J’AI FAIT ?! » Sur la panique, j’avais crié un peu fort, au point que je me suis vite levé, pour regarder aux stores de mon bureau s’il n’y avait personne aux alentours.

J’avais tué quelqu’un. Bordel de merde, ça, c’était pas quelque chose dont je pouvais demander l’absolution au prêtre, putain, non, je… Oh. J’ai buté une meuf et j’ai pris ça pour un rêve. J’en étais à voir des flics partout. Mais… « Non mais, réfléchis, on ne peut pas avoir rêvé de la même chose, exactement la même chose, je veux dire, les fées ou les lutins qui viennent te connecter des cerveaux pour faire le même cauchemar, ça ne peut être que la réalité, et on était beaucoup trop défoncés pour se rendre compte que c’était vrai. »

En disant ça, j’ouvris grand les yeux, pour ensuite me laisser lourdement tomber sur ma chaise de bureau. J’étais limite en train de voir ma vie défiler devant mes yeux. Je savais que je pouvais tomber bas, que j’étais tombé de haut déjà même, mais à ce point ? J’avais cru avoir passé une limite quand j’avais été jeter les punks dans un coin, mais ils n’étaient pas morts, normalement. Là… J’avais franchement dépassé une ligne où…

Oh. La vache.
©️ nightgaunt

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Kabu ✧ Say
Je suis venu dans le bureau de Kabu juste parce que je me sentais comme obligé de raconter le rêve que j’avais fait. Certes il me paraissait étrange, un peu trop vivide, mais je n’en faisais pas vraiment état, c’était un rêve, ou un cauchemar, sans doute qui me ramenait à mes années dans l’armée, on pouvait y retrouver un thème, pas vrai? La bombe qui explose, moi qui ne peut rien y faire, les mains liés, l’image du parfait incapable et tous les autres qui meurent autour. Ouais un rêve beaucoup trop précis qui n’en avait pas l’allure quand j’étais dedans, mais qu’est ce qui l’avait? Il est tout de même rare de se dire “ et là, je suis en train de rêver !” Non, généralement tu fais ta petite expérience de ton côté, t’as des pans entiers de l’histoire qui disparaissent, mais tu t’en fous, c’est qu’en te réveillant que tu te dis soit merde, soit tant mieux. Un rêve, en somme. Pourtant, je vois peu à peu, crackers à la bouche et tasse à la main, le visage de mon fabuleux ami se transformer. Je fronce les sourcils. Lorsqu’il se met à crier, je grimace et je suis pas loin de lui en foutre une pour le principe. “ Mec putain j’ai mal au crâne je t’ai dit !” Ouais, ça a tendance à me foutre très vite les nerfs quand on me gueule dans les oreilles et que ça se répercute sur ma migraine, c’est quand même pas de ma faute.

Je finis toutefois par boire une gorgée de café, poser tout ce que j’ai dans les mains et enfin m’approcher de Kabu. Je lui pose la main sur l’épaule pour qu’il arrête de faire les cent pas et je le force quelque peu à me regarder dans les yeux. Je sais pas si ça sert à grand-chose mais d’après mon daron, ça canalise pas mal les comportements de crise alors pourquoi pas. “ T’as tué personne, arrête de dire des conneries !” Je finis par lever les yeux au ciel. Forcément qu’il allait pas réussir à croire que l’on puisse faire exactement le même rêve, moi même j’ai du mal à penser à une coïncidence, mais faut dire que je vais pas trop vite en déductions non plus. “ Réfléchis deux minutes, à la fin la voiture nous fait tous exploser. On est là non? Qu’est ce qui te dit que la gamine l’est pas aussi?” C’est, somme toute, une question assez logique, presque au point de m’étonner moi-même. Je finis par retourner m’asseoir pour récupérer ma tasse. “ Tu la connais? Si elle venait du coin et qu’elle est morte, je suis prêt à parier que les infos l’auraient pas loupé, elle s’habillait pas à Primark la gosse.” Après des années à faire ce que je faisais, j’avais appris à reconnaître les cadavres que je pouvais me permettre de dissimuler moins bien que les autres … Et elle, de toute évidence, elle en faisait pas partie.

Mais il était pas si con Kabu et c’est plutôt drôle que c’est sur le ton de la panique qu’il s’est sans doute approché le plus de la vérité, alors que lui même n’était pas au courant du surnaturel. Du moins je le pense. Je n’en ai pas confirmation mais il n’en a jamais parlé, et je suis du genre à pister les signes le plus possible, ou c’est moi qui risque de me retrouver les entrailles à l’air. Ce serait probablement mérité d’ailleurs. ” Justement, tu penses pas qu’on aurait pu prendre un truc chelou, hier? Une drogue qui aurait pu produire ce genre de trip de masse?” A vrai dire, c’est une vraie question, je sais bien que je suis pas assez intelligent pour pouvoir savoir si c’est possible ou pas dans le monde réel. Peut-être que ça l’est, y a tellement de théorie du complot qui circule qu’on sait pas vraiment ce qui est vrai ou pas. Puis je perds pied entre un monde et l’autre, je connais l’existence de ces pilules qui font vriller les djinns, bien obligé, j’en ai affronté un, ce serait le même genre de délire? “ Ou un gaz? Si il faut, tous les gens dans le bar ont passé une sale nuit aussi.”


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Kabu ✧ Say
Il avait ses mains sur mes épaules, sûrement qu’il en avait plein le cul que je gueule comme une bonne femme, mais il m’tenait les épaules, œil contre œil, et il me disait des choses qui prenaient tellement leur sens que… Que bah, je suis surpris. J’aurais jamais cru qu’il dirait des trucs aussi logiques. Non pas que je le voies comme un con, Sayanel, mais ça avait plus l’air d’être la brute épaisse que la tête. Et j’avais oublié ce détail, ouais : on avait tous pété à la fin, pourtant, je m’étais bien réveillé dans mon plumard, la tête en vrac certes, mais bien vivant. Donc… Ce devait être un rêve. « Non, elle m’dit rien… Pas la gueule du quartier, en tout cas. » Je me revoyais déjà lui découper le ventre, et autour, les bijoux, les fringues qui semblaient sorties tout droit du placard de mon ex-femme, ces choses-là, c’était vraiment pas bête. « T’as raison. Ok, je me calme. »

Je finis par poser mes fesses sur mon siège, me resservant en café, et en profitant pour remplir à nouveau la tasse de Say. Je réfléchissais. Je n’aimais pas ça, car si tout ce qu’il disait été logique, il n’en restait pas moins que c’était vraiment troublant. Et des trucs troublants, si j’en avais vu, ça n’avait jamais été à ce point. En venir à croire à un rêve ?! Sérieux ? Il m’fallait une explication, un truc acceptable pour mon esprit devenu en alerte. « Une drogue… Un gaz… Ou peut-être même de l’hypnose. Un type qui suggèrerait le rêve, ça expliquerait qu’on fasse le même. Mais dans tous les cas, c’est débile. Pourquoi il aurait fait ça, si on se souvient pas de lui ? J’connais un type dans le business de l’hypnose et ce genre de trucs, et crois moi, quand il bosse, on sait qu’il est là. » Je pensais notamment à Mortimer, qui faisait des spectacles en tous genre, magicien, mentalisme, etc… Mais il n’était pas en ville aux dernières nouvelles. Puis, non, ça ne me satisfaisait pas comme explication.

Je me passai la main sur la tronche, pour ensuite dire tout ce que je pensais : « Tu sais, les trucs surnaturels, sorciers ou je ne sais pas quoi, j’y ai jamais vraiment cru, à ces conneries-là. Mais sérieux, imaginer que ça pourrait exister, ça me fout les jetons. J’préfère encore m’enquiller le chien de ces punks à la con. Dix fois. » Par réflexe, je jetai un œil à mon avant-bras, qui gardait encore une trace souvenir de cette bagarre. J’avais même pris un malin plaisir à abandonner les punks à moitié crevés près du Lac, tellement ça m’avait énervé de finir en si piteux état. « Ca me donne presque envie de vérifier au bar, t’sais. Si y’a des indices, ou je sais pas quoi. » C’était pas que j’allais me transformer en Inspecteur Colombo mais disons que j’étais prêt à prendre ma camionnette et à y faire un tour. Mais après quelques litres de café et d’aspirine. Là, j’étais pas au top de ma forme.
©️ nightgaunt

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Kabu ✧ Say
Y a plus ou moins deux solutions quand je m’énerve. Soit je pète la gueule du premier qui l’ouvre un peu trop fort, soit j’essaie de désamorcer la situation en restant logique. Je vais pas mentir, en règle générale, c’est plutôt la première solution qui l’emporte, mais j’ai pas spécialement envie de péter la gueule à Kabu. Surtout que si je suis énervé, c’est surtout que je manque de patience avec mon crâne qui vacille sous les coups de marteau de la migraine, et pas parce qu’il est spécialement rageant. On pourra dire aussi que je comprends pas bien ces états d’âme pour une gamine qu’on connait pas, mais là encore, c’est mon instinct de chasseur qui parle, le côté humain de ma personnalité s’étant apparemment barré prendre quelques vacances le temps que ma patience revienne. “ Puis une mort comme ça, ils en auraient forcément parlé aux infos…” Bon c’est pas comme si j’étais un grand adepte du journal mais ce genre de nouvelles, en général, on en parle assez pour que ça m’arrive aux oreilles. “ Et sauf si je me trompe, t’es pas devenu le Jack l’Eventreur de Bray jusqu’ici.” Bon je parlerais pas du fait qu’il ait sans doute bel et bien éventré une fille pour une clé, digne de Saw, parce qu’il m’a l’air quand même bien marqué, le Kabu.

Je finis ma tasse de café puis la repose sur le bureau, tout en écoutant les nouveaux questionnements de Kabu. Il n’a pas vraiment tort, non pas que j’y connaisse quoique ce soit dans le domaine de l’hypnose et de toutes ses conneries, mais je vois pas encore bien le but de la manoeuvre. “ De toute façon je pense pas qu’un hypnotiseur, quel qu’il soit ait l’emprise nécessaire sur tant de personnes en même temps pour un truc aussi précis.” Sans compter que dans le bar, si mes souvenirs sont bons, y avait pas que six pékins - ceux de la voiture - mais beaucoup plus que ça. Je me demande bien ce qu’ils ont pu voir ceux-là. Peut-être la même chose mais différentes voitures? J’ai beau tenter de ne pas penser à la magie, c’est quand même clair que ce qu’il s’est produit est bien loin d’être totalement naturel. “ Le plus logique ça reste le coup du gaz.” Mais même ça, c’est quand même dur à avaler, même moi je m’en rends compte. De toute manière, dès qu’on part de la réalité, je suis pas vraiment des plus sereins. Donnez moi quinze métamorphes à abattre et je vous les nique en deux temps trois mouvements, mais à partir du moment où ça attaque l’esprit de chacun, et je suis paumé. La force physique c’est plus ou moins le seul truc que je maîtrise et globalement le seul truc où les chasseurs peuvent avoir un impact. Si le mec qui a organisé la petite sauterie d’hier soir avait décidé de tous nous buter, on serait morts, moi le premier.

Je ne dirais pas que ça me fait flipper, ce genre de pensée. Parce que finalement, j’aurais rien pu y faire, et je suis pas mort, donc pas la peine de ressasser la chose pendant trois plombes et demi, mais ça me laisse à penser que le surnaturel, j’aime définitivement pas ça, qu’on se le dise. Et Kabu fait comme écho à ma propre pensée. “ Amen à ça. Même si personnellement, je suis quand même persuadé que dès qu’y a une saloperie, ça sert à rien de s’inventer des démons qui existent pas, y a bien assez d’enfoirés sur cette Terre pour que tout soit envisageable sans pouvoirs magiques.” Quelque part, les humains pouvaient, à bien des niveaux, être pires que les surnaturels, même si ceux là, je me suis pas engagé à tous les tuer jusqu’au dernier. Y a globalement très peu de personnes qui méritent de vivre et je me compte pas spécialement dans le lot. “ Tu veux qu’on aille voir? J’ai pas grand-chose à foutre aujourd’hui de toute façon.” Même si je pense pas vraiment qu’on trouve quoique ce soit … C’est peut-être pour ça que j’ai proposé, aussi.



©️ nightgaunt
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Kabu ✧ Say
J’étais content de croiser un type qui n’mettait pas le surnaturel sur un piédestal. Ca changeait de tous ces gens qui aimaient un peu trop prendre la fiction pour de la réalité. J’avais rien contre Harry Potter et autres romans du style, après tout, toute société avait sa part de rêve et d’imaginaire, simplement, je n’appréciais pas plus que ça qu’on le pense vraiment réel. Après tout, si ça s’appellait sur-naturel, c’était bien parce que c’était tout, sauf naturel. Je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas l’idée qu’un truc caché puisse avoir un pouvoir supérieur, inexplicable, inexpliqué. Cette idée me révulsait totalement, surtout que ce pouvoir était bien trop dangereux pour être acceptable. Donc, fuite de gaz, hypnotiseur, peu m’importait. J’avais besoin de comprendre. Au moins… J’étais sûr de pas être le nouveau Jack The Ripper. Il n’avait pas tort, et s’il ne paraissait pas être une lumière la plupart du temps, il était capable de réagir dans les pires moments au moins.

C’était bien un pote. Même si parfois j’avais du mal à définir ce qu’il était pour moi, voire même je me demandais si lui-même définissait un truc, là sur ce coup, j’le voyais vraiment comme un pote. C’était agréable, d’avoir quelqu’un là où j’me sentais seul. Du coup, la décision était prise, même si c’était pour rien, autant aller voir ce qu’il s’y passait, au bar. On pourra par exemple en profiter pour reboire un coup. Probablement un café, entre nous. Mais avant d’y aller… « Tient, une aspirine. » J’trouvais que c’était quand même une bonne idée, avant de devoir sortir là où la lumière n’était pas protégée par des stores. Les lunettes de soleil ça n’faisait pas tout…

Et une fois l’aspirine au goût immonde de médoc effervescent avalée, je remis mes lunettes de soleil pour ouvrir la porte du bureau. J’avais du bol qu’il ne fasse pas particulièrement beau… Et l’air un peu frais avait l’avantage de me fouetter un peu. J’allais pouvoir conduire.

Quoique, ce n’était pas si loin à pied. Peu importait la façon d’y aller, j’voulais juste y être.

Et sur place, évidemment… Aucun indice. Genre, y’avait rien de plus qu’un bar qui avait ses ivrognes, ses consommateurs de passage, et accessoirement quelques paumés qui avaient probablement juste mal aux pieds et qui commandaient un café juste pour avoir le droit de s’asseoir un moment. D’un air torve, j’avais juste fait un regard circulaire pour soupirer. « Bon bah… J’suppose que je saurai jamais ce qu’il s’est passé. Fait chier. » J’aimais vraiment pas l’idée d’être tombé dans un traquenard sans comprendre au moins comment faire en sorte que ça n’arrive plus.
©️ nightgaunt

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Mama, can I get another amen?
Kabu ✧ Say
Parler du surnaturel alors que j’en connais un rayon, mais sans rien dévoiler, c’est toujours quelque chose de complexe. Y en a bien quelques uns qui pensent que donner au monde un aperçu de ce qu’il y a vraiment au dehors est important, même vital pour la survie de chacun, mais c’est des conneries. Que le surnaturel soit connu de tous, pour moi, ça ne peut mener qu’à deux situations qu’on a absolument besoin d’éviter. La première, la plus évidente, c’est de diviser les pensées, que le débat qui s’agite en arrière-plan devienne mondial, des sympathisants et des opposants, mettant tout le monde au parfum, ça ne peut qu’être dangereux. Et pour ceux-là, on pourrait bien penser qu’il y aurait également de nouveaux chasseurs ayant trop vu de films et de séries fantastiques pour distinguer la réalité. On est pas à la télé, pas dans un univers de fiction, à partir du moment où on se fait ouvrir le ventre, on meurt, quand on se prend une balle, on peut avoir de la chance, comme moi, et partir en rééducation, longue et douloureuse, ou on en crève. On aurait trop de personnes qui se penseraient militaires et experts à force de regarder des mecs sans aucun talent tuer du zombie aux heures de grande écoute. Alors non, je ne tiens pas spécialement à être celui qui apprendra à Kabu ce qu’il se passe. Déjà parce que je sais clairement pas faire, j’ai aucun tact et j’en suis conscient. Et ensuite parce que plus les autres resteront dans l’ignorance, moins y aura de chance pour que la vérité soit exposée. Je me demande réellement quel contrôle les Dux doivent déployer pour que l’information n’ait pas encore fuitée. Mais je dois dire qu’entre les Surnaturels et les autres, il y a bien de censure obligatoirement exercée.

Je prends donc l’aspirine qu’il me tend. C’est putain de dégueulasse mais en général ça fait le boulot, et je saute sur l’occasion pour changer de sujet. Se retrouver dans un bar avec la gueule de bois, c’est pas l’idée la plus brillante que j’ai jamais eu, mais au moins ça nous ferait faire quelque chose. Lui, surtout. Je suppose que les Dux doivent déjà savoir d’où vient le problème et en insistant un peu, je suis pratiquement sûr de pouvoir tirer les vers du nez de Lenny, mais pour Kabu, c’est une toute autre histoire. Alors on y va, dans ce bar, qui n’est pas si loin. Faut dire que la ville est tellement petite qu’on a pas besoin de deux heures pour aller d’un bout à l’autre quand on connait le chemin.

On y entre, il est presque vide. La salle est rangée, dans un meilleur état que celle que vous avez quitté la veille, faut le dire. Si y a bien un bar avec un staff consciencieux, c’est sûrement celui-là. On regarde un peu alentours, au sol, sur le comptoir, sous les chaises, l’air de rien, comme si on savait exactement quoi chercher. Et peut-être que c’est là, peut-être que si je faisais pas semblant je trouverais quelque chose, mais j’ai pas envie de chercher, pas lui donner raison, envie de voir plus loin, c’est pas pour ça que je me suis déplacé. Alors je le laisse baisser les bras, comme si j’avais fait mon maximum. Je vais pour lui répondre quand mon téléphone sonne. Un coup d’oeil à l’appelant et je grogne. “ Ouais? Ok, reste où t’es, j’arrive dans cinq minutes.” Je raccroche pour me tourner vers Kabu qui tire une gueule de six pieds de long. ” Désolé, je peux pas rester plus longtemps, j’ai mon père qui a besoin de moi.” Pas la peine de lui signifier pourquoi, de toute manière je préfère ne rien dire que de mentir. En deux minutes je suis dehors, me félicitant d’avoir amené ma Harley jusque là. Gueule de bois ou pas, j’ai le devoir qui appelle.

©️ nightgaunt


FIN
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