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 Je m'attendais pas à toi [Zachily]

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« Définitivement, il faut que t'arrêtes les clin d’œil. »
Je ris doucement. Zach a dit ça sur le ton de la plaisanterie et je note dans un coin de ma tête de m’entrainer à faire des clins d’œil dignes de ce nom. Il me faudrait un cobaye. Ma mère ne serait pas ravie. Je trouverais bien quelqu’un qui m’aidera à ne plus me couvrir de honte…En attendant, je prends le bras de Zach, et sens sa main sur la mienne. J’apprécie la sollicitude dont il fait preuve. Ce n’est pas la première fois qu’il m’aide à me déplacer. Mais on sent les années d’expérience parler. Il y a plus de douceur chez lui, plus d’attention. Il sait ce qu’il fait. C’est étrange, d’une certaine manière, de voir Zach savoir ce qu’il fait, de voir ce professionnalisme, cette confiance dans ses gestes. On est devenus adultes. C’est étrange. Ca vous saute aux yeux d’un coup, par ce genre de petits détails. Je ne suis pas la seule à être devenue adulte.

Zach propose de me ramener chez moi, et je pense protester pendant une seconde. Puis je me ravise. D’une part parce que je sais bien que Zach n’acceptera pas un refus. C’est un peu une tête de mule, quand il a décidé quelque chose, parler à un mur s’avère plus productif. D’autre part, parce que l’idée de rentrer avec lui me rassure beaucoup plus que l’idée de rentrer seule. C’est toujours mieux d’avoir quelqu’un avec soi. Je ne peux pas réclamer une présence à mes côtés 24 heures sur 24, mais il est vrai que parfois, la cécité vous enferme dans une inconnue. On pourrait croire que j’ai l’habitude, depuis le temps. Mais il y a des choses qui ne vous laissent jamais tranquilles. Comme prendre le bus seule, sans savoir qui est avec vous. Alors je me contente de hocher la tête et de lancer un petit « merci ».
J’entends les bruits de l’hôpital. Les bips des machines, les bruits des tiroirs, les pas dans les couloirs, les conversations techniques, les gémissements des patients. Tous ces bruits que je n’aime pas. Ils me ramènent en arrière, quand je perdais peu à peu la vue et que d’un coup, tout un monde nouveau apparaissait. Un monde de sons, ces sons auxquels je n’avais jamais fait attention avant. Mais le corps compense alors j’ai commencé à entendre. A sentir aussi, l’odeur aseptisé commune à tous les lieux de soins médicaux. J’avais dix ans et je passais ma journée au milieu de tout cela, à passer examen sur examen, les docteurs me posaient mille questions. Tous les hôpitaux se ressemblent. Par réflexe je serre un peu plus le bras de Zach, sans m’en rendre compte. Je voudrais sortir d’ici au plus vite, et le couloir semble interminable.

Zach brise les sons avec sa voix. Elle est une douce mélodie dans cet univers froid. Il m’explique pourquoi il est devenu infirmier. Et il me fait sourire, encore une fois. Zach avait eu des soucis. Pas mal de soucis. Des plaintes, des expulsions, quelques bagarres, des gosses qui tombaient sous son joug. Mais au fond de lui, il avait toujours été bon. Andy l’avait vu dès le début. Ma mère avait déjà discuté avec Andy de ces « gamins à problèmes », ces « déchets sous-éduqués » selon ses propres mots, que Andy osait faire entrer sous son toit. Elle lui disait « tu les nourris, tu les loges, tu les gâtes, mais leur avenir est déjà tout tracé et il se termine en prison ou mort dans une ruelle. On ne peut rien pour ces gamins, ils sont pourris ». Je l’entendais, souvent, quand je venais en pleurant parce que Kyle m’avait tiré les cheveux ou que Zach m’avait poussée exprès. Andy se contentait de rappeler à ma mère qu’elle n’avait pas le meilleur profil en éducation, ce qui la faisait taire de façon assez efficace. Au fond, ma mère avait toujours su qu’elle devait beaucoup à Andy. Et lui, il savait que ses gamins n’étaient pas pourris. QU’ils méritaient la chance qu’il leur donnait. Et il avait eu raison. Zach aidait les gens, et c’était noble, je trouvais ça formidable. Il était devenu un mec bien.  
« Puis j'voulais qu'Andy puisse être fier, avec tout ce qu'il a fait pour moi. »
Comme s’il avait lu dans mes pensées. On ne s’entendait pas toujours, avec Zach et Kyle, mais on savait ce qu’on devait à Andy. On avait juste tous les trois eu de drôles de façons de le montrer, je suppose.
« Je suis sûre qu’il l’est », dis-je doucement en serrant, consciemment cette fois, le bras de Zach. En réalité, j’en étais plus que sûre. Je le savais. Ca s’entendait. Chaque fois que je lui avais parlé au téléphone et qu’il m’avait parlé de ses garçons, la fierté transparaissait dans sa voix. Je ne le dis pas, mais moi aussi j’étais fière de Zach. Fière de connaitre l’homme qu’il était devenu. Fière d’avoir cru en lui tout ce temps.

Et soudain, un bruit sourd, et je me retrouve contre le mur. Le choc m’arrache une grimace et une douleur vivace au crâne. Un homme s’excuse et je comprend qu’il nous a bousculé. Zach est proche. Très proche. Trop proche. Mon cœur bat la chamade et j’ignore si c’est l’adrénaline de la scène ou le fait que je sente se respiration près de moi.  
« Je t'ai pas fait mal ? Je suis désolé Em, j'voulais pas être aussi brutal... »
« Ca va », je lance dans un souffle, à demi-voix. Sa main effleure ma joue et je baisse les yeux, incapable de dire quoi que ce soit d’autre. Nous sommes comme hors du temps pendant quelques secondes. Quelques secondes où tout semble différent entre nous. Et puis il s’éloigne. Je reprend mon souffle, me rendant compte dans le même temps que j’avais retenu ma respiration tout ce temps. Je souris, pour me redonner une contenance, puis reprend son bras. Doucement. Plus doucement que la première fois.

« Et toi... Les Etats-Unis, tout ça ? »
Je me racle doucement la gorge. Tente de calmer mon cœur avant que quelqu’un s’aperçoive de quelque chose.
« C’était pas mal. C’était bien, même. J’avais un job sympa, un bel appart. Des amis qui ne se moquaient pas de mon accent irlandais. » Je soupire. « Pour être honnête, je savais que ça ne durerait pas. Je savais qu’un jour ma mère m’appellerait pour me dire que mon père était mort et que je devais revenir. Mais ça reste difficile. J’ai dû quitter tout ce que j’avais construit là-bas. C’était pas grand-chose mais c’était ma vie. Finalement, peut-être que j’aurais mieux fait de ne pas partir de Bray. »

Nous sortons enfin de l’hôpital. Le bruit et les odeurs changent, et j’inspire un grand coup pour me détendre. Le bras de Zach m’aide, et je le suis alors que nous nous dirigeons vers sa voiture. Il m’aide à ne pas me casser la figure sur l’herbe, les plots, les canettes qui trainent à terre. J’ignore à quoi ressemble sa voiture, mais en m’installant dedans, je sens l’odeur de….je n’aurais pas su dire. Beaucoup de choses mêlées. Un peu d’alcool, de bouffe froide, de vêtements à demi propres. Je ris.
« Dis donc, j’espère que tu n’emmènes pas tes rencards dans cette voiture ! Ou alors que tu la nettoies avant. »
Pourtant à l’avant rien ne traine, et mes mains ne touchent presque pas de poussière. La voiture est comme séparée en deux mondes. Je me pince les lèvres.
« Parlant de ça…tu as quelqu’un, en ce moment ? Je veux dire…enfin tu vois. »
Une question bête, qui est sortie toute seule. Une curiosité mal placée. Zach a le droit d’avoir une vie, après tout, il n’a pas à me raconter sa vie amoureuse. Et pourtant…je ressens un besoin de savoir. Savoir s’il est heureux, s’il est aimé.
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