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 'Cause there's madness on my brain + Maureen&Hamlet

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Le bruit des clés résonne dans la rue alors que je décide de passer le pas de ma boutique. Il est encore tôt, les autres commerçants du quartier ne sont sans doute même pas encore levés, et pourtant je suis là. Les djinns ne ressentent pas réellement le besoin de dormir, moi encore moins que les autres. Je ne supporte pas l'idée de fermer les yeux, repartir dans ce trou noir que je pensais jadis vouloir. Parce que c'est moi qui le désirait ardemment, plus que tout, qui est pointé ma gorge à Azraël. Je me souviens encore de la scène, sur ce lieu sacrificiel, la fée aux cheveux roses déjà morte à mes pieds. Elle, elle ne le voulait sûrement pas. J'ai eu mal pour elle, sur le moment. Je ne la connaissais pas, mais son visage sans une once de vie me semblait naïf. C'était ce qu'elle avait été, toute sa vie, avant d'être rattrapée par sa naïveté. Mais moi, je lui ai fait l'affront d'aller dans la gueule du loup qui venait de la manger. Pas comme le bûcheron sauveur, mais comme un autre Chaperon, la grande sœur, plus idiote parce que totalement consciente que le loup me mangerait. Alors qu'il n'en avait pas l'intention. J'ai vu l'incertitude dans le regard d'Azraël, je m'en souviens encore. Il aurait dû m'en empêcher mais comment pouvait-il, après tout ? Il me devait une faveur, n'importe quoi pour la vie de son enfant. C'était ainsi, c'était mon choix. Mais maintenant que je suis sorti de la pénombre, de cette absence sourde de pensées, je comprends pourquoi personne n'a envie de mourir. Je comprends la peur des humains, même si je ne la partage pas. Et j'essaie de m'en échapper autant que je le peux encore. Mais je sais que ce n'est pas fini. Cette histoire va revenir me hanter, encore et encore. Jusqu'à ce que je ne décide plus de qui portera la lame et creusera ma tombe. En espérant que ce ne soit pas Basil, je commence à l'apprécier ce petit con.

J'entre dans la boutique, sombre. Elle n'a pas de fenêtre, juste des vitres laissant entrer relativement bien le jour. C'est pourquoi la petite lampe est toujours allumée, ainsi qu'une lampe de bureau supplémentaire posée sur le comptoir. C'est là que je fais mes travaux, que je répare mes montres et mes horloges, que je fais marcher mes mécanismes. Ça m'apaise, étrangement. Ça calme le tumulte de mon esprit, qui ne rêve que de s'échapper, de retourner à la maison. Il est vrai que je n'ai pas eu depuis longtemps droit à l'apaisement du corps, cet au-delà qui ne me fait plus ressentir la douleur, parce que je ne suis plus physique, mais seulement mental. Alors j'ai trouvé cette alternative. M'occuper l'esprit et les mains pour ne plus penser à la douleur du corps. Ça relève pas du génie, mais de la logique.

Je tourne le panneau accroché sur la porte pour indiquer que je suis ouvert, malgré l'heure matinale. Je ne m'attends pas à avoir de clients avant un petit moment, en vérité, mais au moins ce sera fait. Je suis là toute la journée de toute façon, et c'est le premier endroit où Phinéas viendrait me chercher en cas de besoin. Il aurait toutes les raisons de le faire, en vérité, puisque cette boutique, c'est lui qui me l'a offerte. S'il voit que je ne l'ouvre qu'un jour sur deux, il ne serait pas des plus heureux. Mais je comprends encore la valeur de l'argent et des cadeaux que l'on peut faire, malgré le fait que l'idée de richesse m'est totalement étrangère. Assis sur la chaise derrière le comptoir, je laisse mon esprit divaguer alors qu'automatiquement, je dévisse les engrenages de la montre posée devant moi. C'est quelque chose que je fais souvent, démonter pour remonter, lorsque je n'ai rien d'autre à faire. Ça me permet de réfléchir, de me poser. Penser à Alaska, la seule bonne rencontre que j'ai dû faire lors de mon premier passage en ville. Ça ne remonte pas si loin et pourtant j'ai l'impression que ça fait des siècles. Mes premiers mois avec Eldarion, les nuits sur la plage à parler d'éternité avec une sirène, la guerre froide avec des chasseurs, le déchaînement d'une métamorphe au milieu de la ville. La seule fois où j'ai usé de mes pouvoirs en public, et pourtant je n'ai même pas pu sauver tout le monde. Le moment où je me suis rendu compte que ma conscience commençait à devenir plus humaine que je ne le voulais, parlant de bien et de mal alors que j'ai toujours cru penser pour ma gueule. Mais c'était bien loin, et revoilà le bon vieux moi, détruisant, brûlant, tuant. Un bon esclave comme on en faisait plus. Le tintement de la porte résonna, me coupant dans mes idées. Je ne sais pas combien de temps est passé, ça peut aller de quelques minutes à plusieurs heures. Quoi qu'il en soit, j'ai des clients.
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  Il était très tôt, ou peut-être pas. Je ne le savais plus trop. Mon téléphone était resté dans mon appartement comme toutes les fois où je partais en forêt pour courir et chasser. Je ne voulais pas qu'on trouvât mon sac avec quoique ce fût qui aurait pu dévoiler mon identité. Je ne devais pas me trouver dans ces bois, pour aucune raison. Je disparaissais simplement de chez moi et revenais après. Personne n'avait besoin d'en savoir plus. Malheureusement ce problème était de taille : je ne savais jamais quand je rentrais exactement. Le soleil ne me donnait qu'une vague idée et les saisons rendaient toute tentative très, très approximative.

Je savais juste qu'il était tôt. Je n'étais pas encore rentrée et les routes étaient presque désertes. Un air frais s'infiltrait dans mes vêtements qui n'étaient absolument pas adaptés. J'avais toujours froid en quittant mon corps de monstre poilu. Et un simple jean, un tshirt toujours taché d'un peu d'alcool de mon service de la veille ainsi qu'une veste d'aviateur ne suffisait à faire disparaitre la chair de poule qui couvrait la peau de mes bras ainsi que de mon cou. Je devrais déjà être rentrée à cette heure-là, mais ce n'était pas encore le cas. J'en avais marre d'être déréglée, de vivre sans l'heure. Je vivais déjà la plupart du temps la nuit, autant savoir quand.
J'étais d'ailleurs épuisée. Des cernes marquaient mon visage, je devais être pale et tirer une gueule pas possible, surtout sans maquillage. Je n'en mettais jamais quand je me savais partie pour une escapade à la fin de mon service. Les cheveux roses attiraient suffisamment l'attention pour que les clients ne fassent attention qu'à cela.

Je n'avais jamais possédé de montre. J'utilisais toujours mon téléphone pour regarder. Il ne me servait presque qu'à cela, d'ailleurs. Vu que bon, je n'avais pas vraiment d'amis. Et c'était totalement voulu, bien que non désiré. J'aurais pu aller dans n'importe quel magasin dans un centre commercial, mais j'étais certaine d'y croiser trop de monde, des vendeurs énervants ou même : que ce soit encore fermé. J'avais plutôt été à la recherche d'un horloger à l'ancienne, qui aurait pu me faire quelque chose de solide et de résistant. Je déambulais dans les rues commerçantes durant de longues minutes. Les boutiques ouvraient chacunes à leur rythme. Je promenais mon regard sur elles, espérant poser les yeux sur la boutique tant désiré.

Enfin, après des dizaines de minute, je tombai sur quelque chose qui me semblait adapté. Je me dirigeai vers la porte, tenant toujours mon sac à dos abimé dégageant toujours une odeur de forêt. Je poussai la porte et passai tout d'abord un premier regard. Il n'y avait qu'une seule personne présente : un homme. Il était penché sur un travail. Il devait monter, démonter ou réparer des montres ou horloge. Je notai cela dans un coin de ma tête au cas où la mienne finirait écrabouillée par on ne sait quoi.
Je décidai de m'avancer un peu plus, pénétrant dans le bâtiment. Il n'y avait personne - il devait vraiment être tôt, finalement - et cela me rendait un peu plus à l'aise. Pas que le monde me stressait, mais j'avais toujours l'impression, après une transformation, que ma nature monstrueuse était écrite sur mon front, comme s'il me restait des crocs et des poils. Je savais qu'il n'en était rien, mais je ne pouvais m'empêcher de le penser. « Bonjour. » Soufflai-je, pas trop fort, comme si je ne voulais pas réveiller tous les instruments de mesure temporels présents autour de moi. J'étais bien heureuse de ne pas entendre aussi bien sous ma vraie forme qu'en étant une bête. Je serais probablement devenue folle, sinon.

Je ne savais pas vraiment quoi dire de plus. J'avais les mains dans les poches et je ne savais pas trop vers quoi me diriger. Et puis, putain, c'était peut-être vraiment hors de prix pour une serveuse idiote. Je ne pus m'empêcher de soupirer à cette idée. Bon. Je me devais au moins de regarder et de ne pas faire demi-tour. Pour quoi passerais-je, sinon? Je n'étais pas au bar et le vendeur semblait occupé. Avec un peu de chance, il n'allait pas m'aborder. N'est-ce pas ?

   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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  J'aime être dans ma boutique assez tôt. C'est plutôt logique, en fin de compte, après tout j'ai pas vraiment besoin de dormir. Je passe juste mes nuits à réfléchir sans fermer les yeux pour ne pas avoir l'impression de retomber dans le néant. Rien de bien excitant en somme. Alors j'en profite pour être un peu efficace. Le magasin, c'est la chose qui me rapproche le plus de l'humanité telle que je l'ai toujours vue. Non pas que je veuille réellement en faire partie, l'humain, pour moi, a cette propension à être victime de sa propre vie. Ils ne forcent jamais le changement mais ils en sont affectés à tel point que le malheur s'abat plus vite sur eux que la pluie en Irlande. Non. La condition humaine n'est pas enviable. La mienne non plus, à bien des égards, mais au moins on ne s'embarrasse pas d'émotions. Disons que la chose que j'aime ici, autre le fait que je puisse être seul la plupart du temps est que je me garde occupé. Moins de temps pour ressentir ma douleur, pas comme quand Eldarion me faisait faire des planques interminables. Même sous ma forme animale j'arrivais à sentir le grincement de mon âme qui commençait à me tuer à petit feu. J'aurais aimé qu'il me révoque, cela dit, mon magicien actuel. Je commence à devenir fou, faut dire la vérité. Halloween, je ne l'aurais souhaité à personne. Je suis plutôt du genre à aimer le cri de douleur des autres, les cris de peur. Mais là … Là non. Parce que j'étais pas moi ce soir là, j'étais plus terrible, plus puissant, et totalement hors de mon propre esprit. Et si y a bien quelque chose que j'avais jamais expérimenté, c'est bien ça. Je dois dire que ça m'inquiète, j'ai pas ce détachement que je devrais avoir. Peut-être parce que ça me touche, cette fois. Que c'est pas flou, au loin, mais que ça me concerne de vraiment trop près. J'ai beau me dire que c'est rien mais un médoc capable d'influencer l'espèce la plus puissante pouvant marcher sur Terre, c'est loin d'être que dalle.

La porte s'ouvre et je me sens obligé de lever la tête. C'est pas comme si j'avais le choix de toute manière, j'ai pas assez de boulot à cette heure ci pour pas me montrer un minimum sociable. Je reste quelques secondes hésitants. Des cheveux roses, un teint pâle, et je me sens encore bloqué dans ma culpabilité. Je connais même pas le nom de cette nana, de cette fée, mais ça m'empêche pas d'avoir l'impression de la voir dès que quelqu'un d'atypique passe le pas de la porte. Pourtant, il est évident que c'est pas elle. Y a que moi d'assez buté pour revenir d'entre les morts, ça y a pas de doute. Alors je me racle la gorge et arrête de la fixer. Elle a pas l'air dans son élément, je vais pas aggraver les choses non plus. Ça et le fait qu'elle a l'air complètement épuisée. « Bonjour.» Autre chose que je trouve spécial chez les humains, la politesse. Ils en ont un besoin constant. Le temps qu'ils perdent à se saluer où se dire merci, ils pourraient presque vivre une autre vie s'ils l'utilisaient autrement.

Je sais que je devrais dire quelque chose. Après tout, c'est moi le commerçant, je suis fait pour briser la glace, communiquer ma passion, toutes ces conneries. Puis si elle est là c'est peut-être qu'elle a besoin de quelque chose. Le fait est que je suis pas vraiment un vendeur, au cas où c'est pas si évident. « Tu t'es perdue ? » Non pas qu'elle ait l'air trop pauvre pour ma boutique, même si je réalise maintenant que c'est peut-être ce qu'elle a pu comprendre. Juste qu'elle a l'air complètement paumée sans savoir où regarder. « C'est pas ce que je voulais dire, je recommence. J'ai pas l'habitude d'avoir des clients aussi tôt dans la journée.» Ouais c'est déjà mieux. Un peu moins agressif déjà. Faut dire que je suis pas vraiment une personne qui sait être proche des gens. Ils me comprennent pas et franchement je les comprends pas non plus alors ça me fait ni chaud ni froid. Mais je me dois de faire un minimum d'efforts. « Tu cherches quelque chose en particulier ? »

   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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La chance, je n'en avais jamais eue. De base, avec la malédiction que je me baladais depuis des années, je ne pouvais pas spécialement me considérer comme une personne chanceuse mais parfois, j'avais envie que la vie me laissât un peu de répit. Mais à quoi bon si je pouvais être le plus emmerdée possible? « Tu t'es perdue? » Je détournai la tête des vitrines pour poser mes yeux sur le vendeur qui m'avait interpellée. Sa boutique était si luxueuse que cela pour qu'une fille aux cheveux roses avec un air de pas avoir dormi depuis des jours s'y retrouverait forcément perdue ? Je fronçai légèrement les sourcils. Je sentis au plus profond de moi un grognement chercher à remonter dans ma gorge. Cependant je maitrisais encore assez bien la partie bestiale en moi quand j'étais toujours moi-même. Je le laissai mourir avant qu'il ne parvint à émettre le moindre son. Mon regard s'était cependant durci.
Bon, peut-être que je n'avais réellement rien à faire ici et que j'allais me faire ridiculiser en demandant quelque chose de pas trop cher et franchement, je ne savais pas si j'en avais envie. Cependant je commençais à tomber de sommeil et mes paupières semblaient déjà peser dix kilos et je ne voulais pas repartir en quête d'un magasin maintenant que j'avais celui-ci entre les mains.  « C'est pas ce que je voulais dire, je recommence. J'ai pas l'habitude d'avoir des clients aussi tôt dans la journée.» ll était donc si tôt que cela. Voilà pourquoi il valait mieux que je prisse une montre. Ou était donc mon téléphone, au fait ?

Bon, mon regard s'adoucit néanmoins. Il était vrai qu'aller chercher une montre à une heure pareille pouvait paraitre quelque peu étrange. Mon train de vie était étrange, plutôt. Mais ça personne n'avait le droit de le savoir.  « Tu cherches quelque chose en particulier ? » Ah, enfin il se comportait comme un vendeur normal, celui qui cherchait à vendre son produit. Je m'approchai de quelques pas pour me retrouver face à lui mais à une distance plus que raisonnable. C'était moi où je sentais encore le monstre ? Ce devait être mon imagination et rien d'autre. Enfin, vu que je n'étais pas tout à fait convaincue moi-même de ce que j'avançais je préférais garder quelques mètres de sécurité. On ne savait jamais. Même si il semblait aussi amorphe que moi avec son absence presque totale d'expression. Il devait surtout s'en ficher, en fait. J'étais une cliente comme une autre à qui il allait vendre une montre et qui allait repartir pour peut-être ne jamais me revoir. Qu'est-ce qu'il lui donnerait une raison valable de chercher à me connaitre ou à me renifler ?
Je n'avais pas spécialement envie de parler à qui que ce soit, surtout pour avoir des conseils dont je ne voulais jamais. Cependant aujourd'hui, je devais m'avouer vaincue : je ne comprenais rien à ce que je regardais. Je ne pouvais pas me permettre de prendre au hasard un produit hors de prix. Jamais. Je n'avais vraiment pas le loisir de gaspiller mon argent pour des sottises. « J'aimerais une montre ou quoique ce soit qui puisse donner l'heure, quelque chose de pas extravagant mais qui puisse tenir. Si possible résistant à l'humidité... » Il ne manquait plus que l'air de la forêt sous la pluie la bousillât. « Le tout dans une gamme de prix... Disons raisonnable. » Je me sentais tellement ridicule, j'en aurais baissé la queue et les oreilles. Je n'avais rien de cela en ce moment et je me contentais de passer mes yeux sur les vitrines pour ne pas le regarder. Quelle poule mouillée ! Je n'étais même pas capable de soutenir son regard. Il n'était pourtant pas supérieur à moi. Nous étions simplement... Dans un monde différent ? Il ne pouvait pas savoir et j'avais l'impression que les informations que je donnais avec précaution pouvaient lui permettre aisément de comprendre que j'étais un monstre qui chassait de temps en temps dans la forêt. Quelque chose de tout à fait devinable facilement, n'est-ce pas ? Je ne souriais pas et j'hésitais après chaque phrase. Je redoutais sa réponse. Non, il n'y a rien, non, tu es au mauvais endroit. Ou pire, qu'il se moquât. Je détestais les moqueries et la partie du monstre en moi était encore quelque peu éveillée. J'allais devoir me concentrer beaucoup plus et cela ne devait pas arriver. Je ne voulais pas fuir, je ne voulais pas lutter.
Je priais alors qu'il se contentât de me montrer ce qu'il possédait, que je déposai l'argent pour et que je pusse déguerpir pour prendre une bonne journée de repos.
S'il vous plait, ne pouvais-je pas passer une journée normale, dans cette vie de merde ?     
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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 Les cheveux roses, ça a tendance à m'obséder. Pas de façon malsaine, mais j'ai quelques bugs quand j'en croise. D'un point de vue extérieur, ça pourrait peut-être passer pour de l'intolérance, mais c'est pas que j'aime pas ça, je vois pas pourquoi ça me poserait un quelconque problème en réalité, c'est seulement que ça me ramène à des souvenirs que j'aurais préféré enterrer. Parce que j'ai cet espoir idiot que si Azraël s'est planté quelque part avec moi, il a pu se planter aussi avec elle. C'est con parce que finalement, je suis pas assez idiot pour pas savoir que ma résurrection a un lien avec ma nature de djinn et ma liaison avec les magiciens. Mais on ne sait jamais. Peut-être que cette fée, si pure, si innocente, peut-être qu'elle aussi, elle aurait pu s'en sortir. Je sais que c'est des conneries et qu'elle est sûrement enterrée quelque part au cimetière, ça me donne juste l'impression d'être un peu moins coupable. Je secoue la tête, comme pour chasser ce genre d'idées de mon esprit. C'est d'ailleurs à ce moment que je capte son regard noir. Bon on est d'accord, je suis pas le meilleur commerçant du monde. Je suis même pas un vrai vendeur, en réalité, faut pas s'attendre à plus de ma part. Je prends juste mon pied à mettre en marche les mécanismes, à tenter de trouver un sens au temps alors qu'il n'a aucun effet sur ma personne. N'importe quel djinn m'aurait considéré comme fou, j'en ai conscience. Mais honnêtement, je les emmerde.
Je finis par me reprendre, et elle a l'air de s'adoucir un peu. Je suis pas le seul à passer des mauvaises nuits, de toute évidence. Elle a l'air un peu larguée, celle-ci, très fatiguée si ce n'est complètement morte. Je suis certes pas du genre à me poser des questions sur la vie des autres, j'ai bien assez à faire avec la mienne, elle attise un peu ma curiosité. L'aura qu'elle dégage à quelque chose de sauvage, d'inhabituel. Je pourrais pas mettre le doigt dessus, et si elle a forcément du surnaturel quelque part, y a pas moyen que je sache d'où ça sort alors je m'en désintéresse assez vite.

Finalement elle finit par se rapprocher. Pas de beaucoup, mais assez pour qu'on ait pas à se parler d'un bout à l'autre du magasin, j'apprécie assez. Je sais pas de quoi elle a peur, peut-être de moi. Pourtant j'ai fait pas mal d'efforts, niveau physique, j'ai troqué les cheveux longs d'Anthony et la barbe de viking pour quelque chose un peu plus dans l'air du temps. Mais l'un ou l'autre, pour une femme, se retrouver seule avec un homme peut parfois sembler un peu dangereux. Surtout une petite boutique comme la mienne ou la lumière ne rentre pas des masses. J'en sais rien. En tout cas je veux pas l'effrayer, alors je bouge pas. C'est jamais évident de savoir comment se comporter avec les humains, surtout moi qui en ait pas tant l'habitude que ça. « C'est quoi ton budget ?» Je me mets à réfléchir. Mes tarifs sont pas vraiment élevés. Bien sûr j'ai quelques pièces qu'elle pourra sans doute pas se payer, parce qu'apparemment je peux pas faire ce que je veux sur les prix, mais dans l'ensemble elle devrait pouvoir trouver son bonheur. « La vitrine à ta droite. C'est plutôt du classique mais tu pourras peut-être trouver ce que tu cherches. T'as de la chance, toutes mes montres donne l'heure.» Bon, j'ai du mal à me défaire de mon sarcasme, j'y peux rien. Sans parler du tutoiement, j'y arrive pas, c'est clair, et ce sera sans doute toujours le cas. Les formules de politesse, très peu pour moi, merci.
Pendant qu'elle regarde autour d'elle, comme pour fuir mon regard, je la dévisage. J'ai aucune gêne à ce niveau-là, peut-être que je devrais parfois. Mais il faut dire qu'elle est intrigante, l'inconnue. Et qu'elle a pas l'air vraiment dans son assiette. « ça pas l'air d'aller. Tu veux un truc ? A manger ou à boire, je dois avoir ça quelque part. » Je suis pas con, elle me déballera pas sa vie. Mais c'est peut-être la seule cliente que j'aurais dans la journée et ça m'emmerderait de savoir qu'elle est partie aussi nerveuse qu'elle est entrée. Puis faut bien que j'écoule l'alimentaire que je garde au cas où Phinéas me rendrait visite. Parce qu'il vient rarement, le vieux. Et ça se périme à une vitesse ces conneries. Je sais pas comment ils font pour avoir de la bouffe sur la table tous les midis et tous les soirs, les humains.

   
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