-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 qu'ils le donnent à d'autres, le paradis. (aleksandra)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité
Elle t'a suivi dans votre nouvel hôtel, tu sais même pas pourquoi elle est encore là. Quelque part ça te rassure, si elle est restée avec toi c'est qu'elle a une bonne raison. Elle trouvait que tu étais à l'origine de tous ses malheurs et pourtant... Tu es un homme incroyablement chanceux Narychkine, je te le rappelle car c'est un fait que tu as tendance à oublier. T'es dans une chambre correcte d'un hôtel passable au cœur d'une ville côtière autrefois des plus plaisantes. T'as tout perdu, tous les biens matériels auxquels tu étais attaché, mais tu peux encore t'offrir le luxe de te griller une cigarette sur le balcon et ça, c'est pas rien. Mieux encore, tu peux avec cela regarder dans les yeux cet être divin encadré par des rideaux trop lourds, cette érinye que la colère empanache. Tu sens qu'elle voudrait te fracasser le crâne mais toi, ça te plaît bien.

Et quand elle te rejoint à l'extérieur tu lui tends ton paquet de cigarettes, histoire qu'elle s'occupe les mains pour ne pas te gifler. Vous n'avez pas eu le loisir de vous crêper le chignon au gymnase, vous vous êtes à peine parlé sur le trajet jusqu'ici. « Il faudra que l'on fasse des courses. » que tu dis sur un ton monocorde. « Au moins pour acheter quelques livres. » Tu lui souris, un peu par dépit. Toi aussi ça te tue, cette vague. T'as l'impression d'avoir été trahi par une partie de toi.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
De Russie en Irlande, d'hôtel en gymnase, de gymnase en hôtel. De jour en jour il lui semblait que sa vie lui glissait entre les doigts. Elle avait pourtant un avenir assuré Sacha, mais elle se laissait trimballer à droite à gauche sans avoir plus prise sur quoi que ce soit. Elle était vidée, creuse, syphonée. Par moments son regard était tout juste un ciel vitreux, où passaient quelques orages chaque fois qu’il appréhendait cet autre regard. Pour être honnête, elle ne saisissait plus grand chose. Où était passé son contrôle sur sa vie ? Pourquoi ne quittait-elle pas cette chambre, pourquoi ne contactait-elle pas son père, pourquoi ne rentrait-elle pas. En y pensant, les solutions n’auraient sans doute pas manqué. Elle avait du caractère après tout, planter le monde dans ses problèmes et s’en aller indifférente, ça ne la dérangerait pas. Faut croire qu’un tsunami, ça l’avait bouleversée un peu plus profondément que ça. Entre une apathie féroce lui grignotant des heures du jour et une nervosité qui faisait d’elle un fauve en cage. Instable ça datait pas d’hier, mais pour en faire une évidence pareille il avait fallu qu’un océan se soulève.

Des pas légers comme un fantôme, comme l’ombre d’elle-même, elle avait rejoint le balcon. Un peu en recul, pour ne pas avoir à observer le dehors, ce monde étranger et ravagé. C’était pas non plus pour sa compagnie, jamais. Elle s’en serait débarrassé si elle avait pu - et à la fois non plutôt crever. En face à face avec elle-même, elle aurait tout fait brûler. C’est tout ce qui lui venait, pour être honnête, quand elle retournait le paquet de cigarettes dans ses mains. Appuyée dans l’entrebâillement pour garder le pied en-dedans. Cigarettes et briquet. Briquet et rideaux. Valait mieux pas qu’il sorte, parce que c’était pas la bonne conscience qui prédominait.
Un coup d’oeil vers sa sale gueule, un coup d’oeil assassin. Parce que c’est de sa faute évidemment, si elle se retrouvait là, le corps noué et les membres froids. « ‘Faudra que tu fasses des courses. » Parce qu’il y avait un petit mot, l’air de rien comme ça, qui lui avait tordu l’estomac. « Y’a pas de on. » Elle s’était tiré une cigarette à son tour et la tapotait doucement sur le carton, attirant son attention. Lui faire comprendre qu’il était temps de lui offrir sa flamme. Et pas celle dont elle voulait pas.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Tu lui tends ton briquet avant qu'elle t'en colle une. En principe c'est toi qui allumes les cigarettes des femmes mais, à cet instant précis, tu ne préfères pas. Probablement par instinct de survie. Elle te reprend, te corrige, ça te refroidit. Tu regardes par dessus ton balcon. Ce coin de la ville est quasiment intact, t'as l'impression que toute cette histoire, ce n'était qu'un odieux cauchemar. Pourtant t'as peur pour de vrai, ce sentiment d'insécurité que tu découvres, il est bien réel. « Je ne veux pas descendre tout seul, Aleksandra. » T'y as même pas réfléchi à cette phrase, c'est elle qui a forcé pour dépasser tes lèvres et se faire entendre. Sans le faire exprès t'as légèrement tordu ta cigarette. Tu tires dessus sans la remettre droite. Tu sens son regard sur toi, t'en frissonnes.

Avec un peu de courage, tu t'es tourné vers elle. Elle est plus petite que toi mais ça ne l'empêche pas de t'écraser tout entier par son allure. Elle est si ancrée au sol que même un séisme ne la déplacerait pas. C'est toi le prince mais c'est elle qui en jette. T'en as pas assez de te mettre à nu devant une terreur au jeu si minéral ? Tu te mettrais à genoux pour l'implorer de ne jamais te quitter si tu n'étais pas certain que ça la ferait fuir encore plus vite. « Je ne veux pas rester seul... Tu peux le comprendre, ça ? » Cette légère note de résignation dans ta voix, t'es prêt à entendre sa réponse, t'es prêt à ce qu'elle t'enveloppe dans un rideau pour y foutre le feu. T'es une victime et c'est ta destinée de victime.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Ça l'avait pas mal cassé dans son élan, mais tant mieux car c'était voulu. Elle n'avait pas l'intention de lui rendre la tâche facile - dans ce théâtre aux rideaux tirés elle ne les voyait pas ensemble mais dressés l'un contre l'autre et voués à s'auto-détruire. Il lui avait refourgué son briquet, c'était un moindre mal, mais fallait pas qu'il espère que ça allait l'épargner. Elle était presque tentée de balancer son paquet de clopes par la fenêtre, juste pour voir la gueule qu'il tirerait, pour le faire souffrir du manque, et l'obliger à sortir tout seul pour retourner en chercher. Seulement, son propre manque qu'elle ne pouvait négliger la ravisait, alors elle accrocha le tube à ses lèvres et l'alluma nerveusement. Son regard accrocha la flamme, ça lui donnait envie de pleurer, presque. Mais y'avait encore sa sale voix pour l'arracher à sa contemplation, et elle lui jeta un regard mauvais.

Elle n'aimait pas ses mots. Ils étaient mal choisis, ou au contraire ils l'étaient un peu trop. Elle détestait ça, parce qu'au fond, elle avait l'impression que c'était sa propre conscience qui parlait - sa propre conscience mais avec sa voix ingrate et sa vieille lâcheté. Elle avait commencé à l'ouvrir mais se contenta de lui souffler sa fumée au visage, c'était presque un soupir, elle réalisait à peine à quel point elle se mettait sous pression. « Mais moi je veux pas de toi, je te l'ai déjà dit. Tu récoltes ce que tu sèmes, t'es grand, assume. » - « Alors, ça fait quoi d'être laissé tout seul ? Pourtant y'a du monde dehors, connard. » Elle avait même pas bouclé sa phrase qu'elle se surprit à douter - son regard dur flanchait presque et elle s'était mise à fixer les motifs de ce foutu rideau pour se redonner contenance. Elle était sûre d'être allée trop loin, mais c'était une putain d'épreuve de recoller les morceaux. Elle avait envie de le jeter, de le jeter six fois par jour pour le faire souffrir, parce qu'elle avait une rancune de déesse grecque. Il fallait qu'elle se libère d'un truc, et pour ça il fallait qu'elle le fasse pleurer.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
T'as vu comme elle te regarde ? Y'a pas d'amour là-dedans. T'as vu comme elle te parle ? Y'a pas de tendresse là-dedans. Tu n'oses même pas imaginer jusqu'où elle doit creuser pour trouver l'énergie nécessaire à être si exécrable. Cette femme, c'est une mine de sel et t'en verras jamais le fond. Tu fermes les yeux quand elle souffle sa fumée vers toi, ça te fera une raison en moins pour pleurer. « Comment ça, ce que je sème ? » Il n'y a pas d'ironie dans ta voix, parce que tu te poses sincèrement la question. Croit-elle que c'est de ta faute ou désire-t-elle te pousser à bout ? Elle te repousse, t'insulte, puis détourne le regard. Toi, tu ne dis rien. Tu finis ta cigarettes en deux barres et jette le filtre derrière toi. T'as les yeux humides mais tu sais pas si c'est la tristesse, les nerfs ou la clope. Tu ne dis rien. T'as envie de lui hurler dessus, de l'abandonner sur une barque au milieu de l'océan, mais tu ne dis rien. T'aimerais l'abandonner à nouveau mais tu sais que cette fois elle s'accrocherait à ta cheville et tu coulerais avec elle. Elle ne se rend pas compte que c'est tout aussi dur pour toi. Elle n'a aucune connaissance de la douleur des autres, surtout quand les autres c'est toi.

« C'est vrai. C'est vrai que j'ai un contrôle sur les marées et que j'ai fait s'abattre une vague sur la ville rien que pour te rendre malheureuse parce que je suis puéril au point de mettre des gens en danger. Arrête de tout me mettre sur le dos. Arrête de faire passer tout ce que je dis pour des erreurs. Tu ne vois pas que ça n'a aucun sens ? Je ne suis pas le seul à faire des fautes ! » Tu te sors une autre cigarette et l'allume d'une main tremblante. « T'es pas toute blanche non plus, Aleksandra. Tu dis que je suis tout seul mais la différence entre nous c'est que je sais gérer ça. Pas toi. En fait, tu m'en veux plutôt parce que je suis parti ou parce que je t'ai agité tous tes défauts sous le nez ? » Au tour de ta voix de vaciller. Tu entres en prenant grand soin de ne pas la bousculer, de ne pas même la frôler. Tu enfiles ton manteau, clope entre les lèvres, espérant qu'il n'y ait pas de détecteur de fumée dans cette chambre de merde. Tu fermes les boutons un à un sans la quitter du regard et tu comprends un peu mieux ce qu'elle ressent quand elle est infecte avec toi ; t'es fier autant que t'as honte.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
 
qu'ils le donnent à d'autres, le paradis. (aleksandra)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits :: Les écrits-