Shuràn - Tu aurais dû passer ton chemin plutôt que de rester devant moi

Aujourd'hui, tu as décidé de profiter d'un moment calme pour t'entraîner un peu sur cible. Il n'y a pas beaucoup de monde dans les parages alors plutôt que de t'ennuyer derrière le comptoir, tu as donc enfiler casque et lunettes de protection pour tirer un peu. C'est dans ces moments-là que tu trouves une certaine sérénité. Un apaisement que tu ne retrouves seulement qu'au détour de tes chasses aux métamorphes. D'ailleurs, tu as décidé que ce soir serait le bon moment pour extirper à un de ces monstres le moindre indice concernant le meurtre de ton père. Comme l'enquête a été fermée pour manque de preuve, tu as décidé que tu ferais justice toi-même. Cela fait trois ans déjà que tout ceci dure et il ne t'est jamais arrivé de lâcher l'affaire. Ton père mérite qu'on enferme son meurtrier. Ton père mérite justice.

Tu as enfin fermé le stand de tir. Jusqu'à la fermeture, tu n'as eu que quatre personnes qui sont entrées. C'est peu mais comme dirait l'autre, « c'était un jour sans ». Tant pis, tu fais avec. Tu es rentrée chez toi, histoire de profiter un peu de ton cocon mais tu n'es pas restée trop longtemps. Parce que tu as besoin de te défouler, de t'aérer l'esprit. Et rien de mieux que de sortir dans les rues regarder les étoiles. Et pourquoi pas glaner quelques informations sur le meurtre de ton père. Sait-on jamais ? Enfin, peut-être que tu passeras cette soirée tranquille sans chercher à trouver le moyen de rendre justice à ton père. Peut-être que pour une fois, tu profiteras de cette soirée rien que pour toi, mettant tout ce qui te tracasse de côté. Juste pour cette fois. Juste pour ….

En fait, depuis que tu es dans les rues de Bray – les rues que tu connais par cœur – tu n'arrêtes pas de penser à ton père. Tout te rappelle des moments passés avec lui. Tout. Et tu ne peux pas t'empêcher de penser à lui et à cette enquête. Tu te dois te trouver de trouver le salopard qui a tué ton père.

tu aurais dû

milàn & shura

You must not fight too often with one enemy, or you will teach him all your art of war.

Shura avait besoin de changer d’air, de voir autre chose. Il étouffait de plus en plus dans son appartement, incapable d’expliquer pourquoi. Peut-être l’angoisse, ou la crainte ? Ses blessures le relançaient, repensant alors à cette odieuse chasseuse. Odieuse de par son regard hautain en sa personne, comme s’il n’était rien d’autre qu’un moins que rien. Ouai, c’est sûr qu’avec un coup de machette dans les côtes, on fait tout de suite moins le malin. Mais il avait fait main-rase sur ce souvenir, il tâchait de penser à autre chose. Quelque chose de plus joyeux, de plus attrayant. C’était difficile. Ces derniers jours, il n’avait pas de souvenirs capables de lui faire étirer un sourire. Soit ils le plongeaient dans un questionnement profond, soit ça le faisait grimacer. Même sortir était devenu une corvée. Le russe avait tourné la tête vers son chat, tirant une moue interrogé en voyant Sans le fixer. Qu’est-ce qu’il a ? Qu’est-ce qu’il lui veut ? Il avait eu à bouffer récemment, ses yeux de biches étaient inutiles. Alors il haussait simplement les épaules, peu enclin à craquer face à cette bouille de Chat Botté. Un petit tour dans la rue ne lui coûterait rien. Du moins, il l’espérait. Attrapant sa veste et son portable, il avait mis tout ce qui était nécessaire pour lui à savoir son pochon et ses clopes ainsi que son portefeuille. Rassembler tout dans un même vêtement, c’est … organisé, d’une certaine manière.
Il était descendu de son immeuble sans se presser, ce n’est pas comme s’il était attendu après tout. Et puis, c’était déjà suffisamment compliquer de rouler en marchant pour en plus avoir à courir en même temps. Une simple cigarette, tout ce qu’il y avait de plus classique. Il s’était même permis de sortir les écouteurs pour profiter de la promenade sans entendre les bruits alentours. Juste quelques notes de jazz qu’il appréciait de temps à autres pour se changer les idées. Il aurait pu se mettre un peu de métal ou du punk, mais sa tête était suffisamment douloureuse comme ça pour la soirée. C’est à se demander quand il n’avait pas mal à la tête. Quand il dormait suffisamment dans une nuit pour commencer. Une fois arrivée en bas de son immeuble, il avait pris la direction de la périphérie de la ville en passant par Pilgrim Village. Etape obligée, ce n’était pas pour lui faire plaisir. Il croisait tellement de personnes dans ce quartier qu’il allait finir par avoir plus de connaissance là-bas que dans le sien.

Il marchait sans réellement savoir où il allait. Il n’avait pas envie de dépenser dans un bar ou en charmante compagnie. Tout comme il n’avait pas envie de se défoncer aux LSD pour se mettre à rire comme un idiot. La tristesse tout de même, obligé de se shooter pour rire aux éclats. Les mains dans les poches, la tête bien droite pour regarder devant lui, il laissait quelques pensées s’envoler pour Ethan. Tss, il envahissait un peu trop son esprit, c’était …. Inquiétant, d’une certaine manière. Mais ça lui faisait du bien aussi de côtoyer quelqu’un qui n’en avait pas après ses services ou bien sa marijuana. Ça le soulageait quelque part en lui apportant une bouffée d’air fraîche. Un instant d’inattention, celui qui lui avait été nécessaire pour sortir son portable et changer de musique, puis il avait percuté quelqu’un au tournant d’une rue. Intérieurement, un tas de noms d’oiseaux étaient en train de défiler à l’encontre de cette silhouette qu’était venue interférer sur son chemin. Ça pouvait être de sa faute aussi ? Possible, mais il n’allait pas l’admettre. Et encore moins s’excuser, il ne faut pas déconner non plus. Il l’avait simplement fusillé du regard, ne s’arrêtant pas pour autant. S’il devait s’arrêter pour toutes les personnes qu’il bousculait dans la rue, il ne serait pas coucher. « Regardes où tu fous les pieds ». Ah ! Le petit commentaire, il n’avait pas pu le retenir par contre, c’était plus fort que lui sur ce coup-là.

(c) DΛNDELION

Furieuse, tu le regardes reprendre son chemin comme si de rien n'était. Il vient vraiment de te sortir ça ? Il est vraiment en train de partir, te laissant là alors qu'il venait de te foncer dedans ? Non mais là, tu n'y comprends plus rien. C'est pas vraiment le moment de te chercher des noises. Pas la période du tout.

- Et t'excuser, ça t'arracherait la tronche ? Tu lui cries, en le suivant.

Franchement, ça te fait mal de voir que les gens perdent de leur éducation et le respect des autres. Le monde est en train de se détruire à petit feu et ça te désole de plus en plus. Si cela continue, on ne se parlera plus qu'avec des insultes et sans aucun savoir-vivre. Tu ne sais pas quel âge à ce mec qui t'a bousculé mais si tu commençais par lui rappeler que le minimum syndical, c'est de s'excuser quand on bouscule quelqu'un, peut-être que le monde ne sera pas totalement perdu. Enfin, peut-être.

- Eh connard ! Tes parents t'ont pas appris les bonnes manières ou alors tu n'as pas les couilles de prendre d'assumer ? Tu continues de le suivre, tout en te rapprochant. Sauf qu'il se stoppe d'un coup, se retourne te regardant bien dans les yeux. Ah ! Aurais-je touché un point sensible ?

Vu son regard, ça serait bien possible. Mais au moins, tu as toute son attention maintenant. D'habitude, tu aurais laissé passer sans te poser de questions. Tu aurais continué ton chemin en remuant certes mais tu n'aurais rien dit. Mais la période et sa phrase ont fait que tu ne lâches pas l'affaire aujourd'hui.

- J'attends maintenant.

Tu le toises de haut en bas. Au fond de toi, tu sais qu'il ne le fera pas. C'est le genre de mec qui n'en a rien à faire des autres. Des gens plutôt solitaires qui préfèrent donc rester seuls que plutôt se socialiser un minimum. D'un seul regard, tu l'as compris. Pourtant, au fond, tu le comprends parce qu'il t'arrive souvent de le faire – enfin, « souvent » est un bien grand mot – mais quand même. De là, à te parler comme un chien, il y a bien une limite. Cependant, tu n'as pas que ça à faire. Le meurtrier de ton père ne va pas se trouver tout seul.

- Je ne sais même pas pourquoi je te parle ni pourquoi je perds du temps avec toi, tu lui dis avant de reprendre ta route.

tu aurais dû

milàn & shura

You must not fight too often with one enemy, or you will teach him all your art of war.

Oui, il espérait sincèrement s’en sortir ainsi sans avoir à affronter le courroux d’une demoiselle en période de menstruations. Sauf que, pas de chances, elle était revenue à la charge. Elle croyait vraiment qu’il allait s’excuser ? Sincèrement ? Parce qu’il était déjà difficile de décrocher un “s’il te plait” à Shura sans que ça ne soit sarcastique, alors un “pardon”, ça serait extraordinaire. Il faisait la sourde oreille, ne souhaitant pas perdre du temps en hypocrisie. Ça allait lui arracher la bouche, tout comme un regard levé vers le ciel de ras-le-bol. Ce qu’il regrette de ne pas avoir pris son casque. Au moins, il aurait eu une bonne excuse pour prétendre ne pas l’entendre. Hors-là, à cette heure-ci, il n’entendait qu’elle. Sa voix résonnait dans la rue au fur-et-à-mesure que ses mots doux à son intention traversaient ses lèvres. Il n’allait pas se retourner, sauf si elle le forçait. Ou qu’elle mentionne ses parents. Attendez, on se la refait depuis le début : elle le bouscule, il ne cherche pas à avoir des excuses, il place tout juste une remarque et c’est elle qui fait le plus de bruit dans la rue. Cocasse, non ? Heureusement que son “éduction” remise en cause par la jeune femme l’empêcher de frapper sur la gente féminine, car elle se serait déjà manger son poing dans la figure. Il n’y avait rien de plus méprisable aux yeux de Shura qu’une personne qui refaisait le monde en dénonçant la haine de ce dernier, mais qui se permettait d’incendier tout le monde sous prétexte qu’on lui a volé son gouter.
Alors, elle a gagné. Ou perdue. Car en vue du regard du russe, ce n’était clairement pas des excuses qu’elle allait avoir. Il l’avait laissé terminer avec son grands airs de je-m’en-foutiste, croisant les bras comme signe de départ pour sa réponse en la fixant repartir. « Non, mais ils m’ont appris à ignorer les petites merdeuses comme toi. Bébé a fini son gros caprice maintenant ? ». S’il ne frappait pas les femmes, ça ne voulait pas pour autant dire qu’il ne se permettait pas de lever la main en cas d’auto-défense. Et on dirait bien que c’est exactement ce qu’il cherche à faire avec son petit sourire : la pousser à bout pour lui donner une bonne raison de lui coller une mandale. Sans blague, elle n’était pas toute seule à avoir des journées de merde et des problèmes. Mais s’il devait se mettre à aboyer sur tous les connards de cette ville, il en aurait une extinction de voix.

Il ne bougeait plus, il attendait de voir si elle allait encore s’enflammer pour de la petite provocation. Parce que c’était rigolo quelque part, ça lui faisait un peu d’animations plutôt que de ronchonner tout seul dans son coin ou s’énerver sur sa console avec son chat sur le ventre. Dire qu’Anastatia allait devoir encore le rafistoler, mais c’était pour la bonne cause. Il ne pouvait pas passer à côté d’une occasion comme celle-là.

(c) DΛNDELION

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