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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
Des textes, des trucs qui traînent, grattés à la va-vite ou travaillés bien comme il faut, selon l'envie et l'ambition. Surtout des essais, des tentatives avortées. Ne sera probablement pas alimenté très souvent. Des fois je gribouille au crayon de papier, peut-être qu'il y aura ça aussi.

Y'a pas tout qu'est bien, j'ai pondu ça très tard (pour pas dire très tôt, coucou la nuit blanche) donc sans doute un peu cringe avec des soucis de concordance des temps - ma hantise de toujours. To be continued, des bisous sur vos miches dodues.





University of Cambridge, xx.xx.2011.

♠️
Silence. Un cliquetis, la trotteuse d’une montre à aiguilles. La cadence irrégulière d’une plume écorchant du papier.
Sinistre. Quoi de plus sinistre qu’une chambre dortoir ? Quoi de plus sinistre que ces draps blancs, que ces murs blancs, que ces bureaux de bois. Quoi de plus sinistre que la grisaille anglaise par des carreaux vieillis, que des uniformes ternes aux coutures soignées qui déambulent sur des pavés de quelques siècles. Quoi de plus sinistre que cette ambiance de travail, que ces feuilles quadrillées empilées par centaines.
La porte s’ouvre sans bruit, mais les pas ne sont pas aussi discrets. Lui, il ne relève pas la tête, en dépit du tressaillement de sa lèvre. Dérangé mais non pas interrompu, il poursuit inlassablement. Il a remarqué, aux pas, aux mouvements, que son colocataire n’est pas seul. Un salut ô combien innocent, mais il n’y répond pas, il a mieux à faire. « Ne t’embête pas, quand il travaille rien ne peut lui faire engager la conversation. » Il n’a pas tort, mais il le connaît. Depuis le temps, pensez-vous ! Rien ne saurait entamer son enthousiasme, il n’avait pas vraiment été gâté de la compagnie du plus loquace.
Silence. Des échanges à voix basse, pour ne pas le déranger. Mais il n’est pas idiot, il sent leur regard peser. Il a l’habitude, et il s’en fiche – il s’en fiche de ce qu’ils peuvent dire ou penser. Ce ne sont que des hommes comme il en existe des milliards. Leurs ricanements, leurs airs mauvais, leurs regards de travers, leurs doutes, leurs interrogations. Rejet, dégoût, ou encore crainte mêlée d’étonnement. Étrange, cela il l’entend souvent. Étrangement étrange, étranger dans son décor, et pourtant bien trop à ses aises.
« Tu les as tous dessinés toi-même ? » Il ne répond pas, il continue à écrire, mais son ouïe s’est faite plus attentive. Le silence s’installe, mais il finit par relever la tête, par la tourner vers le mur qui fait l’objet de cet intérêt soudain. Bien sûr, il l’avait remarqué. Comment le manquer ? C’était la première chose qui happait l’œil quand on entrait. Des papiers, des dizaines de papiers de tailles et natures diverses, accrochés avec autant d’ordre que de désordre. Du canson, du papier de qualité, du papier brouillon, parfois chiffonné. Du carbone et de l’encre bleu. Rien que des dessins. « T’as l’air d’adorer ça-. » Un bruit sec, un coup dans sa poitrine. Un regard significatif, qui exprime clairement : ne l’encourage pas. Adorer ? Le mot était faible. Son regard ne s’en détachait plus, cette fresque si particulière se reflétait à l’infini sur le tableau de ses rétines. Des organes, des organes sous tous les angles. Avez-vous jamais vu un cœur ? Pour l’avoir détaillé si remarquablement, il fallait l’avoir vu de ses yeux. Dessinés, légendés, de cette écriture féminine toute en boucle, minuscule sur une multitude de lignes invisibles. « Viens, je suis pas sûr de vouloir la réponse. » Une seconde de trop, ils étaient restés une seconde de trop, mais les voilà partis, volatilisés, abandonnant le silence, le cliquetis et la funeste contemplation.

University of Cambridge, xx.xx.2010.

♠️
« Tu t’évades, Egerton ? » Il a hoché la tête sur la négative sans esquisser un sourire – l’humour, il a encore du mal à le saisir, le second degré aussi. « Tu as commencé à plancher sur ta thèse ? » Il a appris, pourtant, à déceler la nervosité dans la voix. Cette tonalité, cette modulation, qui évoque la sueur, l’accélération du rythme cardiaque, ce léger malaise qu’il avait autrefois tant de mal à percevoir. C’est toujours infiniment délicat – il faut le dire, une telle condition est un véritable handicap. Comme toute une partie du cerveau qui n’existe pas. Comme une incapacité de nature à comprendre, à remarquer ce genre de choses. Mais il n’était pas sourd, pas plus qu’il n’était aveugle, et il était toujours tellement attentif, et attentif aux petites choses. Alors il avait appris. Il devinait. En revanche, ce pour quoi il ne pouvait rien faire : il s’en moquait toujours autant. « Non, pas encore. » Il y avait chez lui quelque chose comme de la contrariété, mais cela n’avait rien à voir avec la pression purement scolaire de l’université. Non, c’était une contrariété scientifique tout à fait personnelle.
Il avait manqué le déclic. Le déclic dans le choix de sujet. Il y en avait tant et tant qui méritaient son attention, mais par où commencer ? Là était le problème. Il lui fallait bien sûr choisir quelque chose qui lui ouvrirait les bonnes portes, celui qui déterminerait l’orientation de son avenir de chercheur. Dans quoi voudrait-il spécialiser ses recherches, lorsqu’il aurait quitté ce cadre encore trop institutionnalisé ? Ah. Mais voulait-il seulement être chercheur ? Bien sûr. Bien sûr, mais quel ennui dans cette perspective d’avenir. Il lui manquait la passion, il lui manquait l’étincelle, le véritable plaisir. Il traînait, il traînait parce qu’il n’avait pas la friandise, et le bâton ne lui faisait aucun effet. Mais le temps défilait sans lui. Que ferait-il lorsque sa thèse serait finie ? Que ferait-il lorsqu’il serait enfin Docteur ? C’était peut-être la raison derrière cette carcasse vide, fermée au monde et sans sourire. L’indifférence, le flegme qui n’était plus seulement britannique mais quasi pathologique.

St James’s Park, London, xx.xx.2010.

♠️
Assis, à l’ombre d’un saule pleureur, plume en main, cet éternel et minuscule carnet pressé sur les genoux. Il avait rejoint la demeure familiale pour quelques jours, et si le décor londonien lui avait manqué, il se languissait déjà de ne plus voir les siens. Rien ne l’avait attendu dans les rues de la capitale, plus depuis l'évaporation de Sirius, une occupation qui valorisait autrefois ses retours au bercail. Que ferait-il, que ferait-il lorsqu’il en aurait terminé avec Cambridge ? Reviendrait-il s’installer ici ? Oh, certainement pas en plein centre. Citadin, mais dans une certaine mesure – au fond, ne se serait-il pas plu davantage dans une ville à plus petite échelle ? Ce n’était pas idiot de le penser, il avait envie de calme et d'isolement, pourtant Londres coulait dans ses veines.
Une minute. Son regard s’aiguise. Il y a une femme, plus loin, au bord du lac. Elle peine à marcher, elle titube. Les mains, les mains serrées sur le ballon qui lui sert de ventre. L’effort lui pâlit les traits et les lui tire, il lui ride le visage, il lui gerce les lèvres. Il la regarde, il suit sans cligner des paupières sa traversée du désert. Son carnet se referme dans un clappement, l’électricité a traversé son échine et il se lève soudain, mais il n’avance pas encore, il suit quelques autres de ses pas. Le tracé anormal de sa jambe tandis qu’elle se déplace. La voilà, il la tient. Sa thèse.

[...]


Premier meurtre
Basil Egerton
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