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 Etoile et tocard | ft. Sterenn

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Etoile et tocard
Sterenn L. Holvedd & Trevor McQueen

« Les coups de poings dans l'âme Le froid de la lame qui court Chaque jour me pousse Un peu plus vers la fin Quand je monte sur scène Comme on prend le dernier train »
« Trente minutes. » Oh, merde, ça vient de si loin. « McQueen tu m’écoutes ? Tu dors ? » Le front qui se plisse, tu grognes. Toujours aussi désagréable hein ? Ouais, on se refait pas. « J’repasse dans vingt minutes, garde les yeux ouverts. Déconne pas ce soir ou tu vas m’entendre, j’ai pas que ça à foutre de faire la police à droite à gauche. ...Est-ce que c’est du vin ? Merde, t’es soûl ? T’as un problème, faut que tu consultes. Démerde-toi mais te ramène pas comme ça sur scène - et t’as pas intérêt à te faire la malle non plus ou t’es viré, j’en ai ras le cul de ton comportement de collégien. » Mais ta gueule, ta gueule bon Dieu. Tu passes tes palmes sur ta face trop grande, dans un profond soupir de lassitude, émergeant difficilement du gouffre du sommeil. T’as rien qu’une grimace sur le visage en essayant d’ouvrir la bouche - ugh, t’as la pâteuse, t’es vraiment dans le brouillard. Oh, bon sang, ce que tu détestes le réveil, ça te fout de mauvais poil, mais t’as pas trop le choix tu me diras, t’avais qu’à te trouver un meilleur moment pour faire une sieste. Et un meilleur endroit aussi, parce que t’étais assis sur ta chaise, résultat tu sais pas depuis combien de temps t’es assoupi, mais assez pour avoir sacrément mal au dos. Rah
A peine un oeil ouvert que l’éclairage t’agresse les rétines et tu le refermes précipitamment, frictionnant ton visage à plusieurs reprises pour tâcher de te raisonner, mais y’a pas grand chose à faire. Tu finis par te remettre petit à petit, au moins assez pour pouvoir garder les paupières soulevées. Et le premier truc que tu vois, putain, c’est ton reflet. T’as vraiment une sale gueule, enfin ça va parce qu’elle est poudrée et compagnie, mais elle est pas tellement fraîche et imprégnée de sommeil. Pas que de sommeil d'ailleurs, tu fixes la bouteille vide sous ton nez. Tu baisses les yeux et y’en a une deuxième à tes pieds. Oups. Bah ouais vous êtes mignons, mais y’avait bien que ça pour te sortir de la crise d’angoisse. Quand tu tournais à la bière tu t'en enfilais des packs et tu finissais par aller vomir - mais t’y peux rien si le rouge ça te fait dormir. T’as un bon début de migraine, fort heureusement (ou malheureusement) t’as pas totalement décuvé non plus, t’as encore le crâne embrumé par l’alcool et ça te permet de pas trop t’affoler. Tu lèves ton fessier, ajustant machinalement ton costume, rattachant ton papillon violet satiné, et osant à peine te regarder dans la glace. Les gamins te l'enviaient tous, ce beau costume noir qui brille un peu, il jouait pour beaucoup dans l'imaginaire de Trevor le Magicien - un costume, ça vous change un homme. Ce que c’est con un gosse quand même. T’as tellement pris l’habitude de te voir dans un uniforme de taulard que t’as du mal à pas te trouver ridicule.

Tu t’étires, tu fouilles tes affaires, tu cherches une bouteille d’eau. T’as la bouche trop pâteuse, trop sèche, la langue trop lourde, pas moyen que tu te pointes comme ça ou tu vas mourir déshydraté sur scène. C’est fourbe le vin, finalement tu vas repasser à la bière. Enfin, d’abord faudrait qu’il y ait une prochaine fois, parce qu’à ce rythme tu vas vite retourner faire copain-copain avec le chômage. Pourtant c’est pas la première fois que ton boss te menace avec ça. Au fond, il en a besoin, de ton numéro. Y’a pas tout le monde qui sait faire ça. Disparaître en un quart de seconde en laissant tous ses vêtements là, malgré un corps aussi immense. Et puis, tes muscles saillaient depuis le dessous d’un drap blanc, et tu reprenais forme, étirant tes membres trop longs, comme une montagne endormie redevenait volcan. Il était beau ce numéro. C’est dommage que t’arrives pas à t’y prendre au sérieux. C’est dommage que tu t’obstines à avoir honte de toi, à culpabiliser en voyant les étoiles dans leurs yeux - ou la déception, quand ils remarquaient que tu marchais pas droit parce que t’étais trop stressé ou trop ivre. Reprendre après tout ce temps, c’était si difficile.

Tu sors de la loge finalement, pas moyen de retrouver une foutue bouteille d’eau dans ce désordre - t’as juste déniché une boîte de doliprane dans un recoin de tiroir, mais même pour toi qui était habitué à avaler des cachets à sec, t’étais trop dans le coltard pour l’envisager sans risquer de t’étrangler avec. T’as erré jusqu’au couloir, y’avait forcément des packs dans le coin, ils en laissaient toujours traîner, faudrait pas qu’un artiste se retrouve en rade. T’as écrasé tes doigts dans la protection plastique, t’as arraché une bouteille, tordu le bouchon comme un cou de lapin, et tu t’es englouti la moitié sans respirer tellement t’avais soif. T’as cru que t’allais pleurer tellement ça faisait du bien - puis t’as gobé ton cachet, et t’as bu encore, si bien qu’à la fin, la bouteille de 75cl, elle était plus sèche que toi y’a 5 minutes. C’est à ce moment-là que t’as relevé les yeux. Y’avait des gens qui passaient de temps en temps dans le coin, sauf qu'ils s’attardaient jamais bien longtemps. Mais c’était pas rare qu’ils plantent un vigile à cet endroit-là, surtout pour s’assurer qu’un spectateur vienne pas trop lorgner du côté artiste. Peut-être depuis qu’un certain Kyle Osborn y était venu pour te casser la gueule, entre autre. « Toi ! » Parce que merde, t’étais peut-être encore dans le pâté de campagne, mais cette vigile là, tu l’as reconnue de loin. C’était pas fréquent, aussi petit, aussi jeune, aussi frêle, et qui plus est une femme - mais cette frêle petite jeune femme, comme tu dis, tu te souviens parfaitement qu’elle t’a foutu par terre. Merde, c’est seulement à ce moment-là que tu penses à faire comme si t’étais pas là. T’es con Trevor, et y’a pas que l’alcool qui en est responsable, désolé mon gars mais j’pense que c’est trop tard.
(c) DΛNDELION
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Etoile et tocard

L’étoile, sérieuse, avait fait ce qu’on lui avait dit. On lui avait trouvé un petit boulot de dernière minute : un remplacement. Un vigile était tombé malade, il fallait le remplacer au plus vite et on avait pris Sterenn. Quitte à devoir rattraper le temps perdu sur ses devoirs, Sterenn songeait à l’argent qu’elle se ferait. Bien que l’argent ne comptait pas tant, mais elle savait qu’avec son nouveau travail, son père avait parfois quelques trous de salaire. Et puis bon, comme ça, elle faisait des économies pour plus tard.
Alors, lâchant le projet qu’elle devait programmer en C++, s’arrachant à son ordinateur, elle mit une tenue digne de ce nom et fonça. De fait, Sterenn avait toujours la même tenue dans ces genres de cas : celle des vigiles irréprochables, un impeccable costume.
Bien qu’il était étrange de constater, que pour quelqu’un censé s’occuper de la sécurité, et donc éventuellement frapper, il fallait bien s’habiller. Mettre une tenue de sport aurait été plus logique, mais l’étoile savait que si elle remettait ce fait en question, elle n’aurait pas finie.

Arrivée au théâtre, elle eut un sourire en coin. Autant le dire : ce genre d’endroit la passionnait. Fan de culture, et de connaissance, assister à un spectacle était quelque chose qui lui plaisait. Bien qu’aujourd’hui, elle savait qu’assister à quoique ce soit serait bien difficile en vérité. Au pire, elle écouterait ce qui se ferait, et imaginerait les scènes.
Sterenn en songeant à cela, repensa aussi au fait que le but était de protéger les lieux, et que s’égarer pour le spectacle ne passerait pas. Elle fit la moue. Au pire, l’étoile verrait.

Une fois en place, elle se trouvait dans les coulisses. Surveiller les entrée vis-à-vis de celles-ci, tout ça tout ça. Guettant le moindre geste, elle restait sérieuse, la tête pourtant plongée dans tout un tas de pensée, comme : aies-je bien mis un point-virgule à l’endroit où il fallait dans mon programme ? Que penserait Antony de ce que j’avais fait, vu que nous travaillons ensemble ? Est-ce que les motifs du mur ont été faits en hommage à Jupiter ?
Avançant doucement, Sterenn faisait sa ronde, la tête dans les étoiles. Mais son regard s’accrocha sur une silhouette.
Silhouette gigantesque, en costume comme elle, qui apparemment buvait. Là comme ça, ça n’avait rien de remarquable. Sûrement une personne faisait son spectacle dans quelques instants. Seulement, Sterenn, la silhouette, elle la connaissait.

C’était le type qu’elle avait mis au sol dans le magasin où elle avait travaillé à un moment.
Elle le reconnaissait bien, parce qu’elle connaissait son corps d’étoile sur le point de mourir. De géant rouge.
Bien qu’il ne fut pas vraiment rouge.
Quoique. Niveau couleur, si un peu. Il était rouge. Avec une touche de rose et un peu de vert. Ou était-ce du violet ? Elle n’était pas sûre.

Il parut la reconnaître aussi, et cela la fit sourire. Comme attirer par ce trou noir gigantesque, elle s’avança vers lui.

- Bonjour.

L’étoile était intelligente, elle se doutait que s’il était là et que personne ne l’avait jeté, c’est qu’il travaillait ici. Mais la curiosité l’agrippa alors, et elle sut qu’elle avait besoin de savoir quel était son véritable métier alors.

- Vous faites quel spectacle ? Je ne pensais pas que vous travaillez ici. C’est amusant.

A cet instant et devant ce coup de hasard, l’étoile se sentit presque constellation. Mais juste presque.

- De plus, vous ne semblez pas entouré de personnes qui ne vous aideront pas. C’est mieux.

Bien qu’elle ne juge pas tant l’homme, mais plus ses fréquentations, l’étoile était sincère. Elle avait bien vu lors de leur rencontre, que ce type n’était pas si méchant, et qu’il était juste entouré d’abrutis.
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Etoile et tocard
Sterenn L. Holvedd & Trevor McQueen

« Les coups de poings dans l'âme Le froid de la lame qui court Chaque jour me pousse Un peu plus vers la fin Quand je monte sur scène Comme on prend le dernier train »
Tu t’étais aussitôt mis sur tes gardes, con que t’étais, comme si t’avais quoi que ce soit à craindre, comme si t’aurais pas dû te trouver là, comme si tu risquais quelque chose à la recroiser. Et elle, elle approchait, avec son innocence, son sourire, toute pleine de bonnes intentions et sans arrière pensée, pour te dire bonjour. Le contraste aurait fait mourir de rire n’importe qui aurait suivi la scène des yeux, la petite puce faisant flancher la grosse brute d’un seul regard aimable. En la voyant pourtant si calme, si avenante, si sympathique, tu te détendais presque malgré toi, relâchant petit à petit tes épaules un peu plus tôt si contractées. Tu restes pourtant nerveux par habitude, presque par nature, nerveux aussi parce que cet emploi qui devrait faire ta fierté, de plus en plus tu le vis comme une honte, quelque chose à cacher absolument. Tu te planques derrière tes muscles, tes allures de caïd ou de grosse bête, pour te faire entendre. Peut-être parce que dire en prison que tu faisais de la magie et portais des costumes à paillettes, c’était pas le top du top en terme de réputation. T’avais tellement redouté que ça s’apprenne, qu’on t’humilie avec ça, que la sensation t’était restée - celle d’être souillé par ton propre gagne-pain. Et c’était d’autant plus difficile à assumer que ton nom et ta gueule traînaient sur quelques tracts, et que ton numéro était trop vieux et trop rouillé pour que tu le considères potable.

T’avais même pas eu le réflexe de dire bonjour tellement t’étais pris de court, mais c’était pas très grave, de toute façon t’étais pas forcément le plus poli qui soit. T’étais un peu la preuve ambulante qu’on pouvait avoir un fond gentil sans jamais sortir un “s’il te plait” ou un “merci” et en distribuant les pains et les insultes - et en ayant fait brûler vif des gens, bon en fait y’a pas grand monde qui te pensait sincèrement gentil, faut être honnête. Même toi t’en croyais pas un mot. Elle te demande quel spectacle tu fais, toi forcément ton premier réflexe, c’est de dire que tu fais pas de spectacle. Surtout que t’as pas envie d’entendre dire que c’est “amusant”, même si étrangement, de la façon dont elle le dit, tu te sens pas l'envie d’être vexé. « Nan, en fait j’suis là pour... » Tu pointes du pouce le vide dans ton dos, tu te retournes un peu, tu ouvres la bouche, cherchant un quelque chose ou n’importe quoi pour justifier ta présence. Sauf que t’étais un très mauvais menteur, et puis surtout tu portais le costume sur toi. Du coup, t’avais l’air encore plus stupide que si tu t’étais contenté d’assumer ton spectacle. « Euh. » T’avais rien de plus à dire, et tes joues usées se sont mises à rougir sous la bonne dose de poudre que tu avais dû y apposer.
Mais ta demoiselle s’était pas laissée démonter, elle venait de te mentionner - tu sais, ces gars avec qui tu traînais quand elle t’était tombée dessus la première fois. Des gars dont t’avais les noms et les numéros, mais t’étais pas vraiment sûr de les trouver sympas, et c’était pas tellement des potes. Ils t’aideraient pas, mais tu le savais, après tout t’étais pas sûr que tu les aurais aidé non plus. Quoique, peut-être que si, t’étais peut-être à ce point un tocard - ça dépendait de la situation en fait, dans un cas extrême t’aurais probablement essayé de sauver n’importe qui. Bon, après, son affirmation a eu tendance à te faire grimacer. Parce que t’étais pas tellement sûr que quiconque dans les parages t’apprécie en fait, et même pire que ça : tu savais qu’il y en avait plus d’un qui t’avaient dans le collimateur et auraient fait leur possible pour te dégager de la troupe. Pas beaucoup qui t’auraient aidé, surtout qu’ils étaient globalement tous au courant que tu revenais de taule - qu’ils en connaissent la raison exacte ou se soient contentés d’écouter les rumeurs. Mais bon, ces problèmes-là ne la regardaient pas, et t’avais pas envie de l’importuner avec. Trop jeune sans doute pour réaliser à quel point le monde était peuplé de connards - à moins que ce soit toi qui aies eu tendance à en avoir une vision trop pessimiste, à force de traîner avec les mauvaises personnes.

Tu soupires finalement, tu finis de reprendre contenance et balances presque rageusement ta bouteille en plastique vide dans la poubelle qui traînait à côté des packs. Et le tri sélectif alors ? Mais t’étais pas tellement écolo dans l’âme. « Bon ok, c’est un bobard. De la magie, c’est ça que je fais. » De toute façon, t’as capté que ton mensonge tenait pas la route et que ta seule présence ici t'avait grillé. « Te fous pas de ma gueule, garde-le pour toi, et tu peux toujours courir pour que j’te fasse un tour de démonstration. » Tu cachais maladroitement le fait que l’admettre te rendait honteux et mal à l’aise derrière une sorte d’agressivité à son encontre, une agressivité sans but, sans souffre-douleur, où t’avais même fait l’effort de pas coller d’insulte, mais un ton dur qui signifiait clairement que tu préférais pas qu’on insiste sur le sujet. « Et toi, qu’est-ce que tu fais là, tu fais plus les magasins ? Je savais pas qu’on vous assignait des fonctions au hasard. » Faut être clair, tu t’en foutais pas mal, tout ce qui t’importait c’était de changer le sujet. Parler des autres plutôt que toi, même si toi-même tu t’intéressais largement plus à ton cul qu’à celui des autres en somme. Fort à parier que t’écouterais sa réponse que d’une demie oreille - surtout si c’était des réponses de vigile formelles et relativement chiantes - et que tu te ferais la malle à la première occasion. Même si, faut bien avouer, cette vigile là t’avait laissé un souvenir plus marquant que les autres pour plus d’une raison. Elle t’intriguait pas mal et ça lui faisait quelques bons points - ou mauvais points, t’étais pas trop sûr au final.
(c) DΛNDELION
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Etoile et tocard

Sterenn voyait bien que l’homme se cherchait une histoire. Au fond elle avait du mal à percevoir pour quelle raison il n’avait aucune raison d’admettre ce qu’il faisait ici. Plus encore, elle se rappelait que son but premier ici, c’était de mettre dehors les fans insistants et les éventuels criminels. Et de fait, avec son casier et tout le reste, s’il n’était pas là pour un spectacle, l’étoile serait obligée de le mettre dehors.
Sauf que pour l’instant, elle se doutait que s’il avait un si beau costume, soit il faisait un spectacle, soit il s’était trompé en allant aux toilettes. Ce qui n’avait rien de méprisable, et qui arrivait à tout le monde même au meilleur.
Mais de fait, en attendant de clarifier la situation, l’étoile était juste contente de le voir. Sans raison précise, sinon le fait qu’elle l’appréciait assez pour cela.

Et puis, de toute façon, l’homme fini par répondre, avant de mettre la bouteille à la poubelle.
Il n’avait pas l’air si content que ça, mais Sterenn se contentait de l’observer, silencieuse, sinon souriante.
Et quand il annonça faire de la magie, elle se laissa à sourire. Son sourire était énorme, tellement elle était heureuse. C’était peut-être futile, mais l’idée que quiconque puisse faire de la magie lui plaisait.
Parce qu’elle, elle aimait bien ça. C’était fascinant.
Alors, ses yeux se mirent à briller façon constellation, si bleus clairs comme une galaxie.

L’homme grand paraissait croire que ce serait sujet à moquerie de la part de l’étoile, et lui demandait même de ne rien dire et qu’il ne lui montrerais pas.
Ce qui fit que l’étoile perdit tout son enthousiasme. Elle était déçue elle : adorant la magie, elle aurait bien voulu voir un tour de magie.
Seulement celui qui lui faisait ça semblait avoir un sacré caractère et il ne semblait pas dans ses idées de montrer à celle qui lui faisait face de faire quelque chose d’enchanteur.

A la place il la questionna.
Elle reprit son sourire :

- Je travaille juste à temps partiel, alors je fais surtout des remplacements.

Ce qui expliquait sa présence ici vu que de fait, elle remplaçait donc quelqu’un.

- Tu veux vraiment pas me montrer de tour ? J’ai entendu parler du spectacle que tu voulais faire, et j’étais un peu déçue de pas pouvoir y assister… J’adore la magie. C’est incroyable !

Sterenn se rappelait de cette période où elle avait tenté d’apprendre sans aucun succès. Ca n’avait pas été pour elle, et elle s’était ratée lamentablement. C’était un autre des sujets qu’elle aimait beaucoup.

- Ton spectacle est dans longtemps ? Enfin je suppose que je serais en train de travailler… Tu sais, je ne vois pas pourquoi je me moquerais. Tu veux vraiment pas ?

Parfois l’étoile était comme ça : insistante. Et au vu de la tête qu’elle lui tirait, il semblait claire qu’elle lui faisait presque des yeux de chat botté.

- Si tu veux en échange, hm…Je ne sais pas. Je t’expliquerais mieux comment sont les étoiles avant de disparaître ?

Elle-même savait que l’échange n’était pas équitable mais elle ne voyait pas comment faire pour convaincre l’homme.
Elle n’était même pas surprise de le savoir capable de magie, à vrai dire, elle n’associait pas la personne à un talent en particulier.
Donc, s’il faisait de la magie, très bien, elle voulait voir !
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Sterenn L. Holvedd & Trevor McQueen

« Les coups de poings dans l'âme Le froid de la lame qui court Chaque jour me pousse Un peu plus vers la fin Quand je monte sur scène Comme on prend le dernier train »
T’avais eu droit ni aux moqueries, ni au regard blasé, ni à la colère ou aux reproches pour ton attitude clairement déplacée. Au lieu de ça, un regard immense, brillant, admiratif, un de ces regards qui fait chaud au coeur et qui te le pince en même temps parce que tu penses toujours ne pas le mériter. Ces perles rivées sur toi, cette jolie paire un peu trop scintillante, tu veux pas la décevoir. En soi, il y a des jours où tu préférais encore les moqueries à ce genre de choses, ou plutôt que les moqueries un bon poing dans le visage. Où tu préférais l’indifférence, ou la colère de types comme Kyle Osborn, parce que tu étais conscient que c’était justifié au moins. L’irritation des parents, quand ils constataient quel désastre ils montraient à leurs mômes - mais les mômes, ils voyaient pas le désastre, et par désastre j’entends l’état dans lequel tu étais rendu. Ces mômes qui te regardaient monter sur scène avec des regards si semblables à celui-là. Des regards d’émerveillement sincère, et tu avais l’horrible impression de trahir leur confiance, d’abuser de leur bêtise et de leur jeunesse. D’ailleurs, ce n’était pas qu’une impression, la large part de ton succès était basé sur un mensonge ou presque. Après tout, c’était un numéro de disparition qui avait fait ta renommée, mais tu ne disparaissais jamais vraiment. Au lieu de ça, tu retrouvais ta nature d’insecte, cette nature honteuse que tu as appris à accepter mais dont tu ne seras jamais vraiment fier. La demoiselle, tu voudrais pas prendre le risque de la décevoir. Tu imagines ? Si elle apprenait qu’au lieu d’être un miracle, t’étais rien d’autre qu’un cafard.

Forcément tu as refusé, mais quand la joie a quitté son visage à tes mots, tu as ressenti un gros sentiment de culpabilité. Tu t’étais énervé peut-être un peu, tu avais peut-être un peu monté la voix pour la décourager, mais c’était clairement pas pour te faire plaisir, certainement pas. Tu te serais plutôt senti d’humeur à t’excuser, si t’étais pas bouffé d’une fierté trop grosse - ou au contraire si petite que tu avais juste peur de te diminuer un peu plus que tu n’étais déjà bas. Mais elle ne tarde pas à sourire de nouveau. Et ce sourire, tu t’y raccroches comme à une bouée de sauvetage, comme à une main tendue, comme un pécheur devant la miséricorde. Elle ne t’en veut pas, elle répond à ta question, mais tu ne tardes pas à comprendre qu’elle n’allait pas si facilement changer de sujet. Ce n’était pourtant pas son genre, de passer d’une chose à l’autre ? Oh si, mais seulement de manière à t’embêter au maximum. Tu avais grimacé un peu nerveusement en la sentant insister, tu n’aimais pas ça, parce que c’était assez facile de te faire craquer. « Ecoute, t’es mignonne mais je suis pas sur scène, j’ai pas de matériel, j’ai rien pour te faire de tour. Et, euh. » Tu remontes ta manche pour regarder l’heure, seulement pour réaliser que t’as pas de montre. Tu tâtes tes poches, mais t’as laissé ton portable à la loge. Ah, bravo. « Dans vingt ou vingt-cinq minutes je dirais, le patron vient de me secouer les cloches. » Tu soupires, tu la dévisages. Mais quelle bouille, quel regard, le Chat Potté à côté il peut ranger ses bottes et se cacher sous son chapeau. Non Trevor, faut pas que tu te laisses manipuler. Quinze ans de taule t’ont fait oublier combien les femmes pouvaient être fourbes.
Elle te propose un marché - un drôle de marché d’ailleurs. Elle veut te raconter la vie des étoiles, pire que ça, leur mort. Sachant qu’elle te compare à une étoile pas loin de mourir depuis qu'elle t'a rencontré, t'es pas sûr de savoir comment le prendre, et ça sonne presque comme un présage funeste. « Franchement, le prends pas mal, mais les étoiles, je m’en cogne un peu. Pourquoi tu reviendrais pas en spectateur un autre jour plutôt ? Tu verrais la même chose que tout le monde au lieu de me gonfler. » Tu lui as répondu ça avec une exceptionnelle neutralité, presque avec gentillesse - tout simplement parce que tu ne pensais vraiment pas mal. T’avais beau dire que tu t’en cognais et qu’elle te gonflait, au fond tu la vivais pas si mal cette conversation. Cette vigile, c’était un peu un space cake dans son genre. En fait voilà, spirituellement, ça devait probablement être un truc comme ça. Mais tu te mets à te frotter le bouc en la regardant, comme si tu réfléchissais, comme si t’étais capable de réfléchir. Et tu lui adresses un sourire amusé, parce qu’il te vient une idée sur le moment. « Après, tu peux déserter ton poste le temps d’un numéro. Personne en saura rien. T’as vu beaucoup de gens essayer de passer ce soir ? Et puis, s’il faut témoigner plus tard, je plaiderai que t’étais bien là. » Ah, ça t’amuse, l’idée de la pousser du côté obscur. Il faut avouer que tu trouverais ça pas mal ironique, puisqu’elle t’avait déjà chopé en train de jouer avec la loi. Non pas que tu veuilles qu’elle se fasse virer non plus - d’ailleurs si ça arrivait à cause de toi, tu t’en voudrais probablement pendant un sacré bail.
(c) DΛNDELION
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Etoile et tocard

Sterenn voyait bien que le type en face de lui n’appréciait pas trop qu’elle veuille à ce point voir ce dont il était capable. Seulement, l’étoile était légèrement égoïste sur ce fait, trop rattachée à l’idée de voir ce qu’il pourrait faire. Après tout, elle savait qu’il y avait des chances qu’elle ne puisse pas assister au spectacle, ce qui pourrait être vraiment dommage.
De fait, il remis sur le tapis l’histoire du refus, précisant cette fois un argumentaire précis sur le pourquoi, non il ne pouvait pas lui faire de tour. Elle comprit. La raison semblait correcte, et Sterenn savait être raisonnable.
Enfin presque. L’étoile parfois dépassait tout de même les bornes. Mais c’était son côté à oublier qu’il pouvait exister des limites.

Pour le spectacle, elle savait que vu l’horaire, il semblait qu’elle ne pourrait pas y assister. Sterenn se sentit toute triste, et cela se voyait sur son petit minois aux grands yeux. Bon tant pis… Elle n’aurait pas son tour de magie pour ce soir, elle allait devoir faire avec.
En tout cas, il était presque amusant de constater, qu’elle avait totalement mis de côté le fait qu’elle ait pu mettre cet homme par terre dans un magasin, ou le fait qu’il avait été un brin suspect. Mais l’étoile n’était pas du genre à s’attarder sur ce genre de « détail ».

Sterenn ne fut pas surprise que l’autre trouve que l’histoire des étoiles ne soit pas à la hauteur de l’échange. Et à l’idée qu’il lui donna, ses yeux s’illuminèrent. Elle passa outre le « au lieu de me gonfler » trop heureuse à l’idée de pouvoir voir le spectacle quand même. C’est vrai que ça restait une bonne idée. Même si cela signifiait qu’elle allait devoir attendre un peu.
Ce qui là, était légèrement dommage.

- Oui je pourrais revenir…

Elle s’en contenterait. A peu près. Ou pas.
Mais soudain, le magicien géant propose une autre idée. Qu’elle déserte son travail pour pouvoir assister au spectacle. L’étoile y réfléchit. A vrai dire c’était une bonne idée. Et Sterenn était loin d’être du genre à se soucier de ce qui est mal ou bien tant que ça pouvait être dans son intérêt. D’autant que le magicien lui offrait un alibi, et qu’elle-même avait une idée qui pourrait compléter le tour :
- Je pourrais sinon dire que j’ai cru voir quelqu’un rentrer dans la salle de façon illégale, et que j’ai jeté un coup d’œil pendant tout un numéro pour me servir de notion du temps.
Elle fit un grand sourire, et était toute heureuse d’avoir trouvé ce complément d’idée. C’était parfait, on n’aurait rien à redire là-dessus.

- Merci d’avoir eut cette idée ! J’ai vraiment hâte de voir ce que tu vas faire ! Tu penses qu’il y a un numéro spécial auquel je dois assister ?

Elle ne savait pas si l’homme savait exactement quand ses tours se faisait mais elle pouvait toujours essayer.

- Et me dire aussi quand tu penses qu’il va arriver… Depuis ici, j’entends ce qu’il se passe sur scène, à peu près, si je tends l’oreille, et si tout est silencieux…Et comme là tout est un peu silencieux…

Soudain Sterenn eut une autre idée, parce que dans sa cervelle ça virait à toute allure.

- Et je sais ! Je pourrais me rapprocher des coulisses pour voir un autre numéro…Qui sait, il y a des éventualités de criminels vers les coulisses….

Elle avait un petit sourire mutin, de celle qui savait très bien que ce qu’elle racontait au niveau des criminels des coulisses était simplement un autre prétexte pour assister un peu plus longtemps au spectacle.
Mais au moins, elle s’illuminait, c’était un bon point.
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Sterenn L. Holvedd & Trevor McQueen

« Les coups de poings dans l'âme Le froid de la lame qui court Chaque jour me pousse Un peu plus vers la fin Quand je monte sur scène Comme on prend le dernier train »
Tu avais lancé l’idée de façon un peu hasardeuse, en réalité tu étais presque certain qu’elle ne la suivrait pas. Dans l’idée, une vigile devait être stricte sur les règlements, celle-ci semblait aussi jeune que droite dans ses bottes, et tu gardais en mémoire la façon dont elle t’avait mis à terre. Alors déserter son poste ? C’était plutôt de la provocation, mais tu ne t’attendais pas à son enthousiasme. Comme tu t’es senti bizarre quand elle s’est mise à comploter ! A chercher des excuses, des tactiques plus ou moins loyales pour justifier qu’elle se serait absentée quelques minutes. Elle avait l’air encore plus fourbe que toi et tu l’as laissée dire en la dévisageant d’un air un peu bête. Tu t’es frotté l’arrière du crâne, t’étirant à moitié, penaud, répondant vaguement un « J’suppose » pour appuyer ses affirmations. Et son sourire, encore. Ce sourire innocent, ce sourire de gosse avant de voir un spectacle, ce sourire que tu voulais pas décevoir et qui te faisait du coup un peu peur. Pire : après le sourire, elle te remercie. Elle te remercie de l’écarter du droit chemin ! Oh, t’es pas fier, ça non. T’oserais pas regarder ses parents dans les yeux. Si dans dix ans tu la retrouves ivre, droguée, les cheveux verts et couverte de tatouage, tu vas probablement avoir une pensée furtive du genre que c’est un tout petit peu de ta faute.

Et en même temps c’est flatteur, non, de te dire qu’elle va faire ça pour toi ? Mais ça te gêne, parce que t’as pas l’impression de le lui rendre. « Me remercie pas. J’sais pas, peut-être qu’il vaudrait mieux pas. » Putain, t’as l’air con. Y’a vingt secondes, t’essayais de la corrompre pour l’emmerder, et maintenant tu te la joues bonne conscience pour pas qu’elle finisse dans le pétrin par ta faute. Mais elle a l’air tellement ravie, et t’as envie de lui faire plaisir quelque part. En fait, quelque part, tu dois bien l’aimer, mais ça te fait chier d’avoir à assumer un truc comme ça. T’aimes pas être sentimental, et t’aimes pas non plus le mensonge, alors l’idée qu’elle raconte des bobards à cause de toi te rend pas jouasse. T’as du mal à comprendre d’ailleurs, elle a toujours l’air si franche, franche dans son regard, dans ses mots, dans ses idées. Et tout ça, ça te déstabilise. D’un autre côté, elle en parle comme si c’était déjà fait, déjà à te demander des conseils, à te parler numéro et compagnie. Elle a hâte, alors que toi ça fait deux heures que tu redoutes l’entrée en scène, et c’est même pour ça que t’as picolé. « Te monte pas le bourrichon hein, c’est pas si grandiose que ça. Ce qui fait que ça tourne, c’est le numéro de disparition. Le reste, en général tout le monde s’en fout, et ils ont raison. » Tu verrais ta gueule, la gueule du mec qui comprend tellement pas son succès qu’il prend ses spectateurs pour des cons.

Bon, ce qui t’inquiète un peu plus, c’est quand elle te parle de silence. Parce que du coup, en l’absence de montre, tu te dis que c’est peut-être à toi, que t’as pas vu passer les minutes à cause d’elle là, c’est de sa faute, si elle te parlait pas aussi. D’un autre côté, si c’était toi qu’ils attendaient, ce serait pas du silence dans la salle mais un gros bordel de bruit, de gens qui s’impatientent. Mais tu doutes quand même, tu devrais retourner dans les loges, sait-on jamais que ton patron soit en train de pourchasser ton cul pour l’engueuler, le foutre sur scène et le virer une fois pour toute. Ce qui t’arrange assez bien du coup, vu que la petiote dont tu connais toujours pas le nom a l’air d’envisager d’y aller aussi. Et tu le sais, qu’elle a pas le droit, tu le sais que tu devrais pas l’encourager, mais pour le coup ça t’arrange. Alors tu la dévisages une minute et tu acquiesces. « Ouais, y’a moyen, j’connais au moins un criminel qui y crèche régulièrement. J’verrai où en est le spectacle comme ça, ramène tes miches demi-portion. » Et tu prends la direction des loges, sans préciser bien sûr que le criminel, dans l’affaire, bah c’est toi en fait.
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L’étoile se rendit bien compte que le magicien n’était finalement plus trop d’accord. Mais la demoiselle était déjà partie loin, et elle n’hésiterait certainement pas à poursuivre. Ca y est elle savait comment assister au spectacle et personne ne l’arrêtait. Et qu’importe si ça portait préjudice à son métier. Elle saurait s’en sortir sans trop de dégâts, avec ce qu’elle avait prévu.

- Ca ira. Promis. Je travaille bien en général, donc je peux me permettre ça.

Et c’était vrai.
Si Sterenn arrivait à trouver encore du travail, c’est qu’elle arrivait à montrer qu’il y avait plus au-delà de son apparence chétive. Elle était sérieuse, responsable et particulièrement douée pour remettre les gens à sa place – même sans s’en rendre compte -. Mais l’étoile ne voyait pas le mal à déroger à la loi si en plus il ne semblait pas y avoir trop d’ennuis ce soir là.

Quitte à ne pas s’ennuyer elle préférait assister à un spectacle de magie.

Et l’homme avait beau affirmer que ça ne serait pas grand-chose, que seul un numéro serait plaisant, Sterenn, elle s’en moquait total. Elle, elle savait que ça serait génial et magnifique, et beau et grandiose.
Parce que même un petit tour de magie à deux balles avait cet effet là sur elle.

- Moi je ne m’en foutrais pas. J’adore vraiment les tours de magie.

C’est qu’elle rayonnait l’étoile.
Elle aurait pu éclairer une salle à elle toute seule.

Et Sterenn laissa le magicien partir. Elle se rendit compte que le nom du type, elle le connaissait toujours pas, mais c’est pas vraiment ce qui la dérangeait. Trop heureuse, elle poursuivit sa surveillance jusqu’à ce qu’elle fut sûre que de toute évidence, il n’y avait personne. Elle avait même refait le tour du lieu.
Observant son portable indiquant l’heure, l’étoile supposa que le spectacle avait commencé.

Ni une ni deux, elle se précipita vers les coulisses et observa avec amusement ce qu’il s’y passait. Là, elle pu profiter d’une partie du spectacle. Là, ses yeux s’illuminèrent d’un bonheur qu’elle pouvait difficilement retenir.
Pendant une seconde, l’étoile était bulle et s’oubliant totalement, elle en perdit presque la notion du temps.

Elle resta un petit temps, avant de retourner à sa surveillance. Mais comme la dite surveillance se finissait quand le spectacle se terminait, elle se précipita dans les coulisses sur la fin, pour accueillir le « grand » magicien :

- C’était extraordinaire !

Oh sûrement que les tours auquel elle avait assisté étaient en fait simple. Et elle avait même vu un ou deux trucs. Mais Sterenn avait adoré ce qu’elle avait vu, et elle débordait d’une joie que l’étoile peinait à contenir.
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Etoile et tocard
Sterenn L. Holvedd & Trevor McQueen

« Les coups de poings dans l'âme Le froid de la lame qui court Chaque jour me pousse Un peu plus vers la fin Quand je monte sur scène Comme on prend le dernier train »
T’avais cédé finalement. Devant ses grands yeux brillants, ce sourire trop sincère qui se déformait pour te dire encore et encore combien elle aimait la magie. Tu t’étais fait une raison, elle avait bien plus de volonté que toi, ce qui te faisait une raison supplémentaire de la respecter et te laisser marcher sur les pieds. Mais trop fier pour lui donner raison, trop sceptique pour la laisser idéaliser ce qu’elle allait voir, tu t’étais contenté de lui lâcher un bref « On verra » de mauvaise foi. T’avais même pas encore les pieds sur scène que t’étais convaincu que t’allais la décevoir. Après ça, t’avais pas tardé à la laisser, t’avais rien de plus à lui dire et plus de raison de la décourager. D’autant que de ne pas savoir l’heure qu’il était avait tendance à accroître ta nervosité. Tu étais retourné à ta loge, le temps de repoudrer ton grand nez, d’ajuster ton papillon, de remplir tes poches de ce qu’il te faudrait en sortir pour émerveiller les gamins et les crédules. Le temps de fixer tes yeux dans la glace, de t’insulter deux ou trois fois, de regarder ta montre, et de rejoindre les coulisses, en attendant que soit présenté Trevor le magicien. Ce titre impossible à porter, sérieux. Regardez comme c’est magique, il fait disparaître la bonne humeur d’un tour de main, tu t’étais mis à penser, sur un ton ironique. Si seulement tu pouvais bosser sans être toi.

Mais t’y étais allé ; t’avais fait un doigt aux plaintes résonnant dans ton crâne et t’étais monté sur scène. Nerveux, hésitant, exposé par le spot t’éclairant le front. N’osant poser ton regard sur la foule comme si elle était ton peloton d’exécution. Et puis, à un moment, faut croire que t’as eu un éclair de lucidité. Tu t’es trouvé con, tu t’es dit : après tout, n’importe qui pourrait le faire, après tout t’étais payé pour ça et personne te retenait. Tu t’es dit que tu voulais pas que le premier truc que tu verrais à la sortie, ce soit un visage déçu. Et y’a un moment où t’as presque commencé à t’amuser - ton immense silhouette difforme, ça donnait à l’ensemble un truc irréel. T’avais tes secrets planqués sous tes mèches grasses, qui ressortaient en colombes et tissus colorés. Tu t’évanouissais pour mieux renaître, faire émerger des ombres ton torse scarifié, embaumé dans un drap trop lumineux. Et tu t’en allais comme un prince, comme un roi, comme un mage. Fallait quand même remercier la vinasse pour t’avoir évité la crise d’angoisse - celle qui faisait tout foirer dans tes mauvais jours. Et quand tu saluais à la fin, tu prenais toujours trop de place.

Tu te sentais toujours mieux une fois la corvée finie. Ça s’était plutôt bien passé, tu dormiras l’esprit tranquille. T’étais forcé d’en profiter, c’était loin d’être toujours le cas, pourtant malgré ça t’arrivais encore à redouter le retour en coulisse et la sortie des artistes. Fatigué, sur la défensive, mais personne n’arrivait pour te casser la gueule cette fois : personne sinon la vigile, mais pas la moindre trace d'hostilité sur sa face. T’avais dû tirer une sacrée gueule en la voyant déjà en coulisse, une grimace du plus bel effet. Tu te serais attendu à tout, mais c’est un compliment qui sort de sa bouche, et sa joie contagieuse ne met pas longtemps à te dérider. T’as un sourire nerveux, qui part en rire mal contenu, les joues qui foncent et les yeux qui se baladent sur le mur le temps de faire passer un soupçon d'embarras. « C’est bien si ça t’a plu », t’as répondu un peu maladroitement. Mais ça sonnait pas assez bien à ton goût, alors t’as rajouté d'une voix plus douce : « J’suis content », et t'as cessé de fuir son regard. Y’avait pas à dire, t’étais largement plus calme après séance, on en doutait presque que ce soit encore toi. Mais ça faisait longtemps, bien longtemps que ça s'était pas passé aussi bien, et tu pouvais pas t'empêcher d'en avoir des émotions. Et même si t'avais trop de fierté pour l'admettre, la peur de désappointer la demoiselle devait avoir pesé dans la balance. T'as empoigné la porte de ta loge, t'as ôté ta veste et chopé un paquet de clopes. « Alors, combien de criminels à déclarer ? » t'as demandé avec un soupçon de plaisanterie, histoire de la taquiner un peu.
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