Le deal à ne pas rater :
Google Pixel 7 5G – Smartphone 6,3″ OLED FHD+ 8 Go + 128 Go
316 €
Voir le deal

 

 Blues | ft. Utah & Dagda

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
avatar
Invité
Blues
Le beau gosse, le taulard et le raté

« I'm blue da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa »
Tu sais pas où tu vas. Non mais vraiment, pour une fois c’est pas le début d’une réflexion métaphysique sur le sens de ton existence et ta place dans l’univers, sur ton absence de destin et d’objectif, ou sur ta mort beaucoup trop proche : tu sais vraiment pas où tu vas. Déjà, parce que t’es aveugle et que t’as encore un mal fou à t’y faire, rien que pour faire dix pas sans te casser la gueule, et ensuite, parce qu’on t’a pas dit où t’allais, et comme t’es une victime un peu teubée, t’oses pas insister pour le savoir.

Tu sais pas où tu vas mais c’est pas grave, parce que Utah, lui, sait. C’est lui qui t’emmène, c’est lui qui a décidé où vous alliez. Il t’a pas dit où ni pourquoi, il t'a juste dit "Viens". Mais t’as confiance en lui - c’est peut-être pas la meilleure idée que t’aies eu dans ta vie mais t’as confiance en lui. Après tout, ça a toujours été un peu comme ça entre vous, et avec sa soeur de même. Eux, ils allaient quelque part, et toi tu suivais en retrait, à ton rythme. Tu demandais pas où vous alliez, parce que tu t’en foutais faut dire, tout ce qui comptait à l’époque, c’était que tu sois avec eux. Dans leurs pattes, comme un boulet, cet espèce de sac de rando encombrant que personne veut porter - mais en moins utile cependant. T’as jamais trop compris pourquoi ils te traînaient avec eux, pourquoi ils faisaient l’effort de t’attendre quand tu traînais la patte. Peut-être qu’ils t’aimaient bien, peut-être que tu leur faisais pitié, sûrement les deux d’ailleurs. Alaska t’avait imposé à son frangin, d'une certaine manière. Le pauvre qui devait déjà se taper ta gueule à longueur de journée quand vous finissiez dans la même classe, voilà qu’il se la coltinait encore le reste du temps. J’imagine que ça devait l’irriter un peu au début, d'autant que t'avais pas une réputation dorée, mais c’est pas plus mal que vous soyez passé par là. Vous êtes tellement pas compatibles, à vous voir l’un à côté de l’autre on se demande sincèrement ce qui peut faire que vous soyez amis. Même toi t’en sais rien - entre ce type fêtard comme pas deux, trop sociable, trop actif, toujours à taper la discute et à courir en tout sens, et toi la chiffe molle amorphe d’un mètre quatre-vingt dix qui pleurniche à côté parce qu’elle angoisse quand elle parle à des gens, y’a un gouffre monstrueux. Mais ça marche, et ça marche tellement que c’est peut-être bien à ce jour ta relation qui marche le mieux.

Mais là, il avait pas l’air bien. C’était difficile à dire bien sûr, puisque tu pouvais pas le “voir”, mais il avait l’air en colère et rien que pour ça, tu préférais t’écraser. Surtout que tu le sais : s’il est en colère, c’est à cause de toi. Bon, pas totalement - t’as pas non plus choisi d’être défiguré, mais à l’évidence, te voir dans cet état lui a vraiment pas plu. Tu comprends, t’aurais souffert qu'il finisse comme ça si c’était tombé sur lui, au point d’ailleurs que ça te rendait heureux que ce soit tombé sur toi. Mais tu t’en veux, tu culpabilises, parce que tu l’inquiètes et forcément tu préférerais que ce soit pas le cas. T’as essayé de le rassurer, mais un Rod qui rassure c’est jamais bien glorieux, ça a souvent l’effet inverse. Cette fois encore, ça a dû être le cas, quand t’as essayé de lui expliquer pourquoi t’avait la gueule à moitié ensevelie sous un bandage et pourquoi tu voyais plus rien. T’as essayé de lui dire que c’était pas de ton fait, que t’y étais pour rien. T’as essayé de lui dire qu’il avait plus besoin de s’en faire, parce que t’as pu échapper à celui qui t’a fait ça, que c'était fini et qu'on pouvait tourner la page. Sauf que t’as pas voulu dire qui était le responsable. Déjà parce que tu connaissais pas son nom, et ensuite parce que tu savais que ce gars-là, avec son coeur en or, ça restait un authentique inconscient, et qu’il était probablement capable d’aller sonner à sa porte d’entrée pour lui dire deux mots de ce qu’il pensait du chef d’oeuvre qu’il t’avait laissé sur la face. C’était un truc qui te fascinait chez Utah, cette propension à foncer dans le tas les yeux fermés, à risquer le pire comme si c’était trois fois rien. Toi, t’étais plutôt le genre à te mordre les doigts en le regardant faire, et à angoisser pour qu’il lui arrive pas une merde. Sauf que cette fois, c’était trop gros pour lui. Tu le savais pertinemment, alors il était pas question que tu parles.

Tu saurais même pas dire dans quel quartier vous êtes, ça faisait un moment que tu avais décroché déjà. Tu t'accrochais à lui puisqu'il guidait tes pas, t'avais ta canne avec toi mais elle te servait pas à grand chose là tout de suite. T'étais juste concentré sur tes pieds, parce que tu te savais maladroit - déjà quand tu voyais, tu préférais pas marcher trop vite au risque de te cogner contre un bord de trottoir, de te vautrer et d'attirer à toi des rires désagréables et un peu trop communs. C'est seulement quand tu le sens ralentir sa cadence que tu te permets de l'interroger timidement, raffermissant ta prise sur son bras pour attirer son attention. « Où on est, Utah ? » T'es pas au summum de ton aise, tu l'es rarement en extérieur depuis ta perte de vue, et c'est jamais vraiment agréable de devoir se fier aux dires de quelqu'un pour se situer sur la carte de Bray. D'autant qu'il y a quelques coins que tu préférerais éviter, pour pas croiser un certain psychopathe. Mais la prudence, c'était aussi par égard pour ton guide de la journée - tu te disais que t'allais quand même devoir faire profil bas quelques temps pour te faire pardonner.
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité

❝ Blues ❞Rod & Dag' & Utah

Allongé sur le canapé, une bière à la main, j'écoute le silence de la maison. Alaska n'est pas là, Yukon ne vient pas souvent et Dallas ... Je bois une gorgée de ma bière à cette pensée. Dallas. Certains prétendent que le temps apaise les blessures, mais cela fait 3 ans et j'ai toujours le coeur meurtri quand je pense à lui. Est-ce trop tôt ? Mais quand est-ce que je pourrais penser à lui sans avoir l'impression qu'on me broie le coeur ? Je l'ignore et ça m'agace, alors je bois une gorgée de plus. Paye ton petit déjeuner, une bière au réveil, j'ai connu mieux comme équilibre alimentaire. Mais ce n'est pas la journée il faut croire. J'ai très mal dormi, je me suis réveillé avec la migraine et là je sens l'angoisse monter lentement, mais surement. J'ai aucune envie d'aller travailler, du coup j'ai envoyé un sms à mon père, lui disant que je bosserais de chez moi. Est-ce qu'il m'a cru ? Je l'ignore, mais s'il passe à la maison, il constatera par lui-même qu'il n'y a personne. Car oui, hors de question de broyer du noir chez moi, seul, je finis ma bière et je vais voir Rod. Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vu, j'ai envie de passer la journée avec lui.

Je pose ma canette sur la table basse et je vais rejoindre la salle de bain pour essayer de me délasser sous une bonne douche chaude. Certains me demandent comment je fais pour supporter un mec comme Rod. Je crois que beaucoup ne comprennent pas ce qui nous lie tous les deux et je ne peux pas trop leur en vouloir, on est si différents tous les deux. Je me contente souvent de leur dire que c'est un pote d'enfance, d'un ton qui n'autorise aucune autre question. Je mens un peu, pour être honnête, on ne se connaît pas depuis si longtemps que ça ou plutôt notre amitié ne date pas de cette époque là. On se connaît depuis longtemps, c'est un fait, pas autant que Juliet, mais ça fait un baille quand même. C'est Alaska qui l'a introduit dans nos vies, sans trop nous poser de questions. Garçon malingre, maladroit et timide, on n'avait définitivement pas grand chose en commun. Au début je m'en foutais un peu, je le supportais parce que ma soeur me le demandait, sans chercher plus loin. Mais j'ai fini par m'y attacher et aujourd'hui je n'imagine pas ma vie sans lui. En même temps, on a passé pas mal d'années dans la même classe tous les deux, ça resserre les liens. Je voyais bien comment les autres le traitaient parfois et comment il se défendait. Je ne pouvais pas les laisser faire, ça me gonflais de le voir se faire victimiser. Utah, le protecteur des causes perdues ! C'était ce que certains aimaient à dire et au final, ils n'ont peut-être pas totalement tort, il suffit de voir la gueule qu'il m'a offert quand j'ai frappé à sa porte ...

Mais putain qu'est-ce qui t'es arrivé ? Lui demandais-je en fonçant dans son appartement, comme si son agresseur était toujours sur les lieux du crime. Monsieur a essayé de me mentir, mais on ne me l'a fait pas à moi et il le sait très bien. Il a fini par me dire qu'on s'en était pris à lui, sans que jamais il ne lâche le nom de cet enfoiré. "Rod ! Si tu sais qui t'a fait ça, il faut que tu me le dises ... Je vais lui démonter la face à coup de barre à mine, on va voir s'il va kiffer !" Mais je n'ai jamais obtenu de nom. Préfère-t-il protéger son agresseur ? Le connaissant, il en serait bien capable, le boulet ! Ne le connaît-il vraiment pas ? Je l'ignore et ça m'énerve. Ca m'énerve tellement que je tourne en rond dans son salon, comme un ours en cage. Et puis je finis par céder à l'agacement et je le tire par le bras Vient ! Ca sonne comme un ordre et vu comment je ne lui laisse pas le choix en l'entraînant à ma suite, il comprend facilement qu'il ne pourra pas lutter bien longtemps, alors autant céder tout de suite. Je n'ai pas le permis, alors on arpente rapidement les rues de Bray. J'ai une seule idée en tête, retrouver mon pote Dagda, je sais qu'il aura de quoi nous dépanner un peu. J'ai trop les nerfs, il faut que je fume un truc et ça ne fera définitivement pas de mal à Rod de fumer aussi. Je ralentis le pas quand j'arrive à proximité de l'appartement de mon pote. J'ignore s'ils se connaissent ou pas, sincèrement je ne me suis jamais posé la question. C'est une probabilité, après tout, je les ai connu approximativement vers la même période, même si au final je connais Rod depuis plus longtemps, on est vraiment devenu pote durant notre adolescence, ce qui était le cas avec Dag aussi. Mais bon, Rod n'est pas un gars ultra sociable, alors ils auraient pu se croiser sans jamais se parler, le connaissant ça serait tellement probable. En toute honnêteté, actuellement je n'y pense pas du tout, j'aide juste Rod à monter les escaliers On va voir un pote. On a besoin d'un petit remontant tous les deux ! On finit par arriver devant le pallier de Dag' et je frappe à sa porte. On attend quelques instants avant que la porte s'ouvre Salut Dag' ! J'te dérange ?! T'aurais pas un p'tit truc à dépanner ? Lui demandais-je sans détour. Ils me connaissent depuis longtemps, ils savent que je ne suis définitivement pas le genre de mec à tourner autour du pot 15 ans.


©️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
❝ let’s smoke weed everyday ❞bluesLe matin, j’avais ma routine. Je me réveillais tôt, comme d’habitude. C’était ma façon de montrer à mes parents que je n’étais pas uniquement un branleur, pour eux, se lever aux aurores, c’était une façon d’être sérieux. Enfin, j’avais envie de dire, ce n’était pas parce que je me réveillais avant eux que j’en foutais plus dans la journée hein. Mais voilà, je leur préparais le café, le petit déjeuner irlandais par excellence : œuf, saucisse, bacon… La totale. Certains pays pouvaient mater notre repas matinal d’un œil un peu sceptique, mais personnellement, je n’ai jamais compris comment les français pouvaient partir bosser toute la matinée avec seulement du blé et du lait dans le bide. Genre, passer le matin à prier pour le midi, très peu pour les irlandais, si vous voulez mon avis. Enfin, pour les irlandais qui avaient un Dagda domestiqué qui le préparait pour eux. Puis, dès qu’ils étaient passés, j’mettais ma part ailleurs, dans une assiette, pendant que mes parents mangeaient les leurs, me remerciant d’être aussi adorable. Après, je retournais dans ma chambre, pour passer sur mon p’tit balcon, avachi sur une chaise certainement plus vieille que moi, et je me roulais un bédave pour bien démarrer cette journée, pour affronter le monde avec un regard plus trouble, afin de pas voir la merde qui m’entourait. Et aussi pour supporter cette douleur sourde que j’avais en moi depuis bientôt six ans maintenant. Cette même douleur qui m’avait mené en pleine nuit dans un cimetière à trois heures du mat’ vers Noël, là où j’ai rencontré le mec qui était visiblement prêt à enterrer un corps pour moi, juste parce que je lui demandais gentiment.

Tout ça, la souffrance atténuée, la vue trouble, ça vint avec les premières taffes, qui n’avaient pas spécialement d’effet, c’étaient les premières, mais au moins je savais que ça allait venir, alors ça allait mieux. Et c’était comme ça toute la journée, je m’embourbais un peu, à me faire chier, j’avais même plus envie de chercher un boulot, j’voulais juste passer mes journées comme ça, j’le voulais plus, mais j’le voulais, parce que… Bah qu’est-ce que je pouvais faire d’autre hein ? Parfois, j’pensais comme ça toute la journée, et le lendemain j’avais envie de me bouger le cul, plus ça allait, moins ça allait. Il fallait dire aussi que le rateau que j’avais pris y’avait déjà quelques semaines, il avait sérieusement attaqué ma motivation. Yelena, c’était une meuf au top, une bombe qui avait bien voulu de moi malgré mes tatouages de partout et ma gueule de je-m’en-fous, j’avais passé une nuit avec elle, puis j’avais attendu de ses nouvelles, j’avais envoyé des messages, mais fallait croire qu’elle n’était que de passage. J’étais retourné dans son appartement, elle devrait y être normalement, mais elle n’était pas là, et elle ne fut plus jamais là. Râteau ! Mes félicitations, monsieur Fitzpatrick, vous avez obtenu votre bac pro Jardiland, avec mention « Sa mère, il était violent comme un tractopelle celui-là ».

Fallait que j’arrête de ruminer. Ca me donnait l’impression qu’on toquait à la porte en bas, comme si j’avais de la compagnie. Enfin, c’était encore possible… Je me penchai vers le rebord de ma terrasse, histoire de voir si j’captais du monde en bas, si y’avait vraiment un branleur du matin qui débarquait, mais en fait, il était même pas tout seul, mon branleur préféré, y’avait même son junior ! Et c’était Utah, parfait, il allait certainement vouloir continuer ma cérémonie matinale. Enfin, matinale… Il était quasiment dix heures là, même plus l’heure de bouffer ce que j’avais cuisiné. J’dévalai alors les escaliers pour lui ouvrir. Et il m’confirma même qu’il voulait fumer, et bien sûr que j’avais de quoi dépanner, bah alors frère, t’avais oublié à quelle porte t’avait toqué ? J’fis même pas attention à celui qui était derrière lui, en fait, y’avait Utah, c’était parfait pour m’remonter le moral. Alors, j’les guidai vers ma chambre, réflexe d’ado qui fait qu’on accueille pas les gens dans le salon comme les adultes. De toute façon, la baraque était blindée à crever des preuves que mes parents étaient catho – et que je l’étais un peu aussi, parce que voilà, l’éducation, et j’y croyais un peu malgré-moi. Entre les croix et autres photos de pèlerinage, voilà, j’préférais quand même ma chambre, entre deux posters d’Avenged Sevenfold et autre Panic ! at the disco, c’était légèrement mieux. Et au moins, y’avait un canapé lit tellement usé qu’il en était devenu confortable, en face de mon propre pieu une place. Y’avait des trous dans les lattes, c’qui faisait qu’on s’enfonçait dedans. Utah savait où aller façon, pas comme s’il était pas habitué, quant à l’autre, qu’il suive l’exemple. Moi, j’soulevai mon matelas pour récupérer la boite à beuh, celle qui contenait assez de réserve pour un mois normalement, pour commencer à rouler à la chaîne – un chacun.

Enfin, à peine avais-je posé mon cul sur le plumard que je vis la tronche du branleur junior.

« Putain frère, tu m’as ramené un vétéran ou bien ? On dirait qu’une horde de leprechauns l’ont écrasé – et pour qu’ils l’écrasent, ils devaient être foutrement nombreux hein. »

Il m’disait un truc, ce type, à travers sa tronche défoncée et sa taille de cyclope post-lipposuccion extrême. Mais alors, qui, quoi, quand, comment, pourquoi ? Aucune idée, m’demandez rien, j’ai pas assez émergé, quand bien même j’serais réveillé depuis des heures déjà. Et j’allais certainement pas émerger avant de m’endormir – comprendre jamais, en fait.
©️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Blues
Le beau gosse, le taulard et le raté

« I'm blue da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa »
Tu ne lui diras pas. Jamais, tu ne dois pas lui dire. Tu es un esprit faible Rod, tu as toujours eu du mal à être obstiné. La peur de fâcher l’autre, la peur d’être abandonné, d’être laissé seul face à tout ce que tu devais affronter, la peur de décevoir, la peur des représailles. Quand on insiste, tu finis par craquer, tu te dis que de toute façon tu n’en vaux pas la peine. A quoi bon résister, ce n’était pas comme si ça avait grande importance. Dans l’état où t’avait poussé la dépression depuis de longues années déjà, bien peu de choses avaient encore de l’importance. Tu t’étais mis à accepter la fatalité, les gens qui s’en vont, qui abandonnent, qui ne veulent plus de toi. Il y a ceux qui t’insultent, qui se moquent ou qui te battent, mais ce ne sont pas ceux qui te rendent le plus malheureux, parce que de ceux-là tu as l'habitude. Et puis il y a ceux qui ont pitié, qui te disent qu’ils sont là, et qui du jour au lendemain disparaissent parce qu’ils ne veulent plus se mêler à une vie aussi pathétique. Yukon. Alix. Alors tu ne résistes plus, tu obéis sous l’insistance, sous la menace, tu te livres à la fatalité, tu acceptes ton sort. Mais cette fois-ci, la chose est différente. Cette fois-ci, il s’agit de celui qui ne t’a jamais laissé tomber, qui n’a jamais rompu le contact - et cette fois-ci, si tu parlais, c’est lui qui en pâtirait le plus. Tu t’en foutais de souffrir en silence. Mais que Utah finisse entre les mains de ce monstre avec un oeil arraché - jamais. Jamais. Jamais.
Il avait l’air d’avoir abandonné l’idée d’insister. Qu’il renonce à savoir ne lui ressemblait pas vraiment, ça aurait dû te mettre la puce à l’oreille sans doute, mais tu étais tellement ravi qu’il arrête que tu aurais été prêt à accepter n’importe quoi pour lui faire changer de sujet. Tu étais pourtant si loin d’être rassuré, et tu le fus bien moins encore lorsqu’il t’apprit que vous alliez en fait voir quelqu’un. Un ami de Utah, d’accord, mais s’il ne t’en donnait pas le nom, c’était a priori que tu ne le connaissais pas. Et tu n’étais vraiment pas à l’aise avec les nouvelles rencontres, surtout à présent que tu étais aveugle et défiguré. Tu avais peur de la moquerie, de l’humiliation, peur de sentir le malaise dans le fond de leur voix, l’envie que tu t’en ailles très vite et très loin pour ne plus avoir à te faire face. Se confronter aux gens dans ton état était devenu plus que jamais une épreuve, tu aurais aimé qu’il s’en rende compte. Il n’y avait rien que tu pouvais faire pour arranger ton état, pour cacher la misère. Tu ne savais même pas ce que tu montrais réellement au monde, mais tu te doutais que c’était insoutenable. Tu l’avais senti dans la colère de Utah, dans les larmes de Yukon, dans la faiblesse de Oswald qui s’excusait sans cesse pour des maladresses qu’il ne contrôlait pas. Tu étais devenu un poids, un vrai poids. Avant, tu étais un poids oubliable, on pouvait se contenter de faire comme si tu n’existais pas. A présent, tu étais de ces poids dont on ne peut détacher le regard. Et tu détestais ça.

Il le verra bien que t’es pas rassuré, mais tu ne dis rien, tu le laisses décider. Tu lui dois bien ça, tu es conscient après tout que tu n’es pas forcément la compagnie la plus agréable en ce moment et voir du monde lui fera du bien, même si tu préférerais que ce soit sans toi. Mais il te promet un remontant, et tu sais que tu aurais bien besoin, alors tu lui fais confiance. Tu le suis, tu te mures dans le silence. Jusqu’à entendre la porte s’ouvrir. Tu as retenu ton souffle, prêt à encaisser une remarque désobligeante, l’expression du choc ou du dégoût, n’importe quoi, mais rien ne vient, sinon la voix de Utah. Dag. Dag ? Le lien aurait été plus évident à faire s’il ne s’était pas contenté d’un diminutif, tu as du mal à faire le rapprochement avec l’identité du type en face, d’autant que déjà à votre précédente rencontre tu avais oublié son prénom. Et puis, t’avais presque entendu dog à la place, et le silence qui lui répondit ne fut pas pour te mettre à l’aise. Ton compagnon décida d’entrer, et toi, accroché à son bras, tu t’es fondu dans son sillage lentement, craignant de trébucher ou de percuter des affaires qui n’étaient pas à toi. Il ne manquerait plus que tu casses quelques choses dans la maison d’un inconnu, tu préférais ne pas prendre le risque de te le mettre tout de suite à dos. Ah, mais t’étais tellement pas au bout de tes peines. D’abord il y a eu l’escalier - et en ce moment, il te fallait sincèrement trois plombes pour parvenir à les monter. Si l’on ajoutait à cela le fait que tu n’avais pas la moindre envie de rester là et que tu aurais préféré que Utah te ramène à ton domicile et te tienne à l’écart de cet inconnu, on peut supposer qu’il t’aura fallu un temps trop long au final pour atteindre cette autre pièce, qui devait être une chambre mais cela tu n’en savais rien. « C’est pas une bonne idée. Je… Je suis pas sûr. » L’autre était déjà plus là pour t’entendre a priori, tu l’avais soufflé à Utah pendant qu’il t’aidait à grimper les marches - parce qu’il faut être honnête, s’il t’aidait pas, t’allais te contenter de rester en bas, pas question de monter à l’aveuglette, de te vautrer et de te faire mal. Tu étais beaucoup trop maladroit.
Quel soulagement ce fut de finalement atteindre la dernière marche. Mais le soulagement fut de courte durée, quand à peine entré dans la pièce, la voix de votre hôte s’est élevée pour finalement placer un commentaire. En soi, les mots, t’y prêtas que très peu d’importance - tu pensais plus à son timbre un peu blessant, mais surtout au fait que tu connaissais sa voix. T’aurais pas eu à vivre cette saleté de scène dans l’ascenseur, t’aurais sans doute pas réagi : c’était une connaissance qui remontait trop loin. Mais pour l’avoir entendu de tanner pendant un temps trop long où vous étiez enfermés, bloqués, avec un pseudo-incendie, t’as pas mis plus d’une seconde à perdre toutes les couleurs qu’il te restait. « Oh.. Oh non... » T’as resserré ta prise sur le bras de ton ami, tu t’y accrochais comme à un bouclier et tu t’es calé derrière, ce qui était sensiblement inutile puisque t’étais plus grand que lui et que donc ta tête en dépassait. « Utah je peux pas rester, il faut que j’y aille. Ramène-moi j’t’en prie. » T’étais inquiet, peut-être même angoissé pour le coup. Tu réalisais doucement quelle déduction il fallait que tu fasses : Utah et… Et merde, c’était quoi son nom déjà ? Dog ? Du coup, tu t’en souvenais toujours pas. Mais bref, ils étaient amis. Et t’étais pas franchement très jouasse d’apprendre ça à un moment pareil. S’ils pensaient te remonter, c’était très sincèrement mal parti.
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité

❝ Blues ❞Rod & Dag' & Utah

Retrouver Rod dans cet état là ne m'avais pas enchanté outre mesure. Surtout que cette tête de mule avait décidé de se taire, de ne pas piper un mot de ce qu'il s'est passé. Mais avec de l'acharnement, j'ai commencé un peu à entrevoir le sombre tableau qui se dessinait devant moi. Ce n'était pas qu'un vulgaire accident, on ne perd pas un oeil aussi facilement. Quelqu'un lui avait fait ça, quelqu'un qu'il voulait protéger ? Je l'ignore, j'avais la sensation qu'il voulait protéger quelqu'un, sans vraiment comprendre qui. Avait-il peur que j'aille droit vers le danger ? Avait-il peur que je blesse son agresseur ? Avec Rod, tout était de l'ordre du possible, il ne pensait pas toujours comme tout le monde. Ca m'a gonflé, sincèrement, de ne pas savoir, de ne pas avoir un nom, une identité à chercher, quelqu'un à frapper. Rod ne voulait rien lâcher et dans l'état actuel où il était, ce n'était pas forcément une bonne idée de l'harceler. Je ne veux pas qu'il s'effondre dans mes bras, je ne lui veux aucun mal. Je ne veux pas non plus appuyer là où ça fait mal ou retourner le couteau dans la plaie. Mais il faudra bien que je sache, je ne vais pas laisser tout ça impuni, parole de Wright.

Alors j'ai décidé de quitter son appartement, pour aller dans celui d'un vieil ami à moi. Je n'ai jamais réfléchi sur le fait qu'ils se connaissaient ou non, j'ignore qui sont les connaissances de mes potes de toute façon. Rod n'est pas quelqu'un d'extrêmement sociable, alors j'ai vraiment un gros doute sur le fait qu'ils puissent se connaître ces deux là. Ils ne sont pas le genre à traîner ensemble. Et puis, pour être honnête, sans Alaska, je n'aurais jamais traîné avec Rod. Mais ceci est une autre histoire. On marche en silence, aussi rapidement que l'état de Rod nous le permet. Je n'ai jamais mis autant de temps pour rejoindre Dagda, mais bon comment en vouloir à Rod ? On finit malgré tout par atterrir devant la porte de mon pote et je suis ravis de voir qu'il est chez lui et réveillait. Il nous mène directement dans sa chambre, Monsieur vit encore chez ses parents. Bon, en soit c'est compréhensible quand on connaît son histoire. Difficile de prendre un appart' quand tu n'as pas de job et difficile d'en trouver un quand tu sors de prison pour meurtre. On ne croise personne sur le chemin jusqu'à sa chambre, je me contente d'aider Rod à monter les escaliers et j'ai l'impression que ça va prendre un temps infini. Arrête de flipper, je suis là, tu ne risques rien du tout ! Détends toi un peu ! Oui bon, après ce qu'il a vécu, est-ce que c'est vraiment sérieux de lui demander de se détendre ? Il ne met pas beaucoup du sien pour monter mais visiblement il y va à reculons alors forcément, on n'est pas prêt d'arriver à l'étage dans ces conditions là. Rod a l'air d'être nerveux, plus nerveux que d'ordinaire, ce que je ne pensais pas cela possible. Mais je continue malgré tout et l'entraîne à ma suite jusqu'à la chambre de Dag. Il ne risque rien, je suis là.

On finit tant bien que mal en haut et on se dirige dans la chambre de Dag'. Mon pote vient de se poser dans son canapé et nous sommes encore debout avec Rod. Je ferme la porte derrière moi quand Dag prend la parole. "C'est justement pour ça qu'on est là ! Il a passé un sale quart d'heure, il a besoin de se détendre un peu." Fumer ne lui fera définitivement pas de mal. Ca ne lui fera pas de bien à proprement parler mais bon, au moins ça le détendra un peu, ça le délira peut-être la langue, sait-on jamais et peut-être que ça apaisera quelques douleurs. Sauf qu'au lieu que Rod se détende un peu, il se mit à être encore plus nerveux que quelques instants plus tôt. Il m'épate de jour en jour, c'est quoi encore son problème ? Il se cache derrière moi, ce qui doit paraître assez ridicule quand on sait qu'il est plus grand que moi et surtout qu'il n'a plus 5 ans pour se permettre ce genre de réaction. Quoi ? Qu'est-ce que t'as ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Rod veut repartir, il ne veut pas rester ici et sa demande devient de plus en plus pressante. Sauf que je ne comprends absolument pas ce qu'il se passe. Pourquoi tu veux rentrer ? Qu'est-ce que t'as bordel ? .... Vous vous connaissez ? Dis-je soudainement, un brin suspicieux. Je ne pensais pas ça possible mais ma foi, s'il réagit de cette façon c'est bien qu'il y a quelque chose qui cloche et vu que Rod ne voit rien, c'est forcément par rapport à autre chose. Si c'est à cause du joint, faut qu'il se détende, il lui suffira de le refuser, pas besoin de faire autant de drama, je ne vais pas le lui coller de force dans la bouche. Qu'il ait vécu des merdes, ça je veux bien définitivement le croire mais qu'il ne m'associe pas à tout ça il sera gentil. Et si ce n'est pas ça c'est qu'il a reconnu la voix de Dagda, sauf que Dag' n'a pas eu l'air de le reconnaître alors c'est assez étrange. J'ai bien du mal à imaginer Dag' en psychopathe qui torture un autre mec. Je sais que certains me diront qu'il a quand même tuer un homme, son meilleur ami qui plus est, mais la situation était bien différente et il avait de bonnes raisons ... enfin peut-être pas aller jusqu'à tuer quelqu'un, mais réagir violemment en tout cas. Enfin bref, je suis totalement perdu, un brin tendu parce que je déteste voir Rod dans cet état là mais je ne partirais pas sans connaître le fin mot de cette histoire.


©️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
❝ let’s smoke weed everyday ❞bluesAh… Il m’emmenait donc son pote qui s’était pris la dérouillée du siècle, car il avait besoin de se détendre… Oh, hé bien pourquoi pas ! J’appréciais tout de même d’être la personne à laquelle il pensait quand il s’agissait d’avoir un moment tranquille, loin de tout ce monde fou qui tournait un peu sans nous – sans moi en tout cas. Après tout, je ne faisais pas grand-chose de ma vie, en ce moment. Pas de job, pas de missions à l’OBCM, c’était… Plus ou moins calme. Okay, il y avait du mouvement, mais qu’est-ce que je pouvais faire, dans l’état où j’étais hein ? Tout juste bon à me torcher la gueule et à péter des câbles. Là au moins, visiblement, j’allais aider quelqu’un à ne justement pas péter un câble. Douce, douce ironie…

« Pas d’problème, je gère ça. »

J’étais donc en train de rouler des pétards en série quand Utah comme moi remarquâmes que ce type-là – qui me disait justement quelque chose – était en train de suer des litres d’eau – si encore c’était possible. Il se cachait derrière son pote, et vu que j’étais le troisième mec dans la pièce – et j’avais vérifié autour de moi – je me pointai du doigt, demandant silencieusement si c’était à cause de moi qu’il flippait comme ça. Ce qui était particulièrement idiot, car c’était une super perche, qui était probablement plus grand qu’Utah et moi réunis. Cela me fit même glousser un peu, parce que bon, voir un gaillard grand comme ça se tortiller comme un gosse de cinq ans, ça avait un côté amusant. Enfin… C’était amusant quand ça durait deux minutes, pas dix, comme c’était le cas à présent. Branleur junior, ce surnom s’avérait vraiment parfait.

Là en l’occurrence, ça devenait vraiment louche. Comme si j’étais capable de torturer quelqu’un à mort ! … Bon d’accord, j’ai tué un homme. Mon meilleur ami même. Du moins, ce que je pensais être mon meilleur ami. Si violer quelqu’un était déjà un crime, qu’est-ce que violer la sœur de celui qu’on appelle son meilleur pote, hein ? Ce genre de chose qui devenir encore pire dès que cela concernait une personne qu’on aimait du plus profond de notre être ? Mais voilà, ce type il ne me disait vraiment rien…

« M’regarde pas comme ça, frère. J’suis pas comme ça. J’le connais même pas, ce… ! »

J’eus une sorte d’éclair de lucidité, sous ma barbe et mes cheveux mal attifés et sous ses bandages et autres horreurs. Cette grande taille et cette tendance à la flipette permanence, cette tronche que je devinais au fur et à mesure… Je me mis à le fixer des yeux, qui devenaient de plus en plus petits tandis que je mettais ensemble les détails qui faisaient le visage de…

Rod.

Ah, ce mec que j’avais embrassé à une soirée, bien des années plus tôt, quand je me cherchais encore. Je l’avais jeté en l’air, je m’en souvenais, je n’avais pas été des masses satisfait par l’expérience – c’était bien mieux passé avec un autre, des mois plus tard. Et je l’avais aussi rencontré dans l’ascenseur de la mairie de Bray, en Novembre, quand j’avais voulu me faire connaître des services de recherche d’emploi… Je disais bien « voulu », car en réalité ce jour-là j’avais fini coincé dans un ascenseur en douce compagnie… Ce mec. Et quand j’en ressortis, j’avais décidé directement de me tirer, boire un coup pour oublier cette histoire de merde.

« Oh bordel de merde… Ok. J’le reconnais. Utah, tu te souviens de ce mec que j’avais embrassé à la soirée de… Merde, j’me souviens plus de son prénom, la meuf qui voulait se dévergonder, tu t’souviens ? La fête chez elle, on avait quoi, 16 ans ? Voilà. Et puis j’l’ai croisé y’a des mois, en novembre ! Tu penses bien que je laisse des marques quand on m’emmerde, mais quand même, depuis tout ce temps, ça serait parti, non ? Je l’avais même pas reconnu avant d’le fixer là ! »

Puis je finis par me retourner vers mon « cher ami » qui flippait sa race pour signaler :

« Et je t’ai même pas touché ce jour-là, alors flippe pas, et tient un bédave, ça te détendra ! »

Alliant le geste à la parole, je lui tendis donc le joint que j’avais terminé à peine quelques secondes plus tôt. A lui de voir s’il allait le prendre ou pas. Ou si Utah allait le prendre pour lui donner, parce qu’il m’avait tout l’air aveugle en fait. Il ne l’était pas tant que ça quand je l’avais vu en Novembre…
©️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Blues
Le beau gosse, le taulard et le raté

« I'm blue da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa »
T’avais envie de te barrer bien sûr, t’avais pas envie de rester là. Dagda, ou qu’importe son prénom d’ailleurs, c’était pas forcément un gars que t’associais à de très bons souvenirs. Y’a eu le premier, déjà, c’était pas bien glorieux. Cette soirée où t’avais été traîné plutôt en phénomène de foire qu’en ami, y’a des années, tu saurais pas dire combien - on t’avait fait boire et consommer des trucs pas nets, et t’avais tout accepté sans réfléchir pour te fondre dans la masse et te faire accepter. T’as toujours eu du mal à refuser, faut dire. La peur d’être jugé, regardé de travers, de forcer les autres à insister. Dagda tu l’avais jamais vu, tu le connaissais pas, sur le coup c’était juste un gars de plus dans la zone, qui s’est penché sur toi avant que t’aies compris ce qu’il avait voulu de toi. C’était lié à la conversation je suppose, ça avait dû parler d’homosexualité, et c’était une réputation qui te collait souvent au cul. Faut dire que t’avais tendance à pas réagir, voire à prendre peur ou à montrer du mal-être et du dégoût, devant un corps de femme en train de s’agiter sous tes yeux - et qu’à côté, le maigre contact d’un type comme Alix suffisait à te rougir les joues comme une pucelle devant son premier coup.
Alors y’avait rien d’étonnant à ce que ce soit toi, le petit cobaye, la victime d’un mec qui voulait voir ce que ça faisait de rouler une pelle à ce côté là de la force. Et que ça puisse t’humilier, ça tout le monde s’en foutait. Que ça te rende toute chose, que ça t’angoisse, que tu saches pas où te mettre, comment réagir, que ce soit peut-être le contact le plus intime que t’aies eu de ta vie, que ça te foute le crâne en l’air, et que tu aies juste envie de chialer et t’enterrer sous terre quand juste après on te dit que c’était pour déconner et qu’on a trouvé ça dégueulasse - tout le monde s’en fout, mais toi ça t’a marqué. Et ça t’a d’autant plus marqué que c’était ton premier - merde, combien de fois tu t’es repassé cette scène en boucle, mort de honte et d’angoisse, à chercher ce que t’aurais du faire pour l’éviter, combien de fois tu t’es repassé ce qui s’est dit ce jour-là. Et ta gueule, quand un bail plus tard, on t’a reparlé de ce gars, pour te dire qu’il avait fini en taule, que t’avais filé la virginité de ta bouche à un criminel et un meurtrier. Pour Dagda, c’était rien, rien qu’un test, une minute d’égarement et de déconne, mais toi ça t’a secoué un peu plus que ça.
Et que des années plus tard, tu te retrouves enfermé trop longtemps dans une boîte, trop proche de ce mec qui t’intimidait, dans une situation humiliante qui ravivait ta phobie du feu - ils mesurent ou pas, l’effet que ça a pu te faire ? Les incendies, faut pas déconner avec ça, après tout t’es peut-être le seul mec à savoir que c’est ça, et forcément ça, qui te tuera un jour. Pour l’avoir vu, et vécu, pour n’avoir pas connu un jour tranquille depuis ta première vision de merde. Une chance que t’étais pas claustrophobe en plus, parce qu’enfermé dans cet ascenseur avec l’alarme incendie qui te vrillait les tympans, et ce mec qui hurlait, qui s’énervait, et dont il avait fallu que tu tiennes la main, que tu soutiennes la conversation, quand tout ce que tu voulais faire c’était mourir sur le champ… Autant dire que c’était pas un souvenir au top non plus. Dagda c’était un peu une représentation de ta poisse, et sa présence, tu voulais globalement la fuir. T’avais déjà les tripes tordues à la seule idée de l’entendre, et tu pouvais même pas le voir, surveiller ses faits et gestes, t’étais exposé comme un grand brûlé aveugle sous ses pupilles, en type immense et pitoyable que t’étais.

Et là, Utah, comme une fleur à côté de son pot, qui te demande ce qu’il se passe - et toi, gros crétin que t’es, qui n’arrive pas à lui répondre tellement ta gorge est nouée. T’as pas envie de lui montrer, à Dagda, que de victime t’es passé au stade victime défigurée. T’as pas envie de dire ce qui va pas, t’as trop honte de tout ce qu’il s’est passé. Et t’aimerais disparaître, t’aimerais te dire que les gens que tu peux pas voir ne peuvent pas te voir non plus, mais bizarrement ça marche pas. « Non, c’est juste qu’il faut... », mais t’as pas le temps de finir, Dagda enchaîne et finit par te vendre. Et il raconte tout, et t’as l’air mortifié et mort de honte, planté là, exposé à des regards que tu peux pas confronter. Alors tu restes là comme un con, avec un œil humide parce que le deuxième n’existe pas, et tu cherches tes mots, mais tout s’est coincé dans ta gorge. Et tu le prends pas son joint de merde, simplement parce que… Bah parce que tu le vois pas, c’est déjà une sacrée bonne raison.
Et tu serais resté silencieux si ça s’était limité à ça, mais dans cet échange, t’as au moins compris qu’ils risquaient une méprise, que Dagda se défendait de t’avoir foutu dans cet état catastrophique. C’était un connard mais pas un monstre, fallait pas qu’ils s’engueulent à cause de toi, alors tu t’es mis à confirmer, avec une voix éteinte, plombée par tes émotions de fragile. « C’est pas lui qui m’a fait ça », mais la suspension derrière laisse entendre un mais. Mais quoi ? Mais il t’angoisse. Il t’angoisse et te fait respirer plus fort, il te fout des vertiges, il te donne envie de chialer, et il te met des cotons dans les genoux et des vibros dans les bras. Et comme un débile, tu passes plus de temps à travailler sur ta respiration qu’à t’installer, t’asseoir, te mettre bien et te détendre comme il faudrait que tu le fasses, et tu te sens comme un intrus. « Utah, j’me sens pas bien, i-il me faut de l’air » C’était quoi, cette solution temporaire de merde ? S’il te faisait descendre, tu savais pertinemment que t’aurais plus le courage de remonter, et ce serait adieu Dagda et bon vent Rod. Mais c’était pas poli pour votre hôte putain, déjà qu’il te proposait un joint gratos, alors qu’il était sûrement pas ravi que ce soit toi - alors comme une victime et un cassos, tu t’es juste remis à dire « pardon ».
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité

❝ Blues ❞Rod & Dag' & Utah

Autant Dag’ est égal à lui-même et se montre ouvert et prêt à rendre service, autant Rod commence à me taper sur le système. Alors je sais, je suis un pote en carton, un connard égoïste qui ne voit que ce qui l’arrange, mais merde, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Rod ne veut rien dire ce qu’il lui est arrivé. J’essaye de lui changer les idées et de trouver des solutions pour qu’il se détende et Monsieur nous fait tout un drama. Alors wouhai, je suis à chier en meilleur ami, mais le meilleur ami il aimerait bien qu’on lui explique. On n’a plus 8 ans, le grand méchant loup n’existe pas et quand y’a un pet de travers, on explique pourquoi. Il ne va pas me chier une pendule, c’est moi qui vous le dit. Je sais que je suis un connard, mais pour être honnête, je me sens totalement perdu et dépassé. Faut pas croire, c’est définitivement pas agréable de voir son meilleur pote dans cet état là et de ne rien pouvoir faire pour l’aider. Et c’est même pas une histoire de ne pas en avoir envie ou de ne pas vraiment pouvoir, mais c’est parce que si l’autre entêté ne pipe pas un mot, on ne va pas s’en sortir. J’aimerai pouvoir lui apporter la solution miracle à tous ses problèmes, mais j’ai pas ça en stock et dieu sait qu’il en a des problèmes. Je l’adore ce mec, n’allait pas croire, mais bordel que c’est une victime née. J’ai souvent envie de le secouer dans tous les sens pour lui remettre les idées en place. Défend toi bordel ! Bouge toi ! Déjà quand on était gamin il était comme ça, on aurait pu croire qu’en grandissant, il aurait un peu changé mais pensez-vous ….

Plus les secondes passent et plus Rod agit bizarrement, ce qui commence à me mettre la puce à l’oreille. Il est chelou comme mec, je ne dis pas le contraire, mais là y’a vraiment un truc qui ne va pas. Alors je m’interroge et je leur pose la question. Est-ce qu’ils se connaissent ? C’est quoi le problème bordel ? Qu’est-ce qu’il a encore ? Rod tente de répondre, mais est coupé par Dagda. Dag’ s’arrête aussi en plein milieu de sa phrase. Ok, c’est quoi leur délire à tous les deux ? Ils veulent que je m’énerve ou bien ?  Si l’un de vous deux pouvez finir sa phrase, ça m’éviterait d’avoir envie de vous frapper ! Dis-je avec un vieux sourire agacé. Va falloir qu’ils se sortent les doigts du cul tous les deux. Ils se connaissent ou ils ne se connaissent pas ? Je sais bien que Dag’ n’est pas du genre à mettre minable un pauvre type. Je connais son passé, suffisamment bien pour savoir ce qu’il en est vraiment. Alors oui, je sais que c’est pas son genre mais y’a anguille sous roche là, c’est obligé. Dagda finit par rompre le silence, avouant qu’au final, si, ils se connaissaient. Il me parlait d’une fête, quand on était ado, d’une fille qui voulait se dévergonder. Des fêtes, j’en ai fait un paquet, de filles qui voulaient s’encanailler aussi et avec Dagda et Rod, je ne les compte plus. Après c’est vrai que je n’ai jamais vraiment réfléchi à savoir s’ils y étaient en même temps ou pas, maintenant que j’y pense.

"De la meuf de la soirée, non j’ai aucun souvenir. Des meufs dans ce genre là, on en a croisé un paquet … Par contre de cette histoire de galochage avec un mec, wouhai, en effet, ça me dit un truc ..." C’est un souvenir assez flou pour moi, qu’on se le dise. J’étais bourré très certainement et vu que c’était pas forcément une histoire me connaissant, j’ai pas forcément tout retenu. Mais wouhai, maintenant qu’il en parle, je vois à peu près l’histoire. Alors le mec, c’était Rod ? Il ne m’en a jamais parlé … Et après c’est moi le meilleur ami en carton. Après comme j’ai dit, Rod est un peu particulier comme mec, il ne l’a certainement pas vécu de la même façon que Dag’, mais savoir ce qu’il se passe dans sa tête, c’est encore une autre histoire. Dag’ m’assure qu’il ne l’a pas touché, proposant à Rod un joint, histoire qu’il se détende. Rod confirme les propos de Dag’, sur le fait que ce n’était pas mon ami le coupable. De ça, j’en étais déjà convaincu, ça ne me dit pas qui est le coupable cela dit. Il n’a pas l’air plus rassuré pour autant, me disant qu’il avait besoin d’air. Non mais sérieux là ? Vu le temps qu’on a mis pour monter, j’vais t’ouvrir la fenêtre, ça va te faire du bien ! Je l’adore Rod, faut pas croire, mais là, il me gonfle un peu. Il ne veut pas me dire qui l’a mis dans cet état là, il panique, devient franchement chiant et un brin flippant et pourquoi au final ? Je l’ignore et ça m’énerve File moi un joint Dag’, j’en ai besoin ! Dis-je en me dirigeant dans un premier temps vers la fenêtre pour l’ouvrir, pour calmer un peu Rod. Hors de question de l’en approcher, il serait capable de se casser la gueule maladroitement. L’air finira bien par lui arriver dessus, tôt ou tard !


©️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
❝ let’s smoke weed everyday ❞bluesDe toute évidence, Utah était aussi gonflé que je pouvais l’être. Roh bordel, ce mec puait la dépression – ce que je pouvais comprendre vu sa tronche de rescapé, mais merde, j’avais pas envie là. J’étais déjà moi-même dans un état qui me donnait envie d’être égoïste, du coup je m’en foutais un poil. Bien que j’étais foutrement curieux de savoir qu’il existait un sadique pareil à Bray. Nan mais j’veux dire, il est défiguré le machin, non ? Enfin, au moins Utah tiltait de l’histoire de galochage avec un mec, c’était un bon départ, et puis il me croyait que j’avais pas fait de mal à ce type. Merci, t’es un vrai pote, Ut’.

« Ouais, vrai, c’est pas ce qui manquait, ces meufs-là. » Un rire un peu gras s’échappe de ma bouche. « Nickel, bah voilà. C’est lui, l’mec en question. Maintenant tu sais tout. »

Sauf que le mec en question, il voulait vraiment se tirer, sympa dis donc ! Je l’aide à se sortir d’un ascenseur coincé, et voilà qu’il pouvait pas m’piffrer, enfin, j’vais être cool, j’vais le rassurer :

« T’inquiète, Rod, tu sortiras d’ici dans le même état que quand t’es rentré, t’peux rester hein. »

Et quand Utah propose d’ouvrir la fenêtre, j’approuve totalement. En plus c’est bien, ça lui donnera de l’air, vu que ma mère a ouvert la fenêtre de la salle de bain, ça fera un courant d’air avec mon mini balcon. Enfin, j’espérais tout de même qu’il n’allait pas sauter par-dessus bord, car si on est au premier étage, il va pas crever, juste se faire hyper mal, et on saura même plus si ses blessures datent du connard qui l’a massacré ou bien de sa merveilleuse chute depuis ma chambre. Un coup à alerter mon agent de probation hein… ‘Fin non, ça avait l’air d’être surtout un trop plein d’soupe, ce mec, limite, je serais pas étonné d’apprendre qu’il cache une soucoupe volante dans son bide. Pas de quoi flipper d’un gratte-papier.

Quand Ut’ demanda un joint, j’étais déjà en train de le rouler. « Ouais, deux s’condes. » Je léchai la feuille, l’enroulai d’une pression du pouce, pour ensuite choper le bout opposé au filtre en carton pour tasser tout ça en secouant… Enrouler l’bout, arracher le surplus de feuille, et hop, y’a plus qu’à allumer le briquet. « Et voilà mon pote. » Je lui lançai le pétard ainsi que le nécessaire pour l’allumer, tandis que j’utilisai des allumettes pour le mien. Et à la première bouffée, qui remplit la chambre de cette odeur caractéristique qui allait devoir disparaître d’ici quelques heures si je ne voulais pas que mes parents se mettent à me hurler dessus – ce qui était arrivé une paire de fois déjà. Je n’étais déjà pas très loin de me mettre à chercher un appart’, enfin, bref, ce n’était pas le sujet. Une fois que j’eus tiré quelques lattes qui me permirent tout de même de me détendre comme je pouvais, je m’adressai à Rod, toujours affalé sur le plumard :

« Bon, maintenant qu’on s’est un peu aéré la tête, j’vais pas y aller par quatre chemins. Tu t’es fait ratatiner la gueule, c’est un fait. T’as un pote qui s’inquiète pour ta pogne, et il veut savoir qui t’a fait ça. Si t’es là, c’est que tu l’as pas ouverte. J’veux bien croire que tu veux pas être une balance, et j’veux pas te faire flipper, mais v’la, j’devine juste ce qu’il t’a fait, et j’suppose que t’en es pas sorti en demandant poliment. T’vas quand même pas te cacher jusqu’à la fin de tes jours, hein ? »

Je me tournai vers Utah, histoire quand même de pas l’oublier dans l’équation et de souligner un truc :

« Après, s’il dit rien, on va pas arriver à l’forcer non plus, ‘fin, j’veux dire, on va pas lui taper dessus, on voit bien que la violence ça marche pas, tu vois ? »

Ca se voyait bien, il disait rien sur la personne qui l’avait torturé – non, parce que ça puait la torture, son truc – il n’allait pas plus l’ouvrir parce qu’on le torturait aussi. Woh il avait une sacrée résistance à la douleur ce mec… Perso, j’aurais déjà balancé. Enfin, fallait supposer que je ne pouvais pas me mettre à sa place, pour le coup.
©️ 2981 12289 0[/b]
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Blues
Le beau gosse, le taulard et le raté

« I'm blue da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa, da ba dee da ba daa »
Tu les gonfles. Bien sûr que tu les gonfles - tu le sais, et c’est bien pour ça que tu t’excuses. Tu te trouves bête dans cette situation, parce que tu n’as pas la moindre foutue idée de ce qu’il faudrait que tu fasses. Tu ne voyais plus, tu n’allais pas t’inventer des yeux pour être un peu plus à l’aise, et tu faisais déjà un monde d’effort pour te comporter correctement, humainement, au sortir d’une séance de torture qui t’avait plongé pour toujours dans le noir. Mais tu les comprenais aussi, tu savais que dans ton état, tu n’étais rien d’autre qu’une présence encombrante et désagréable. Tu étais désolé que ce lien imprévu avec l’ami de Utah ne soit découvert - on t’aurait demandé, toi aussi tu aurais préféré que Dagda et toi ne vous retrouviez pas dans la même pièce. Toi aussi, tu aurais préféré que le son de sa voix ne te provoque pas de ces frissons d’angoisse, tu aurais préféré ne pas avoir la gorge nouée, ne pas te sentir obligé de malgré tout forcer ta voix pour répondre à toutes les interrogations accusatrices qui t’arrivaient dans les oreilles. Mais tu n’y pouvais rien, et tu n’y pouvais rien non plus si ta façon d’être donnait soudain à Utah l’envie de te frapper. Une phrase au détour, lancée par son irritation, mais tu es un tel punching-ball que tu as du mal à passer à côté. Tu aimerais partir, annuler tout ce qu’il vient de se passer - quelle drôle d’audace d’oser le dire : bien sûr, tu n’es pas exaucé, tu devras te contenter d’une fenêtre ouverte. Mais tu as au moins compris que tes excuses ne soulageaient personne, alors tu t’es juste contenté de la fermer.
Du coup, tu restes. Et tu restes silencieux, attentif à ce que tu entends pour tâcher de deviner ce qu’ils font, parce que tu n’en as pas la moindre idée. La bouche serrée, de peur de lâcher quelque chose comme un couinement, de balancer une ânerie qui ne te vaille vraiment un coup, et t’appliquant à capter ce courant d’air frais qui t’empêchait de devenir zinzin entre leur compagnie et l’environnement. Et puis, tu as serré tes mains sur les cuisses de ton pantalon, et tu t’es accroupi, pour te calmer un peu mieux, te sentir moins exposé au monde invisible autour de toi. Tu es resté comme ça, oscillant à peine pour te bercer hors de tes angoisses, pendant qu’ils s’occupaient de leurs joints. Au moins, pendant ce temps, ils cessent d’être focalisés sur toi, et toi ça te fait du bien. C’est presque rassurant, ces bruits de fond, mais ça ne dure pas. Au moins, tu as pu te calmer un peu, mais c’est avant que Dagda ne ramène l’attention sur toi. C’est pas compliqué, ce qu’il veut, c’est un nom ; sauf que c’est justement ça qui est compliqué. Mais il te fait culpabiliser le bougre, parce que tu n’aimes pas ça, contrarier Utah, tu ne veux pas qu’il t’en veuille, et tu redoutes qu’ils ne te fassent du chantage. Tu te mords la lèvre, mais la position de ton corps te permet au moins de répondre sans trop paniquer. S’ils savaient - il t’avait fallu des jours après ton réveil pour te souvenir de ce qu’il t’était arrivé, te souvenir des détails. Ta conscience avait tenté de faire l’impasse dessus pour t’épargner, mais la vérité n’avait eu de cesse de te cogner de plein fouet à plusieurs reprises dans la face.
Tu sais que tu vas devoir t’obstiner, t’obstiner comme tu ne t’es jamais obstiné auparavant. Tenir ta position, envers et contre tout, quelque chose dont tu te serais jamais senti capable. Au moins, lorsque Dagda évoque qu’il ne te forcera pas, ça te rassure, et te redonne un peu de courage. « Je peux pas le dire. S’il apprend… S’il apprend que j’ai parlé, j’aime mieux pas savoir ce qu’il va me faire. Je suis le seul à savoir, il saura que c’est moi qui ai parlé. Je suis désolé, je peux pas. Il vous touchera pas, si vous le soupçonnez pas. De toute façon, je connais le nom que d’un seul d’entre eux, et c’est celui qui obéit. Je sais pas non plus où ils vivent - juste quelque part dans West End, je sais rien de plus, mais vous devez pas y aller. » En parler, ça te rendait nerveux. D’un certain côté, c’était libérateur, c’était des mots qui devaient sortir pour te libérer d’un poids, mais les prononcer rendait les faits plus réels, ce qui te secouait en mal, de manière évidente. Il fallait qu’ils lâchent le morceau, et tu avais au moins un argument pour ça, mais tu ne savais pas trop comment l’avancer. Tu as hésité un instant, avant d’essayer, au moins. « Y’a rien qu’on puisse faire, ça me sert à rien de le fuir… Parce que c’est le destin. Il va falloir qu’il me retrouve, et ce jour-là, je veux pas que Utah soit là. » C’était pas facile de dire les choses, de les admettre - il y a des mots qui ne voulaient pas sortir. Des mots qui blessent, comme le fait que tu allais fatalement devoir mourir.
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
 
Blues | ft. Utah & Dagda
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits :: Les écrits-